RONNIE PETERSON : 40 ANS DÉJÀ !

 

 

RONNIE PETERSON Ronnie en 1977 déçu par la Tyrell P34© Manfred GIET

 

 

En ce 11 septembre, celà fait 40 ans déjà que Ronnie PETERSON nous quittait.

« SUPER SWEDE » comme on le surnommait, faisait partie de cette race de seigneurs de la vitesse au don inné et qui en toute circonstance et peu importe la qualité du matériel, arrivait toujours à exprimer son talent.

Malheureusement, le grand blond, qui aurait 74 ans aujourd’hui, a été stoppé en pleine ascension vers la gloire lors du GP d’Italie, dans le temple de la vitesse qu’est Monza.

Originaire d’Örebro, ville Suédoise située 200 Km à l’ouest de Stockholm, ce nordique au caractère bien trempé … d’acier suédois, avait débuté par le Karting, les courses sur glace et le Rallye avant de s’orienter vers la monoplace en F3 d’abord et en F2 ensuite, tout en faisant un crochet par l’endurance avec des voitures de Tourisme et Sport-Protos.

Malgré du matériel rarement à la hauteur de son talent, l’espoir Suédois pointe cependant régulièrement sur les calepins des Team-managers d’écuries ou d’usines de pointe, à la recherche de la perle rare.

 


RONNIE PETERSON-March 761 en 1976-© Manfred GIET.

 

Recruté par Robin HERD chez MARCH en 1971 dans le Championnat de F2 Européen sur une 712 M, et en parallèle en F1 sur une MARCH 711,  il connaîtra une année faste, auréolé par un titre de Champion d’Europe F2 et aussi de vice-Champion du Monde F1 derrière Jackie STEWART avec 33 points récoltés.

Après une autre année chez MARCH, Ronnie connaîtra nettement moins de succès en 1972 sur la 721 G, se consolant avec deux victoires en F2 et en Endurance sur une FERRARI 312 PB aux 1000 Km de Buenos-Aires et du Nürburgring, associé à Tim SCHENKEN.

1973, pour Ronnie PETERSON ce fut l’épisode du ‘’Grand Blond à la Voiture Noire’’ lorsqu’il rejoignit le Team LOTUS JPS de Colin CHAPMAN, qui l’avait sur son radar depuis un moment!

Sur la très efficace LOTUS 72, Ronnie récolte ses premiers lauriers dans la catégorie reine en remportant les GP de France, d’Autriche, d’Italie et des Etats-Unis poussant son équipier Emerson FITTIPALDI, dans ses derniers retranchements pour échouer comme son dauphin pour le titre mondial des Conducteurs à quelques seulement… trois petits points!

Malgré trois nouvelles victoires à Monaco, en France et en Italie, sa saison 1974 sera moins bonne et 1975, sur la vieillissante LOTUS 72 E, sera du même tonneau, sans toutefois monter sur le moindre podium.

Déçu, Peterson s’en retourne chez MARCH en 1976, où mis à part une victoire à Monza au GP d’Italie, les contre-performances se succédèrent.

 


PETERSON Ronnie Tyrell P34 1976-© Manfred GIET.

 

C’est alors que ‘’L’Oncle Ken’’ TYRELL, grand dénicheur de talents, lui proposa en 1977, un volant sur la surprenante P34 à 6 roues, aux côtés de  Patrick DEPAILLER, mais pour laquelle le manufacturier unique GOODYEAR, ne se sentait pas concerné pour développer de nouvelles enveloppes pour les 4 petites roues avant dont TYRELL était le seul utilisateur.

Au grand dam de PETERSON, l’effet fut tel que la TYRELL P34 6 roues de 1977, n’avait plus rien à voir avec la P34 de 1976, qui à Anderstorp au GP de Suède, avait signé un doublé historique grâce à la paire Jody SCHECKTER-Patrick DEPAILLER.

 

PETERSON Ronnie-Lotus JPS 78 en 1978(3)-© Manfred GIET.

 

Le moral dans les chaussettes, Ronnie accepta l’appel du pied de la part de Colin CHAPMAN qui vola à son secours, en l’engageant à nouveau pour la saison 1978 aux côtés de Mario ANDRETTI, dont l’objectif était de conquérir le titre sur la nouvelle LOTUS 79 à effet de sol.

Toutefois son engagement était conditionné au rôle de … ‘lieutenant’ en tant que pilote N°2, qu’il assuma tout au long de la saison, en contribuant à quatre reprises à des doublés LOTUS et à Kyalami au GP d’Afrique du Sud, il profitera des ennuis techniques d’Andretti pour aller cueillir les lauriers, une opération qu’il renouvellera au GP d’Autriche sur une piste rendue délicate par une averse de pluie.

