SOUVENIR : 8 JUIN 1991, JEAN MICHEL BAYLE DEVIENT CHAMPION DES USA DE SUPERCROSS !

 

 

Ce qui fait donc pile trente ans, je ne vis pas dans la nostalgie de nos immenses années d’insouciance (sinon je me serais flingué).

C’était une époque que les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent même pas imaginer, où l’on avait le droit de réaliser ses rêves, où l’on n’était pas emmerdé par des règles de risque zéro (le cancer de la nouvelle société) sans réseaux sociaux pour dire n’importe quoi où, selon la chanson de Brassens « Au moindre coup de Trafalgar, c’est l’amitié qui prenait le quart »

Ce 8 juin 1991, à Oklahoma, Jean Michel est champion des USA de Supercross, autrement dit il a battu sur leur terrain les meilleurs pilotes du monde.

Il sera aussi la même année champion des USA en 500 et en 250 outdoor, performance qui n’a plus jamais été réalisée, Jean Michel me dit au téléphone (il est chez lui, à côté de Manosque, la ville de son enfance) que la règlementation ayant changé au bout de quelques année la triplette n’était plus possible.

Je fais à cette occasion un énorme clin d’oeil à Pat Boulland qui m’a initié au Motocross et fait connaître son monde entier. Pat a disparu, jeune, une horreur, mais il est toujours là, la mort n’est qu’un passage c’est la vie qui est une aventure. 

HISTOIRE DE LA PLAQUE NO 1…

 

En fait le problème quand on écrit sur les succès de quelqu’un que l’on a connu, on parle beaucoup de soi-même, piège que je veux absolument éviter.

En tous cas au maximum.

En 1988 et 1989, JMB est champion du monde en 125 puis en 250.

 

JEAN MICHEL ET SON NUMÉRO FÉTICHE

 

Il me raconte au téléphone qu’à cette période, ses héros s’appelaient Geboers, Jobé, Malherbe, bref des pilotes de motocross archidoués, multiples champions du monde en outdoor mais ce monde-là allait changer.

 

JMB :

« Et puis il y a eu vous aux Editions Larivière, toi, Pat Boulland, Xavier Audouard qui avez commencé à faire plein de papiers sur les USA et le Supercross, en stade donc. J’avais treize ans quand la mode US a commencé… J’en avais déjà envie en fait mais c’est surtout la création du Supercross de Bercy qui a fait que j’ai rencontré les héros US. Toi tu lançais ton fameux « Bonsoir Paris ! »et ça devenait magique. J’ai fini par le gagner ce SX de Bercy.  Pat Boulland qui connaissait bien Roger de Coster (un pilote belge cinq fois champion du monde qui est ensuite parti aux USA apprendre à rouler à ceux qui deviendront des héros) et qui était devenu team manager de Honda USA, Pat donc l’appelle tout le temps pour lui parler de moi. Roger est venu me voir courir en GP outdoor et a bien aimé ce que je faisais. La première année de mon arrivée aux USA je gagne quand même cinq épreuves et l’année suivante je suis champion ».

 

BAYLE ET DE COSTER

Bercy…

Je le revois descendant les marches des gradins en smoking blanc au bras d’une superbe mannequin noire, son surnom était « Loulou » en référence au parfum de Cacharel lancé ces années-là..

Et oui, à l’époque pas un sifflement de gros con dans les gradins parce que ‘une jeune noire était la vedette, évidemment, pas de haine à l’époque, juste de l’envie…

 

BERCY, LA MAGIE ABSOLUE

Du glamour, du bonheur s’être ensemble.

Je sais c’est impossible à imaginer et pourtant on l’a fait…

JMB « J’ai donc battu les ricains… Tu sais sportivement je suis un mec qui aime bien les challenges, partir là-bas en était un sacré mais enfin je les avais déjà battus à Paris. Et la première année je gagne à Dallas et à quatre autres reprises, ils commencent à me regarder de travers. L’année d’après à Oklahoma je décroche la plaque No1 et quinze jours après c’est le Coliseum à Los Angeles où tu es venu avec une équipe de TF1 »

Cette vidéo, que je publie ici est disponible sur le site http://jeanmichelbayle.fr/ des fans auquel JMB a accepté de prêter son nom.

 

 

Il y en en d’autres d’ailleurs, cette année là je suis allé de nombreuses fois à L.A. chez lui, d’autres TV ont aussi fait des reportages, bref cette période est très filmée.

Le motocross outdoor moins, en fait les pilotes US étaient certes les meilleurs du monde mais ils ne venaient pas courir l’outdoor en Europe, sauf le Motocross des Nations qui se court par équipes et que les USA ont gagné 22 fois à partir du moment où ils sont venus y courir, l’épreuve existe depuis 1947 mais les USA sont arrivés tard, au début des années 80, un ouragan !

Je place ici une petite analyse perso, je suis dans les sports mécaniques depuis quarante ans, j’ai constaté moi-même à de nombreuses reprises ce que l’on appelle « Le mal français », la peur de gagner.

Qui a cassé un nombre incalculable de carrières.

