L’INGENIEUR GERARD DUCAROUGE EST MORT

 

 GERARD-DUCAROUGE-et-AYRTON-SENNA


GERARD-DUCAROUGE-et-AYRTON-SENNA Team LOTUS

 

Gérard Ducarouge est décédé jeudi dernier 19 février de suite de maladie – il avait déja été hospitalisé il y a trois ans à l’hopital Américain de Neuilly –  à l’âge de 74 ans, il était né le 23 octobre 1941 à Paray-le-Monial en Saone et Loire

Il vivait en région Parisienne au Tremblay sur mauldre dans les Yvelines.

Duca a été longtemps l’un des techniciens de la grande équipe Matra, avant de travailler ensuite comme ingénieur au sein des écuries Ligier, Alfa Roméo puis ensuite Lotus aux cotés du Brésilien Ayrton Senna

Gérard Ducarouge était assurément l’une des figures marquantes du monde de la Formule 1.

 

SA VIE SUR LES CIRCUITS

Gérard DUCAROUGE

Gérard DUCAROUGE

 

Diplômé de l’ESTA (École supérieure des techniques aérospatiales), il débute sa carrière dans l’aéronautique chez Nord-Aviation en 1964, entreprise  où il travaille sur différents projets de missiles. Mais ce job ne le passionne nullement et il se fait engager par Matra en décembre 1965, la firme de Marcel Chassagny, elle aussi spécialisée dans les missiles mais qui se lance, ce qui l’intéresse, dans la compétition automobile, avec l’écurie Matra Sports que dirige Claude Le Guézec.

Il entame sa collaboration en étant affecté au programme ‘Formule 3’, avant, en 1966, de participer ensuite au développement des monoplaces de Formule 2.

Il gravit ensuite les échelons et devient le responsable du nouveau département « Sport-Prototypes »  qui débute aux 24 Heures du Mans 1966, avec des Matra mais à moteur BRM.

Pendant plusieurs années, les Matra connaitront l’échec au Mans mais chez les Bleus, on ne se décourage pas et la gloire va finir par arriver le dimanche 11 juin 1972, lorsque l’équipage formé du Français Henri Pescarolo et du très réputé pilote Britannique Graham Hill, ancien Champion du monde de F1, l’emporte, la firme de Velizy, signant même un sensationnel doublé grace à la paire constituée du Français François Cevert associé au Néo-zélandais Howden Ganley, second équipage Matra classé second.

Ce sera le début d’un formidable triomphe, les Matra triomphant trois années consécutives en Sarthe, les bolides ‘ Bleu de France  s’imposant en effet aux 24 Heures du Mans en 1972, 1973 et 1974, avec à la clef aussi en plus, deux titres de Champion du monde des constructeurs de Sport-Prototypes, en 1973 et 1974.

Lorsque Jean Luc Lagardère décide subitement en pleine gloire du retrait de Matra de la compétition automobile, à la fin de la saison 1974, Gérard Ducarouge démissionne et quitte son poste à la Matra.

 

MATRA-départ-24-Heure-du-MANS en 1972

MATRA-départ-24-Heure-du-MANS en 1972 Pesca méne devant Cevert et Beltoise

 

Coup de bol, Guy Ligier, l’ancien pilote qui faisait jusqu’alors courir comme Matra, ses voitures en endurance, choisit, lui, de se lancer dans une nouvelle aventure, avec l’aide financière de la SEITA (Manufacture Françaises des Tabacs) et il monte une nouvelle écurie de Formule 1, laquelle est baptisée Ligier-Gitanes

Ecurie basée à Abrest près de Vichy, dans l’Allier et pas très loin de Paray-le-Monial, où réside alors  Ducarouge avec sa femme Colette

Pour sa première saison d’apprentissage  en Championnat du monde de Formule 1 en 1976, Ligier aligne la JS5 équipée du moteur Matra V12 de 3 litres, au milieu de la meute des monoplaces propulsées par le célèbre moteur V8 Ford Cosworth.

