IL Y A 60 ANS, LE CIRCUIT DE SPA-FRANCORCHAMPS VIVAIT SON PREMIER WEEK-END LE PLUS SOMBRE DE SON HISTOIRE.

 

 

 

Avec le Circuit Japonais de Suzuka, le Circuit Belge de Spa-Francorchamps, est généralement considéré comme l’un des plus beaux et plus exigeant au Monde, pour ce qui est des épreuves internationales de renom qui s’y déroulent régulièrement.

Depuis son inauguration en 1921, le tracé Ardennais qui fêtera donc son centenaire l’année prochaine, a toujours été un des hauts lieux des sports mécaniques.

Malheureusement de par sa configuration, l’ancien tracé ultra-rapide, long de 14 Km 140 est abandonné en 1978, pour faire place à partir de 1983 à un circuit permanent, considérablement raccourci, car ne développant plus que 7 Km 004, a connu de nombreux drames et à ce jour… 48 pilotes et 4 commissaires de piste, y ont payé un lourd tribut, sans compter les accidents mortels survenus impliquant des spectateurs ou des pilotes amateurs lors de journées «Test».

Jusqu’en 1970, Spa-Francorchamps était le Circuit le plus rapide de la F1, avec un record du tour détenu par le Néo-Zélandais Chris AMON à 244,744 Km/h, un record que Jacky ICKX allait effacer en 1973 lors des essais de l’épreuve des 1000 KMS sur une FERRARI 312 à 263,415 Km/h, lors des qualifications. Tout comme Henri PESCARLO le lendemain, qui décrochait la meilleure moyenne cette fois, en course, avec 262,461 !

À l’époque environ 80% des 14 Km s’effectuaient pied au plancher avec de véritables obstacles dénommés l’EAU ROUGE, le RAIDILLON, LES COMBES, BURNENVILLE, MALMEDY, MASTA, HOLOWELL, LA CARRIÈRE et BLANCHIMONT des virages les plus effrayants les uns que les autres et qui vu l’absence pratiquement totale de barrières de sécurité constituaient autant de pièges mortels à chaque passage.

Un ‘’rescapé’ de cette période héroïque nous dira un jour :

«Il était très, très difficile de bien maîtriser le circuit de Spa et ce à cause des vitesses élevées réalisées alors que la sécurité se limitait à quelques bottes de paille aux endroits critiques. Descendre à fond la ‘caisse’ du virage des Combes au virage de Stavelot en passant par le S de Masta entre des maisons, des pylônes électriques et téléphoniques qui défilaient  comme des cure dents, était un exercice de cordage sans filet où la moindre erreur pouvait nous être fatale.»

Et sous la pluie qui n’a jamais été une denrée rare dans les Ardennes Belges, c’était encore pire avec des voitures laissant des traînées d’eau impressionnantes derrière elles que l’on qualifieraient de ‘’vapotage’’ actuellement.

Avec le recul, on peut dire que celui qui s’imposait à Spa-Francorchamps avait décroché son Master en compétition automobile !

 

Coupure-de-Presse-montrant-la-voiture-du-malheureux-Bristow-

GP. DE BELGIQUE 1960 : BRISTOW ET STACEY SE TUENT
A 20 MINUTES D’INTERVALLE AU MÊME ENDROIT.

 

L’anneau Spadois avec son tracé triangulaire d’’époque était en quelque sorte le ‘’Triangle des Bermudes du Macadam’’ a vécu au cours de son presque centenaire deux week-ends sombres comme la cime des forêts de haute Ardenne qui jalonnent d’ailleurs toujours dans son écrin de verdure le circuit actuel qui même raccourci de moitié et ‘’déminé’’ par rapport à l’ancien a pu garder tout son caractère original.

Il y a tout juste 60 ans, le 19 juin 1960, le Circuit de Spa-Francorchamps devait faire face à l’un de ses deux pires week-ends de son histoire.

Pour ce  11ème GP de Belgique de F1, cinquième manche du Championnat du Monde 1960. Les qualifications déjà se déroulèrent sous le signe de la malédiction avec les violentes sorties de piste dont furent victimes les LOTUS de Stirling MOSS dans Burnenville, où éjecté -à l’époque les monoplaces n’étaient pas équipées de harnais- il fut relevé avec des fractures du nez et des deux jambes tandis que son compatriote Mike TAYLOR après s’être retrouvé dans les arbres au virage de La Carrière s’en tirait miraculeusement avec  une fracture de la clavicule et quelques contusions.

