LE DR HELMUT MARKO…MARQUÉ A VIE IL Y A 50 ANS!

 

 

HELMUT MARKO Photo /  Manfred GIET

 

 

Ce 2 juillet 2023, il y a tout juste cinquante ans que la carrière de pilote de l’Autrichien Helmut MARKO, se brisait net dans le cadre du Grand Prix de France de F1, disputé à l’époque sur le circuit de Charade à Clermont-Ferrand, au cœur des monts d’Auvergne, à la suite d’un incident de course peu banal !

Tout comme son ami d’enfance Jochen RINDT d’un an son aîné décédé tragiquement lors des essais au GP d’Italie à Monza en 1970, MARKO est originaire de la capitale de la Styrie, Graz, où tous les deux se sont livrés durant leur adolescence de nombreux duels contre le chrono, aux volants des voitures parentales dans les rues de cette superbe ville médiévale.

Après des études de droit et bardé d’un doctorat d’où le titre de ‘’docteur’’ qui souvent précède son nom et tout comme son copain Rindt, il opta cependant rapidement  pour une carrière en sport automobile.

Attiré par diverses séries comme les voitures de tourisme, de sport, Formule V ou de F3, c’est d’abord aux volants de voitures de sport des marques, PORSCHE ou LOLA, qu’il se fit remarquer avec quelques victoires internationales à la clé.

 

VICTOIRE AUX 24 HEURES DU MANS 1971 AVEC LA PORSCHE 917 -Photo  : ACO

 

Mais, naturellement son plus grand succès restera sa victoire aux 24 HEURES DU MANS en 1971, sur une PORSCHE 917, au volant de laquelle, avec son équipier, le Néerlandais  Gijs VAN LENNEP, ils établirent un record absolu après avoir parcouru … 5.335,313 Km, à la moyenne horaire effarante de 222,204 Km/h !

Et qui dura 39 ans, donnant à cette victoire, une vraie dimension.

En 1971, Helmut MARKO en parallèle avec ses engagements en sports-proto, se senti également attiré par la catégorie reine lorsque le Suédois Jo Bonnier lui proposa de piloter une Mc LAREN M7C au GP d’Allemagne sur le terrible Nürburgring, ce qui comme baptême du feu  en F1, était tout sauf un cadeau? mais suite à des soucis techniques durant les essais, il ne put prendre le départ.

Entre temps, John SURTEES avait convenu avec lui d’un pré-accord pour piloter une SURTEES TS7 qui tomba toutefois à l’eau, dès l’instant où l’écurie officielle BRM, lui proposa de piloter une P 153 dès son GP national au sein de l’écurie anglaise, où il rejoindra SIFFERT-GETHIN et GANLEY.

Lors des 4 GP qu’il y disputera pour le légendaire Sir Alfred OWEN, il se classa 11ème, 12ème et 13ème en Autriche, au Canada et aux USA et renonça sur ennuis mécaniques en Italie.

 

LA BRM F1 d’Helmut MARKO – Photo  : PUBLIRACING

 

Fort de cette expérience, il persistera en 1972 toujours chez BRM pour une saison complète avec toutefois des ambitions nettement plus nourries et qui s’avérèrent réelles au GP du Brésil, où il marqua ses premiers points en échouant 4ème au pied du podium.

En 1972, associé à l’italien Nanni GALLI à la Targa Florio en Sicile, une épreuve qui se déroulait sur un circuit routier long de 71,582 Km et où ils terminèrent deuxièmes sur une barquette ALFA ROMEO 33/TT/3, Helmut Marko réalisa le record du tour absolu, scellé pour l’éternité en 33 Minutes et 41 secondes, à la vitesse moyenne horaire de 128,253 km/h sur routes ouvertes !

COUP DU SORT SUR LE CIRCUIT DE CHARADE A CLERMONT-FERRAND

 

HELMUT MARKO Photo : PUBLIRACING

 

Toujours en 1972 et fort de son résultat à Monaco, où il termina 8ème sous un incroyable déluge, Helmut MARKO débarque au Circuit de Charade pour le Grand Prix de France, qui avait lieu le 2 juillet 1972, déterminé et motivé comme le prouve sa sixième place sur la grille de départ à 1/10ème de Tim SCHENKEN à son côté et le plus rapide des cinq pilotes BRM, en laissant WISELL, GANLEY, GETHIN et BELTOISE derrière lui!

Bénéficiant pour la première fois du nouveau châssis P 160B, l’Autrichien signalait toutefois quelques problèmes de confort dus à sa taille de 1,83 m, avec pour effet, que son casque avait tendance à émerger quelque peu de l’arceau mais trop heureux de pouvoir bénéficier enfin d’une voiture compétitive, il n’y attacha pas trop d’importance.

Peut-être à tort  avec la suite qu’il va connaître?

Son début de course en effet laissait présager un classement dans les points, lorsque au 9ème tour alors qu’il occupait la 6ème position et attaqué par la MARCH du Suédois Ronnie PETERSON, l’impensable se produisit d’une manière inattendue et imprévisible, lorsque une des roues de la MARCH de PETERSON, souleva un caillou qui vint fracasser la visière du malheureux MARKO, qui surpris et sous la douleur, eut heureusement encore le réflexe de se ranger comme il pouvait sur les bas côtés et éviter ainsi de se faire harponner par les 18 bolides arrivant derrière lui!

Avec son réservoir de 225 Litres encore pratiquement rempli, on n’ose pas imaginer le brasier qui à cette époque aurait pu être déclenché !

A peine extirpé de sa BRM, il fut pris en charge par une équipe médicale et transféré dans un hôpital de Clermont-Ferrand après être passé d’abord par le Centre Médical du circuit, où l’on diagnostiqua rapidement la gravité de ses blessures au niveau de l’œil gauche, touché par le caillou, projeté et auquel la visière n’avait pas résisté.

Au centre hospitalier de Clermont-Ferrand, le médecin urgentiste qui le prit en charge, constata rapidement la gravité des blessures mais le chirurgien qui aurait pu décider d’une intervention pour sauver l’œil, n’était malheureusement pas joignable en ce dimanche 2 juillet 1972.

Rapatrié dans une clinique spécialisée à Graz en Autriche, après quelques jours et sous amphétamines pour calmer les douleurs, il dut rapidement se faire à l’idée que devenu borgne, aveugle d’un œil, sa carrière en sport automobile de haut niveau était terminée aussi brutal que cela puisse paraître de prime abord!

Au terme de ce Grand Prix de France entamé avec plein d’espoir mais interrompu brutalement de manière fatidique, Helmut MARKO, n’abandonnera pourtant pas, par la suite, le sport automobile…

 

Helmut MARKO, l’éminence grise du grand patron de RED BULL- Photo Manfred GIET

 

D’abord, il créera sa propre écurie de F3000 dans les années ’90, le RSM MARKO avant d’entrer dans les plans du Roi des boissons énergisantes, Dietrich MATESCHITZ, le magnat de RED BULL, lequel le désignera comme consultant avec comme mission de dénicher des jeunes talents en sport automobile où RED BULL prenait de plus en plus d’ampleur.

Et, depuis 2007, il s’est érigé au sein de l’une des écuries phare en F1, le RED BULL RACING ,comme personnalité  marquante et incontournable, qui dans la conquête des cinq titres ‘’pilotes’’  (4 pour Vettel et 1  pour Verstappen) et quatre titres ‘’constructeurs’’ pour Red Bull, conquis jusqu’à présent, a joué un rôle non négligeable grâce à son autorité et sa vista.

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency et RED BULL