IL Y A 30 ANS MAZDA ÉCRIVAIT UNE PAGE D’HISTOIRE AU MANS LORS DE LA 59ème EDITION DES 24 HEURES.

 


Mazda-VICTOIRE-au-Mans-en-1991©-Manfred-GIET.

 

Depuis les années 80’ les constructeurs Japonais, ont rassemblé toutes leurs forces pour tenter de remporter la plus grande course d’endurance au Monde : les très prestigieuses 24 Heures du MANS.

 

TOYOTA et NISSAN, débarquaient et arrivaient ainsi chaque année début juin, avec une véritable armada de voitures et ce avec l’espoir secret de devenir le premier constructeur Nippon à triompher et à gagner dans la Sarthe…

Mais, hélas annuellement, la désillusion l’emportait et était chaque fois à la hauteur de leurs espoirs affichés dès l’entame lors du pesage !

Le soleil levant tournait à chaque fois … au soleil couchant pour les Teams Nippons et ce jusqu’à ce qu’un troisième larron, en l’occurrence la petite marque… MAZDA, qui s’obstinait depuis une bonne décennie, à mettre en chantier, une voiture dans cette catégorie de l’endurance, capable de s’imposer dans la célèbre classique mancelle, qui comme me le rappelle l’ami Gilles GAIGNAULT, au lointain Japon on nomme ‘ Le long, long jour’.

 

MAZDA-717C-24-Heures-du-Mans-1983-12ème-au-général-et-vainqueur-de-la-catégorie-J-©-Manfred-GIET.

 

MAZDA qui dès l’édition 1973, avait déjà participé au double tour d’horloge du Mans, mais à l’époque comme simple motoriste, pour la petite équipe Nipponne, l’écurie SIGMA, qui deviendra plus tard SARD.

Et cette entrée en matière comme motoriste pour le constructeur d’Hiroshima ne passa déjà pas inaperçu, puisque MAZDA équipait le proto SIGMA d’une unité de puissance basée … sur un moteur rotatif !

En effet, en 1959 lorsque le créateur du moteur rotatif, l’Allemand Felix WANKEL présenta son moteur expérimental au grand public, l’engouement fut tel au Japon que pas moins de … 34 entreprises sollicitèrent une licence, que seule la TOYO CORK KOGYO CORPORATION, qui deviendra par la suite MAZDA, à partir de 1960, fut l’unique bénéficiaire à l’obtenir.

Une innovation technique qui depuis n’a cessé d’évoluer sous l’emprise Japonaise.

PREMIÈRE AU MANS DÈS 1970

24 HEURES DU MANS 1973 MAZDA MC 73

 

Si des constructeurs, tels le Germanique NSU ou le Français CITROËN, se sont également intéressé à la technologie WANKEL, ils l’ont rapidement abandonnée, alors que MAZDA, l’adoptait rapidement au point de mettre ses moteurs rotatifs à l’épreuve en sport automobile.

Dès 1970, une CHEVRON B16 du Team Belge LEVIS International Racing Team, équipée d’un moteur rotatif, naturellement siglé MAZDA le 10 A 2R de 982 cc, était engagée aux 24 Heures du MANS, ce qui constituera une première qui ne dura cependant que l’espace de … 19 tours seulement, avant que le moteur ne rende l’âme !!!

Ce ne fut que partie remise puisque trois ans plus tard, on retrouva cette fois, une équipe exclusivement Japonaise dans la Sarthe engagée aux mythiques 24 Heures, sous la forme d’une SIGMA MC 73, bolide équipé du moteur griffé MAZDA 12A à double rotor de 2.292 cc, qui après un 14ème rang sur la grille de départ, dut toutefois abandonner mais pour un problème d’embrayage.

Et comme ce concept d’unité de puissance faisait désormais partie de l’ADN du constructeur Nippon, celui-ci n’hésita pas d’engager des MAZDA RX 100 à l’autre épreuve d’endurance incontournable, les fameuses 24 Heures de SPA, où sans l’accident fatal, dont fut malheureusement victime le pilote Belge ‘’ELDÉ’’ Léon DERNIER, les trois ‘’Geisha Japonaises’’ à  la sonorité stridente auraient réussi un beau tir groupé.

VICTOIRE A SPA 10 ANS AVANT LE MANS

MAZDA-24-Heures-de-Spa-1981-la-Mazda-victorieuse-de-Dieudonné-Walkinshaw-©-Manfred-GIET-

 

Entre temps, MAZDA avait lancé dès 1978, son modèle RX-7, un joli coupé sportif et léger, dessiné pour abriter le moteur à piston rotatif pour concurrencer des marques sportives rivales, telles DATSUN Z, PORSCHE 924 ou NISSAN SKYLINE, avec un sacré temps fort en 1981, lorsque à la surprise générale, une MAZDA RX-7 bi-rotors de 2,5 litres, préparée par l’équipe TWR  (Tom WALKINSHAW) et pilotée par le père Tom et le Belge Pierre DIEUDONNE, remportait les 24 Heures de FRANCORCHAMPS et ce au nez et à la barbe d’une armada des nettement plus puissantes FORD CAPRI, CHEVROLET CAMARO ou autres BMW 530i !

