CE 24 OCTOBRE, JO SIFFERT DISPARAISSAIT TRAGIQUEMENT IL Y A TOUT JUSTE 50 ANS.

 

 

Cela fait tout juste 50 ans en ce dimanche 24 octobre 2021, que disparaissait tragiquement le pilote emblématique Suisse, Jo SIFFERT et ce à l’âge de 35 ans.

 

 

Considéré par ses pairs comme un des meilleurs pilotes de sa génération, le Fribourgeois, issu d’une famille modeste, s’était rapidement forgé une solide réputation parmi la frange des pilotes les plus éclectiques de l’époque, toujours prêt à aller au charbon, tant dans la discipline reine de la F1, qu’en endurance !

Actif au volant d’une monoplace de Grand Prix F1, ou d’un sport-proto, à une époque où le sort convoyait toujours ceux qui étaient considérés comme les gladiateurs des temps modernes Joseph SIFFERT, appelé Jo voire aussi parfois Seppi, arrivait doucement mais sûrement au sommet de son art, alors que bien de ses fidèles compagnons de route, comme Jochen RINDT, Bruce Mc LAREN, Piers COURAGE, Ignazio GIUNTI ou encore son pote Pedro RODRIGUEZ, avaient été frappés par le destin en pleine ascension dans leur carrière.

 

JALONS

JO SIFFERT  Sa Lotus 49 du Team ROB WALKER de 1968 © Manfred GIET

 

Il serait trop long de décrire en détail toute la carrière du meilleur pilote que la Suisse ait jamais connu, à part Clay REGAZZONI et Herbert MULLER, mais retenons toutefois quelques-uns parmi ses succès les plus marquants et qui ont largement contribués à faire fructifier le capital sympathie du pilote Fribourgeois durant une décennie et ce jusqu’à sa tragique disparition en ce funeste dimanche 24 octobre 1971…

Après des débuts en deux roues, Jo SIFFERT changea rapidement son fusil d’épaule pour se lancer dans une carrière en sport automobile et mettre à profit toute l’étendue de son jeune talent naissant, en passant par des disciplines aussi diverses que la Formule Junior, la F2, les courses de côte, la F1, les voitures de sport et celles de la CANAM, outre-atlantique.

 

Porsche Gulf 917 K- de SIFFERT -BELL, Victorieux des 1000 Km de Spa 1971 © Manfred GIET

 

En endurance, il subit son baptême du feu, lors d’une grande épreuve internationale dans l’enfer vert, aux mythiques 1000 KM DU NÜRBURGRING en 1961, épreuve qu’il termina 15ème au général et 3ème de catégorie sur une FERRARI 500TRC privée.

Belle carte de visite comme entrée en matière qui plus est sur le tracé le plus exigeant du calendrier, le redoutable Nordschleife, bien connu depuis toujours pour séparer le bon grain de l’ivraie !

 

Porsche 917- Siffert-Redman aux 1000 Km de Spa en 1969 ©-Manfred-GIET

 

On retrouvera ensuite l’Helvétique aux volants de divers protos FERRARI ou MASERATI, avant de devenir un pilote leader au sein du Team PORSCHE, avec lequel Il remporta quatorze victoires, parmi lesquelles les 12 Heures de SEBRING, le 24 Heures de DAYTONA, les 1000 KM de MONZA, de SPA, du NÜRBURGRING ou encore la TARGA FLORIO, contribuant largement, étant le pilote le plus titré et victorieux, aux trois titres consécutifs du Championnat du Monde des Marques en 1969,1970 et 1971, acquis par la marque de Stuttgart et ce aux côtés de pilotes faisant partie du gratin de l’époque, tels David Piper-Hans Hermann-Rolf Stommelen-Vic Elford-Brian Redman ou encore Pedro Rodriguez.

Peter FALK, l’ancien Directeur de course chez PORSCHE, n’hésita d’ailleurs pas autrefois de le qualifier comme meilleur pilote d’endurance de sa génération.

 

 TROIS VICTOIRES EN GRAND PRIX F1…

LA BRM-YARDLEY P160 de 1971 de JO SIFFERT©-Manfred-GIET

 

Attiré également par la F1, rappelons qu’à l’époque autrefois les pilotes passaient d’un week-end à l’autre du volant d’une monoplace de F2 ou de F1 à celui des gros prototypes, Jo SIFFERT dès 1962 se retrouve dans le giron de la prestigieuse écurie Suisse, la célèbre Scuderia de Georges FILIPINETTI, grand collectionneur de belles voitures, diplomate et hommes d’affaires Suisse  et donc propriétaire de l’écurie éponyme, on l’a dit, la SCUDERIA FILIPINETTI basée à Genève.

Laquelle lui permit de faire ses grands débuts dans la catégorie reine sur des LOTUS 21 et 24, siglées Ecurie Nationale Suisse..

Ensuite en 1963 et 1964, SIFFERT s’engagea  sous son propre nom sur des LOTUS 24 ainsi qu’une BRABHAM BT 11, avant de se retrouver au sein du Team de Rob WALKER, héritier de la célèbre famille propriétaire de la distillerie bien connue ‘Johnny WALKER, Team BRITANNIQUE, pour lequel il roulera sur des BRABHAM BT11, des COOPER T81 et des LOTUS 49 et 49 B et ce entre 1965 et 1969.