Et, un an plus tard, le dimanche 19 juin 1977, sur le circuit d’Anderstorp près de Jonkôping, Jacques Laffite remporte la toute 1ère victoire d’une Ligier en F1, en s’imposant au Grand Prix de Suède 1977.

Après ce premier succès, l’équipe Française va connaitre un passage à vide et il lui faudra attendre et patienter  jusqu’au début de l’année 1979 pour re-gouter aux joies des podiums.

Saison 1979, qui débute et démarre incroyablement en fanfare car la monoplace Ligier écrase et survole la concurrence, ne laissant que des miettes !

L’écurie Ligier aligne les performances s’offrant pôles, records du tour et victoires, Jacques Laffite, remportant en Amérique du sud, les deux premiers GP, au Brésil et en Argentine, Ligier triomphant encore, lors du GP d’Espagne à Jarama avec cette fois Patrick Depailler.

Mais en ce temps-là, contrairement à l’époque actuelle, toutes les équipes étaient très proches et elles étaient une bonne dizaine à gagner, Williams-Brabham-Ferrari-Tyrrell-Lotus-McLaren et Renault qui commençait à triompher, à partir de l’année 1979 avec d’abord Jean Pierre Jabouille, victorieux du GP de France à Dijon, puis ensuite plus tard, René Arnoux et un jeune débutant nommé Alain Prost.

Mais la fin de la campagne 79, ne sera pas à la hauteur du début de saison et des espérances que ses excellents résultats avaient laissé entrevoir…

En 1980, hormis un succès de Laffite au GP d’Allemagne à Hockenheim et ce 10 jours après l’accident mortel de son ancien pilote, le Clermontois Patrick Depailler, parti chez Alfa Roméo et qui s’est tué sur cette même piste lors d’une séance d’essai privé le 1er,  le Team Ligier, ne parvient pas à s’imposer. Laissant la vedette à l’autre grande écurie tricolore Renault qui commence à truster les victoires.

En 1981, l’équipe Ligier devenue Talbot-Ligier récupére le moteur Matra V12 adapté à leur nouveau châssis. Ligier après une nouvelle victoire de Laffite à Montréal au Canada, semble pouvoir viser le titre de Champion du monde des pilotes et des constructeurs mais en cours de saison, Ducarouge est congédié par Guy Ligier. Et, Jacques Laffite  toujours en lutte jusqu’à l’ultime GP, celui de Las Vegas, y perd le titre, conquis par la Brabham du Brésilien Nelson Piquet !

Mais licencié par Guy Ligier, le brillant ingénieur retrouve très vite un poste et rejoint l’écurie Alfa Roméo. Mais Ducarouge, ne vas pas y rester bien longtemps car il est, une nouvelle fois limogé pendant les qualification du Grand Prix de France 1983 et ce à la suite de la disqualification de la monoplace d’Andrea De Cesaris, le poids de sa voiture étant  inférieur au minimum imposé par le réglement!

 

 GERARD-DUCAROUGE-et-AYRTON-SENNA-Team-LOTUS


GERARD-DUCAROUGE-et-AYRTON-SENNA-Team-LOTUS

 

Du coup, l’Anglais Peter Warr qui l’apprécie et alors patron du Team Lotus, en pleine déconfiture après la disparition de son génial créateur Colin Chapman, décide de l’engager après le Grand Prix de Belgique 1983.

Duca planche alors sur la future voiture de 1984, la Lotus 94T, bolide conçu puis fabriqué en un peu plus d’un mois, et qui va ainsi permettre de sauver la fin de saison 1983.

