QUEL AVENIR POUR LE SPORT AUTOMOBILE ?

 

 

 

Le COVID 19 va imposer des changements radicaux au Sport Automobile, c’est une réalité !

 

Privilège de l’âge, nous pouvons dire que notre pays et le monde occidental arrivent, avec cette pandémie du coronavirus, à la fin d’un cycle d’une économie, qui repartant de zéro, n’a eu de cesse après la guerre de 39-45, que de capitaliser sur les progrès techniques et industriels afin d’accroître les profits et donner des pouvoirs exorbitants à l’argent roi…

Presque sans crier gare face à un monde éberlué, cette «bestiole» invisible, est devenue la star mondiale de l’Information, l’objet de toutes les traques scientifiques et la ruine annoncée des systèmes financiers, pourtant de plus en plus sophistiqués !

Qu’on ne s’y trompe pas, les incidences sur le Sport Automobile seront à la hauteur de la pernicieuse propagation du virus, d’autant plus violentes d’ailleurs, que des pans entiers de cette pratique sportive reposent trop sur les lois, souvent impénétrables mais impérieuses, de la Finance.

 

CHANGEMENTS DRASTIQUES ATTENDUS EN F1

 

Quand nous voyions à quel niveau d’absurdité nous parvenons aujourd’hui à propos de la F1, dont on va jusqu’à envisager de faire tourner les autos… sans public et ce à huis clôt, pour ne pas perdre des dates, ou alors contracter sur un calendrier resserré un maximum d’épreuves en faisant fi des difficultés pour les petites équipes pour pouvoir, humainement tenir le rythme.

De plus, en raison du caractère très international de la composition des teams, rien ne dit que la circulation internationale sera complètement libre de par le monde, avant assez longtemps. Et ce d’autant plus qu’ici en Europe l’Espace Shengen est fermé jusqu’à l’automne !

Il faut bien dire, que si la F1 ne saisit pas l’opportunité de se réformer en profondeur, son avenir semble particulièrement compromis.

 

Stand-PORSCHE 2017 -Andreas SEIDL-Team-principal

 

C’est d’ailleurs le sentiment d’Andreas Seidl, ex-Responsable de l’équipe Porsche en Mondial d’Endurance WEC et au Mans et actuel Manager principal de McLaren, qui déclarait récemment que les conséquences à tirer de la pandémie «doivent être le dernier avertissement pour la F1, qui n’est ni saine ni durable».

Il poursuivait d’ailleurs «la F1 a désormais atteint un point où nous avons besoin de changements drastiques».

Cela fait plusieurs années déjà que nous dénonçons dans nos colonnes les dérives financières au profit de quelques gros teams parfaitement arrosés par les Droits Télé, ne laissant comme me le rappelle Gilles Gaignault, que des miettes aux petits qui survivent dans l’ombre et complètent le plateau.

Nous réfutons également un spectacle ‘Sans Âme’ aseptisé par la domination de deux (Mercedes et Ferrari), voire trois équipes avec Red Bull, véritables rouleaux compresseurs qui surclassent, survolent et écrasent la discipline, capables d’impliquer jusqu’à 800 personnes pour faire rouler deux monoplaces, programmées et, quasiment téléguidées comme des marionnettes par les ingénieurs non pas présents sur les circuits mais demeurés sur les bases arrière des écuries dans les usines, à des milliers de kilomètres et qui œuvrent via les transmissions satellites !

Pour ce qui concerne le règlement technique, la nouvelle échéance à 2021-très probablement repoussé finalement à 2022 pour cause de Coronavirus-ne devrait-elle pas comporter des simplifications radicales pour réduire les coûts initiaux ?

Actuellement, on en est encore loin, il faudra pourtant s’y résoudre !

En effet, la F1, véritable ‘colosse aux pieds d’argile’ devra revoir drastiquement à la baisse son train de vie, ses coûts techniques exorbitants et supprimer -ou tout du moins réduire- l’inégalité de traitement entre les diverses écuries.

Au risque de mourir ! OUI de disparaître !

 

WEC-2022-HYPERCAR-PEUGEOT-REBELLION

QUID DES HYPERCARS EN ENDURANCE ?

 

Après cette F1 bien mal en point, venons-en à l’Endurance, discipline que nous adorons et que nous suivons fidèlement depuis des décennies, notamment au travers des 24 heures du Mans et depuis 2012 avec le Mondial WEC, lancé par l’ACO, le promoteur manceau.

Il n’est pas loin le temps où Richard Mille, Président de la Commission Endurance à la FIA, déclarait à l’occasion du nouveau règlement du Championnat du Monde :

« Ce grand virage a été articulé autour de trois axes fondateurs majeurs : la garantie d’une réelle compétition, des budgets maîtrisés, et des voitures de course spectaculaires. Sur ces trois points, les futures Hypercars vont tenir leurs promesses. »

Dans la foulée, nous avions enregistré l’engagement du Japonais Toyota d’abord puis celui d’Aston Martin, le Britannique rejoint peu après par le Français Peugeot, alors que des supputations se faisaient jour chez l’Italien Lamborghini, tout comme chez l’autre Britannique McLaren et le transalpin, l’incontournable marque Ferrari.

Que vont peser ces déclarations d’intention face à ce rude coup d’arrêt brutal, aussi violent qu’inattendu porté à la fabrication même des autos sur les chaînes des constructeurs généralistes ?

 

24-HEURES-DU-MANS-HYPERCAR-Glickenhaus-

UNE CONVERGENCE DES RÈGLEMENTS…

 

Une convergence des règlements techniques avec les normes américaines pour une plus grande cohérence et une synergie dynamique en faveur de la discipline qu’est l’Endurance (ELMS et WEC d’un cote, IMSA de l’autre), seront-t-elles possibles et surtout réalisables ?