C’est d’ailleurs au volant d’une LOTUS  49B, qu’il deviendra en 1968, le premier pilote Suisse à remporter un Grand Prix du Championnat du Monde de F1. Celui de Grande Bretagne sur le circuit de BRANSS HATCH le dimanche 20 juillet 1968 dobc, où il devançait dans l’ordre les deux FERRARI du Néo-Zélandais Chris AMON et du Belge Jacky ICKX.

En 1970, ‘Seppi’ tentera sa chance chez MARCH ENGINEERING sur une 701 sans toutefois parvenir à marquer le moindre point, déception qui lui donna des envies d’aller ailleurs et de se retrouver en 1971 chez YARDLEY BRM, équipe où il remportera un second Grand Prix, le GP d’Autriche le dimanche 15 aout 1971 et ce avant de finir le 3 octobre, deuxième au dernier GP de la saison aux Etats-Unis, à Watkins Glen, précédé par le Français François CEVERT sur TYRRELL.

En parallèle, il disputa également 35 Grands Prix ‘hors championnat- ce qui était courant autrefois – et il sera déclaré vainqueur à trois reprises en Sicile… D’abord à Syracuse le 25 avril 1963 au volant d’une LOTUS 24, puis à Enna autour du lac de Pergusa le 16 aout 1964 et le 15 aout 1965sur une BRABHAM BT11

Jo SIFFERT a aussi participé à sept reprises aux 24 HEURES DU MANS et même s’il n’a pas affolé les statistiques, mis à part des victoires de classe en 1966 et 1967, il restera néanmoins dans les annales Mancelles, comme celui qui a initié … la douche au champagne sur le podium.

En effet lors de l’édition du 11 juin 1967, installé sur le podium en tant que vainqueur de classe, il ne parvint pas à déboucher la bouteille de champagne qu’au prix de fortes secousses qui eurent pour effet de doucher ses collègues pilotes du divin breuvage une fois le bouchon sauté !

 

 DESTIN TRAGIQUE

 

Pour le pilote Suisse unanimement apprécié pour ses qualités humaines et sportives, la course a été sa vie et malheureusement aussi signe de sa mort…

Une mort tragique  qui l’a fauché beaucoup trop tôt à 35 ans seulement et en pleine force de l’âge, le dimanche 24 octobre 1971 sur le circuit de Brands-Hatch en Angleterre, celui-là même, où il avait remporté sa première victoire en Grand Prix F1… trois ans auparavant !

Alors qu’à cette triste date, aurait dû avoir lieu le GP du Mexique de F1 à Mexico mais les organisateurs toujours sous le choc de la disparition de son copain, leur idole Pedro RODRIGUEZ quelques mois plus tôt, le 11 juillet 1971 au Norisring à Nuremberg en Allemagne, avaient préféré jeter l’éponge, cette date devenant par conséquent libre…

Ce dont profitèrent les Britanniques heureux qu’ils étaient du deuxième titre de Champion du Monde fraîchement acquit par Jackie STEWART, pour organiser un Grand Prix ’hors championnat du monde, intitulé VICTORY RACE sur le circuit de Brands-Hatch dans le Kent au sud-est de Londres et auquel participaient tous les principaux acteurs du monde de la F1.

Malgré son calendrier très chargé, Jo SIFFERT avait accepté malgré lui l’invitation de son ami Jackie STEWART d’être présent au volant de sa BRM P160, sur laquelle il avait terminé 5ème au Championnat du Monde ‘’pilotes’’ trois semaines auparavant et que beaucoup de connaisseurs étaient persuadés que l’Helvète possédait les qualités et le matériel pour jouer le titre en 1972.

Le sort en décida cependant autrement, car comme sa veuve, Simone le déclara plus tard, Jo aurait dû rouler ce week-end là au Japon sur une PORSCHE 917/10 pour préparer la dernière manche CANAM, alors qu’il avait encore la possibilité de priver Jackie STEWART de la troisième marche du podium au classement final… Mais le destin en a décidé doublement autrement !

C’est précisément  sur le toboggan de Brands-Hatch là où en 1968, il remporta son premier Grand Prix, le dernier d’ailleurs remporté par un pilote privé, que le destin donc, a suivi son cours…

 A l’entame du 15ème des 40 tours prévus lorsque la YARDLEY BRM de SIFFERT parti de la pole en tête avant d’être retardé par un léger accrochage, fut victime d’une embardée inexpliquée à ce jour au virage HAWTHORN que le malheureux pilote Suisse paya au prix de vie, mourant asphyxié après avoir suffoqué suite aux fumées inhalées de sa voiture en feu et dont il ne put se dégager par ses propres moyens.

Quant aux circonstances de l’accident elles ne furent jamais vraiment élucidées.

Certains initiés mirent en cause une crevaison lente alors que d’autres suspectaient plutôt un blocage de la boîte de vitesse.

Qu’importe car tout comme Jim CLARK, Pedro RODRIGUEZ ou Jochen RINDT avant lui de même que Ayrton SENNA après lui, l’infortuné Jo SIFFERT, qui aurait 85 ans aujourd’hui, a emporté le mystère autour de son crash dans sa tombe mais même 50 ans après sa disparition au pays des confédérés, il est toujours resté une légende.

Tout au long du week-end du 24 octobre dans sa ville natale de Fribourg, auront lieu des commémorations en présence des anciens pilotes Kurt AHRENS, Bernard CHENEVIERE, Gérard LARROUSSE et François MAZET, tandis que le dimanche 24 octobre à 14 H 18, l’heure de son accident de sinistre mémoire, tous ses fans pourront se recueillir devant sa tombe au cimetière St-Léonard de Fribourg.

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency

 

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