CLAP DE FIN AUX HUIT HEURES DE SUZUKA EN MONDIAL D’ENDURANCE MOTO

 

 

Clap de fin aux 8 heures de Suzuka ce week-end au lointain Japon en mondial d’endurance moto.

La grande saison d’endurance 2017-2018 va se terminer en apothéose avec la course prestigieuse des 8 heures de Suzuka, courue ce 29 juillet.

Suzuka-Pit-Walk-©-Photo-Michel-Picard-

Une course très particulière

 

Tous les éléments sont effectivement réunis chaque année pour faire de cette épreuve, la course phare de la saison.

En premier lieu, le titre mondial sera particulièrement disputé avec un duel au couteau entre la Honda N°5 du Team F.C.C TSR Honda France managée par Masakazu Fujii qui arrive sur ses terres à Suzuka, avec une avance de dix points au classement sur l’équipe du Yamaha GMT 94, Championne du monde en titre et bien décidée à conserver sa couronne.

 

MOTO-ENDURANCE-2018-Tout-pour-le-titre-pour-le-GMT-YAMAHA

 

Les deux équipess tiennent à peu près le même discours.

Pour Honda, le manager déclarait récemment:

« Cette saison, notre objectif était clair. Notre priorité est de remporter le Championnat du monde. Bien sûr, si nous sommes en position de gagner à Suzuka, nous tenterons de concrétiser mais la priorité reste le titre mondial. Le circuit de Suzuka est notre jardin. Notre usine est seulement à 500 m du circuit. Nous n’avons donc jamais envie de perdre la course à Suzuka. Pour décrocher le titre de Champion du monde FIM EWC, nous devons terminer devant le GMT94, ce sera notre priorité. Mais on s’engage toujours sur une course d’Endurance pour gagner. Nous ferons donc tout pour terminer à la meilleure place possible à l’arrivée. »

Christophe Guyot, le patron du GMT 94, quant à lui, très sobrement résumait ainsi l’objectif de cette course:

« Nous donnerons tout pour tenter de décrocher un 4ème titre mondial.»

Par ailleurs et c’est une nouveauté, cette épreuve disputée en fin de Championnat, se trouve valorisée au niveau de l’attribution des points avec un coefficient multiplicateur de 1,5 par rapport aux autres courses de 8 heures.

Enfin et ça n’est pas rien, cette course au Japon voit pour la seule fois de l’année s’aligner un certain nombre de machines « factory » engagées seulement à Suzuka et confiées à des pilotes locaux, très incisifs et déterminés pour damer le pion aux équipages régulièrement alignés en Championnat du Monde.

Toutes les marques Japonaises sont représentées et les temps réalisés aux essais repoussent à deux secondes au tour, les motos régulièrement alignées en Mondial!

De fait, l’épreuve est tellement spécifique que les équipes Européennes n’hésitent pas à se rendre au Japon une quinzaine de jours avant la course pour se mettre dans le rythme d’une course très particulière.

 


Suzuka  Vincent-Philippe-SERT-©-Photo-Michel-Picard-

 

A son retour, après trois jours de roulage là-bas, et avant de prendre quelques jours de vacances familiales, Vincent Philippe pilote de la Suzuki N°2 du SERT, nous confiait:

« Nous avons réalisé des essais mitigés avec des chronos corrects par moment mais loin des équipes japonaises. Il est toujours difficile de rivaliser avec elles , à cause de la chaleur extrême sur un circuit que les Nippons connaissent sur le bout des doigts et où les pneumatiques jouent un rôle primordial. Nous avons travaillé sur tous les paramètres pour pouvoir disposer d’une moto plus sûre la semaine de la course, malgré les conditions défavorables. »

Les Japonais attendent les Européens de pied ferme


Équipage-Yamaha-N°21-Suzuka-2018

 

A Suzuka donc, bien que la course soit partie intégrante du Championnat du monde, il faudra considérer d’une part, la course des Teams Européens en lice pour le titre ou, à tout le moins un classement honorable et de l’autre côté, les équipes Japonaises.

Les neuf équipes concourant régulièrement au Championnat Mondial, ne bousculeront pas la composition de leurs équipages pour cette occasion, sauf sur la Honda Racing N°111 (actuellement 3ème au Championnat) où il faudra remplacé Gregory blessé au dos et indisponible pour l’occasion.

On pourrait parier que les gens du Yart et sa Yamaha N°7 tenteront l’exploit de viser la victoire avec leur machine d’usine, même si l’on peut penser, que les derniers développements mécaniques sont malgré tout réservés aux Yamaha locales avec en pointe la N°21, dévolue aux pilotes internationaux KatsuyukiNakasuga (Japon) Alex Lowes (GB) et Michael van der Mark (Hollande).

 


Equipe-Yamaha-Factory-Tests-Suzuka-2018

 

Lors de la deuxième journée de tests préliminaires, on a assisté à vraie une guerre psychologique par chrono interposé, lancée entre les équipes officielles Japonaises.

