HANS HEYER, LE PILOTE FANTÔME AU GRAND PRIX D’ALLEMAGNE DE F1 1977 !

 


Hans-HEYER-DRM-Nürburgring-Escort-II-RS©-Manfred-GIET.j

 

Depuis que la F1 existe, elle a de tout temps du faire face des situations parfois loufoques et qui avec le recul font sourire.

Et Dieu seul sait s’il y en a eu…

Drapeaux à damiers tombés et abaissés trop tôt, pilotes incroyablement distraits, changements de roues complètement ratés, des pièces mécaniques montées à l’envers, des podiums modifiés des heures après l’arrivée ou encore des Grands Prix qui disputés un lundi, ne sont qu’une petite panoplie d’événements qui ont parfois fait sourire ou grimacer selon les cas, dans l’une des disciplines sportives les mieux structurées.

 

 


Hans-HEYER-PENSKE-1977-au-GP-dAllemagne-en-1977-à-Hockenheim-©-Manfred-GIET.

IL L’A QUAND MÊME FAIT SANS ÊTRE QUALIFIÉ !

 

Une des situations des plus rocambolesques de toute l’histoire de la F1, restera néanmoins celle survenue au Grand Prix d’Allemagne 1977, le dimanche 31 juillet à Hockenheim, avec dans le rôle principal, le pilote Allemand Hans HEYER !

HEYER ?  L’homme au chapeau Tyrolien depuis son époque en Karting, lorsqu’un jour il en eu marre de voir son’’ pass’’ contrôlé sous tous les angles à chaque fois qu’il entrait dans le paddock au point d’être irrité et de dire à un moment donné au préposé :

’’Dorénavant je porterai un chapeau tyrolien ce qui te permettra de me reconnaître plus facilement à l’avenir j’espère !’’, ce qu’il fit illico.

Un chapeau qui deviendra d’ailleurs sa marque de fabrique par la suite.

HEYER qui jusque là s’était surtout distingué en Karting où il a été deux fois dauphin au Championnat du Monde et 4 fois Champion d’Europe, 4 fois encore aussi Champion d’Allemagne et deux fois Champion de Hollande, avant de passer aux voitures de Tourisme, GT et Protos pour les marques BMW, LANCIA, MERCEDES, PORSCHE, FORD, TOYOTA, ROVER, JAGUAR et SAUBER, marques pour lesquelles il remportera 50 victoires au total et trois titres DRM, série devancière du DTM et trois victoires aux 24 HEURES DE SPA.

 

Hans-HEYER-Ford-Capri-Turbo-III-Zakspeed-©-Manfred-GIET.

 

Et lorsqu’il était équipier avec Hans-Joachim STUCK ou Dieter QUESTER, il faisait toujours partie d’un trio de joyeux drilles qui en plus d’être dotés d’un fameux coup de volant, avaient l’art de mettre l’ambiance dans les paddocks.

Mais ce qu’il réussit à faire le 31 juillet 1977 lors du GP d’Allemagne à Hockenheim dépasse tout entendement.

Les faits :

Son rêve de toujours de pouvoir participer comme pilote lors d’un GP de F1 se réalise pour son Grand Prix national en 1977, grâce à Günther SCHMIDT, le lunatique fabricant de jantes ATS, engagé avec son propre Team en F1, en rachetant des châssis PENSKE pour Jean-Pierre JARIER et qui pour l’occasion avait fait appel à lui sur la seconde voiture portant le N°35.

Un numéro qui ne porta pas chance à HEYER puisque lors des qualifications il ne réalisa que le 25ème temps alors que seulement 24 voitures étaient autorisées à participer au GP. Mais le règlement l’autorisait à se préparer et à s’installer dans sa monoplace dans la ligne de stand

 

UN RÊVE RÉALISÉ DANS L’ILLÉGALITÉ !

 

Hans HEYER, un gars pas né de la dernière pluie, se mit a cogiter un plan pour malgré tout participer à son Grand Prix National, qui avec l’aide de potes consistait à placer la voiture dans cette pit-lane juste avant le baisser du drapeau de départ et ensuite démarrer une fois celui-ci donné.

