LA F1 RÉGULIÈREMENT VICTIME DE SPONSORS DOUTEUX !

 

 

 

Si le partenariat ou sponsoring fut des décennies durant, un des éléments clés au bon fonctionnement d’une écurie de F1, avant que les colossaux ‘droits TV’  ne financent de nos jours ces derniéres, malheureusement régulièrement des teams se sont fait gruger au point de devoir changer de propriétaire, voire carément de disparaître…

Depuis la création du Championnat du Monde des Pilotes en F1 en 1950, sur les 114 écuries inscrites… 105 ont disparues des radars, preuve à l’appui que la F1 reste une discipline du sport automobile, où il n’est pas toujours simple de survivre, même pour des dinosaures comme FERRARI, Mc LAREN, WILLIAMS ou MERCEDES, cette dernière cependant absente durant 55 années avant de revenir en force en 2010 et de présenter à ce jour un palmarès éloquent de 95 victoires en 198 participations !

Si certaines petites écuries moins nanties doivent se transformer en colonne Morris à roulettes pour survivre tant bien que mal dans l’océan de requins  qu’est devenu le sport auto dans sa globalité, il existe heureusement encore des sponsors fidèles et sérieux même s’ils sont en décrue et ce compte tenu des coûts exorbitants pour maintenir un Team au top niveau.

Parmi ces fidèles publicitaires de longue date, citons le Pétrolier SHELL et l’Horloger TAG-HEUER qui depuis les tous débuts du mécénat commercial en F1 et datant de 1968, ont apporté une large contribution au financement des deux plus anciennes écuries toujours à l’affiche, c’est-à-dire, FERRARI et Mc LAREN.

Mais il y en a malheureusement aussi d’autres de styles et d’ambitions différents…

 

PUBLICITAIRES INSOLITES EN F1…

SPONSOR Rupert KEEGAN-Surtees Durex 1978-© Manfred GIET

 

Car à côté de sponsors sérieux et fidèles, certains et éphémères pour la plupart, se sont fait remarquer par leurs côtés insolites, parmi lesquels on retiendra :

DUREX (préservatifs) en 1976 sur les SURTEES

PENTHOUSE (Magazine sexy pour hommes) en 1976 et 1977 sur les HESKETH

LA VARESINA SOFAM (Entreprise de Pompes Funèbres) en 1979 chez MERZARIO

 

SPONSOR Arturo MERZARIO 1977

SPONSOR Clay REGAZZONI-Williams-BEN LADEN-Zandvoort 1979-© Manfred GIET

 

BAROOM BEN LADEN (un des fils du tristement célèbre Oussama) en 1979 chez WILLIAMS

MOULIN ROUGE (Prestigieux cabaret Parisien) chez THEODORE en 1981

ABBA (célèbre groupe Suédois) en 1981 chez ATS

 

SPONSOR Slim BORGUDD-ATS 1981-ABBA-© Manfred GIET

SPONSOR Philippe ALLIOT-RAM 1984 Skoal Bandit-© Manfred GIET-

 

SKOAL BANDIT (tabac à chiquer) en 1984 chez RAM

PIC (Armurier russe) en 1991 chez LIFE

LAGOSTINA (Fabricant italien de casseroles) en 1992 chez BRABHAM

STEINMETZ (diamantaire) en 2004 chez JAGUAR dont le nez était orné d’un véritable diamant au GP de Monaco !

EARTH CAR en 2007 chez HONDA avec une déco représentant le globe terrestre !

Patrick TAMBAY-Theodore-Moulin Rouge 1981-© Manfred GIET

SANS OUBLIER…   LES SPONSORS DOUTEUX, LOUCHES ET SUSPECTS !

 

F1 2019 FRANCE PAUL RICARD La HAAS FERRARI RICH ENERGY

 

À  part ce côté ‘’mécénat’’ certes original et atypique, d’autres annonceurs par contre bien moins scrupuleux n’ont pas hésité à s’implanter en se servant de la F1 et de certaines équipes à cause de leur côté mégalo ou pire encore avec comme seule finalité le blanchiment d’argent.

Dernière affaire en date l’association du fabricant de boisson énergisantes anglais RICH ENERGY avec le Team de F1 Américain HAAS dirigé par l’italien du Tyrol du Sud Günther STEINER.

Déjà que le produit en dehors de l’Angleterre est difficile à trouver alors qu’il est sensé concurrencer le leader Autrichien du marché, RED BULL, le PDG Britannique Williams STOREY, personnage haut en couleur pour ne pas dire hétéroclite avec un look capillaire rappelant un certain Jean-Pierre VAN ROSSEM à l’époque, quelques jours avant le récent GP d’Angleterre avait ‘tweeté’ qu’il mettait fin au terme du contrat signé avec HAAS F1 et ce pour manque de résultats avant d’être récusé et mis à pied par les autres actionnaires de RICH ENERGY.