Quant au GP. proprement dit, il allait connaître un sort encore bien pire.

Au départ donné sous une météo typiquement Ardennaise avec un plafond bas et des voiles brumeux à certains endroits du tracé, Jim CLARK (LOTUS) et Lucien BIANCHI (COOPER) calèrent sur la grille de départ, provoquant la confusion au sein du peloton avec des changements de positions constants dès l’entame du deuxième des 36 tours.

Après que Innes IRELAND (LOTUS) ait ouvert le bal des sorties de piste, la cruauté du sort allait prendre son cours au 20ème tour, lorsque l’Anglais Chris BRISTOW (LOTUS) en lutte avec Willy MAIRESSE (FERRARI) pour la 6ème place perdait le contrôle de sa voiture lancée à plus de 200 Km/h dans le long virage de Burnenville avec un rayon de 1 Km pour se retrouver éjecté dans les barbelés d’une prairie bordant la piste et relevé tué sur le coup.

 

Chris-BRISTOW-©-COOPER

Alan-STACEY-©-Team-Lotus-

 

Cinq tours plus tard, un autre Anglais, Alan STACEY (LOTUS) allait connaître le même sort… incroyablement au même endroit après que la suspension arrière ait lâché à l’entrée de la courbe de Burneville, se retrouvant lui aussi à son tour, également éjecté alors que sa monoplace s’embrasait.

Emmené en ambulance dans un état critique, il rendit son dernier soupir avant même son arrivée à l’hôpital de Malmedy.

Selon certains témoins l’impact d’un oiseau trouvé au niveau de sa visière serait la cause de sa violente sortie de route.

Quant au GP., il se termina dans l’indifférence totale car vu les circonstances, la victoire de Jack BRABHAM (COOPER) devant Bruce Mc LAREN (COOPER) et le local Olivier GENDEBIEN (COOPER) passa au second plan d’une épreuve aussi endeuillée.

Par la suite ce GP., véritable piège mortel en cette année 1960, marqua encore longtemps les mémoires de tous et des gestionnaires du circuit en particulier.

 

1973 24 HEURE DE SPA Accident mortel pour JOISTEN et DUBOSC

1973 : UN DOUBLE TOUR D’HORLOGE TRIPLEMENT ENDEUILLÉ

 

Le pire moment de son histoire l’ancien ‘’Francorchamps’’ allait le connaître 13 ans (cela ne s’invente pas) plus tard lors des 24 Heures de Spa de 1973.

Sept Heures après le départ donné à 16 heures, le jeune espoir Allemand, Hans-Peter JOISTEN engagé aux côtés de l’Australien Brian MUIR, sur une BMW 3.0 CSL ALPINA, lors d’un dépassement, accrocha l’ALFA ROMEO 2000 GTV du Français Roger DUBOSC, lors d’une scène apocalyptique que tous deux payèrent de leur vie.

Roger DUBOSC, le Moniteur du Circuit français de Nogaro, était le fiancé de la talentueuse pilote Belge Christine BECKERS qui participait à ces mêmes 24 HEURES sur une OPEL COMMODORE GS et qui avec ses équipiers Patrick NÈVE et Huub VERMEULEN, alla malgré le chagrin courageusement jusqu’au bout en terminant 7ème au Général.

Ironie du sort durant la nuit de ces mêmes 24 HEURES, le pilote italien Massimo LARINI, oncle de l’ancien pilote F1, Nicola LARINI et co-équipier de Carlo FACETTI à bord d’une ALFA ROMEO 2000 GTAm, était à son tour victime d’une horrifiante sortie de route au Virage des Combes où relevé avec des séquelles irréversibles il succombera à ses blessures le lendemain 23 juillet 1973.

La coupe était pleine après que le Circuit de Spa-Francorchamps ait enregistré le week-end le plus funeste de son histoire.

 

Manfred GIET

Photos : PUBLIRACING et TEAMS

 

LE CIRCUIT A L’EPOQUE …

CIRCUIT-SPA-FRANCORCHAMPS-Entrée-du-S de Masta-©-Manfred-GIET.

La-longue-descente-vers-Holowell-où-les-vitesses-atteintes-dépassaient-le-300-kmh-©-Manfred-GIET


Le-virage-relevé-de-Stavelot-actuellement-©-Manfred-GIET-

Ligne-droite-après-sortie-du-virage-de-Stavelot- Photo : Publiracing