IL Y A 40 ANS, LA F1 METTAIT LE TURBO ET PORTAIT DES JUPES !

 

 

 

 

À l’aube de la 70ème Édition du Championnat du Monde de F1, comme de coutume tous les regards sont braqués sur les forces en présence à la recherche du moindre indice quant au potentiel réel des différents protagonistes pour se faire une idée de ce que devrait être la nouvelle Saison après les traditionnels essais hivernaux de Catalunya, à Montmeló au Nord de Barcelone.

Si ces essais servent surtout comme base pour les ingénieurs de terrain au sein des dix écuries pour étalonner les ressources réelles de leurs conceptions de pouvoir se classer en ordre utile lors du prochain Championnat, les chasseurs de scoops à l’affût du moindre indice en sont souvent quitte avec du virtuel.

 

F1 2019 CATALUNYA – SEBASTIAN VETTEL au volant de sa FERRARI Photo Antoine CAMBLOR

 

Car cela est devenu une habitude pour les écuries de jouer au ‘’Poker Menteur’’, soit en tamisant des défauts de conception, en masquant des trouvailles techniques ou aérodynamiques dans les limites du règlement, voire tout simplement en dopant les temps au tour dans le but d’attirer quelques commanditaires lorsque les budgets sont limites.

 

F1 2019 CATALUNYA – LEWIS HAMILTON au volant de sa MERCEDES Photo Antoine CAMBLOR

 

Un bel exemple reste la dernière journée des tests hivernaux sur le Circuit de Catalunya, alors que les FERRARI de Vettel et Leclerc, intouchables jusqu’alors, voyaient d’un seul coup le meilleur temps réalisé par Vettel approché d’un clin d’œil de 3ème de seconde, soit… 18 cm, par la MERCEDES de Lewis HAMILTON, qui jusqu’alors bien discret, avait été écarté de la chasse aux chronos, tout comme son équipier le Finlandais Valterri BOTTAS.

Et comme toujours, dès le premier GP de la saison qui se déroule ce dimanche à Melbourne en Australie, il s’agit de laisser tomber les masques surtout quand il s’agit de la lutte pour le titre ‘’Pilotes’’ et ‘’Constructeurs’’ avec parfois des rivalités insoupçonnées au sein du même team, comme cela risque d’être le cas cette année chez FERRARI, entre le trés expérimenté Vettel et le jeune espoir, Leclerc, sans pour autant être une première dans les rangs de Maranello.

 

F1 1979 -Jody-SCHECKTER-sur-Ferrari-312-T-Champion-du-Monde-©-Manfred-GIET-.

RETOUR DANS LE PASSÉ

Si l’on fait un bond en arrière de 40 ans dans la longue histoire de la F1, ce qui nous transpose en 1979, Maranello a déjà connu une situation similaire avec à l’époque le taciturne sud-africain Jody SCHECKTER surnommé «l’Ourson» face au fougueux et plutôt ténébreux pilote canadien Gilles VILLENEUVE .

Au sortir d’une saison ’78 marquée par la domination des LOTUS 78 et 79, premières monoplaces à effet de sol crées par l’ingénieux Colin CHAPMAN, de l’américain Mario ANDRETTI et du suédois Ronnie PETERSON, tout laissait supposer que cette suprématie persisterait en 1979.

La pertinence d’adapter ce système dit ‘’à effet de sol’’ basé sur des profils d’ailes inversées au niveau des caissons latéraux produisait un fabuleux appui dynamique avec l’aide des jupes latérales pour créer un effet de vide d’air permettant des vitesses très élevées en courbe avait manifestement déteint sur la concurrence puisque FERRARI-BRABHAM-ALFA ROMEO et LIGIER, emboîtèrent le pas à LOTUS dès l’entame de la Saison ’79.

Une Saison qui manifestement démontra que l’élève avait fait mieux que le maître puisque étonnamment, les LOTUS se retrouvèrent constamment en retrait de la concurrence emmenée en début de Saison par les LIGIER JS 11 de Jacques LAFFITE et Patrick DEPAILLER équipées du FORD V8 au détriment du MATRA V12 et qui avaient déjà fait forte impression au cours des essais d’avant-Saison.

 

F1-Jacques-LAFFITE- La Ligier-JS-11 de 1979-©-Manfred-GIET

DOUBLE COCORICO

Avec un début de Saison en fanfare, grâce à la forme des LIGIER JS 11 conjuguée aux victoires de Jacques LAFFITE en Argentine et au Brésil avec DEPAILLER en embuscade, Guy LIGIER semblait avoir jeté les bases pour vivre une Saison en bleu.

Au GP d’Afrique du Sud, un mois plus tard, les LIGIER semblent toutefois moins à l’aise et doivent faire face à la domination des FERRARI 312T4 de Jody SCHECKTER et Gilles VILLENEUVE, revigorées depuis leur passage à ‘’l’effet de sol’’ dont profite pleinement le petit canadien Gilles VILLENEUVE en remportant la mise à Kyalami et un mois plus tard à Long Beach au GP des USA Ouest, qui prendra le commandement au Championnat du Monde des Conducteurs.

