JO RAMIREZ : DE SIMPLE MÉCANO AMBULANT À TEAM-MANAGER AVEC UN CHARISME UNANIMEMENT APPRÉCIÉ.

 

 

 

 Né à Mexico City le 20 août 1941
comme troisième enfant d’une fratrie de 8 frères et 3 sœurs, Jo RAMIREZ
à bientôt 79 ans, a été un personnage incontournable et inestimable durant plus de quarante ans en F1, où il est arrivé un peu par hasard en 1961, grâce à son grand ami de toujours, le regretté Ricardo RODRIGUEZ de six mois son cadet et considéré à l’époque comme le grand espoir du Sport Automobile !

 

 

Alors qu’il avait entamé des études de génie mécanique et attiré par tout ce qui avait des roues, il se laissa tenter par son copain pilote de course Ricardo RODRIGUEZ, issu d’une famille Mexicaine fortunée pour quitter le pays des Aztèques et tenter sa chance en Europe, où son frère aîné Pedro le rejoindra également par la suite et de manière aussi talentueuse.

Le cadet des RODRIGUEZ et Jo RAMIREZ débarquèrent en Italie attirés par les mécaniques transalpines où le premier étala rapidement son talent  tandis que son accompagnateur trouva immédiatement de l’embauche, comme mécano chez MASERATI d’abord, pus des LAMBORGHINI par la suite.

Véritable talent précoce, le jeune Ricardo qui en 1959 déjà participa à ses premières 24 Heures du MANS sur une OSCA, manqua même la victoire un an plus tard, au volant cette année-là d’une FERRARI 250 TR59, associé au Belge André PILETTE, recueillant du coup toute l’estime d’Enzo FERRARI, qui lui offrit un volant en F1 en 1961, au GP d’Italie à Monza, une belle occasion que le petit Mexicain honora de belle manière d’ailleurs  en se qualifiant en 1ère ligne et … à 1/10ème  de seconde de Wolfgang BERGHE VON TRIPS,  qui trouvera malheureusement la mort le lendemain après un accrochage avec Jim CLARK.

Ricardo RODRIGUEZ  était à l’époque le plus jeune pilote F1 de l’histoire et est encore actuellement le plus jeune pilote à s’être qualifié en première ligne dès son 1er GP à moins de 20 ans !

Un 1er GP qui même s’il ne le termina pas, suite à des ennuis de pompe à essence, fut une belle rampe de lancement pour la suite de sa carrière au sein de la SCUDERIA.

Tout comme pour son pote Jo RAMIREZ, qui souvent dans son sillage découvrait non seulement les arcanes de la F1 mais aussi une nouvelle vocation.

 

Pedro-RODRIGUEZ-son-compatriote-avec-lequel-il-travailla-chez-John-Wyer-©-Manfred-GIET

 

Malheureusement le sort s’acharna sur les enfants prodiges Mexicains puisque tant Ricardo que Pedro furent victimes de leur passion qu’ils payèrent de leur vie à neuf ans d’intervalle, soit le 1er novembre 1962 pour Ricardo, chez lui lors du GP du Mexique disputé hors Championnat du Monde, sur une LOTUS 24, à la suite du retrait de FERRARI pour les derniers GP de la saison et le 11 juillet 1971 pour Pedro, lors d’une manche Intersérie sur le circuit Allemand du Norisring, alors au volant d’une FERRARI 512M.

Arrivé au terme de son contrat de mécano chez LAMBORGHINI, il quitta l’Italie pour l’Angleterre en 1964, pour se retrouver au sein du Team JWA (John Wyer Automotive) qui préparait des FORD GT40 GULF avant d’engager des MIRAGE FORD toujours aux couleurs GULF par après.

À cette époque, Jo RAMIREZ fera la connaissance de Dan GUERNEY pour qui il travaillera à partir de 1966 en Endurance sur les FORD MK II et MK IV sur laquelle Dan GURNEY associé à son compatriote américain, A-J FOYT, remportera les 24 Heures du MANS en 1967, avant de fonder ensuite sa propre écurie AAR (Anglo American Racers) et l’EAGLE  F1 sur laquelle le pilote-constructeur remporta le GP de Belgique en 1967 avant de se retirer comme constructeur en 1968.