Yamaha Factory Racing Team a réaffirmé sa position de leader en 2’06’’273. La meilleure réplique (2’06’’838) a été donnée par le Kawasaki Team Green avec Kazuma Watanabe, Leon Haslam et Jonathan Rea devant le Honda HRC (2’07’’500). L’équipe de l’usine Honda doit pourtant faire face au forfait de Leon Camier.

Suite à sa chute lors de ces tests, les examens ont révélés des blessures au dos pour le pilote anglais. Le HRC doit chercher un nouveau coéquipier pour Takumi Takahashi et Takaaki Nakagami, mais chez Honda, on dispose d’une bonne réserve de talents et c’est Patrick Jacobsen qui a été recruté pour devenir partenaire de Takumi Takahashi et Takaaki Nakagami sur la Honda N° 33.

Yoshimura Suzuki Motul Racing se place dans le quarté de tête avec Sylvain Guintoli, Takuya Tsuda et Bradley Ray réalisant un meilleur tour en 2’07’’838 devant le Honda Suzuka Racing Team en 2’07’’924 et le S-Pulse Dream Racing (Suzuki) en 2’07’’973, deux teams animateurs habituels de l’épreuve.

 

8 Heures de Suzuka-2018-Randy-De-Puniet-engagé-Honda-usine-N°634

 

On sera un peu étonné de voir Randy de Puniet intégrer le team Musashi RT HARC-PRO.Honda, il faut dire que l’équipe Kawasaki de Gilles Stafler, ne disposant pas de budget pour aller au Japon, c’est l’usine même qui a engagé une Kawa sous le N°11, laissant une pointure comme De Puniet, libre de chercher un bon guidon avec donc celui de la Honda 634!

De Puniet sera aux côtés de Dominique Aegerter, pilote Moto2, et de Ryo Mizuno, pilote de la JSB1000.

TROIS YAMAHA EN ROUGE…

MOTO-ENDURANCE-2018-SUZUKA-Yamaha-Factory-N°21-Yart-N°7-Gmt-N°94-S

 

Pour renforcer cette idée que cette course de Suzuka ne ressemble à aucune autre du Championnat, il suffit de regarder la présentation inhabituelle des trois Yamaha, la N°21 usine à part entière, la N°7 du Yart directement soutenue par l’usine et la N° 94 représentant Yamaha France.

Les trois machines sont alignées… sous une livrée rouge, alors qu’en Championnat, c’est bien le bleu qui est à l’honneur.

 


Di-Meglio- Yamaha-GMT-N°94-Tests-Suzuka-2018

 

Notons à ce propos, que le GMT94 disputera au Japon sa dernière course dans le cadre du Championnat du monde d’endurance ? pour se consacrer la saison prochaine au Supersport mondial.

Partir avec un titre de Champion du monde prendrait-on s’en doute- une saveur toute particulière… pour Christophe Guyot et les siens!

Par ailleurs, les nombreuses motos Super Stock animatrices des pelotons auxquels nous sommes habitués au Bol d’Or, aux 24 heures ou encore à Oschersleben ou en Slovaquie, ne sont pas admises dans le cadre du Championnat, aux 8 Heures de Suzuka , (toutefois, 11 sont engagées à titre local) et laissent donc la place à bataillon de 43 motos, dont tous les managers rêvent de dominer les dix autres motos engagées régulièrement en championnat du monde.

L’équation finale de cette course de clôture du Championnat pourrait se résumer de la manière suivante.

Dans un pays où l’honneur tient une grande place, il serait fort apprécié que la victoire n’échappe pas à une moto d’usine, si possible avec un équipage japonais.

Après cela, le bras de fer sera total entre la Honda N° 5 et la Yamaha N°94, pour décrocher le titre mondial tant convoité par Honda, il faut bien le dire.

Ensuite, ne nous y trompons pas, Suzuki avec le SERT et BMW avec le Mercury Racing et NRT48, voudront démontrer qu’il faut encore compter avec eux, notamment en vue du prochain Championnat du monde, qui ne l’oublions pas, reprendra ses droits les 15 et 16 septembre prochains.

 


Tests-ravitaillements-Yamaha-Factory-Suzuka-2018.j

 

Avant cette redistribution des cartes 2018-2019, ce sera donc la grande explication sur le circuit de Suzuka (propriété du constructeur Honda !), où la chaleur et l’humidité mettront les organismes des pilotes Européens à rude épreuve et où -une fois de plus- les pneumatiques joueront un rôle capital.

En effet, lors des premiers essais de pré-course, les neuf meilleurs temps ont été réalisés par des motoséquipées en Bridgestone. Les Teams chaussés par Dunlop ou Pirelli, peuvent croiser les doigts pour inverser cette tendance lourde que les éléments météorologiques pourraient malgré tout contrarier.

Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ces 8 heures de Suzuka une course explosive, avec beaucoup de déchets.

Plus que jamais la vertu cardinale de l’endurance, à savoir « rester sur ses roues » devrait être appliquée par les vieux renards de la discipline.

 

Alain MONNOT

Photos : Michel PICARD et YAMAHA

 

FIM EWC Moto