IL Y A 60 ANS UN AMÉRICAIN DÉFIAIT LES PRONOSTICS. PHIL HILL 1er AMÉRICAIN CHAMPION DU MONDE DE F1

 

 

 

Le 10 septembre 1961 le monde de la F1, n’en crut pas ses yeux… Pensez donc…un pilote du nouveau Monde remportait le Grand Prix d’Italie à Monza, épreuve endeuillée par l’accident mortel dont fut victime l’Allemand Wolfgang GRAF BERGHE VON TRIPS, son propre équipier d’écurie chez FERRARI, avec à la clé et contre toute attente, le titre de Champion du Monde des Conducteurs de F1 !

Performance et exploit qui du coup firent entrer la bannière étoilée dans les livres d’histoire de la catégorie reine et ce quelque  dix-sept ans avant que ne lui succède l’italo-américain, Mario ANDRETTI, né en Italie mais ensuite naturalisé Américain, à l’âge de 15 ans.

 

 

Son nom ? Philippe Toll HILL, dit Phil, qui a 34 ans se retrouvait couronné sur une FERRARI 156, baptisée ‘’nez de requin’’ et qui suite au changement de règlementation technique, était devenue la voiture à battre face aux COOPER et LOTUS qui avaient dominé la scène précédemment.

Depuis le début de saison 1961, les deux pilotes officiels de la Scuderia, Phil HILL et Wolfgang GRAF BERGHE VON TRIPS, se livraient  en effet un ‘’mano a mano’’ serré et où l’Allemand ressortait nettement comme le pilote le plus rapide au détriment du pilote Yankee, jugé meilleur metteur au point et qui d’ailleurs n’hésita pas à déclarer un jour avec une pointe d’ironie que son coéquipier et adversaire connaissait certes la fonction d’une bougie dans un moteur mais que ses connaissances techniques s’arrêtaient là !

Depuis le début de saison comportant à l’époque huit Grands Prix seulement,  les deux protagonistes et compères du Team au Cheval Cabré, se retrouvèrent engagés dans un chassé-croisé permanent, un sacré mano-à-mano et à l’affût de la moindre contre-performance de chacun.

Si après les six premiers Grands Prix, tous deux affichaient quatre podiums avec deux victoires pour VON TRIPS contre une pour HILL, l’écart points entre les deux se réduisait à quatre petites unités et ce en défaveur de l’Américain, dont le moins bon résultat, se situait au niveau d’une neuvième place au GP de France à Reims, où son rival et partenaire, avait quant à lui abandonné !

 

Phil-HILL-posant-à-côté-de-sa-Ferrari-Dino-156-sur-laquelle-il-a-été-couronné-Champion-du-Monde-en-1961-©-Manfred-GIET

 

Lors de ce Grand Prix d’Italie à Monza, l’avant dernière manche du Championnat 1961, la lutte entre les deux lascars allait faire rage avec la mainmise sur la grille de départ des FERRARI avec dans l’ordre, VON TRIPS en pole devant celles de Ricardo RODRIGUEZ (2ème), l’autre pilote US, Richie GINTHER (3ème) et Phil HILL (4ème).

Mais dès le baisser du drapeau et contre toute attente c’est l’étoile montante de l’époque l’Ecossais Jim CLARK sur une LOTUS qui s’empara du leadership devant le quatuor de FERRARI, emmené par Richie GINTHER et  VON TRIPS,ce dernier qui s’était fait enfermer dès les premiers hectomètres.

Fin du deuxième tour au freinage de la Parabolique, VON TRIPS qui ne rechignait jamais à prendre des risques et que l’on surnommait d’ailleurs le ‘’Comte von Crash’’ s’accrochait violemment avec la LOTUS de Jim CLARK, causant la mort de l’Allemand ainsi que de quinze spectateurs et en blessant aussi soixante autres, pendant que ce Grand Prix, se poursuivait inlassable- ment alors que l’on évacuait morts et blessés …

A l’issue des 43 tours, Phil HILL au volant de sa FERRARI 156, flanqué du N° 2, l’emportait, avec une trentaine de secondes d’avance sur la PORSCHE 718 de son compatriote Dan GURNEY, et le ‘ cow boy’ faisait coup double en s’emparant du titre mondial, qu’il ne put cependant pas célébrer, écrasé qu’il était par la douleur d’apprendre sur le podium, non seulement qu’il venait de perdre, un coéquipier, un rival et un ami, en la personne de VON TRIPS mais aussi le nombre de victimes parmi le public.

Ce 10 septembre 1961 à Monza restera marqué comme le sacre le plus triste sur un podium de toute l’histoire de la F1.

