IL Y A 20 ANS, LA MERCEDES DÉCOLLAIT AUX ESSAIS DES 24 HEURES DU MANS, ÉDITION 1999.

 

 

24-HEURES-DU-MANS-1999-La Mercedes-CLR de Mark WEBBER ©-Manfred-GIET

 

 

Une image… INOUBLIABLE !

J’y étais aux premières loges en compagnie de l’ancien Pilote, Volant SHELL, Patrick Langlois, couronné en 1973.

Le jeudi 10 juin 1999, le pilote Australien Mark Webber  qui partage l’une des trois Mercedes CLR avec le Français Jean-Marc Gounon et l’Allemand Marcel Tiemann, les deux autres étant confiées d’une part au trio formé du Français Franck Lagorce, de l’Allemand Bern Schneider et du Portugais Pedro Lamy et d’autre part à l’Allemand Nick Heidfeld, au Français Christophe Bouchut et au Britannique Peter Dumbreck, va connaitre … ‘la peur de sa vie’ ! aux Essais des 24 Heures du Mans.

Webber jusqu’alors considéré comme un réel espoir en Monoplace avait décidé un an plus tôt d’orienter sa jeune carrière vers l’Endurance et donc les 24 Heures du Mans.

En 1998, Marc Webber découvrait donc l’épreuve Sarthoise au volant de l’une des écuries favorites, l’équipe Mercedes-Benz qui effectuait son grand retour au Mans après des décennies d’absence…

À la suite du dramatique accident de la Mercedes 300 SLR, pilotée par le Français Pierre Levegh, de son vrai nom  Pierre Bouillin et qui avait aussi couté la vie à  80 spectateurs, le 11 juin 1955.

 

24 HEURES DU MANS 1955- Le Crash de la Mercedes de Pierre LEVEGH, le 11 juin

 

Le jeune ‘kangourou’ épaulant en 1998 deux légendes Allemandes, les brillants Klaus Ludwig et Bernd Schneider.

L’équipage signait la pole mais rapidement la Mercedes stoppait dès les premiers tours en course, en raison d’une casse moteur, alors que Bernd Schneider se trouvait au volant, Webber n’ayant même pas couvert un tour en course. Et cette édition 1998 s’était terminée avec la victoire et un doublé des Porsche 911 GT1.

Un an plus tard, en 1999 Mark Webber revenait aux 24 Heures du Mans, et la nouvelle Mercedes CLR, la firme de Stuttgart  espérant bien renouer avec la victoire dans la Sarthe pour la première fois depuis… son dernier succès datant de… 1952.

Mark Webber épaulait le Français Jean-Marc Gounon et l’Allemand Marcel Tienmann, sur l’une des trois voitures, la N°4.

 

24-HEURES-DU-MANS-1999-La-MERCEDES-après-son-envol

Et en ce jeudi soir 10 juin 1999, alors qu’il se trouve au volant, la Mercedes CLK … décolle et s’envole au bout de la longue ligne droite des Hunaudières, au passage de la bosse de Mulsanne.

Alors que nous l’avions rencontré fréquemment ces dernières années sur les GP de F1 après qu’il ait réorienté sa carrière vers le monde de la monoplace, il nous avait raconté son ressenti lors de l’accident avec la Mercedes au Mans, un jour lors d’une journée VIP, organisée par son sponsor Red Bull sur le circuit de Rockingham en Grande-Bretagne, où j’étais invité et en compagnie de mon excellent Confrère de Canal+, Julien Fébreau :

« Le premier souvenir qui me vient à l’esprit ? J’ai vu le ciel, le sol, le ciel à nouveau, mais un peu plus vite car j’étais encore plus haut cette seconde fois, et cela me semblait violent. Il y avait plus d’arbres à ma gauche mais la voiture n’est pas partie dans le paysage, elle a atterri sur la piste. »

Et Mark de préciser :

« Je me souviens que la voiture a heurté les rails à quelques reprises et j’ai surement fait un tête-à-queue, et l’auto est finalement restée sur le toit. J’ai commencé à paniquer un peu car il y avait toujours un risque d’incendie. J’étais paranoïaque quant au fait de rester piéger à l’intérieur, et en même temps j’étais tellement en colère avec l’équipe car je savais que je n’avais rien fait de mal, je savais que ça ne venait pas de moi. J’étais révolté par ce qui venait de se passer. »

Et Mark enchaîne :

« Lorsque la Mercedes a été immobilisée, les commissaires sont très vite arrivés en quelques secondes et ils m’ont immédiatement extrait. Une fois sorti, je me suis assis sur le remblai à l’extérieur de la piste. Mes mains saignaient, et j’étais secoué, et ma première pensée à l’instant précis où je suis passé de l’autre côté des rails, a été de ne plus jamais remonter dans cette voiture, et que je ne piloterai plus  jamais de sports prototypes »

 

24-HEURES-DU-MANS-1999-Le-départ-avec-les-TOYOTA-et-les-MERCEDES.

