HOMMAGE A ALAIN MONNOT…DÉCÉDÉ CE MERCREDI 14 OCTOBRE 2020

 


 

 

La vie a abandonné notre ami Alain Monnot ce Mercredi 14 octobre, après qu’il se soit battu avec dignité jusqu’aux aurores, tel un seigneur qu’il a toujours été, contre un cancer fulgurant découvert voici quatre mois à l’hôpital Bretonneau de Tours, proche de son domicile de Saint – Avertin.

« On peut dire qu’il est mort aussi vite qu’il a vécu » constate l’ancien pilote moto Maurice Maingret, de Pont De Vaux.

Bachelier à Orléans avec un certain camarade… Éric Offenstadt, instituteur, puis professeur de Français, Histoire – Géo et d’éducation physique, Alain a toujours exercé ses fonctions dans l’académie d’Orléans – Tours.

C’est précisément en 1968 que nos routes se sont rencontrées au CEG de Bazoches Les Gallerandes et de cette rencontre naquit une complicité qui ne s’est jamais estompée.

Alain donnait l’envie d’apprendre. Il fut suffisamment persuasif auprès de mes parents pour les convaincre de poursuivre mes études dans la photographie. J’avais à l’esprit de me spécialiser dans les sports mécaniques afin de pouvoir le suivre dans ses reportages.

En effet, en plus de son rôle de prof, Alain écrivait pour le quotidien régional Orléanais  » La République du Centre  » dès 1965, avec notamment un récit inédit sur Berlin Est qui retint l’attention de son fondateur Roger Secrétain, également maire d’Orléans. Alain réclama, plutôt que de poursuivre dans cette voie du reportage, une rubrique spécialisée sur l’automobile et la moto qui déboucha bientôt sur une page hebdomadaire  » Sur 2 et 4 Roues « .

Il trouva au journal un allié de choix, en la personne de son secrétaire général, Jacques Guérold, responsable des essais.

Personne ne pouvait arrêté Alain Monnot dans ses convictions toujours justifiées. Il garda toute sa vie cet esprit, héritage direct des actions commandos de la guerre d’Algérie. il avait effectivement conservé la manie de s’asseoir toujours dos au mur, même au restaurant, afin de faire face à un adversaire potentiel !

Alain poursuivit parallèlement son engagement militaire en devenant officier du Service d’Etat-major, titulaire des qualifications renseignement, en accédant finalement au grade de colonel de réserve.

Il n’était pas rare de le croiser sortant du collège en treillis militaire attirant les regards interrogateurs des élèves…

Pour le taquiner les pilotes motos des années 70 l’appelaient amicalement …  le  » commandant « .

De ces années de commandement, Alain avait gardé un maître mot qui devint sa devise :  » Anticipation « .

Alain Monnot rencontra au cours de ses premiers reportages les pilotes locaux de renommée internationale, tel le célèbre duo Claude Laurent et Jacques Marché, pilotes officiels DAF en rallyes. Il en résultera une amitié indéfectible que seul son décès d’aujourd’hui sépare.

C’est ainsi qu’il dirigera aux 24 Heures du Mans l’équipage Orléanais associé aussi à Jean-Claude Ogier entre 1968 et 1973 sur des Porsche 911T (13èmes en 68 et 69) puis sur les premières Ligier – Maserati JS2 avec Martial Delalande (19éme en 73).

En 1973, Alain Monnot épaulera Jean-Jacques Cassegrain, le dynamique concessionnaire Kawasaki à Orléans, qui voulait se lancer dans l’endurance. L’association fut prometteuse avec une 3éme place aux 10heures de Monthléry, avec les jeunes talents de la Coupe Kawasaki, Patrick Pons et William Gougy.

L’écurie Cassegrain remporta ensuite une victoire toutes catégories au Tour Moto, très coté à l’époque, en 1974 avec William Gougy, Christian Estrosi, qui à 19 ans venait de reprendre le magasin Niçois de son ami Alain Renouf, mort au Paul Ricard et Georges Fougeray.

