C’est la deuxième boucle de cet Africa Race, longue mais sublime, j’ai écrit hier qu’Atar et Chinguetti sont des musts touristiques mondiaux et c’est là que va se dérouler cette boucle.
Comme prévu il y a eu de la casse la veille sur la première étape mauritanienne, carrément monstrueuse, mais de façon étonnante, le classement général n’a guère bougé.
Parce qu’à moto Botturi mène toujours de quelques minutes au général et couvre Ullevalseter qui lui sert se navigateur hors pair.
Parce qu’en auto, tout à fait en fin de parcours, les ensablements ont fait du vilain, Martin par exemple a été sorti de son trou de sable par le camion d’Essers, Strugo garde non seulement la tête mais il parvient à augmenter l’écart conséquent qui le sépare de ses adversaires principaux.
Alors voilà le programme de la journée
Le Menu du Jour en Carte
Le Menu du Jour en Profil
Le Menu du Jour en Chiffres
Jeudi 10 janvier 2019 : Étape 9
AMODJAR / AMODJAR : 482,82 km
Liaison : Amodjar / Oued Chinguetti : 38,73 km
Spéciale : Oued Chinguetti / Chinguetti : 374,37 km
Liaison : Chinguetti / Amodjar : 69,72 km
La Carte générale du Parcours, ce soir, Dakar se sera encore rapproché de 480 km.
Deux CP sont prévus au bord du Guelb el Richât ou encore l’Oeil de l’Afrique, une structure volcanique parfaitement ronde et bombée, elle date de 100 millions d’année, c’est colossal, 50 km de diamètre, structure qui s’est ensuite effondrée quand l’eau chaude qui l’a soulevée s’est infiltrée dans la roche.
C’est connu des scientifiques du monde entier et c’est visible dans l’espace.
MOTOS : JENSEN, UN OUTSIDER BAT TOUT LE MONDE
Dix heures cinq locales, la première moto, Botturi, est lancée deux minutes avant Ullevalseter qui cherche à lâcher son adversaire italien depuis le début du rallye, mais la Yamaha de Botturi s’accroche à la KTM parce que le Norvégien est navigateur hors pair.
À la grande époque de sa bagarre avec Rahier sur les vrais Paris Dakar africains, Hubert Auriol avait mis à la mode l’expression « Il me suce la roue arrière »…
C’est exactement ce que fait Botturi et ça marche, ce jour il va perdre deux minutes parce qu’il part deux minutes avant Ullevalseter, demain Ulle partira deux minutes avant et sera rejoint dès le début de la spéciale.
Guerre d’usure épuisante.
On part plein est au pied d’un massif gigantesque de dunes, le premier CP est dans l’oued Chinguetti très large qui coupe la ville en deux, au km 45.
Comme prévu, Ullevalsetter y a récupéré ses deux minutes de retard au départ mais bien sûr le troisième larron, Agazzi, passe en tête au chrono avec 45 secondes d’avance, il a suivi les traces des autres, les grosses difficultés de la journée sont plus loin, pour l’instant on roule à 140 km/h.
René Metge pense que c’est l’étape clé du Rallye, il est vrai que comme hier en fait, qui tire les marrons du feu aujourd’hui commence à mettre une sérieuse main sur cet Africa Race 2019…
Le prochain CP est au km 207.
Et là, on est vite dans les dunes, cela dit, je l’écris chaque jour, elles sont orientées NE/SW par les vents dominants et on les prend dans le bon sens ce qui n’empêche pas de devoir en sauter une de temps en temps, très costaud et si on loupe le saut, tu gravis la montagne de sable à pieds en poussant la meule…
Tout à leur bagarre à eux (ils ont deux heures d’avance et plus au général sur tous les autres) ils laissent les honneurs à d’autres pilotes, au km 102 c’est le Slovaque Benko Martin qui est en tête, devant Cipollone, un pilote qui roule largement derrière les leaders et profite de leurs traces.
Après, dans les grosses difficultés, les traces c’est bien mais ça ne suffit pas à savoir «sauter» une dune…
D’ailleurs on arrive dans une zone avec des dunes dans tous les sens, la vitesse reste raisonnable, 75 km/h…
Au km 147 Botturi et Ullevalseter sont cinq et six, ils s’en foutent je l’ai dit, ils ne se lâchent pas.
Martin, Jensen et Agazzi sont huit minutes devant.
L’approche du CP2 est particulièrement ardue, la vitesse tombe à 45 km/h, le saut de dune en dune est un enfer.
Beau coin mais inhospitalier sauf au dromadaire…
Je ne peux plus vous expliquer le moyen mnémotechnique pour différencier chameau (asiatique) et dromadaire (africain), c’est une question de bosses mais par les temps qui courent où la séduction, la drague et l’humour sont interdits à l’égard des femmes et ce sous menace permanente de taule? désolé, il vous faudra trouver tous seuls.
Avant le CP2, on vire de bord plein nord-ouest pour remonter sur le CP 2, on est au point le plus est du Rallye en Mauritanie, maintenant c’est tout droit vers Dakar…
Ce CP ne voit aucun changement, ni dans l’ordre, ni dans les écarts, ces garçons sont de véritables coucous suisses !
