‘ROAD TO LE MANS’. ARNOLD ET MAXIME ROBIN. FRÈRES, COÉQUIPIERS ET… RIVAUX ?

 

 

 

Arnold et Maxime Robin, frères, coéquipier et… rivaux ?

Vas savoir Charles…

Depuis des années, Arnold Robin, écumait les circuits de Funcup, souvent comme pilote avec un talent certain, parfois comme mécanicien pour aider au sein de Zosh, la structure de Jean René Defournoux.

Pendant ce temps-là, son petit frère, Maxime, (15 ans de différence tout de même) quittait la voiture à pédale pour passer au Kart. En quelques saisons il est devenu une des stars de la région du Mans et a participé plusieurs fois aux 24 heures du Mans Karting, suivant la voie de son père Didier, vainqueur une fois de l’épreuve… au siècle dernier!

 

Funcup 8 Heures du Castellet 2017 – Brillante aux essais, la 275 Zosh de la famille Robin – Photo Daniel Nauly.

 

Une fois « le petit » capable de rouler dans une voiture, deux ans durant, Didier, Arnold et Maxime se sont engagés dans le Championnat de France Funcup, toujours au sein de Zosh Compétition, managé par Jean René Defournoux.

Le jeune Maxime courrait alors avec une dérogation, n’ayant ni 18 ans ni le permis de conduire. Avec un certain succès puisque pas moins de trois victoires et plusieurs podiums, ont jalonné leurs participations.

Sans oublier un superbe podium lors de la Coupe d’Europe de la spécialité, les 25 heures de Spa 2016.

Mais l’horizon Funcup devenait trop petit pour Maxime qui vise une vraie carrière en sport automobile. Et après de multiples tests et examens de personnalité, il était incorporé à la structure SO24 début 2018.

Aussi Didier Robin décidait de lancer aussi Arnold en VdeV cette année, sur une autre voiture. Les protos CN, disparaissant, remplacé par les LMP3, une réorganisation complète des engagements était nécessaire, et finalement les deux frangins se retrouve sur la même LMP3, une Norma, sous le N°72 (La Sarthe), et coachés par un habitué  des 24 Heures, Vincent Capillaire dont on connait bien le talent de pédagogie.

 

VdeV-2018-PAUL-RICARD-La-NORMA-M-30-N°72-TFT-Photo-Maurice-CAMUS

 

Un premier podium au Castellet est déjà venu récompenser les efforts du début de saison.

Et cerise sur le gâteau, la voiture a été sectionnée pour participer au Road to Le Mans, double épreuve en lever de rideau des 24 heures du Mans sur le grand circuit, avec une première course le jeudi soir et une deuxième le samedi matin, avant la grande course des 24 Heures.

Si Arnold avait déjà pratiqué le circuit des 24 heures, lors des « Le Mans Classic », notamment sur une Lister Jaguar, Maxime ne le connait… qu’en scooter!

Et comme Vincent Capillaire est également occupé par sa propre participation aux 24 Heures, le très expérimenté Alain Ferté, est venu au secours des frères Robin pour les coacher sur cette course

 

ROAD-TO-LE-MANS-2018- Arnold ROBIN

INTERVIEW CROISÉ…

 

Pour commencer, coéquipiers, frères ou rivaux ?

AR (Arnold Robin): pas rivaux du tout…

MR (Maxime Robin) : coéquipier, mais avec la motivation d’être plus vite que son frère…

AR, En attendant, aujourd’hui je serai le plus rapide…

 

ROAD-TO-LE-MANS-2018- Maxime ROBIN

 

Quels parcours pour arriver à Road to Le Mans ?

MR : Karting depuis l’âge de 8 ans, trois ans de Funcup et un an de Mitjet 2l…

AR : Funcup au coup par coup depuis 2005, saison 2006 en entier, puis les trois saisons avec Maxime et Papa. Mais j’ai commencé la Funcup plus vieux que Maxime aujourd’hui! A l’origine je faisais plutôt du parcours complet en équitation.

Comment est arrivée cette opportunité pour Road To Le Mans ?

MR : j’ai été retenu par SO24, dont l’ambition est de porter des pilotes manceaux vers l’endurance. On devait faire que du VdeV à l’origine, puis on a parlé de Road to Le Mans, ce qui a plu à tout le monde !

