ÉRIC BRETON EST MORT : UN GRAND BOUT DE NOS VIES S’EN VA…

 

 

AVEC PHILIPPE CORNUT

 

Éric, mon vieux complice, c’est simple, c’était un mec bien.

Il n’empêche mon riton, tu es un salaud de nous lâcher comme ça, dans un monde où l’amitié et la complicité sont quasiment interdits.

Je l’ai connu quand j’étais à Moto Verte, à l’époque il bossait à Moto Revue et nous sommes partis ensemble en train (il disait «en dur») en Angleterre pour rejoindre le port emprunté par tous les pilotes qui allaient rouler à Belfast une manche du Trial mondial.

 

ET DIRE QU’ON AVAIT ORGANISÉ UN TRIAL AU MILIEU DE CE BAZAR ! SACRÉS DÉBUTS !

 

C’était compliqué à l’époque, en pleine guerre religieuse en Ulster, les pilotes embarquaient le soir sur le bateau avec juste la bécane et leurs combinaisons, étaient débarqués sur un camion qui emmenait les ‘meules’ direct au Trial, les pilotes repartaient le soir même par le même bateau !

Dans le train, un vieux tchou-tchou anglais, j’ai entendu un mec tomber, il est mort d’un coup, probablement crise cardiaque, Breton allait juste le croiser dans le couloir, il faisait une tronche pas possible, mais pas celle de la tragédie, celle de l’étonnement.

Éric, on disait «Breton», était un mec tout le temps étonné, donc tout le temps curieux, et donc tout le temps sachant beaucoup de choses dans tous les domaines, une sorte de Pic de la Mirandole de la Moto…

Bon c’est un souvenir original, des trucs de ce genre avec Breton, il y en a eu des millions.

 

AVEC JEFF DAKAR D’ANTAN, LA BIBLE DU VRAI PARIS DAKAR

 

Excellent pilote, il a participé à plusieurs Dakar dont l’un resté célèbre, sa Guzzi était équipée de jantes à bâtons qui cassaient tous les jours, sa fiancée avait même du prendre l’avion de Niamey je crois pour lui en apporter un lot.

C’est ce qui lui a valu le surnom de «Wheel Braker» quand on a créé avec quelques potes le fameux Team Foutrex, destiné  à faire rouler sur de très belles motos les Journalistes du Tout Terrain, auxquels s’adjoignaient parfois d’autre potes ou des stars internationales comme Brock Glover et Donnie Cantaloupi.

 

LE TEAM FOUTREX VU DE DOS, WHEEL BRAKER EST LÀ…

 

On a évidemment fini par se retrouver à Moto Verte, journal culte de notre génération, on est était donc déjà les rois et pourtant le ‘canard’ que l’on attendait chaque mois avec des palpitations était Rock & Folk, on était des fous de musique, Éric m’a emmené dans un nombre de concerts incroyable, dans tous les genres, mais vraiment tous.

Et, j’avais alors quitté Moto Verte pour les… vertes vallées de TF1 (pas vertes du tout les vallées d’ailleurs…) puis un jour il m’a appelé pour me dire que le Groupe Larivière, Propriétaire de Moto Verte et Moto Revue avait racheté Rock & Folk et qu’il en était le Rédacteur-en-Chef… J’étais je crois largement aussi heureux que lui, fier aussi, nous avions tous deux participé aux deux canards cultes de notre génération.

 

ÉRIC ET L’UN DES SES TROIS FILS, JULES

 

Breton a eu trois fils, je l’ai vu avec eux il y a quelques années faire la course sur un terrain de Cross, il soufflait comme un phoque et crachait ses poumons mais il tenait le rythme, à Martine leur mère et à ces trois fistons, j’envoie toute ma tendresse…

Éric avait une fabuleuse mémoire et était donc devenu une sorte d’expert sur l’histoire de la Moto, il a d’ailleurs écrit plusieurs bouquins de référence, en particulier sur l’Honda CB 750, la fameuse «quat’pattes» qui elle aussi, d’une certaine façon, est le symbole de notre génération.