Le Bol d’Or 75 permit au tendem Estrosi – Husson de prendre la seconde place sur la Kawa Cassegrain managée par Alain Monnot. En 1976, ce fut la victoire aux 8Heures du Nürburgring pour le tandem Jean-Bernard Peyré – Maurice Maingret, mais en fin de saison Cassegrain passa la main à un autre concessionnaire, Guy Pipart.

Alain Monnot continuera son rôle de manager jusqu’à la mort accidentelle de Jean-Bernard Peyré dont nous venons de commémorer les 40 ans de sa disparition, le 25 Août dernier à Jouy En Josas.

C’est à cette époque qu’il fit la rencontre, lors d’un reportage, du sorcier de Montargis, alias Bernard Bouhier, qui lui offrit une place au sein du  conseil d’administration de son entreprise qui préparait les Golf GTI, pour VAG france, d’ Alain Cudini et de Jacques Pantiaticci.

Connaissant le caractère très entier de Bouhier, c’était une reconnaissance certaine qui se poursuivra avec la préparation des 205 Turbo 16 jusqu’au passage en F3000 avec Franck Fréon et Philippe Gache en 1991 sur les Lola Galaxy.

Bernard Bouhier, ironie de cette putain de maladie, a lâché prise, lui, le 28 janvier dernier…

Avec l’ami Marc Roy, Président de l’Ecurie Orléans, Alain Monnot anima, durant les années 80, une dizaine de Salon des sports mécaniques, avec une verve intarissable. Les pilotes comme Jean-Pierre Beltoise, Alain Prost, René Arnoux, Didier Pironi, Jean-Pierre Jarier, Alain Michel, Alain Prieur ne se faisaient pas prier pour répondre à vos questions toujours très pertinentes cher Alain.

C’était l’époque des vrais Paris Dakar à la boussole de Thierry Sabine où nous passions des soirées angoissantes chez les parents de Cyril Neveu à écouter l’ami Max Meynier afin de décrypter au transistor quelques nouvelles du cador Orléanais.

Alain Monnot était quelqu’un avec une autorité naturelle qui ne laissait personne indifférent militant pour les questions de prévention en milieu scolaire, étant membre de la cellule académique avant de devenir chargé de mission.

Il deviendra d’ailleurs consultant au ministère de l’éducation Nationale pour les questions de toxicomanie et de violence en milieu scolaire.

Pour rien au monde, Alain Monnot n’aurait quitté l’enseignement qui lui rendait bien cet engagement de tous les instants en le nommant l’un des plus jeunes proviseurs de France. En Décembre 77, vous receviez, avant quarante ans, l’ordre national du Mérite sous les regards humides et fiers de vos chers parents, eux-mêmes instituteurs à Jargeau dans le Loiret. Cette décoration a pour but de traduire le dynamisme de la société, donne valeur d’exemple et reconnaît la diversité. Alain a toujours reconnu l’engagement de la jeune génération.

À ce titre, un ancien de ses étudiants David, devenu brillant avocat, bénéficia de la précieuse aide d’Alain depuis le collège jusqu’à sa thèse .

Lors de mon accident en 2015 et toutes les longues suites en milieu hospitalier , fidèle en amitié, Alain m’a  téléphoné au moins tous les deux jours pour  » faire un break  » dans la re-lecture d’un dossier et de sa longue élaboration car vous maîtrisiez notre langue , si riche, parfaitement.

Lors de nos reportages j’ai souvent été interloqué de vous entendre dire ‘ J’ai fait l’intro maintenant pour le reste c’est du gâteau, allons se rafraîchir’ !

Vous aimiez mêler les genres en laissant  » respirer  » un texte sur l’automobile, tout en ayant un autre sujet   » sur le feu …

L’heure de la retraite arrivant, je vous avais invité à rejoindre mon aventure au sein du SERT de Dominique Méliand. Après un break de plus de vingt ans, vous vous êtes repris d’amitié pour des mécaniciens comme Pascal, Petit et Grand Polo ou pour un Champion comme Vincent Philippe (10 titres de Champion du Monde d’endurance et 9 victoires au Bol d’Or) l’accompagnant de vos conseils jusqu’à sa retraite fêtée à Besançon en Novembre dernier.

