Les battements cardiaques de nos pilotes de MotoGP sont parfois transmis dans les émissions TV, on a bien vu par exemple que le jour où Fabio Quartararo s’est retrouvé combinaison ouverte en plein GP, il ne lui restait sur la poitrine que son appareil de mesure cardiaque.
Les chiffres de ces sportifs de haut niveau sont évidemment intéressants mais pas exceptionnels par rapport à d’autres sports, où l’on fait monter le rythme à se faire éclater un ventricule…
A titre de comparaison, l’ancien maillot jaunecinq fois vainqueur du Tour de France, Jacques Anquetil battait à 20 pulsions minutes au repos et frisait les 180 en haut du Col du Tourmalet mais les sportifs ont un autre avantage sur nous simples mortels anonymes, ils récupèrent très vite leur rythme cardiaque normal.
Autre exemple avec le ski de fond, l’un des sports les plus durs au monde, là aussi en bout de course, quand on voit les skieurs tomber au sol parce qu’ils ne peuvent plus faire un pas, on est aux alentours de 190 battements minute.
Exemples dans la moto…
QUARTARARO VA LE PLUS HAUT
Vous n’en avez évidemment rien à battre mais je me souviens de mes chiffres personnels quand je faisais de la montagne, le grand jeu consistait à arriver le premier au refuge où l’on passait la nuit avant de grimper, mais ces bougres de cabanes (devenues aujourd’hui des hôtels où il faut réserver) étaient à des altitudes folles, entre 2700 et 3800 mètres !
Au repos, je tapais du 80 et en arrivant au refuge, souvent le premier, j’étais à près de 200. Plus une heure de récupération. Je me trouvais très fort mais finalement pas du tout…
Quartararo par exemple, part aux alentours de 75 pulsations/mn et est à 175 en plein GP… Ce qui dure, rappelons-le, 45 minutes !
Quand on lui a annoncé ces chiffres à l’arrivée du Mugello, Fabio a été étonné.
« Vraiment, 175 ? C’est élevé, c’était probablement dans les tours de qualification. Mais le Mugello est aussi le parcours le plus difficile du calendrier. A Portimão, j’ai conduit toute la course à environ 170 battements par minute, ce qui est assez normal sur ces pistes. »
Mais surtout, ce qui est très important, c’est que la machine se mette en route très vite mais retombe d’ès l’arrivée.
Cela dit le rythme élevé est important, au point qu’en F1 par exemple, il arrive parfois que l’entraînement spécifique des pilotes soit dirigé vers une augmentation du rythme cardiaque.
VINALES N’A PAS DE CŒUR…
Aucune allusion bien sûr à la célèbre phrase de Don Diègue à son fils Don Rodrigue (à savoir Le Cid) « Rodrigue as-tu du coeur ? » ni au fait que Maverick Vinales serait un garçon sans sentiments…
Il s’agit encore ici du rythme cardiaque, un comptage mathématique à l’état pur qui n’a rien à voir avec le côté sociable du personnage.
Fabio Quartararo dit de lui, en se marrant, qu’il est comme un poisson avec sa fréquence cardiaque super basse en course …
Car Vinales, 26 ans, ne dépasse pas 120 battements minutes en plein effort ! J’imagine bien certains d’entre vous dire en se marrant que parfois il reste même à 20 pulsions/minute y compris pendant les courses mais il est vrai que c’est un énorme avantage, on respire mieux, et donc on perçoit les choses autrement.
Ensuite, il y a un phénomène bien connu dans les professions artistiques ou le sport en général c’est l’adrénaline qui se transforme pour certains en trac ?
Or tous les grands sportifs de haut niveau, tous les acteurs de théâtre le reconnaîtront, sans adrénaline ou sans trac, ça ne vaut même pas le coup d’entrer en grille ou en scène…
Donc Vinales n’aurait pas le trac?
Info à vérifier…
ROSSI LE CŒUR D’ARTISTE
Valentino Rossi aussi a été équipé d’un cardiomètre cette année. On rappelle qu’il a 42 ans… Résultat étonnant, entre 150 et 160 battements.
Il a dit en être satisfait car dans une vie très longue de sportif au plus haut niveau, son premier GP remonte à 1996, c’était donc il y a 27 ans et les chiffres qui vont suivre vont à l’encontre de ce que lis ici et là à savoir qu’il serait cramé.
« Ce que j’ai vu était entre 150 et 160 battements par minute, ce qui n’est pas mal. Nous nous entraînons généralement pour être autour de cette gamme. Ces dernières années, cependant, il est également devenu clair que la fréquence cardiaque varie chez chaque athlète. On peut être en pleine forme et réaliser jusqu’à 180 pulsions/minute, mais cela ne signifie pas qu’une autre personne avec un rythme plus bas fait moins d’effort ».
Comme quoi « Papy dottore », l’expression n’est évidemment pas de moi, se tient très au courant et surtout entretient la forme sans tomber dans le délices de Capoue (Yacht, Fiancée sublime etc…) ville détruite par les Romains après que les Carthaginois se soient laissés aller à la liberté et au manque d’entraînement dans cette ville conçue pour cela…
En tous cas ce qui est sûr, c’est qu’ils mettent tous du cœur à l’ouvrage, quant au nôtre, de cœur, il doit y avoir des moments ou devant la TV on rejoint largement le club de ces messieurs… Même assis sur un canapé ou devant un ordinateur !
Il y a une phrase facile à retenir, le rythme cardiaque d’effort est égal à 200 pulsions minutes moins l’âge du sportif… Au vu ce cette base, Rossi est parfaitement au rythme idéal, Quartararo a encore de la marge et Vinales n’est pas fait comme nous…
Je laisse la parole de fin à Marc Marquez :
« Mon rythme cardiaque est vraiment élevé. Déjà sur la grille de départ, si je ne fais rien, c’est 110 battements et peut-être plus. Pendant les 20 premières minutes il monte à 150. Et dans la deuxième partie de la course, je ne suis jamais sous 180, 190 battements par minute. C’est difficile dans ces conditions de composer avec le mental. Il faut prendre des décisions dans ces conditions physiques extrêmes et si on se trompe d’un centimètre, c’est la chute »
A vrai dire on s’en doutait un peu, ces garçons sont surentraînés et donc le rythme cardiaque importe finalement peu.
Le problème est que dehors ça défile à une vitesse inhumaine et là, il faut avoir… un gros cœur !
Jean Louis BERNARDELLI
Photos : MOTOGP ET DR