Une situation ‘ubuesque’ qui risque de mettre le Team US en difficulté à l’avenir puisque son sponsor titre est en plus impliqué dans une affaire de droit d’auteur concernant l’utilisation du logo (bois de cerf)  identique à celui déposé par un fabricant de vélos anglais et qui pourrait lui coûter quelques millions de cannettes voir la fin de l’aventure…

Dans le passé d’autres teams impliqués en F1 avaient déjà défrayé la chronique et secoué le paddock suite à des situations rocambolesques alimentées par des financeurs véreux dont on retiendra les plus marquantes :

 

Bertrand-Gachot-sur-la-Moneytron-du-fantasque-Van-Rossem-en-1989-©-Manfred-GIET

 

MONEYTRON-ONYX : En 1989 apparait une société gérée par le ‘’milliardaire’’ Belge, Jean-Pierre VAN ROSSEM, autoproclamé gourou de la bourse avec un système permettant de prévoir et d’anticiper les mouvements  des marchés boursiers mondiaux, grâce à son bagou il était parvenu à convaincre suffisamment d’investisseurs afin de satisfaire son côté mégalo imnodéré, son ego surdimensionné et un amour sans fin pour les voitures haut de gamme.

Après avoir racheté l’écurie ONYX à Mike EARLE, la suite fut toutefois nettement moins glorieuse puisqu’un an plus tard il fut rattrapé par la justice et condamné à cinq ans de prison pour fraude et malversations.

Les ONYX furent ensuite revendues à MIDDLEBRIDGE RACING qui les recéda ensuite au milliardaire Suisse MONTEVERDI à partir du GP de San Marino en 1990 mais en raison d’une dette de 4 Millions de dollars US envers le Manufacturier GOODYEAR, il ferma définitivement boutique  au GP de Belgique de la même année.

 

SPONSOR Maurizio GUGELMIN-LEYTON HOUSE-Estoril 1989-© Manfred GIET

 

LEYTON HOUSE -MARCH : Avec l’apport financier de l’important agent immobilier Japonais, Akira HAGI, dont la société est enregistrée sous l’appellation LEYTON HOUSE, le Team MARCH qui était passé sous pavillon RAM reprend sa dénomination d’origine avant d’être repris dans son entièreté par son mécène Nippon et devenir ensuite le Team LEYTON HOUSE.

En 1991, Akira AKAGI, patron du Team et du Groupe immobilier éponyme, est poursuivi par la justice Japonaise suite à un énorme scandale politico-financier qui sonnera la fin de la récréation pour l’homme à la double casquette et malheureusement aussi pour le Team MARCH qui malgré la reprise par un consortium disparu définitivement de la scène F1, fin 1991.

 

SPONSOR Roberto MORENO-Andrea Moda -1992-© Manfred GIET

 

ANDREA MODA (ex COLONI) : La Saison 1992 de F1 vit débarquer un nouveau Team sous l’appellation ANDREA MODA, derrière lequel se cachait l’identité d’Andrea SASSETTI, un designer Italien en maroquinerie et chaussures, avec comme signe particulier le port de lunettes solaires en toute circonstances et toujours habillé de noir de la tête aux pieds.

Considéré comme intru dès ses débuts en F1 alors qu’il avait racheté les actifs de la défunte écurie COLONI, SASSETTI commit l’erreur de concourir sur les anciens châssis  C4 COLONI mais sous une nouvelle appellation pour éviter de payer la caution de 100.000 dollars US à la FISA (Fédération Internationale du Sport Automobile) qui allait devenir la FIA, comme nouvel arrivant en GP.

La suite se résuma à une affaire clochemerlesque  avec des pannes en série, exclusion au 1er GP de la saison, temps aux qualifs à des années lumières de la pole, pilote en absence de licence F1, forfait, histoire de paiement de fausses factures et arrestation finalement d’Andrea SASSETTI au GP de Belgique.

C’en était trop pour la FISA qui avant la fin de saison 1992 décida d’exclure le Team selon le dicton ‘’Chacun son métier et les vaches seront bien gardées !’’

 

SPONSOR SAUBER-MERCEDES et BROKER en 1994-© Manfred GIET

 

BROKER (SAUBER-MERCEDES) : Pour sa deuxième année en F1 en 1994, le petit Team Suisse aux grandes ambitions croit détenir le bon filon en amenant à son bord le constructeur allemand MERCEDES qui siglera à son nom les caches-soupapes des moteurs ILMOR dont étaient équipées les SAUBER C13 et en attirant une maison d’édition allemande soi-disant de grande envergure et basée non loin du siège de MERCEDES et du nom de BROKER.