 

Malgré l’inquiétude au sein des techniciens de l’Équipe Mercedes, où l’on redoutait que cet incident se reproduise à nouveau pendant la course réflexions les instances dirigeantes de la Marque à l’Étoile au siège à Stuttgart, confirmaient le forfait de cette CLR N°4 mais prenaient toutefois la décision, d’aligner les deux autres CLR, les N°5 et 6 et ce après avoir renforcé l’appui et l’ajout d’appendices aérodynamiques à l’avant.

Ces deux Mercedes pointaient dans le peloton de tête au cours des premières heures, aux quatrième et cinquième positions.

Mais, peu avant 20 heures, alors qu’elle se trouvait dans son 75éme tour, nouvel envol et au tour de Peter Dumbreck, de décoller cette fois en pleine ligne droite entre les virages de Mulsanne et d’Arnage peu avant la courbe d’Indianapolis, sa CLR effectuant plusieurs loopings et toupies en l’air avant de retomber de l’autre côté du rail de sécurité au milieu de la forêt Sarthoise..

 

24 HEURES DU MANS 1999 le premier envol de la MERCEDES pilotée par PETER DUMBRECK avant la courbe d’INDIANAPOLIS

 

Mark Webber se souvient parfaitement de ce nouveau drame :

« J’étais en colère et j’ai fondu en larmes, avant de courir comme un fou vers les stands, sur environ un kilomètre et demi. J’étais violent. Quand ce cauchemar allait-t-il prendre fin ? Je me disais ‘S’il est mort, je vais tuer ces salauds, je vais les tuer. Je sais exactement ce qui s’est passé, et c’est tout ce que je craignais, il est dans les arbres, il est parti dedans… Il va être blessé, c’est certain’ »

Miraculeusement la chute de la Mercedes CLR N°5 du pilote Écossais a été amortie par les branchages des arbres situés au bord de la piste, et Dumbreck s’en sortait lui aussi indemne !

Cette fois, le staff de Mercedes décidait de retirer la dernière voiture en course, la N°6 de Lagorce, Schneider, Lamy.

Et depuis ces 24 Heures 1999, Mercedes n’est plus revenu au Mans, lançant son programme F1.

Mark ajoute encore :

« Je suis revenu du Mans deux fois plus fort car on a essayé de me tuer deux fois. Il n’y a pas eu de contact officiel de la part des organisateurs de la course, ni aucun débriefing au sein de l’équipe, aucune gestion de crise pour travailler, aucune stratégie de communication mise en place. J’étais juste un pilote parmi d’autres choses, et j’étais très seul avec moi-même. Mais que dit-on ? ‘Ce qui ne vous tue pas rend plus fort’. Donc je suis ressorti du Mans deux fois plus fort car on a essayé de me tuer deux fois. »

Par la suite, Mark Webber allait se relancer en monoplace d’abord en Formule 3000, avant de débuter en F1 l’année suivante.

 

La PORSCHE N° 17 CHAMPIONNE du MONDE 2015 avec ses CHAMPIONS DU MONDE, WEBBER BERNHARD et HARTLEY

 

Après avoir disputé 217 Grand Prix, remporté neuf victoires et treize pole positions, pilotant successivement pour les écuries Minardi, Jaguar, Williams et Red Bull, Mark décidait pourtant de… revenir en endurance et de finir sa carrière, acceptant l’offre d’une autre marque Allemande, Porsche et de disputer trois saisons en Championnat du monde d’endurance WEC au volant de l’une des Porsche 919 LMP1, décrochant le titre mondial en 2015.

Naturellement à son programme figuraient les 24 Heures du Mans, qu’il terminait pour la première fois le juin 2015, à la deuxième place avec ses équipiers le Néo-Zélandais Brendon Hartley et l’Allemand Timo Bernhard.

Depuis l’épisode du décollage survenu à l’équipe Mercedes, la bosse de Mulsanne a été éliminée, rabotée. Et ce afin d’éviter qu’un nouveau drame ne se reproduise…

La fameuse bosse de Mulsanne a bien été finalement rabotée pour satisfaire aux normes de sécurité fixées par la FIA.

Roland du Luart, Président du Conseil Général de la Sarthe, et Jean-Paul Gervais, Directeur Général de l’ACO, ont coupé un ruban symbolique à l’occasion d’une cérémonie le mercredi 21 mars 2001.

Et le dimanche 25 mars, la Corvette de la Direction de Course de l’ACO a effectué les premiers tours de roues sur ce nouveau tronçon de Circuit.

 

Gilles GAIGNAULT

Photos : Thierry COULIBALY – Manfred GIET – MERCEDES -ACO

24 HEURES DU MANS 2011 -La bosse de MULSANNE avant

 

CIRCUIT-du-MANS-  L’ACO, décide de raboter et supprimer la bosse de MULSANNE-

 

CIRCUIT-du-MANS- L’ACO décide de raboter et supprimer la bosse de MULSANNE