En tout cas, on voit bien là, plus qu’en F1, que la problématique industrielle et commerciale va sérieusement et sacrément impacter de manière forte, les engagements réels des uns ou des autres.

En capitaine d’industrie avisé, on peut penser que Carlos Tavares-l’homme qui a redressé le groupe PSA aura sans aucun doute une priorité absolue à savoir, réussir la fusion de PSA (Peugeot-Citroën-DS-Opel) et FCA (Fiat-Chrysler), dont les accords prévisionnels initiaux auront été fortement impactés par la crise très sévère du coronavirus en Italie, comme en France.

Même si le ‘big boss’ adore la compétition, on sait tous qu’il aura en ‘grand capitaine’ d’industrie qu’il est, la sagesse de peser les enjeux industriels, commerciaux et sportifs et, la sévérité de la crise économique, risque bien de lui imposer un retrait de ce Championnat du Monde et ce avant même d’y avoir goutté.

Gilles Gaignault me souffle et me rappelle à ce sujet, qu’après avoir poussé à la création et au lancement du Championnat du Monde d’Endurance WEC, au cours de l’année 2011, pour y faire briller et gagner ses inoubliables 908 Hdi, subitement pour des raisons de survie du Groupe PSA, contre toute attente, la firme Sochalienne annonçait le 18 janvier 2012, qu’elle se retirait et ne participerait pas à ce Championnat WEC 2012, les Peugeot 908, rejoignant du coup les Musées et abandonnant le monde de la course…

Après le renoncement de Peugeot puis les retraits successifs des équipes Allemandes, Audi en 2016 puis Porsche un an plus tard en 2017, Toyota s’est retrouvé esseulé dans le peloton maigrichon des LMP1 actuelles, et la marque Nippone n’avait-elle pas poursuivi malgré tout un programme, et sa chevauchée en Endurance, et ce pour mieux rebondir face à une concurrence plus vive et entièrement renouvelée ?

Pour l’avenir, en la matière, les voies de la pensée Japonaise demeurent actuellement… impénétrables !

 

WRC 2020 MONTE CARLO – La HYUNDAI I20 WRC de THIERRY NEUVILLE

LES CONSTRUCTEURS VONT S’INTERROGER EN RALLYE…

 

Pour ce qui concerne, le Championnat du Monde des Rallyes, qui offre un terrain de jeu très varié aux trois protagonistes, mais aussi des dépenses jugées de plus en plus importantes vu le calendrier, en termes de déplacement et de logistique, force est de reconnaître que seuls deux constructeurs sont pleinement engagés, le Japonais Toyota et le Coréen Hyundai, alors que l’Américain Ford, soutient fortement le team anglais M-Sport de Malcolm Wilson.

Là aussi, il semblerait bien que des choix cornéliens se fassent jour, si la machine industrielle ne repart pas avec un horizon financier moins bouché que celui auquel nous serons tous soumis.

 

RÉCESSION- CRISE ÉCONOMIQUE-CONJONCTURE INCERTAINE !

 

En effet, partout la récession économique est engagée. On prend peur, quand on entend les chiffres par milliards qui sont annoncés pour amortir le choc et pour amorcer une reprise, sans doute encore perturbée tant qu’un vaccin ne sera pas trouvé.

On parle allègrement d’intervention des banques centrales…

La France, championne de la dette n’a d’autres choix que de la creuser encore plus…

Sauf qu’un jour, avec lucidité ou rappel à l’ordre, il faudra bien se plier à l’impérieuse nécessité de s’attaquer au remboursement !

Alors là, on peut vous dire que les jours ne seront pas roses et qu’à la peur d’être contaminé, succédera celle d’être dépouillé…

Car il se murmure que la Banque Centrale et le FMI envisageraient de proposer aux états de ponctionner 10% des capitaux détenus dans les banques par les particuliers, vous, moi…

Dans ces conditions qu’en sera-t-il alors des nombreuses épreuves automobiles hexagonales dont nous sommes tous friands ?

Nous n’osons pas y penser. Et pourtant c’est bel et ben d’actualité…

La grave crise financière qui s’annonce est là… demain !

 

EN CONCLUSION

 

On le voit bien, un décalage trop important existe entre la réalité du quotidien et les aspirations démoniaques que le sport automobile entendrait encore vouloir faire entendre.

Réalisme, pragmatisme, simplicité, proximité devraient être les vertus cardinales du nouveau paradigme du sport automobile.

La crise du coronavirus nous ramènera sans doute à apprécier en sport automobile comme dans d’autres domaines d’ailleurs, dont le sacro-saint ‘opium du peuple‘, le football, des manifestations moins grandioses, moins fastueuses.

Au sortir de la guerre, une orange comme seul cadeau de Noël nous transportait de joie.

Nous devrons désormais apprendre à vivre plus modestement dans les sports mécaniques… comme ailleurs !

Ainsi va la vie…

Le confinement nous aura tous appris que… forcé  par les circonstances, nous pouvons parfaitement, nous passer et vivre sans le Foot et les Compétitions automobiles, lesquels ne sont pas et comme me le confie l’ami Gilles Gaignault, indispensables et en tout cas, pas… l’OXYGÈNE de nos vies !

Le but, l’objectif et LA priorité, au sortir de cette dramatique situation restant de pouvoir conserver son job et tout faire pour éviter que nos entreprises ne se cassent la gueule, les unes après les autres.

C’est cela l’URGENCE, relancer les Affaires et l’Économie, le reste on s’en ‘tape’ à ce jour !

 

Alain MONNOT

Photos : Gilles VITRY