Ayant amélioré ses connaissances de la langue de Shakespeare, Jo RAMIREZ accompagnera ensuite Dan GURNEY aux USA où celui-ci continua de participer aux manches CAN-AM-USAC et TRANS-AM.

Jusqu’au moment où celui-ci raccroche définitivement le casque en 1970, RAMIREZ qui avait promis de retourner en Angleterre dès son bail terminé avec GURNEY, reçut un appel bienveillant de John WYER qui lui proposait un job de mécano à responsabilités sur les fameuses PORSCHE 917 GULF en Endurance ce qui pour RAMIREZ tombait à pic car en plus d’un programme ambitieux, il retrouvait Pedro RODRIGUEZ, le frère de son copain Ricardo disparu tragiquement 9 ans plus tôt.

Porsche-Gulf 917-K-  Siffert-Bell vainqueurs des ‘1.000-Kms de Spa’ 1971-©-Manfred-GIET

DE MÉCANICIEN À MÉCANICIEN-CHEF PUIS MANAGER ET COORDINATEUR SPORTIF.

 

Belle récompense pour RAMIREZ de pouvoir collaborer à nouveau avec David YORK et Jon WYER (JWA) sur des protos qui allaient devenir  la référence en endurance entouré d’ingénieurs PORSCHE de haut vol, tels Peter FALKE et Hans MEZGER.

Malheureusement Pedro RODRIGUEZ, le fer de lance chez JWA après avoir remporté les 24 Heures de DAYTONA et les 1.000 KM de MONZA, de SPA et de ZELTWEG, trouva la mort, on l’a dit, le 11 juillet 1971, plongeant une nouvelle fois le brave Jo, dans le chagrin.

Il décida alors de retourner comme mécanicien en F1 et fut engagé comme chef-mécanicien chez Ken TYRRELL, sur la voiture de François CEVERT, le grand espoir Français, jeune coéquipier de l’Écossais Jackie STEWART, qui sera d’ailleurs couronné Champion du Monde en cette même année 1971, où CEVERT triompha au GP des USA à WATKINS GLEN !

 

Jo Ramirez a été le mécano de François Cevert chez Tyrrell en 1971-©-Manfred-GIET-

 

François CEVERT, le ‘diamant brut’ Français en F1, se tuera malheureusement lors des essais du dernier GP de la saison, au cours de ce même GP des USA à Watkins Glen,  deux ans plus tard, le 6 octobre 1973.

Fin 1974, Jo cédera au chant des sirènes des frères FITTIPALDI, non pas pour aller visser sur les COPERSUCAR mais pour endosser la charge de Manager une fonction nouvelle pour lui.

Malheureusement durant les années où il y a œuvré avec les Brésiliens, le plumage ne valait pas le ramage !

 

Jo-Ramirez-a-travaillé-avec-Emerson-Fittipaldi.©-Manfred-GIET.

 

JO-RAMIREZ-ET-AYRTON-SENNA.

 BAIL DE 18 ANNÉES CHEZ Mc LAREN

 

Après une carrière déjà bien remplie parsemée parfois d’années de galère, en 1983 le brave Jo RAMIREZ tira le gros lot en quittant le Team COPERSUCAR de Wilson et Emerson FITTIPALDI pour aller sur insistance de Ron DENNIS se reloger chez Mc LAREN, un des Teams de pointe à l’époque, après que le big Boss, ait eu vent des qualités techniques et humaines du Mexicain basané mais sans sombrero

En tout, il restera affecté durant 17 ans au Team de Woking, dirigé de main de fer par un Ron DENNIS, pas forcément le plus marrant de la corporation dans une tache de Directeur Sportif, dont il s’acquitta à merveille compte tenu des pointures qu’il a eu à gérer.

De 1984 à 1989, il sera d’abord Directeur Sportif ,avant d’être désigné Responsable de la Logistique à partir de 1990, jusqu’à la fin de sa carrière en 2001.