 

Phil-HILL, a alterné Endurance et F 1-©-Manfred-GIET

VICTIME DE NAUSÉES AVANT CHAQUE DÉPART

 

Phil HILL, issu d’une famille aisée est arrivé en réalité au sport automobile un peu par hasard comme on l’apprendra peu après.

Amateur de voitures de sport pour leur côté mécanique et de nature plutôt anxieuse depuis son plus jeune âge, au point d‘avoir été pris en charge par un psychologue à plusieurs reprises, Phil HILL, qui après des fonctions d’abord de mécanicien mit finalement le pied à l’étrier en tant que compétiteur au début des années 50’ à une époque, où le sport automobile payait un lourd tribut pratiquement tous les week-ends.

Pour lui, le fait de s’impliquer en sport automobile en tant que pilote était ressenti comme une échappatoire qui lui permettait de mieux dissimuler son anxiété presque maladive qui le tiraillait depuis son adolescence au point de se sentir désarçonné à ses tout débuts de pilote, où comme il l’avouera un jour, il était souvent pris de nausées avant un départ !!!

Au fil du temps, il parvint néanmoins  à se défaire de cette carence et réussir une carrière tout à fait honorable sans pour autant avoir atteint des sommets de popularité.

 

Phil-HILL au volant de la Ferrari Dino 246, lors d’une course historique © Manfred-GIET

DE L’ENDURANCE A LA F1

 

C’est grâce à ses succès sur des voitures de sport en endurance que Phil HILL s’était fait un nom notamment sur des FERRARI entre 1952 et 1958 ce qui l’incita à aller supplier Enzo FERRARI ’’il Commendatore’’de lui offrir un volant d’usine en F1 où il tentait de s’établir.

Si le grand patron de la Scuderia, refusa d’abord dans un premier temps, Phil HILL se tourna alors du coup, vers l’équipe privée du Suèdois Joakim BONNIER qui l’engagea illico sur une MASERATI 250F au Grand Prix de France,disputé en ce temps-là sur le circuit de GUEUX à Reims, ce qui déplut fortement à Enzo FERRARI, mais qui n’hésita pourtant pas, par la suite de l’engager au Grand Prix d’Allemagne, au Nürburgring, sur une Dino F2, ainsi qu’au GP d’Italie à Monza cette fois, sur une FERRARI DINO 246.

A partir de 1959, il récupéra le volant officiel FERRARI, resté vacant par Mike HAWTHORN qui après son titre remporté fin 1958, décida de mettre un terme à sa carrière, traumatisé qu’il était lui, par les décès accidentels de ses collègues pilotes FERRARI, Luigi MUSSO et Peter COLLINS, survenus la même année…

4ème au Championnat du Monde des conducteurs en 1959, derrière son chef de file chez FERRARI, l’Anglais Tony BROOKS, dauphin du pilote titré, l’Australien Jack BRABHAM,

Phil HILL remportera finalement sa première victoire en F1, lors de la saison suivante et qui plus est dans l’antre des Tifosis du Cheval Cabré, dans le temple de la vitesse à Monza, avant de récolter à son tour le titre suprême en 1961.

Durant toutes ses années passées aux volants de voitures de la célèbre écurie basée à Maranello, il récoltera à trente-six reprises les lauriers sur le podiums, dont trois victoires aux 24 Heures du MANS, en catégorie voitures de sport ainsi que trois succès et on l’a dit, un titre mondial dans la catégorie reine de la F1.

Au cours de sa carrière à laquelle, il a mis fin en 1967, il a malheureusement vécu les deux plus grandes tragédies de l’histoire du sport automobile, c’est-à-dire, les 24 Heures du MANS 1955, faisant 84 morts et 140 blessés ainsi que le Grand Prix D’ITALIE 1961 à Monza où l’on dénombra, outre le décès de son partenaire VON TRIPS, 16 morts et 60 blessés, deux gros drames qui l’on manifestement  marqué.

 

Derek-HILL, fils de Phil HILL©-Manfred-GIET

 

A l’issue de sa carrière, il a suivi son fils Derek, actif entre 1995 et 2003 en Formula AUDI PALMER, Formula ATLANTIC, BARBER DODGE SERIES, FERRARI CHALLENGE, ALMS et la F3000.

En 2002 ,il avait aussi envisagé la reprise de l’écurie de F1 ARROWS, en partenariat avec son compatriote Dan GURNEY, mais le projet n’aboutira pas, car rattrapé par de gros soucis de santé et dont il décédera en 2008, à l’âge de 81 ans !

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency

 

 

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