JUAN-MANUEL FANGIO : 26 ANS APRÈS SON DÉCÈS, L’ARGENTIN RESTE TOUJOURS ‘LA’ RÉFÉRENCE.

Une partie des voitures pilotées par Jean Manuel FANGIO-©-Manfred-GIET-

 

 

Ce 17 juillet 2021, cela fait exactement 26 ans que le pilote Argentin Juan-Manuel FANGIO, succombait des suites d’une pneumonie aiguë, dans une Clinique de Buenos Aires, à l’âge de 84 ans.

Encore à ce jour, il reste l’une ou plutôt ‘LA’ légende de la F1.

Son nom entre-temps est devenu familier même pour les non-initiés.

Combien de fois n’a-t-on en effet entendu l’expression ‘’se prendre pour Fangio’’ et régulièrement son nom apparaît toujours aux avant-postes, lors de comparatifs pour déterminer le pilote, qui a le plus marqué l’histoire de la F1, parmi la meute de 772 concurrents qui jusqu’à présent ont participé au Championnat du Monde de F1.

 

SCHUMACHER-HAMILTON-FANGIO – Les 3 pilotes les plus titrés 18-titres à eux trois-©-Manfred-GIET.j

 

Une des questions les plus souvent soulevées actuellement depuis que le quintuple Champion du Monde a été détrôné par Michael SCHUMACHER après 46 années de règne, avec 7 titres, suivi 62 ans plus tard par Lewis HAMILTON et ses 6 titres, est de déterminer qui de tous ces Champions les plus titrés, lequel s’érige comme le plus grand.

C’est là que les chemins se séparent quant aux avis surtout que tous ces titres ont été remportés à des époques totalement différentes à bien des égards.

On a beau argumenter que SCHUMACHER et HAMILTON, ont toujours piloté les meilleures voitures, ou que SENNA, malgré le fait qu’il a souvent été confronté à une panoplie de Champions en puissance, comme PROST et MANSELL ou PIQUET, sans sa disparition en 1994, en avait encore sous la pédale et aurait certainement encore alimenté son palmarès, resté bloqué à trois titres, mais rien ne dit que FANGIO qui mit un terme à sa carrière après seulement huit saisons, en serait lui aussi resté là, s’il avait persévéré.

Concernant Juan-Manuel FANGIO, on se souviendra entre autre de ses records et exploits, Juan-Manuel FANGIO établis alors que la F1, était encore de la préhistoire au tout début d’une ère de pionniers, bravant le destin à chaque GP., dont le nombre au début n’excédait pas la moitié, voire le tiers des calendriers actuels et dont les distances à parcourir et durées étaient doublées, en regard de maintenant.

 

Juan-Manuel-FANGIO-Mercedes-W196-GP de Belgique 1955-©-Collection-privée-Manfred-GIET

 

ROI DE LA CATÉGORIE REINE

 

Celui que l’on surnommait ‘’El Chueco’’ à cause de ses jambes arquées ou ‘’El Maestro’’ par sa maîtrise au volant, a limé les routes nationales qui constituaient les tracés des GP de l’époque, durant huit saisons de 1950 à 1958, avec une année d’interruption en 1952, à cause d’un accident grave, dont il fut victime lors d’une épreuve hors Championnat en avant saison, à Monza sur une Maserati.

Durant cette période de huit ans, le pilote Argentin marqua véritablement le début de l’ère moderne de la F1, de son empreinte car malgré son âge déjà avancé, son style de pilotage et son sens tactique, lui permettait de dominer ses adversaires.

Sur les 51 Grands Prix qu’il disputa au total, il remporta la bagatelle de 24 épreuves, soit un taux de réussite de 47,06%, contre 40,63% à ASCARI, 34,72% à CLARK, 33,60% à HAMILTON et 29,64% à SCHUMACHER.

Net avantage donc en faveur de FANGIO, tout comme également au classement des points inscrits au Championnat du Monde et ce par rapport aux GP. disputés, où là aussi il devance, FAGIOLI et HAMILTON.

Et sur base du nombre de Pole Positions réalisées toujours en fonction du nombre de GP. disputés, il devance CLARK et ASCARI, tout comme en ce qui concerne les meilleurs tours réalisés en course, où là également il devance à nouveau, ASCARI et CLARK.

Si toujours selon cette même règle on établit le bilan des kilomètres parcourus en tête d’un GP., le classement précédent est à nouveau identique, en ce qui concerne le podium.

Précisément en ce qui concerne les podiums et toujours selon la même évaluation, FANGIO enlève à nouveau la palme, avec un taux d’efficacité de 68,63 % contre 60,40 % à HAMILTON, 53,13% à ASCARI, 50,49% à SCHUMACHER et 44,44% à CLARK.

