2018 à Paris : un été caniculaire, il va falloir aller vivre au Spitzberg pour être peinard de juin à septembre, puis un automne qui devient chantant, surtout quand il est encore chaud…
Puis certains jours c’est déjà l’hiver, d’autres sont au contraire souriants, c’était le moment absolu pour essayer ce casque, une très belle création de ‘Shoei’, une boîte qui fait dans le haut de gamme.
J’ai évoqué la canicule où l’envie de rouler en jet arrive vite, mais ce casque modulable Neotec II est également homologué en version jet, mentonnière ouverte, certes pour rouler en ville le petit jet est moins lourd mais l’avantage du modulable est que si la vitesse augmente, au lieu d’avoir les joues qui se creusent comme des huîtres (creuses ouaf !) on fait descendre la visière et l’on est à nouveau la tête dans un écrin, comme un bijou.
J’avoue que l’idée de me protéger la tête comme un bijou m’est venue toute seule, parce que cet essai révèle que c’est ça, dans ce casque, on est bien tout le temps. Et par tous les temps…
Paris en été est une ville merdique et tester un casque dans ces conditions pouvait être comme le mec qui dans « Les Sept Mercenaires » (blague de Mc Queen) se jetait tout nu contre les cactus géants et disait à ses infirmiers qu’il faisait ça juste pour voir ce que ça donnait…
Pourtant, même quand il fait chaud c’est bonheur…
VENTILATION GENRE CLIMATISEUR
Le Neotec II est donc homologué en mode ouvert, c’est-à-dire en jet… Grâce à un deuxième cran de relevage, on roule en mode jet en toute sécurité et en toute légalité…
Du coup, quand le cagnard tape, en ville, ou en voyage dans les endroits où l’on va ralentir (villages…) on peut relever la mentonnière et c’est bonheur.
Et pour ceux qui doivent rouler l’été, casque fermé, (donc pas dans Paris) ce Neotec II a un système de ventilation top, qui sera un grand réconfort durant les voyages que vous faites à moto.
Une entrée d’air sur le menton, une autre sur le haut du casque, réglable en plusieurs positions en plus, les deux sont faciles à manipuler avec des gants, l’évacuation forcée de l’air chaud se fait sur l’arrière du casque, une vraie clim en fait.
Autre option, la visière peut se fermer en laissant passer juste un filet d’air, totalement génial, quand il fait un poil chaud en tous cas il n’y a pas de circulation d’air intempestive devant les yeux.
Si l’on prend de la vitesse, ou si l’on passe dans un tunnel qui pue le diesel, on ferme ce petit cran et retour au mode écrin !
Dernière option, le génie même du modulable, quand il fait chaud, on roule mentonnière relevée et visière fumée devant les yeux histoire de ne pas prendre un caillou, une abeille ou un mégot jeté d’une auto (histoire vécue !). Oui mais alors quand le froid va vraiment tomber ?
On ferme tout, y compris les entrées d’air, et là c’est étanche, incroyablement étanche.
Oui mais alors la buée…
Pas de buée, le casque est vendu avec cette magie qu’est le Pinlock… On s’arrête donc au feu sans relever la visière.
Cela dit, un de mes amis me dit que ce casque est tellement étanche qu’en ville, si on s’arrête, au feu rouge par exemple, on a envie de le relever, même si la buée ne vient pas.
J’aurai donc découvert dans ma longue vie de motard que certains souffrent même de claustrophobie sous un casque !
Ici la fermeture de la visière est géniale, car où elle se bloque à fond et on peut plonger sous la mer façon Nautilus (et donc se prendre une averse meu meu sans la visite de la moindre goutte) ou bien il y a un tout petit cran qui laisse passer un filet d’air, un délice
Je l’ai déjà dit le coup du cran, mais c’est tellement génial qu’un bis repetita est un vœu de bonheur…
J’ajoute que quand on enfile ce casque, on est terriblement bien dedans, c’est confortable comme un vieux fauteuil anglais et bien entendu, tout l’intérieur est démontable et lavable…
Il pèse un peu lourd sur la balance, 1.650 grammes, mais il est très équilibré donc une fois sur la tête il ne se sent absolument pas.
LOOK RAVAGEUR
J’adore sa couleur, j’adore son style aérodynamique, j’adore son côté Samouraï, et si je déteste, esthétiquement parlant, les énormes spoilers (ailerons à l’arrière des casques) utilisés en GP j’aime bien l’ébauche de spoiler sur le Neotec II.
Il est beaucoup plus compact que son prédécesseur, moins massif, c’est un point important de son élégance esthétique.
De toute façon, chez Shoei ils ont toujours beaucoup bossé le look, et sur ce casque ils ne se sont pas loupés ! Et puis, un casque pour un motard, c’est comme le chapeau d’une élégante à Longchamp ou à Ascott, en plus ça lui sauve la vie mais il doit se séduire !
Ce casque Neotec II existe en plusieurs coloris, bleu, blanc, rouge, noir brillant ou mat, ensuite il y a les graphiques, très demandés paraît-il, les prix vont de 599 à 699 € mais on sait qu’il y a des tas de moyens de les payer moins cher.