AR : Sur ce coup-là je suis plutôt suiveur. Il n’y avait pas de place pour moi à l’origine et je souhaitais être dans la même équipe que Max sur la deuxième voiture de TFT. L’arrêt de la catégorie CN en VdeV, a débloqué ma participation sur la même LMP3…

Quelle organisation autour de cette voiture ?

MR : La voiture qui porte cette année le N° 72, est l’ancienne N° 3 dont disposait Alain Ferté. Nous sommes coachés par Vincent Capillaire, et Paul Rivière est notre ingénieur de piste. Avec ceux-là, nous allons bien progresser.

AR : Je n’ai pas fait de monoplace, et peu de proto. Il y a énormément de choses à apprendre et le chemin est très long, surtout dans tout l’environnement de la voiture elle-même. Ce sont des voitures qui ressemblent à des LMP2, dans lesquelles il y a beaucoup de paramètres à gérer : pneu, environnement piste, consommation à transmettre plusieurs fois par radio en cours de relais… Il faut savoir donner des retours synthétiques pour améliorer l’ensemble.

Vous avez je crois de longs briefings….

MR : Oui de très longs briefing, dans lesquels nous essayons de faire progresser la voiture et les pilotes : analyses des vidéos, des données, comparaison en coéquipiers et avec les autres voitures

AR : Ils sont longs, très longs parce que l’on encore beaucoup de choses à apprendre auxquelles nous n’avons jamais été confrontés en Funcup ou en Mitjet…

Quelle préparation, ce Road to Le Mans ?

AR : Il s’agit essentiellement d’une prise d’expérience sur le grand circuit. Il est long, et nous remontons des informations en permanence à la radio durant chaque tour. Il faut bien connaitre le plan du circuit et les numéros des virages, car on parle par numéro et non par nom comme Tertre Rouge, Mulsanne, ou Indianapolis…Pour le moment on parle en Français, mais bientôt il va falloir parler la langue internationale, l’anglais…

MR (mimique expressive) : Oh m…, va encore falloir travailler l’anglais!!!! Plus sérieusement, rouler sur le grand circuit, ce sera dingue. Il va falloir encore mieux gérer la pression…

AR (farceur) Tu te mets la pression ou tu veux…. Pour moi, il ne faut pas que cela devienne un boulot…

MR : Mais si… pourquoi pas

Un objectif de suivre les traces de Laurent Thomas (vainqueur d l’édition 2016 du Road to Le Mans, deuxième des 24 h en 2017 et membre du Team Rebellion en LMP1 cette année) ?

AR (ayant dépassé la trentaine) : pas pour moi en tout cas

MR (à peine 19 ans) : Laurent est sans doute un pilote unique. Mais aujourd’hui les jeunes considèrent l’endurance comme une grande porte du sport automobile. Une vraie carrière y est possible. Alors….

Quelle différence entre une LPM3 et une Funcup ?

AR (regardant Maxime) : un moteur central ?

MR (en regardant Arnold) : quatre roues et un volant ?

Ensemble en riant : bref ça n’a rien à voir, tout est différent….

AR : Mais les Funcup sont de très bonnes voitures, très équilibrées, une bien meilleur école que les tractions AV.

MR : Le châssis est tellement plus rigide en LMP3 (coque carbone contre châssis tubulaire, forcément NDLR), l’aéro avec l’effet de sol…

AR : Et un moteur très puissant (540 ch contre 175, excusez du peu, NDLR)

MR : Mais c’est globalement très lourd avec tellement de paramètres à prendre en compte. Et quand ça commence à partir, la voiture n’est pas rattrapable…

AR : la température des pneumatiques est fondamentale. Et le pilotage limite de lui-même la durée de vie des pneus. Avec 2 trains par course de 4 h il faut vraiment faire attention…

MR : il y a aussi la catégorisation des pilotes (bronze, argent) qui fixe le temps en piste des différents pilotes de la voiture et qui impose des pénalités obligatoires (drive through) aux pilotes silver. C’est réellement plus complexe et pour bien tout maitriser cela prend du temps….

Il ne reste plus qu’à surveiller les deux frères dans les deux manches de ce Road to Le Mans 2018.

Et observer aussi Maxime dans les années à venir…

Il pourrait avoir une belle carrière.

 

Daniel NAULY

Photos : Daniel NAULY

 

VdeV-2018- PAUL RICARD-LMP3- La N°72 des fréres ROBIN

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