 

ÉCRIVAIN DE TALENT

 

Éric était un ami d’une fidélité absolue, quand Håkan Carlqvist est mort, un vieux pote ex-brillant Champion du Monde de Cross qui venait de temps en temps avec nous tester pour Moto Verte les motos de Cross d’usine de l’année finissante, un Suédois très marrant qui a aussi gagné Le Touquet, il a écrit à tous ses copains journaleux qu’il ne fallait pas le laisser crever dans l’ignorance, en effet il y avait longtemps que l’on n’écrivait plus rien sur le grand moustachu de Yamaha.

C’est finalement ce mot «fidèle» que je retiendrai de lui, avec une gentillesse et un enthousiasme qui ne se retrouvent plus que dans les romans de Balzac…

Voilà, j’ai perdu et ses amis ont perdu tout un morceau de notre vie, c’est justement grâce à ce genre de mec qu’elle a été aussi belle, la vie.

 

« LAST HARBOUR » LA THAÏLANDE, ÉRIC HEUREUX

 

Pardon lecteur si je manque un peu de mots qui frappent, de toute ma carrière et elle est longue, je n’ai jamais eu autant de mal et autant de peine à écrire un papier.

Il reste… un nombre milliardaire de fous rires, on a testé une fois la gamme Husqvarna à Beaune, là où était l’Importateur Seurat, on avait fait venir Larry Roesoler, multiple vainqueur de la célèbre Baja 1000, on avait fait un détour en haut de la falaise, chez la Mère Klaxon dont la spécialité était un sublime alcool de fraise.

On est repartis un peu torchés, dans les sous-bois, au début d’une montée, Breton est tombé, restant les mains sur le guidon et les pieds sur les cales pieds, comme un bloc.

À l’époque on était morts de rire.

Maintenant il est mort et j’en chiale à grosses larmes.

Il est mort en Thaïlande, je crois qu’il en avait un peu marre de ce pays de France où justement on ne rigolait plus. Sa dernière blague ? On ne pourra pas assister aux funérailles, pour cause d’avions bloqués au sol. Mais je t’avoue Éric que cette blague là est moins bonne que les autres. Quoique partir comme ça est le reflet de ta vie, rien comme les autres mais tout partager…

Jean Louis BERNARDELLI

Photos des amis d’Éric Breton

 

ERIC, LA MÈRE DE SES ENFANTS ET TOUJOURS LES COPAINS D’ABORD, GILLES GAIGNAULT ET THIBAUT KAYSER!

 

Son ami Pierre Schrike chez qui il vivait lorsqu’il était en Thaïlande six mois par an, m’a appelé en ce 11 mai 2020, pour m’annoncer la triste nouvelle.

Éric a été victime d’une hémorragie interne samedi dernier 9 mai, à Khonkaen au nord de la Thaïlande.

Rapidement transféré dans un premier hôpital, il a ensuite dimanche été envoyé alors qu’il se trouvait dans le coma, dans un second, mieux équipé, dimanche.

Hélas, il est décédé ce lundi 11 mai à 11 heures 15 heures française, sans avoir repris connaissance.

Son ex-femme, notre amie Journaliste-Pilote, Martine Renier avec qui nous avons partagé tant d’heures de bonheur autrefois, en compagnie d’Éric et qui vient tout juste de vivre un premier choc il y a quelques jours, avec la perte de sa maman, est effondrée… elle qui avait conservé d’excellents rapports avec le père de leurs trois garçons, Édouard, Jules et Louis.

Le 1er mai 2018, nous avions d’ailleurs passé une belle journée dans la maison de St. Leu la Forêt avec Thibaut Kayser, Éric et Martine.(photo ci dessus)

Éric nous quitte alors qu’il venait de fêter ses 65 ans, étant né le 2 avril 1955 à la Garenne-Colombes, en région Parisienne.

Notre dernière encontre remonte à l’année dernière au cours d’un dîner chez lui à St Leu ou il nous avait convié avec Eric Marchin, qui fut des années durant Monsieur Camel dans le sponsoring sportif! 

 

L’ami on ne t’oubliera pas …

 

Gilles GAIGNAULT

 

Éric et ses 3 fils le 1er septembre 2019 a Brou. Photo : Jean Pierre NORET