Ce fut alors un sacré coup de ‘boost’ pour le constructeur Nippon, qui loin de se reposer sur ses lauriers, continua à développer son concept de moteur rotatif avec comme objectif final.. la victoire aux 24 Heures du MANS.

Une première tentative en 1983. avec des protos MAZDA 717C motorisés par des blocs à doubles rotors, engagés en catégorie Groupe C ’’Junior’’ s’avéra concluante, puisque en plus de terminer l’épreuve Sarthoise à un honorable 12ème rang au général, la voiture pilotée par le trio Japonais, KATAYAMA-TERADA-YORINO, remporta sa catégorie.

Suivirent entre 1984 et 1989, des engagements au Mans avec des 727C ou 757 pourvues de motorisations à doubles, voire triples rotors et des fortunes diverses à la clé.

Après des débuts encourageants du modèle 787 équipé lui de quadruples rotors qui allait succéder au 757 en 1990, le constructeur d’Hiroshima sous l’impulsion du patron de MAZDASPEED,  Takayoshi OHASCHI, accéléra alors la préparation en misant tout d’abord sur l’essentiel… la fiabilité !

 

1991 FUT D’UN EXCELLENT CRU.

 

Pour l’édition Mancelle de 1991, MAZDA engagé sous l’appellation MAZDASPEED, joua une carte importante, sous la baguette magique de l’ingénieur Britannique, Nigel STROUD, lequel apporta de profonds changements sur les trois prototypes groupe C Japonais, confrontées au quatuor favori que formaient … MERCEDES, JAGUAR, PEUGEOT et PORSCHE.

Et comme l’a démontré le déroulement du double tour d’horloge, ceux que l’on attendaient en ont tous, incroyablement été pour leurs frais, à la fin des 24 Heures, soit par manque de fiabilité, soit à cause d’une consommation excessive comme ce fut le cas des JAGUAR !

Pendant ce temps, la MAZDA 787 B N°55 aux avant-postes et que se partageait l’équipage formé du Britannique Johnny HERBERT, du Franco-Belge Bertrand GACHOT et de l’Allemand Wolker WEIDLER, dont le propulseur et sa sonorité stridente caractéristique tournait comme une horloge, n’avait cessé de pousser en permanence ses rivales plus véloces jusque dans leurs derniers retranchements …

 

Bertrand-.GACHOT-Mazda-787-B-victorieuse-aux-24-Heures-du-Mans-en-1991-©-Manfred-GIET.

 

A tel point que la SAUBER-MERCEDES C11 du trio composé des Français, Jean Louis SCHLESSER et Alain FERTÉ épaulés par l’Allemand Jochen MASS, qui avait mené la danse durant 16 longues heures, dut se retirer suite à une surchauffe moteur, propulsant du coup, la belle MAZDA orange et verte, en tête de l’épreuve et ce à 3 heures de l’arrivée !!!

La sensation était parfaite, encore fallait-il gérer ce leadership inespéré dans le clan Japonais jusqu’au baisser du drapeau à damier à 16 Heures.

Le quadri-rotor sous le capot sollicité en permanence à son maximum ne montra cependant aucun signe de faiblesse, si bien que les ingénieurs et mécanos du stand MAZDASPEED, avaient tout sous contrôle.

 


MAZDA-24-HEURES-DU-MANS-1991-Le trio de pilotes F 1 victorieux-WEIDLER-GACHOT-HERBERT-©-Manfred-GIET.

 

Pour le reste, le trio de pilotes venus de la F1, WEIDLER-HERBERT-GACHOT, tous novices en endurance, faisait leur job avec méticulosité tout en respectant scrupuleusement les consignes du Team qui pour perdre le moins de temps possible demanda au Britannique Johnny HERBERT, d’assurer un double relais final pour terminer l’épreuve, ce qu’il fit non sans aller puiser dans ses réserves, jusqu’à être victime d’un épuisement sitôt le drapeau à damiers baissé, laissant le soin à ses deux équipiers, Bertrand GACHOT et Volker WEIDLER, de monter seuls sur le podium !

Incontestablement, cette journée du dimanche 23 juin 1991, restera à tout jamais gravée dans les annales des 24 Heures du MANS, puisque liée à l’exploit de l’équipe MAZDA, d’avoir imposé d’une part, le moteur à piston rotatif dans l’épreuve d’endurance la plus dure au monde, et d’autre part de s’inscrire comme le premier constructeur Japonais constructeur victorieux dans la Sarthe.

Un sacré challenge !

Cette victoire restera d’ailleurs unique, puisque dès 1992, l’ACO (Automobile Club de l’Ouest) l’organisateur des 24 Heures, interdisait l’utilisation du moteur rotatif…

Mettant ainsi fin à l’histoire et donc un point final à une expérience et une belle aventure victorieuse pour le moteur rotatif en Sarthe !

 

Manfred GIET

Photos: PUBLIRACING – Michel PICARD – Gilles VITRY

 


24-HEURES-DU-MANS-1991- Victoire pour WEIDLER-GACHOT-HERBERT, avec la MAZDA à moteur rotatif