LE CIRCUIT DE SPA-FRANCORCHAMPS : UN TOBOGGAN PIÉGEUR.

 

 

 

CIRCUIT-DE-SPA-FRANCORCHAMPS.

 

Après l’accident survenu ce samedi 31 aout 2019 aux conséquences tragiques et dont a été victime le jeune espoir Français Anthoine HUBERT, lors de l’épreuve de F2 dans le cadre du GP de Belgique sur le tracé Spadois de Francorchamps, le circuit Ardennais, se retrouve à nouveau dans la tourmente  d’un point de vue sécuritaire.

Le circuit Belge qui avec Silverstone, Monza et Monaco fait partie des tracés historiques inscrits au calendrier du Championnat du Monde de la F1 depuis sa création en 1950, fêtera rappelons-le, son centenaire en 2021.

 

Spa-Francorchamps-un-circuit-dans-lair-du-temps-©-Manfred-GIET

 

Ce toboggan qui serpente à travers la forét des Ardennes et long de 7,004 Km est non seulement le plus long du calendrier F1 mais avec MONZA en Italie, SILVERSTONE en GB et le RED BULL RING de Spielberg en Autriche, il figure parmi la brochette des circuits les plus rapides et plus spectaculaires de la catégorie reine.

Utilisé dans sa version ‘’longue’’ de 14,120 Km jusqu’en 1978, et ce avant d’être raccourci de moitié dans sa version actuelle, 48 pilotes y ont payé un lourd tribut en … 98 ans !

Le dernier en date, le jeune grand espoir Français Anthoine HUBERT, quasiment jour pour jour 34 ans après un autre grand espoir de la monoplace, pilote à l’époque de l’écurie TYRRELL, l’Allemand Stefan BELLOF, mais qui s’était tué lui dans une épreuve d’endurance, au volant d’une PORSCHE 956B, lors de l’épreuve des 1000 KM de SPA le 1er septembre 1985.

Et si l’on y ajoute les commissaires de piste et les pilotes privés qui y ont trouvé la mort, soit en intervention ou lors de journées tests et incentives, le chiffre frôle la soixantaine.

Alors, Spa-Francorchamps est-il dangereux ?

Oui, au même titre que tous les tracés ultra rapides !

La sécurité y est-elle encore suffisante ?

Oui, même si certaines sections sont certainement à revoir !

 

Spa-Francorchamps- Circuit rénové mais qui a su garder son caractère-©-Manfred-GIET

 

Et l’on pense ici surtout à des endroits stratégiques comme l’EAU-ROUGE-RAIDILLON, avec son dénivelé de 40 mètres et sa rampe à 17% , où les pilotes doivent non seulement faire face à une compression comme nulle part ailleurs et où durant une fraction de seconde ils n’ont comme vision que la cime des épicéas au sommet comme écran, de ce qui actuellement n’est même plus tout à fait une courbe, et où cette année les plus véloces en F1 négociaient cet enchaînement à 310 Km/h, alors qu’il y a vingt ans celui qui franchissait ce passage à 250-260 Km/h, était qualifié d’héros !

Les autres points noirs sont en tout cas pour la F1 et la manche du mondial d’endurance WEC, dans l’ordre, les passages clés, tels RIVAGE, le gauche serré après le 180° de BRUXELLES, la chicane des FAGNES et bien évidemment BLANCHIMONT, des endroits où les zones de dégagements sont toutes asphaltées et qui en cas de perte de trajectoire peuvent devenir critiques lorsque l’absorption de la vitesse excessive devient insuffisante.

Gilles Gaignault, nous précisait que plusieurs pilotes indiquaient ce dimanche dans le paddock :

« L’endroit où s’est déroulé le drame n’a plus aucun intérêt car il se passe à fond pour tous. Il n’est plus sélectif, sauf dangereux car sans visibilité. C’est là, le problème. Il faut mettre ce passage  en configuration plus sélective et arrêter de vivre  avec le passé et les légendes ! »

Un retour aux bacs à graviers serait peut-être plus efficace, toutefois un risque de partir en tonneaux, n’est pas à exclure, suivant l’angle d’incidence à l’impact ?

De toute manière en sports mécaniques, le risque zéro n’existe pas et le destin ou la fatalité déterminent souvent les évènements malgré tous les renforcements  au niveau de la sécurité active et passive.

L’accident survenu au somme du Raidillon lors du 2ème tour de la première manche F2 à Spa-Francorchamps, samedi dernier, l’a encore une fois démontré.

 

F1 – Le circuit de FRANCORCHAMPS-Vue aérienne

 

A une seconde ou quelques mètres près, l’accrochage entre le malheureux Anthoine HUBERT et l’Américain d’origine Équatorienne, Juan Manuel CORREA, ne se serait pas produit, ou n’aurait pas porté à conséquences pour les deux pilotes.

Jacques VILLENEUVE, l’ancien Champion du Monde Canadien sacré en 1997, a lui évoqué un autre aspect non négligeable de la situation actuelle, parmi la jeune génération de pilotes actifs en F1 qui peut avoir toute son influence dans certaines circonstances en  déclarant:

« Suite au gel des essais grandeur nature en dehors des tests hivernaux, les jeunes pilotes passent des heures interminables sur les simulateurs des Teams et à force de rechercher constamment des doses d’adrénaline, ils oublient de prendre conscience des risques réels sur la piste, en étant encore parfois dans le virtuel.»

Et VILLENEUVE sait de quoi il parle, puisqu’en 1999 après une terrifiante sortie de piste au volant de sa BAR-Supertec, il se retrouvera véritablement miraculé tout comme son compère Ricardo ZONTA, le même week-end.

Et avant eux Alex ZANARDI, pilote alors LOTUS et Mika SALO, d’ARROWS A19, lui, avaient également miraculeusement échappé au pire au même endroit, une chance qui a cette fois tourné le dos au malheureux Anthoine HUBERT.

Et comme le rappelle nos amis Britanniques sur tous les tickets d’entrées lors d’épreuves de sports mécanisés sur le sol de sa Gracieuse Majesté

‘’RACING IS DANGEROUS’’.

 

Manfred GIET

Photos: Publiracing Agency

 

 

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