Peter SAUBER, le patron du Team allant même jusqu’à rebaptiser son équipe en BROKER-SAUBER-MERCEDES.

Il s’avéra cependant que les SAUBER étaient plus proches de la Pole que des millions de Deutsche Mark promis et tant SAUBER que MERCEDES durent bien admettre qu’ils étaient en train de devenir les dindons d’une grande farce à laquelle il fut mis fin juste à temps !

SHANNON (FORTI CORSE) : L’ancienne écurie italienne de sport automobile dirigée par le brave Guido FORTi, décédé en 2013, s’était taillé quelques beaux succès en F3 et F3000 avant de passer en F1 en 1995 avec des moyens limités.

Pour la saison 1996, le petit team privé transalpin était convaincu d’avoir réalisé la bonne affaire en s’associant avec une société Irlandaise mais dont les bailleurs de fonds étaient Milanais également impliquée en F3 et F3000 désireuse de gravir le dernier échelon, celui de la F1.

Mais le trèfle Irlandais ne porta pas chance à FORTI CORSE devenu minoritaire dans cette association dont on retiendra surtout le changement de design de voitures à quatre reprises en cours de saison ’96 qui sera la dernière après que cette association ait trouvé un terme devant les tribunaux et avec comme verdict la mise en faillite tant de FORTI CORSE que de SHANNON RACING.

 

La FORCE INDIA de Paul di RESTA en 2013 sur la piste de CATALUNYA

 

SAHARA FORCE INDIA : Dernier Team en date à avoir été placé sous concordat fin 2018 après que le patron de cette formation indienne de très bon niveau et présente en F1 depuis 2008 mais au passé tumultueux se soit retrouvé dans le collimateur de la Justice indienne avec une demande d’extradition de l’Angleterre vers son pays d’origine.

Vijay MALLYA, qui avait fait fortune dans les spiritueux et la bière était en effet recherché non pas pour reprendre la conciergerie du Taj Mahal, mais pour… blanchiment d’argent, fraude et malversations, qui l’avait contraint à se réfugier en Angleterre. Depuis 2015, le team était en effet confronté à des problèmes financiers engendrés par la situation privée inconfortable de son PDG au point qu’en 2018 SAHARA FORCE INDIA changea d’identité pour devenir momentanément RACING POINT avant qu’un consortium Canadien dirigé par Lawrence STROLL, ne reprenne les actifs pour devenir le SPORTPESA RACING POINT F1 TEAM.

Ainsi se terminait au bout de 10 années, la story du premier Team indien de l’histoire de la F1 et qui régulièrement s’affichait derrière les trois grandes pointures au classement du Chamionnat du Monde des Constructeurs !

 

LOTUS-ESSEX 1980- Nigel Mansell-© Manfred GIET

 

D’autres personnalités du monde du sport automobile ou industriels renommés ont jeté le discrédit sur la catégorie reine à un moment ou un autre au travers d’agissements peu recommandables  comme par exemple, le britannique David THIEME, résident Monégasque avec comme image de marque le chapeau espagnol qui en homme d’affaires fûté avait profité de la crise pétrolière en 1973 pour fonder une société de courtage de barils à l’enseigne de ESSEX PETROLEUM et de devenir ensuite sponsor-titre chez Colin CHAPMAN et son Team LOTUS avant d’être recherché par la justice internationale pour malversations et d’ensuite disparaître en 1981 laissant le Team anglais dans la dèche.

Autre cas de figure celui du Français Cyril de ROUVRE, actionnaire majoritaire chez AGS et ancien Maire de Chaumont qui en 1992 reprenait le Team LIGIER avant de se retrouver derrière les barreaux la même année pour fraude fiscale avec comme conséquence la liquidation de l’écurie Nivernaise qui ensuite tomba dans l’escarcelle de Flavio BRIATORE.

 

Niki LAUDA-Brabham BT 46 Parmalat en 1978-© Manfred GIET-

 

Ou encore le géant italien agro-alimentaire de Parme, PARMALAT fondé en 1970 et qui s’impliqua en F1 dès 1974 comme sponsor personnel durant deux décennies du regretté Niki LAUDA en passant également comme sponsor-titre chez BRABHAM jusqu’en 1985 avant de s’éclipser momentanément et revenir en 1996 après avoir racheté le groupe alimentaire américain BEATRICE comme sponsor personnel de Pedro DINIZ chez FORTI avant d’être en cessation de paiement avec une faillite retentissante à la clé. Son PDG, Calisto Tanzi se retrouvant derriére les barreaux

Et en creusant cette liste pourrait encore s’allonger tellement elle est longue avec à chaque fois le même dicton refaisant surface :

Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise !

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency

 

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