Il s’agit en l’occurrence d’un taux de réussite et d’efficacité jamais atteint jusqu’aujourd’hui, ce qui lui permet de toujours faire bonne figure au Panthéon des superstars, même 60 ans plus tard !

 

FANGIO-Monument-au-Circuit-Catalunya-©-Manfred-GIET

LA RÉFÉRENCE DE SON ÉPOQUE

 

Né le 24 juin 1911 à la St. Jean, Juan-Manuel FANGIO au départ se destinait à la pratique du football, le sport national dans la majeure partie des pays d’Amérique Latine.

Peu doué pour faire des études après son service militaire, il se laissa emporter par la vague automobile déclenchée par le Général PERON au pouvoir au Pays des Gauchos et grand amateur de compétitions automobiles.

Sa toute première participation à une épreuve de vitesse se déroula avant-guerre, lors d’un petit Rallye régional qui se termina en drame, puisque suite à une sortie de route, son équipier URRUTIA y perdit la vie.

C’est sur une FORD A que Juan-Manuel débuta à l’âge de 25 ans la course automobile, en se consacrant d’abord aux voitures de sports et tourisme de l’époque, avant de se faire remarquer en 1947 et 1948, lors des célèbres Temporada précurseurs de la F1, où au volant d’une FORD T alimentée par un moteur de camion Chevrolet, il parvenait à tenir la dragée haute à des pilotes d’usine Alfa Romeo ou Maserati, tels VARZI, FARINA et VILLORESI, avant de pouvoir bénéficier d’une MASERATI 4CL 1500, que lui prêta le Président Argentin du Club Automobile Francisco BORGONOVO.

Sur insistance du Président PERON qui voulait que les meilleurs pilotes Argentins aillent défier les Européens sur leur terrain, FANGIO se retrouva sur le Vieux Continent, tout comme ses compatriotes MARIMON et GONZALES, où dès 1950, il participa au premier Championnat du Monde de F1 pour l’écurie ALFA ROMEO et terminera deuxième à 3 petits points du tout premier Champion du Monde, l’Italien Giuseppe FARINA.

1951, le verra couronné pour la première fois sur une ALFA ROMEO 159 d’usine, mais un an plus tard, il sera poursuivi par la poisse, à la suite d’un sérieux accident lors d’une épreuve à Monza, au volant d’une MASERATI en avant Saison.

La veille, il avait disputé une épreuve en Irlande, avant de rallier Lyon par avion et de poursuivre son trajet jusque Monza en voiture et arriver juste à temps pour prendre le départ, et ce sans avoir participé aux essais s’élançant en dernière ligne, d’où il remonta cependant rapidement le peloton jusqu’au moment de son accident sérieux, où il s’en sorti avec plusieurs fractures aux vertèbres cervicales.

«Cette sortie de piste m’a fait réaliser combien il est facile de passer de vie à trépas sans réellement s’en rendre compte commentera-t-il son accident du probablement à la fatigue, peu après mais avec des conséquences physiques telles que 1952 fut pour lui une saison blanche.

De retour en 1953 chez Maserati, il remportera le GP. d’Italie à Monza et terminera trois fois deuxième aux GP. d’Angleterre à Silverstone, de France à Reims et d’Allemagne au Nürburgring, ce qui lui permettra de terminer deuxième au Championnat du Monde derrière Alberto ASCARI.

La saison suivante le verra participer sur une MASERATI 250 F, aux deux premiers GP. de la Saison qu’il remporta avant d’être embauché par MERCEDES-BENZ, où il fêtera sa joyeuse entrée par… quatre victoires et son deuxième titre de Champion du Monde décroché en fin de Saison, devant son compatriote Florian GONZALES.

1955 le verra toujours à bord d’une Flèche d’Argent W196 et W196 STR (pour profilée) sur laquelle il dominera la saison avec à nouveau quatre victoires et une deuxième place qui lui permettront de remporter son 3ème titre de Champion du Monde, devant MOSS en fin de saison, où MERCEDES suite au drame des 24 Heures du MANS la même année, décida de se retirer du sport automobile.

FANGIO ne resta toutefois pas longtemps inactif puisqu’en 1956, il se retrouvera chez FERRARI sur une LANCIA FERRARI D50 au volant de laquelle il sera titré pour la  4ème fois après avoir remporté deux  victoires, deux deuxièmes et une troisième place au bout des sept GP. qui constituait la Saison proprement dite puisqu’aux 500 Miles d’INDIANAPOLIS, l’épreuve US reprise au calendrier depuis 1950, les écuries Européennes n’y participaient pas.