Avec son nouveau pilote, le très prometteur espoir Brésilien Ayrton Senna qui débarque chez Lotus en 1985, après voir fait ses gammes un an auparavant en GP chez Toleman, l’écurie Britannique va renouer avec les succès et retrouver son ancienne gloire du passé. La Lotus 95T succède à la 94T, se montre l’une des plus performantes du plateau, lorsqu’elle n’est pas trahie par son moteur Renault, à la fiabilité  encore incertaine…

 

AYRTON-SENNA-LE-MAGICIEN-SOUS-LA-PLUIE-GP-DU-PORTUGAL-1985.

AYRTON-SENNA-LE-MAGICIEN-SOUS-LA-PLUIE-GP-DU-PORTUGAL-1985. 1ére victioire en F1, le 21 avril

 

Au volant de la Lotus, Ayrton Senna, ce jeune pilote surdoué, remporte le dimanche 21 avril, au volant de la Lotus 97T conçue par lui, sa première victoire en Formule 1 au Grand Prix du Portugal, à Estoril et sous une pluie torrentielle.

Cette victoire est la première d’une série de six, la dernière étant décrochée au GP des USA Est dans les rues de Detroit, le 21 juin 1987 .

 

 GERARD-DUCAROUGE-et-PETER-WARR-Tezam-LOTUS-saluant-une-victoire-de-AYRTON-SENNA-en-1985.


GERARD-DUCAROUGE-et-PETER-WARR-Team-LOTUS-saluant-une-victoire-de-AYRTON-SENNA-en-1985.

 

Mais Senna va hélas très vite quitter Lotus pour rejoindre McLaren en 1988, laissant Ducarouge seul, développer la Lotus 100T. En dépit de quelques performances encourageantes tout au long d’une saison dominée par McLaren, l’écurie finit quatrième du Championnat du monde des constructeurs

 

 GERARD-DUCAROUGE-et-AYRTON-SENNA-en-1987


GERARD-DUCAROUGE-et-AYRTON-SENNA-en-1987

 

Ducarouge, découragé, va vite quitter Lotus pour revenir en France  où il retrouve, Gérard Larrousse, son ancien pilote des victoires Matra au Mans, lequel après un passage comme patron de l’équipe Renault F1, puis de Ligier, vient de monter avec l’aide de l’homme d’affaires Didier Calmels, une écurie de F1. Chez eux, il developpe avec Chris Murphy, le châssis que leur a fourni le constructeur Anglais Lola.

Aprés la dissolution de l’équipe Larrousse, il revient en 1991, chez Ligier comme directeur technique jusqu’au milieu de la saison 1994

Sa brillante carrière, le père Duca, la terminera chez … Matra !

Retour aux sources qui le verra travailler sur plusieurs projets comme directeur du développement international, et notamment sur l’Espace F1 et aussi sur des études à Singapour.

Gérard Ducarouge est décédé jeudi dernier des suites d’une longue maladie…

Lui, non plus, on ne l’oubliera pas. Colérique, grande gueule mais aussi garçon vraiment attachant

RIP l’ami

 

Gilles GAIGNAULT

Photos : Bernard BAKALIAN et DR

 

Ses obséques se sont déroulées ce mardi 24 fevrier dans l’intimité familale en région Parisienne.

 

 GERARD-DUCAROUGE-et-PETER-WARR-Team-LOTUS-avec-AYRTON-SENNA-en-1985.


GERARD-DUCAROUGE-et-PETER-WARR-Team-LOTUS-avec-AYRTON-SENNA-en-1985.

 GERARD-DUCAROUGE-et-PETER-WARR-Team-LOTUS-et-AYRTON-SENNA-en-1985.


GERARD-DUCAROUGE-et-PETER-WARR-Team-LOTUS-et-AYRTON-SENNA-en-1985.

 GERARD-DUCAROUGE-avec-Alain-PROST-et-Pierre-BLANCHET-de-MICHELIN-à-RIO-au-GP-du-BRESIL-1988


GERARD-DUCAROUGE-avec-Alain-PROST-et-Pierre-BLANCHET-de-MICHELIN-à-RIO-au-GP-du-BRESIL-1988

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