Il faut savoir qu’à cette époque la F1 était l’âge de la pierre où l’on travaillait avec des drapeaux comme seuls subterfuges et que Bernie ECCLESTONE était encore presqu’un inconnu dans le paddock, si ce n’est dans sa fonction de Team Principal chez BRABHAM, tandis qu’au niveau des Teams, chacun dansait selon sa propre mélodie dans des conditions où tout se résumait à des duels entre neuf écuries anglaises, toutes équipées de moteurs FORD V8 COSWORTH, face aux deux équipe Italiennes, FERRARI et ALFA ROMEO, plus la nouvelle écurie Française LIGIER, équipée du moteur MATRAv V12.

Déjouant la vigilité des commissaires parmi lesquels de nombreux amis, HEYER parvint à se faire pousser du paddock jusqu’en bout de pit-lane et dès le tour de formation terminé, un de ses copains levait le bras pour lui signaler le départ donné.

Comme au départ JONES et REGAZZONI en plus s’accrochèrent dans la confusion générale, Hans HEYER s’élança sur la piste comme si de rien n’était au point que le directeur de course n’y vit que du feu pour se demander toutefois après quelques passage devant la tour de contrôle qui était l’intrus qui ne figurait pas sur sa liste des partants .

Ce n’est qu’au 9ème tour alors que la PENSKE N°35 de HEYER classée 21ème et victime d’ennuis de transmission l’obligeant à passer par son stand que ce gag inédit éclata au grand jour et auquel mirent fin les commissaires de course qui emmenèrent HEYER manu militari chez le Directeur de course, le Baron Huschke von HANSTEIN, qui lui signifia sur le champ qu’il était exclu du GP d’Allemagne, ce à quoi HEYER répondit :

’’Vous pouvez franchement me suspendre pour le reste de la saison puisqu’il s’agissait du seul GP que je comptais faire dans ma carrière.

HEYER ajoutant en réplique à cette décision par un large sourire, en lui rétorquant encore qu’il n’avait nullement l’intention de poursuivre une carrière en F1 et que malgré son geste illicite, personne ne pourrait lui enlever la satisfaction d’avoir pu rouler au moins une fois en F1, même si sa prestation fut écourtée.

 


Hans-HEYER-en-DRM-avec-la-LANCIA-BETA-Champion-en-1980-©-Manfred-GIET.jp

 

Par la suite outre son caractère taquin et son esprit frondeur, il a pu démontrer maintes fois sa polyvalence en terminant ainsi notamment deuxième du classement ‘’camions’’ au Dakar en 1986 sur MAN.

En 1974, il collabora par ailleurs au développement d’un moteur Turbo de F1 avec Erich ZAKOWSKI, soit trois ans avant que RENAULT n’ouvre officiellement en course la voie.

Puis, il se lança avec succès en endurance et participa à plusieurs reprises aux 24 Heures du Mans pilotant pour les plus grandes équipes comme LANCIA ou JAGUAR

 

24 Heures du-Mans-1983 – Au volant de la LANCIA ‘Usine’ ©-Manfred-GIET.


Hans-HEYER-24 Heures du-Mans 1986 pilotait l’une des Jaguar-XJR 6 LM officielles ©Manfred-GIET

 

Dans le privé, il était propriétaire d’une importante entreprise d’enrobés bitumeux et comptait dans sa clientèle le Circuit du Nürburgring ainsi que la famille de Michaël SCHUMACHER en ce qui concerne la piste de Karting de Kerpen.

Le 16 mars prochain, l’homme au chapeau Tyrolien chez qui la modestie a toujours été la housse du talent, fêtera ses 78 ans après avoir été durant deux décennies au sport automobile, ce que le soleil est à l’été.

 

Manfred GIET-

Photos : Publiracing Agency

 

Hans-HEYER-WALKINSHAW-PERCY- Les-vainqueurs-des-24-Heures-de-Spa-1984-sur-JAGUAR-XJS-©-Manfred-GIET.

Hans-HEYER-24-Heures-Spa-2ème-sur-la-Mercedes-300-AMG-en-1971-©-Manfred-GIET-.

Glorieux Anciens