Durant cette saison, il réalisera probablement sa meilleure course en F1 lors du GP. d’Allemagne sur le terrible Nürburgring, où après avoir accusé un retard d’une minute face à ses adversaires, MOSS et BEHRA, il parvint à remporter l’épreuve après une ‘’remontada’’ prodigieuse, dont ses adversaires n’en revinrent pas !

Pour la Saison 1957, il fit son retour chez MASERATI, le concurrent de FERRARI, sur une 250F sur laquelle il remportera quatre GP. et un deuxième rang qui lui permirent de remporter non seulement son 5ème titre de Champion du Monde, mais également son 4ème d’affilée, et ce alors âgé… de 46 ans et 31 jours, ce qui fait de lui à ce jour, le Champion du Monde le plus âgé de l’histoire de la F1.

1958 fut sa dernière saison en F1 toujours sur MASERATI 250F mais pour l’écurie privée SCUDERIA SUD AMERICANA, pour laquelle il ne disputera que les GP. d’Argentine et de France terminant respectivement 4ème à chaque fois avant de jeter le gant au propre comme au figuré.

 

Juan-Manuel-Fangio, lors d’un tour de démonstration au volant de la fabuleuse MERCEDES-W196-©-Manfred GIET-

PILOTE AUSSI EN VOITURES DE SPORT

 

En parallèle aux épreuves de monoplace, il participa aussi à des courses du Championnat du Monde pour Voiture de Sport de 1953 à 1957 mais pas avec le même succès qu’en F1.

S’il disputa à quatre reprises les 24 Heures du Mans il y enregistra autant d’abandons et alors que lors de la dramatique édition 1955, il était en tête avec son co-équipier MOSS, sur l’une des MERCEDES, le Team Allemand se retira après l’accident qui coûta la vie au Français Pierre Leveqh, ainsi qu’à 83 spectateurs alors que l’équipage, FANGIO-MOSS, était en bonne position pour remporter l’épreuve.

Outre une victoire à la PANAMERICA Mexicaine en 1953 avec BRONZONI sur une LANCIA D24, ses autres plus beaux trophées resteront ceux remportés en 1956 aux 12 Heures de SEBRING avec CASTELLOTTI, victoire renouvelée un an plus tard avec le Français Jean BEHRA sur une MASERATI 450 S.

Palmarès éloquent pour quelqu’un qui ne possédait pas de Permis de Conduire !

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency et Bernard BAKALIAN

 

Juan Manuel FANGIO et Gilles GAIGNAULT

CHAUFFEUR DE MAÎTRE… CHAUFFEUR DU MAÎTRE !

‘Je conduis un mythe’ !

 

En 1985, le Président de la FFSA., de la FISA. et de la FIA. de l’époque Jean-Marie BALESTRE m’avait chargé d’aller en ARGENTINE et de convaincre Juan-Manuel FANGIO de venir à PARIS  pour fêter le tout 1er titre d’Alain PROST, premier pilote Français, sacré CHAMPION du Monde de Formule 1 !

Avec l’aide et le soutien de la Fédération ARGENTINE, un rendez-vous fut organisé chez lui à BALCARCE, où il possédait des Concessions automobiles PEUGEOT et MERCEDES.

 

Avec Juan Manuel FANGIO.  Soirée Remise des prix de la FFSA.  Photo : Bernard BAKALIAN

 

Et c’est avec un immense plaisir que celui qui fut cinq fois couronné, accepta notre invitation de se déplacer à PARIS ! De retour en FRANCE, le Président BALESTRE, me chargea alors de m’occuper en permanence du ‘ Maestro’

Et c’est ainsi que je fus une petite semaine durant un réel privilégié, le chauffeur d’un mythe, le chauffeur de Juan-Manuel FANGIO. Guy SITRUK  alors Responsable du Service des Sports du JDD., le JOURNAL DU DIMANCHE, me demanda de lui raconter la semaine de l’ARGENTIN, d’où le titre de mon article :

‘Je conduis un mythe’ !

 

Naturellement un immense souvenir d’abord de deux journées ARGENTINES, puis ensuite de ces sept jours passés en sa compagnie à PARIS. Et des soirées au Restaurant LE VOLANT, chez son ‘pote’, l’ancien Pilote Jojo HOUEL, avec lequel il avait lié amitié lors de ses débuts en EUROPE en 1946 et notamment à l’occasion de son premier succès au GP. du Bois de BOULOGNE, cette année-là.

 

Gilles GAIGNAULT