J’ajoute, c’est mon côté midinette, que c’est la marque de casque de Marc Marquez et que ça donne une espèce de frisson, je sais c’est totalement con mais on peut l’être à tout âge !
ÉCRAN FUMÉ ET INSONORISATION
L’écran solaire intégré et relevable est une spécialité de la marque.
Les ingés ont réussi à l’intégrer sans diminuer l’épaisseur de coque, autrement dit c’est un élément de sécurité colossal car quand on se met une taule, on tape souvent au nouveau du front.
Shoei se plaît à préciser que chez les concurrents ce n’est pas toujours le cas, ils ont raison, l’écran c’est une invention de génie mais si ça fragilise le casque en cas de choc, mauvais plan !
Et c’est toujours aussi géant, ça se manœuvre du côté gauche avec un doigt ganté, facile à trouver, cet écran et le Pin Lock ont fait du vieux motard que je suis un motard heureux…
Le modèle précédent avait un inconvénient, il était assez mal insonorisé. Ecouter son moteur est un plaisir, mais au-delà de 90 km/h tout se transforme en vent et ça devient vite assourdissant.
Shoei a travaillé la question, en modifiant la visière, en ajoutant un système de déflecteurs qui réduisent les bruits désagréables, autour des joues et devant le menton, l’aérodynamisme qui rend ce casque si élégant est aussi un antibruit colossal.
Il y a aussi deux coussinets devant les oreilles, on ne les sent pas du tout, ça n’appuie pas ce qui serait désagréable mais ça atténue encore le bruit du vent.
C’est peut-être cet aspect du casque qui a rendu mon pote claustrophobe évoqué en début de reportage!
La coque est faite de cinq couches de fibres organiques et multi-composites, j’avoue ne pas m’être flanqué dans un platane exprès pour le tester, les tests d’homologation sont très stricts et très cruels pour les casques mis à la torture, bref en cas de pépin, le Neotec II sera un vrai protecteur.
La fermeture micrométrique est en acier, pas de risque de rupture.
VROUM !
Ce que j’ai ressenti en roulant avec ce casque, c’est qu’il était fait pour moi, sur mesure…
Qu’il avait tellement de fonctions, de l’étanchéité d’un sous marin à l’ouverture de la mentonnière à 90 degrés, de l’écran solaire intégré au Pin Lock, du mini cran d’ouverture pour laisser passer un filet d’air au système de ventilation assimilable à un climatiseur…
On pourrait dire qu’il existe mais ne se fait jamais sentir, c’est le bonheur, la banane du motard…
J’ai testé vite, pas à plus de 130 km/h, en France aucune route publique n’est autorisée au-delà de cette vitesse, je n’ai pas testé sur circuit où de toute façon le casque intégral est obligatoire.
La tête n’a pas la tremblote, j’ai tellement roulé dans des shakers d’autres marques que là encore je me sens le roi.
Le vent est présent bien sûr mais de façon naturelle, un peu comme quand on fait une pointe de vitesse à skis…
Décidément, le seul point un peu négatif est le poids mais encore une fois il est tellement bien équilibré que cela ne se sent pas.
Bref, j’aurais du l’essayer plus tôt, il a été présenté à Milan en 2017, mais l’attente est une vertu dit un proverbe chinois.
Ce qui est sûr c’est qu’une découverte, c’est unique… même si d’autres l’ont faite avant vous.
Les Pyramides du Caire, la Baie de Ha-Long, le Col de Tazazert, l’Arbre du Ténéré, le Canyon de Chelly (on prononce tchaïlle) d’autres les ont vus avant moi, et pourtant en y arrivant ça n’a été que pour ma pomme.
Ce casque, je me répète, est pour chacun un objet unique et ça c’est génial !
Bon, il faut sortir un peu de monnaie mais je me souviens de la pub des premiers casques Bell pour le cross « Si ta tête vaut dix dollars achètes un casque à dix dollars »…
Bon roulage, pour ceux qui n’aiment pas le bleu, il y a tout ce qu’il faut…
Tiens j’ai oublié un truc : pour ouvrir la mentonnière, il y a un bouton devant, hyper facile à trouver et à ouvrir, ça fait partie des petits riens qui font que chaque matin la vie est belle, parce qu’on s’en fout du temps qu’il fait…
Bon, encore une anecdote, lecteur si tu m’as suivi jusqu’ici, on peut rouler ensemble encore un peu.
Il y a quelques années, le très sérieux Journal anglais MCN, Motocycle News, canard qui faisait et fait toujours autorité, avait demandé un conseil de roulage à chacun de ses essayeurs.
Le plus ancien, le plus connu, le plus capé avait dit ceci : « Quand vous roulez sous la flotte et qu’il y a de la buée ou de l’eau qui s’infiltre dans le casque, vous pouvez avoir envie d’ouvrir la visière. Ne faites pas ça, parce qu’alors il y aura de l’eau sur la paroi interne de la visière, et là, vous serez carrément dans la m… »
J’avais trouvé ça génial puis est venu le Neotec, puis le Neotec II, qui font qu’en cas de pluie (et je m’en suis pris deux meu-meu durant le test), on garde tout fermé et c’est bonheur…
Jean Louis BERNARDELLI
Photos : Constructeur/Antoine B.