Après le bleu, le rouge était mis, avant que Patrick DEPAILLER ne fasse renaître l’espoir en gagnant à Jarama en Espagne pour le retour du grand cirque en Europe.

Lueur d’espoir qui ne fut que de courte durée, puisqu’aux GP suivants, à Zolder en Belgique et à Monaco, c’est ‘’l’ourson blanc’’ d’Afrique du Sud, celui qui donnait toujours l’impression d’être arrivé en F1 par hasard, qui remporta les lauriers et cristalliser de la sorte un duel sans merci entre ‘’Ferraristes’’.

À la mi-Saison,au GP de France à Dijon, RENAULT et sa RS 10 V6 Turbo écrivait une page d’histoire après une course et un duel épique pour la victoire entre René ARNOUX sur la RENAULT N°16 et Gilles VILLENEUVE sur la FERRARI N° 12 où tous deux jouèrent des coudes au grand plaisir du public.

Et comme c’est souvent la cas lorsque deux se disputent, c’est le troisième qui jubile !

 

GP-de-France-1979-à-Dijon-première-victoire-Renault-par-Jabouille-©-Manfred-GIET.

 

C’est en effet exactement ce qui arriva avec Jean-Pierre JABOUILLE sur la RENAULT RS 10 N° 15 qui en guise d’épilogue profita du duel à couteaux tirés que se livraient son équipier ARNOUX et VILLENEUVE  pour offrir à RENAULT la première victoire en Championnat du Monde d’un moteur suralimenté et en préfacer du coup la nouvelle ère ‘’Turbo’’ qui allait suivre.

Succès ‘Historique’, qu’on en  juge : Victoire 100% tricolore au GP de France Monoplace-Moteur-Pneumatiques et Pilote !

 

La Renault-RS-01-V6-Turbo premier moteur-Turbo en-F-1 en 1977 et victorieux en 1979 que les anglais et Ken Tyrrell cataloguaient-ironiquement de… théière jaune ©-Manfred GIET.

 

À  cette première victoire historique allait en suivre une autre deux semaines plus tard au GP d’Angleterre à Silverstone où le regretté pilote Suisse Clay REGAZZONI, offrait une première victoire au Team WILLIAMS financé par des Saoudiens.

Une première victoire qui en appellera d’autres puisqu’aux GP suivants à Hockenheim en Allemagne, à Zeltweg en Autriche et Zandvoort en Hollande c’est l’autre pilote WILLIAMS de la FW 07, l’Australien Alan JONES qui emporta le jackpot et se placer en ordre utile pour le titre ‘’pilotes’’.

Dans la phase finale du Championnat du Monde de F1, Jody SCHECKTER se rappela au bon souvenir de tous en l’emportant dans le chaudron FERRARI de Monza et se démarquer en tête du Championnat avant les deux manches finales à Montréal au Canada et Watkins Glen aux USA, où dans l’ordre, la WILLIAMS FW 07 d’Alan JONES et la FERRARI 312T4 de Gilles VILLENEUVE se livrèrent un baroud d’honneur, terminant second pour le Canadien et troisième pour l’Australien sur le podium final d’une saison 1979 haletante à plein d’égards et où le titre ‘’Constructeurs’’ se joua entre le vainqueur FERRARI qui engrangeait son 6ème titre pour un long moment, WILLIAMS le second et une équipe LIGIER sur la troisième marche après un très bon début de saison qui malheureusement s’étiola quelque peu par la suite.

Par ailleurs, outre les faits historiques déjà mentionnés plus haut, signalons que le contingent de pilotes Français s’élevait à 8, soit quasi le quart du plateau composé de 34 pilotes et que la Marseillaise retentît quatre fois en cours de Saison grâce aux deux Constructeurs Français LIGIER et RENAULT,  qui firent bonne figure parmi les 17 Teams engagés au total.

Cette même Saison ’79 vit par contre les Champions du Monde James HUNT et Niki LAUDA tirer un trait sous leurs carrières respectives même si pour LAUDA son retrait s’avéra provisoire par la suite…

 

Clay-REGAZZONI-Zandvoort-1979-avec la pub- Bin-Laden et ALBILAD ©-Manfred-GIET.

 

Cette 40ème édition du Championnat du Monde de F1, fut également l’année de fondation de la Fédération Internationale du Sport Automobile (FISA) qui sous la Présidence de Jean-Marie BALESTRE pris le relais de la défunte Commission Sportive Internationale (CSI).

À relever également que lors du GP de Hollande à Zandvoort, la WILLIAMS FW 07 de Clay REGAZ ZONI était bardée d’un sticker BAROOM BIN LADEN, membre de la Famille du tristement célèbre Oussama BEN LADEN qui a toujours revendiqué les Attentats du 11 septembre 2001 avant d’être capturé et exécuté par l’armée américaine en 2011 et dont le père sponsorisait l’Écurie WILLIAMS via sa chaîne hôtelière ALBILAD.

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency

 

 

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