 


PETERSON Ronnie-Lotus JPS 79 en 1978(2)-© Manfred GIET.

 

Avec ce 10ème succès en F1 ,PETERSON se retrouvait sur les basques d’ANDRETTI, au classement du Championnat du Monde, ce qui dérangeait fortement l’américain, et ce qui poussa Ronnie PETERSON, prêt à jouer sa propre carte, à annoncer son départ chez Mc LAREN l’année suivante, une situation qui coupa littéralement l’herbe sous le pied à CHAPMAN!

 


PETERSON Ronnie-Lotus JPS 79 en 1978 © Manfred GIET.

ENCHAÎNEMENT DE  CIRCONSTANCES QUI VIRÈRENT AU DRAME  

 

Au GP d’Italie à Monza, à trois GP du terme de cette saison 78, ANDRETTI menait au classement avec 12 points d’avance sur son équipier mais devenu néanmoins rival Suédois, pour qui ce GP ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices.

Dès les essais, tout semblait en effet s’aligner contre lui : ennuis de freins l’obligeant à se rabattre sur l’ancienne LOTUS 78, en attendant de la récupérer le samedi.

Si son rival ANDRETTI décroche la Pole, PETERSON ne parvint pas à faire mieux que le 5ème temps, soit une place sur la troisième ligne au départ.

Nouveau coup du sort le dimanche matin lors du warm-up, suite à un grave problème de freins, Ronnie sort violemment et détruit la LOTUS 79!

Il demande alors à Colin CHAPMAN de pouvoir disposer du mulet destiné à ANDRETTI, ce qui lui fut refusé!

Chapman invoquant son annonce de départ chez Mc LAREN pour 1979, l’obligeant à s’élancer au départ sur la vieillotte LOTUS 78, monoplace à la mise au point précaire.

En ce dimanche 11 septembre 1978 à 15 H 30, lors du tour de chauffe, le Grand Blond, n’avait qu’un seul objectif, celui de grappiller directement quelques places dès le signal de départ.

Et c’est là que tout s’enchaîna, suite à un concours de circonstances pour le moins hallucinantes…

 

RONNIE-PETERSON-accident-GP-ITALIE-MONZA-10-Sept-1978

 

La première ligne composée de Mario ANDRETTI et de Gilles VILLEVEUVE est la seule à l’arrêt au sortir de la Parabolica, suivent les voitures des deuxième et troisième lignes en roue libre, alors que le Starter Giovanni RESTELLI, lâche la meute dont les dernières lignes sont déjà en pleine accélération, lorsque l’effroyable se produisit au début du goulot avant la première chicane sous forme d’une espèce de Tsunami à roulettes.

Dans le chaos le plus total, plusieurs monoplaces dans les premiers rangs avaient raté leur envol, suite à la réaction impromptue du Starter qui n’avait pas attendu l’arrêt complet des 26 voitures admises au départ.

Touché à l’arrière par James HUNT, lui-même accroché par Riccardo PATRESE, la LOTUS 78 de Ronnie PETERSON, gavée de carburant, prit immédiatement feu, tandis qu’au milieu du brasier déclenché par la LOTUS du malheureux Suédois, pas moins de dix voitures se percutaient, entraînant un arrêt de course pour dégager les plus atteints, les infortunés Ronnie PETERSON et Vittorio BRAMBILLA, touché lui par une roue baladeuse.

Si PETERSON fut évacué conscient avec les jambes fracturées, BRAMBILLA par contre était inconscient victime d’un traumatisme crânien.

Hospitalisé dans une clinique Milanaise, le Suédois fut encore opéré en soirée pour réduire ses fractures aux jambes et avant de passer dans le bloc opératoire, il insista auprès du chirurgien orthopédiste de faire le maximum pour qu’il soit rétabli pour le GP de Watkins Glen qui avait lieu trois semaines plus tard!

Malheureusement durant la nuit et alors que l’opération s’était bien déroulée, il fut emporté par une embolie graisseuse.

Ainsi disparaissait à 33 ans et en pleine fleur de l’âge, un des plus grands talents qu’a connu la F1 et qui restera dans les annales, au même titre que Sterling MOSS, François CEVERT, Gilles VILLENEUVE, Bruce MC LAREN, Dan GUERNEY, Tony BROOKS, Carlos REUTEMANN, Jackie ICKX, ou plus récemment David COULTHARD et Rubens BARRICHELLO, comme immense Champion mais … sans couronne mondiale.

 

 Manfred GIET

Photos: Publiracing Agency

 

Glorieux Anciens Nécrologie