Comme Directeur Sportif, Jo RAMIREZ a eu à gérer Alain PROST durant six saisons sous ses ordres avec des périodes de cohabitation pas toujours faciles entre la français et ses coéquipiers, Niki LAUDA ou Ayrton SENNA mais que RAMIREZ grâce à sa bonhomie, sa sympathie naturelle, son savoir-faire et son sens relationnel est parvenu à parfaitement gérer et ce même dans les moments les plus tendus !

 

Pour-Jo-Ramirez-la-cohabitation-Senna-Prost-chez-Mc-Laren-ne-fut-pas-de-tout-repos-©-Manfred-GIET

 

Alain PROST rappellera d’ailleurs à son sujet :

« Jo était une personnalité foncièrement honnête et qui m’a toujours donné le soutien nécessaire dont j’avais besoin en F1 et avec qui l’on pouvait toujours converser amicalement de choses pas nécessairement liées à la F1. Il est toujours resté un ami merveilleux pour moi. »

Même en 1989 et 1989, lorsque PROST et SENNA étaient équipiers chez Mc LAREN, RAMIREZ est toujours parvenu à lisser les vagues et aplanir les tensions qui régnaient parfois entre ces deux personnalités fortes.

Par la suite, il travaillera durant cinq saisons avec PROST, six avec SENNA et COULTHARD, trois avec BERGER, deux avec LAUDA et huit avec HÄKKINEN  avant de raccrocher définitivement fin 2001 et en même temps que le pilote Finlandais, c’est-à-dire après 40 années de bons et loyaux services dans un sport où il a joué un rôle important et à une époque où le Sport Automobile de haut niveau était classé ‘’tous risques’’.

Au cours de ces quatre décennies dans une discipline sans pardon et où la fatalité était omniprésente, Jo  RAMIREZ a perdu une flopée d’amis arrachés à la vie comme ses amis Mexicains, Ricardo et Pedro RODRIGUEZ, mais aussi Lorenzo BANDINI, François CEVERT, Elio de ANGELIS ou encore celui qu’il a coaché et admiré par-dessus tout, Ayrton SENNA.

 

 

Pour un gars ‘bon comme le pain’ ce furent souvent des épisodes lourds à supporter mais grâce à son moral d’acier, Jo est toujours parvenu à faire face en toute circonstance, ce qui lui a valu beaucoup d’éloges au sein du Team Mc LAREN, au point d’avoir eu carte blanche au niveau de la budgétisation organisationnelle.

Après près de 500 GP au compteur, Jo RAMIREZ, un des personnages les plus respectés du paddock et qui a côtoyé pratiquement tous les grands héros du Sport Automobile, est parti à la retraite bien méritée, à l’âge de 60 ans, après avoir passé quatre décennies dans le vivier F1 et malgré les requins qui s’y cachaient parfois, il s’en admirablement sorti !

Entre temps, il a sorti sa propre biographie intitulée ’’ JO RAMIREZ : MEMOIRS OF A RACING MAN’’ (mémoires d’un homme de la course) où il décrit avec passion, pleins d’anecdotes qui ont été son quotidien durant 40 années.

Avec son épouse Viennoise, depuis il profite également lorsque la météo le permet, de la magnifique HARLEY DAVIDSON, qu’il a reçu comme cadeau d’adieu du Team Mc LAREN fin 2001, tandis qu’au Mexique dans sa ville natale de Mexico-City, il a été fait membre d’honneur de la Fondation Scuderia RODRIGUEZ, créée à la mémoire des frères RODRIGUEZ, Ricardo et Pedro, une espèce de Légion d’Honneur du sport automobile Mexicain..

Et régulièrement pour le fun et le plaisir, l’ami Jo participe à des épreuves historiques, Gilles GAIGNAULT, l’a d’ailleurs retrouvé récemment lors de la célèbre épreuve de la Carrera PANAMERICANA qui traverse chaque automne le Mexique ! Course où il pilotait sa VOLVO Amazone.

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency et AutoNewsInfo

 

À l’époque de Senna chez Mc-Laren, Jo Ramirez n’était jamais loin de son protégé©-Manfred-GIET