On a fait le plein au ravito, on longe les bords de l’Œil de l’Afrique (Guelb el Richât) vers le CP3, situé à Ouadane.
On est là sur un endroit unique au monde je l‘ai écrit, à 20 km de Ouadane, pour ceux qui veulent passer des vacances en faisant un voyage totalement hors du commun, entre le train de fer, les plages paradisiaques et cet Œil de l’Afrique, l’un des plus beaux déserts du monde, Chinguetti, ce sera vraiment le plus beau souvenir de votre vie…
Au CP2 (km 207) aucun changement dans l’ordre, à croire que les écarts sont tirés au cordeau…
Et l’on est groupé comme les régiments russes qui défilent à Moscou…
Pour arriver au CP 3 (km 271) il y a une superbe piste, gros gaz, bonheur non ? (150 km/h).
C’est Cipollone qui est en tête devant Jensen, devant Agazzi et les jumeaux Botturi et Ullevalseter, entre lesquels il ne passe pas une pièce de cent sous tellement ils se collent…
C’est le jour des outsiders mais au général, changement zéro.
Il reste cent km jusqu’à l’arrivée, que l’on débute assez vite, autour de 100 km/h, et ça continue, on est pressé de rentrer au « bivouac sweet bivouac »…
Km 320, toujours Cipollone (KTM) devant Jensen et Agazzi, pas de changement.
Mais à l’arrivée, les gros bras ont repris le dessus, Jensen gagne le scratch devant Agazzi, Ullevalseter et Botturi sont classés à deux minutes à la seconde près, ils sont donc arrivés ensemble !
Un peu grâce à un way point que lui a trouvé quand les autres se sont paumés mais c’est la règle et il a été très fort sur ce coup…
Entre eux, mais pas ensemble, s’est glissé Cipollone, lot de consolation…
Dernière minute… Les chronos ont recalculé un truc et le Français Patrice Carillon est second au Scratch de la spéciale.
On l’a su à 21 h 30, on rattrape le coup et bravo mec…
AUTOS : VICTOIRE DE DAVID DEVANT LE CAMION IVECO DE BOUWENS !
À partir de 11 h 25 «local time», on lâche les autos dans l’ordre de la spéciale la veille et de deux minutes en deux minutes.
Fromont, Gosselin, Strugo, puis le SSV Canam de Bruno Fretin qui a terminé quatrième au scratch la veille, puis vient l’énorme camion de Man d’Essers, un Belge propriétaire d’une compagnie de transport gigantesque, un peu comme le Hollandais De Rooy à la grande époque du Paris Dakar, avec un moteur gros comme ça et un cœur gros comme ça, en pleine spéciale, la veille, il a sorti Martin d’un très mauvais enlisement, dont on dit en jargon de pistard qu’il avait « le c… mangé par la dune et le nez dans la plume… » un truc dont on ne se sort pas tout seul…
En camions, baston énorme entre les Man d’Essers et Jacinto, qui se voient, ambiance charge de cavalerie…
Au km 102, les chronos alors taiseux daignent fonctionner, et ces sont les SSV qui mènent le train !
Pisson Ceccaldi était donc en tête au CP1, devant l’Optimus de Julien, le camion de Bouwens, l’Optimus de Gosselin, là, même en sachant que ces bijoux du désert ont des traces devant eux, c’est hallucinant encore que logique, la vitesse moyenne de ce début de spéciale n’est pas très élevée, et la maniabilité des SSV permet de ne pas prendre les pièges de face…
En Camions, Jacinto est deux minutes derrière Essers.
Au CP2 (km 207) c’est toujours le SSV de Pisson Caccaldi qui mène le train, devant l’Optimus de David Gerard (à trois minutes), le Tarek de Martin (à 7 minutes) l’Optimus de Gosselin (à 8 minutes) comme à moto, le Général (Strugo leader) ne change pas mais au Scratch, côté challengers, ça se bouscule !
En camions, Bouwens avec son Iveco, ne fait pas sans le détail, il colle trente et une minutes à Tomecek et trente six à Jacinto, quarante six à Essers, il y a de l’ensablement dans l’air, ou de la crevaison…
On est dans le sens traversier des dunes, pas facile pour les camions…
CP3, km 271, Gérard David est en tête, il semble que l’épopée SSV soit terminée, Gosselin est dix minutes derrière David, le buggy Optimus, battu la veille, reprend des couleurs, doublé en vue ?
Derrière, au km 320, à cinquante bornes de l’arrivée, l’hallali est en marche, Bouwens a quarante secondes d’avance sur Tomeck, mais quarante trois minutes d’avance sur Jacinto, qui s’est ensablée (oui je sais la Portugaise s’est ensablée…).
D’ailleurs, Bouwens réalise le plus gros coup de la journée, son camion est deuxième au scratch derrière Didi et devant Gosselin, il n’a rendu que deux minutes au buggy, c’est dire comment il a envoyé l’ami belge !
Jacinto est deuxième camion, au scratch en tous cas mais elle garde largement la tête au Général.
En autos, le maître est toujours Jean Pierre Strugo, dont l’Optimus MD a une heure vingt d’avance sur Martin et une heure trente sur David au Général.
Jean Louis BERNARDELLI
Photos : Alain ROSSIGNOL, Jorge CUNHA ET TOURISME MAURITANIEN