JMB est un des très rares pilotes français à ne pas souffrir de cette sorte de maladie maudite…

 

SON TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT EN CALIFORNIE

Avec Prost, Thierry Michaud et Gilles Burgat (trial) Michèle Mouton (Rallye mondial), Stéphane Peterhansel et je dois en oublier, qu’ils me pardonnent…

Une anecdote à ce sujet, au Motocross des Nations justement, auquel participe JMB avec deux autres pilotes français. JMB avait parfois un côté sale gosse et on a des mots, je lui dis qu’il n’y aura pas d’interview TV sauf s’il gagne. Ce qui était quasi impossible, cette année-là les imbattables pilotes US sont de la partie. Il gagne pourtant et revient dans les paddocks, à moto, jusqu’à me toucher les jambes (gentiment) et me dit « On se met où pour l’interview ? »

Je crois que c’est là, même s’il s’est foutu de moi et il a eu raison, que j’ai compris l’incroyable talent et le statut de vainqueur du garçon.

Après il y a eu la complicité, Bercy, mes voyages à L.A. le titre, assez parlé de moi.

 

 

Mais ça place le personnage et le winner qu’il est…

Le premier SX de Paris est en 1983, le frère aîné de JMB y participe, il lui raconte, le gosse, car il en est un à ce moment (14 ans) commence à rêver, à acheter les revues (époque bénie sans internet foireux) il sait quand il est titré en outdoor en 1988, qu’il a le talent, après il va vers son rêve.

 

DÉJA LA UNE DE L’EQUIPE MAGAZINE

 

Le 8 juin 1991, ce rêve est réalisé.

Quinze jours plus tard il est au bien nommé Coliseum, il se permet de gagner l’épreuve la plus prestigieuse de l’année alors qu’il n’en n’a plus besoin…

Bon mais ensuite…

APRÈS…

BAYLE ROULE POUR KENNY ROBERTS

 

Car il y a eu un après les USA…

JMB : « Effectivement j’aurais pu continuer un moment et prendre un pognon monstre, mais c’est pas ça mon truc.  Je préfère les challenges sportifs. J’avais envie de rouler en GP de vitesse, je l’ai fait ».

Mais il n’y a pas de légitimité dans ce milieu, pas de grosse équipe pour le mettre sur orbite, il fera quand deux pole et roulera un moment pour l’équipe de Kenny Roberts.

 

KENNY ROBERTS EN DIRT

Il a raconté Roberts à Christian Batteux, de Moto Revue.

« C’est un mec exceptionnel pour lequel j’ai un immense respect. L’Américain dans toute sa splendeur, caricatural, dur, exigeant, mordu de compétition même une fois sa carrière finie. Il avait gardé son tempérament de pilote. Il était capable de te traiter (gentiment) d’enculé le matin et de te prendre dans ses bras dans l’après-midi après que tu as fait une belle perf’ aux qualifs ! C’est sûr, la langue de bois c’était pas son truc. Ce qu’il aimait, c’est faire progresser ses pilotes, les amener aux marches des podiums… Et c’était le seul manager qui puisse monter sur une moto et te mettre une branlée sur une piste de dirt ! Il nous avait taxés Junior (son fils) Capirossi et moi en Espagne, sur son anneau, avec des XR 100 ; Loris avait ditOuais, mais Kenny toi t’as un meilleur pneu avant que nous… Et Kenny lui a répondu : Quand t’auras 50 ans et mon palmarès, tu pourras peut-être avoir un meilleur pneu avant !”  L’aventure Modenas, c’était osé. En huit mois, la moto marchait déjà très bien. La première fois qu’on l’a démarrée, tout le paddock était devant notre stand ! J’ai fait des premières lignes à son guidon, pour les gars du team c’était comme une victoire. Alors bien sûr, ça n’a pas été très loin, mais il fallait déjà le faire…

Il commence la vitesse par le 250, où il roule avec Aprilia, puis monte en 500 avec Yamaha puis avec Roberts sur la Modenas.

Ce n’est pas terminé !

Il a envie d’endurance, il va gagner ET les 24 Heures du Mans ET le Bol d’Or (deux fois)…

 

AVEC LE SERT ET MÉLIAND

 

Aujourd’hui il ne fait plus de motocross, il est vrai qu’il a donné, mais un peu d’enduro et de trial.

Ah oui, il continue le genre Supercross mais… en VTT !

On l’a vu en 2019 aux côtés de Johann Zarco alors en pleine déconfiture chez KTM, il est très pote avec lui et ils communiquent tout le temps.

 

AVEC JOHANN ZARCO

 

Il est aussi ambassadeur de la marque Honda, c’est sous ces couleurs qu’on le revoit de temps en temps en public, enfin quand il y a du public !

Et oui le risque zéro, j’ai déjà dit ce que j’en pensais.

Mais bon, ça repart, on va le revoir…

Ensuite on a parlé d’actualité mais ce qu’il m’a dit reste entre nous, l’entretien ne portait pas sur ce point le reste est une discussion purement privée, géniale d’ailleurs, avec un super expert.

A bientôt JMB…

Jean Louis Bernardelli

Photos DR

Son palmarès le plus connu…

 

 

 

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