GP MOTO : 48 EME ANNIVERSAIRE DE LA TRAGÉDIE DE MONZA, MORT DE PASOLINI ET SAARINEN

LE CIRCUIT DE MONZA EN 1973, LA CURVA GRANDE EST LE PREMIER VIRAGE RAPIDE APRÈS LA LIGNE


 

20 mai 1973, c’est la date du Grand Prix moto de Monza…

C’est l’époque du Continental Circus, l’ancêtre des GP moto formidablement décrit dans les films cultes Cheval de Fer (Pierre William Glenn, 1974) et Continental Circus (Jérôme Laperrousaz, 1972), un sport phénoménal où tous les pilotes sont aussi des héros.

A l’époque, la sécurité sur les circuits est balbutiante, des bottes de paille devant le rail, et encore, qui plus est on roule beaucoup sur des circuits routiers sans dégagements en cas de chute, le TT de Man, Montjuïc à Barcelone, Charade à Clermont Ferrand, Opatija en Yougoslavie …

 

MONZA LE DERNIER DÉPART

 

Les vrais circuits sont encore rares, Assen bien sûr,  Spa, Monza mais ce n’est pas d’ailleurs toujours une sécurité supplémentaire car on roule à des vitesses démentielles en courbes (180 kmh à la « Curva Grande » de Monza où a lieu l’accident).

Aujourd’hui encore un Bernard Fau et il y a un peu plus longtemps, sur un événement Classic, Agostini m’ont tous deux raconté ces grandes courbes avec des frissons de bonheur dans l’échine et les yeux qui pétillent de joie.

Mais sur ces GP on mourait beaucoup..

En 1973 à Monza, c’est le troisième GP de l’année, la catégorie 350cc a roulé avant celle des 250cc, bagarre phénoménale entre Renzo Pasolini et Giacomo Agostini.

Plusieurs personnes qui sont en bordure de piste signalent à l’organisation qu’il y a de l’huile sur la piste, je crois que Christian Lacombe, de Moto Journal, faisait partie des gens qui ont informé la direction de course.

C’est semble t’il, la moto de Walter Villa, l’Aermacchi qui a lâché cette huile dans la course précédente à plusieurs endroits du circuit, la direction ne fait rien et lâche les concurrents des 250cc.

15h15 c’est le départ à la poussette et on est tout de suite en course, il n’y a pas de tour de chauffe donc pas de reconnaissance de la piste.

Ce qui paraît hallucinant aujourd’hui mais je l’ai bien dit, tous ces garçons étaient des héros.

Dès le premier tour de la catégorie 250cc, dans ce virage incroyablement rapide, la Curva Grande, où les motos arrivent en paquet, le leader L’Allemand Dieter Braun passe mais derrière c’est le carnage…

 

PREMIÉREE COURBE RAPIDE, LE CARNAGE

 

Accrochage monstre, douze motos au sol, Jarno Saarinen, champion du monde en 1972,  qui avait été le premier européen à gagner les 200 miles de Daytona un mois auparavant et Renzo Pasolini (vice champion du monde en 1972) vont y perdre la vie.

La moto de Pasolini, qui perd l’avant, fauche Saarinen.

Il tombe et glisse jusqu’au rail, qui le renvoie sur la piste !

Il est percuté par plusieurs motos, aucune chance de survie.

Tout le monde dira tout et n’importe quoi sur les causes de l’accident, par exemple que la moto de Pasolini aurait serré au lieu de glisser sur l’huile.

C’est encore aujourd’hui la thèse de Dieter Braun qui est passé leader et n’a pas glissé.

On comprend bien que comme il est devant il n’a rien vu de l’accident…

C’est aussi l’hypothèse retenue par la commission d’enquête.

 

SOILI ET JARNO SAARINEN


Soili Saarinen, la femme du champion du monde, s’appuie elle sur ce qu’ont dit ceux qui suivaient le groupe qui a chuté, qui ont vu partir la moto de Pasolini et assurent qu’en cas de serrage, ce qui était assez fréquent à l’époque, la moto ne se comporte pas de cette façon et l’accident serait donc plutôt dû à l’huile sur la piste
.

Renzo Pasolini lui s’est tué en s’écrasant sur le rail.

En plus les réservoirs ont explosé et mettent le feu à la paille, il y a aussi des blessés graves.

C’est un peu toujours comme ça, il faut des morts pour faire avancer l’histoire.

Cette année là en 1973, il y a aura en tout quinze morts en GP, à partir de l’année suivante les pilotes font parfois la grève du départ quand ils considèrent que la sécurité n’est pas suffisante.

Bref, petit à petit on arrivera à des situations de sécurité beaucoup plus efficaces, comme GP au Mans le week end dernier, 117 chutes dues à une météo incroyablement dégueulasse, sans une seule blessure grave

 

MARC MARQUEZ AU BUGATTI 2021

 

Je ne vais pas dire, je suis beaucoup trop superstitieux pour ça, que l’on a, selon ce mot superbe d’un de mes amis pilotes, « enfin tué la mort en GP Moto, mais il est certain que, qu’il s’agisse de l’aménagement du circuit ou des vêtements de sécurité genre air bag que portent les pilotes, on se fait encore mal, voire très mal, mais la grande faucheuse reste bredouille

Enfin pas toujours, quand la moto s’écrase sur le pilote en bout de course il y encore danger très mortel.

En tous cas, les derniers morts du MotoGP remontent à Tomizawa en 2010, Simoncelli en 2011, Salom en 2016, ce genre de statistique est abominable mais montre finalement que la sécurité s’est beaucoup améliorée

 

MARCO SIMONCELLI AVANT DERNIÈRE VICTIME EN MOTOGP

 

Y compris pour le motard de base d’ailleurs, qui a souvent pu profiter de ces sécurités très améliorées.

On arrive même parfois, et même souvent, à rigoler quand l’un ou l’autre s’est mis une taule.

Rire contre la mort, ce serait un beau titre de bouquin !

Jean Louis BERNARDELLI

Photos : MotoGP et DR

 

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