Vous aviez aussi replongé, en tant que journaliste spécialisé, comme rédacteur pour Autonewsinfos, le site spécialisé sur le net, de l’ami Gilles Gaignault.

Vos écrits étaient toujours très précis et vous étiez toujours un peu le  » poil à gratter  » des constructeurs qui savaient à l’avance qu’il ne fallait pas vous la raconter…

Vous vous êtes battu contre les montagnes pour aider à la survie des circuits sur glace de Serre-chevalier de la famille Laurent mais aussi pour le complexe sur terre du mondial du quad de Pont de Vaux des frères Maingret.

A bientôt 82 ans, vous étiez toujours prêt à saisir l’actualité avec un train d’avance.  Vous vous faisiez une joie de connaître l’aboutissement du projet mené par Benoît Bagur avec la renaissance de la marque Delage.

Vous étiez toujours enthousiaste de répondre présent à l’invitation d’un constructeur sur un rallye du Championnat du Monde, votre discipline préférée que vous aviez tâtée au retour des trente mois d’Algérie, au volant d’une Ford Corsair.

De Catalogne l’an dernier, vous m’aviez fait écouté par votre portable le passage d’Ott Tänak dont vous vantiez sa fougue. Il vous rappelait le talent naturel d’un François Delecour, sorti de l’oubli grâce à Bouhier.

 Assurément, Alain Monnot manquera à nous tous qui l’avons connu et apprécié. La dernière page de Décembre, mois anniversaire d’Alain, du treizième calendrier photographique issu de voyages annuels au travers le monde (New-York, Grèce, Sri Lanka, Corse, Sicile, Portugal, Chypre …) et que nous avions l’habitude d’être quelques privilégiés à recevoir avant l’an nouveau, représente une scène de rue de Zanzibar avec une silhouette passant son chemin, vêtue de noir et une chaise en paille vide. Triste message prémonitoire ….

Jamais à court d’idée, vous vous êtes engagé dans le bénévolat avec toujours pour objectif d’aider les enfants et les jeunes en difficulté au travers la Fondation de France et l’association Montjoie du Mans , en tant qu’administrateur.

Des missions aux valeurs humanistes que vous défendiez inlassablement. Comme pour justifier votre existence jusqu’au bout de vos forces.

  » L’engagement est un acte, pas une parole «  disait Sartre.

Cher Alain, j’ai toujours été incapable de répondre clairement à votre perpétuelle interrogation :

« Combien de photos as-tu en archives ? »

Ce qui compte, au-delà des chiffres de cinquante ans de reportage et d’aventures extraordinaires, c’est le chemin, les rencontres que nous avons faits ensemble.

Comme le dicte la devise de la comédie Française :

« Etre ensemble avant d’être soi-même. »

L’existence d’Alain Monnot a été tout aussi belle que les traces qu’il pourra nous laisser…

 

RIP Cher Alain.

 

Michel PICARD

Photos : Michel PICARD – Gilles VITRY

Les obsèques d’Alain auront lieu Mardi à 9h30 en l’église de St Avertin, à côté de Tours . Suivis de l’inhumation à Bourges.

 

ALAIN MONNOT avec Vincent PHILIPPE

ALAIN-MONNOT avec à gauche, Michel PICARD et au centre Patrice DIACONO

ALAIN-MONNOT-avec Jean Louis SCHLESSER-et Philippe ALLIOT.

ALAIN MONNOT à gauche, avec Maurice  MAINGRET, Xavier MAUGENDRE et JB PEYRE

ALAIN MONNOT – Epoque Écurie CASSEGRAIN avec ESTROSI et HUSSON

ALAIN MONNOT à gauche Présentation Écurie F3000 GALAXY avec Philippe GACHE

ALAIN MONNOT avec Gilles LEMPEREUR et Gilles GAIGNAULT au Salon d’ORLEANS

ALAIN MONNOT – EPOQUE Equipe BOUHIER

ALAIN MONNOT avec HENRI PESCAROLO au MANS

 

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