Une course de vitesse… pendant 8 heures ou presque
Cette quatrième épreuve du championnat du monde s’annonçait explosive, elle le fut effectivement notamment lors de la première heure de course, où les pilotes remontés comme des pendules donnaient l’impression de disputer un Grand Prix.
De cette meute en furie, se détachaient deux teigneux enragés, à savoir Gregg Black sur la Suzuki N°2 et Kenny Foray sur la BMW N°48. Comme pour mieux pimenter la sauce, deux Safety-Car étaient lancés, l’un suite à l’accident entre la Kawasaki N°3 d’AM Moto Racing et la Suzuki N° 50 du Team April Motors Events, l’autre pour un début d’incendie de chaumes.
A chaque relance on assistait à un nouveau bras de fer entre Gregg et Kenny observé par un Randy de Puniet Kawasaki N°11, toujours aux avant-postes avec dans sa roue tous les ténors du championnat bien groupés, souvent dans l’ordre suivant : Honda N°5, Yamaha N°84, Yamaha N°7 et Honda N°111. Avant de plonger vers les stands pour ravitailler, on vit K. Foray et Gregg Black se toucher gentiment si l’on peut dire, comme en s’amusant.
Comme à l’habitude la Honda N°111 rentrait ‘au puits’, 5 tours plus tard que la BMW N°48, cela pouvant servir d’atout majeur sur 8 heures de course.
Car ce rythme effréné ne devait pas nous faire oublier que nous suivions une course d’endurance et qu’un ravitaillement en moins rapporte en gros 40 secondes, qu’i est souvent hasardeux d’aller chercher sur la piste.
Vincent Philippe, le plus titré des pilotes en endurance avec dix couronnes mondiales, qui a relayé un Gregg Black étincelant, sent sa roue arrière se dérober et se trouve au tapis sans trop comprendre ce qui lui arrive (sauf à penser que le pneu est pour le moins en cause). Nouvelle galère donc pour le SERT qui repart en 31 ème position avec… 8 tours de retard !
Le GMT 94 en tête mais pénalisé
Pendant ce temps-là, presque insensiblement mais de manière implacable la Yamaha N°94, avec Niccolo Canepa d’abord, puis relayé par David Checa met et garde la main sur la tête de la course devant la Honda N° 5 et la Yamaha N°7. Les écarts sont faibles et derrière, la BMW N°48, la Kawasaki N°11 et la Honda N°111, roulent légèrement un ton en dessous. Ils devancent d’assez peu les trois teams engagés en Superstock qui réalisent -eux aussi- une course pleine d’agressivité. La Yamaha N°96 de Moto Ain, la Suzuki N°72 du Lycée Le Mans Sud et la Kawasaki N°4 du team Tati-Beaujolais Racing, se marquent à la culotte et entendent bien tirer leur épingle du jeu en vue de l’obtention de la Coupe du monde, attribuée à la fin de cette épreuve, la quatrième et dernière course de la saison pour cette catégorie.
La marche en avant de la Yamaha N°94 est brisée dans son élan par un Stop and Go, pénalité infligée … à cause des phares restés allumés durant un ravitaillement !
A la mi-course, on trouve alors dans l’ordre la Honda N°5, la Yamaha N°7, la BMW N° 48, la Kawasaki N° 11 et la Yamaha N° 94. Toutes ces équipes ont bouclé 154 tours et 3 arrêts ravitaillement. Leur rythme ne varie guère avec des temps au tour proches des 1’28’’. On semble noter que les deux machines de tête utilisant des Bridgestone sont plus à l’aise que leurs concurrents en Dunlop ou Pirelli.
La Honda N° 5 se place en tête
Quand Marwin Fritz chute et que sa Yamaha N°7 du Yart s’enflamme, il laisse le champ libre pour la victoire aux deux prétendants au titre de Champion du monde. Dans cette perspective, sans doute anticipée par le manager du team Honda France FCC TSR, il convient de noter qu’Alan Techer ne prend aucun relais pour cette course, laissant Freddy Foray et Josh Hook assumer la responsabilité de ne jamais baisser la cadence.
Avec une avance de 43 secondes sur la Yamaha N°94, il est certain que l’équation est délicate, tout autant sur la piste qu’à l’occasion des ravitaillements qui comportent toujours un risque de laisser filer quelques précieuses secondes.
N’oublions pas que les deux grands rivaux pour la couronne mondiale, cette Honda N° 5 et Yamaha N°94 pourraient bien être perturbés dans leur quête de très gros points par la Kawasaki N°11, très véloce et avec des pilotes assoiffés de revanche, après les déconvenues amères de la saison.
Un peu avant la sixième heure de course Freddy Foray au guidon de la Honda N°5 ayant assuré un relais très incisif avait tenu la Yamaha N°94 à 1 tour. Le ravitaillement de la Honda de tête effectué, J. Hook repartait avec seulement 21 secondes d’avance sur un David Checa qui n’entendait pas s’en laisser conter, on s’en doute !
Allait-on assister à une guerre d’usure ?
Un peu comme souvent dans les courses d’endurance, si les premières heures se déroulent dans une atmosphère de folie aboutissant à une certaine décantation des prétendants au podium, on s’achemine ensuite vers un rythme soutenu mais auquel les pilotes ont pu s’habituer. Alors on bascule dans la stratégie relative aux ravitaillements, aux changements de pilotes, au choix de pneus en fonction de la température qui baisse fortement en soirée. C’est bien ainsi que les choses se sont passées à Oschersleben, où la Honda de tête a semblé parfaitement contrôler la situation avec calme et maitrise.
Pourtant le grand calme n’aura pas vraiment été de mise jusqu’à la fin de la course. En effet, on assista à une chute violente de Grégory Leblanc qui déclencha une nouvelle fois le Safety Car.
Pendant ce temps-là, on a dû pas mal cogiter chez Kawasaki pour savoir comment au Restart on pourrait prendre l’avantage sur Di Meglio, qui occupait la seconde place derrière un Freddy Foray, roulant en tête sur la Honda N°5, avec un tour d’avance.
Quand la voiture de sécurité s’efface, De Puniet pousse, pousse très fort et avec son style incisif et heurté et saute la Yamaha N°94. C’était sans compter sur la réaction d’orgueil et de calcul (en vue du championnat) de Mickael Di Meglio, qui tente dans le dernier tour de reprendre sa seconde place et chute, endommageant sérieusement l’arrière de sa belle Yamaha.
Qu’importe les commissaires qui lui recommandent de rester planté dans les graviers, il réenfourche la Yamaha endommagée et repart pour passer la ligne d’arrivée en troisième position, sauvegardant toutes les chances du team de se battre pour le titre de Champion à Suzuka, où la course sera valorisée par un coefficient de 1,5 pour les points marqués.
Pendant ce temps-là, la Honda N° 111 avait été prestement remontée et pouvait passer la ligne d’arrivée et être classée.
On ne peut que se réjouir de constater combien l’endurance moto est bien vivante, grâce à un engagement très fort des usines. Honda vient, cette année, rebattre fortement les cartes et l’organisation exemplaire, la qualité du matériel, la sobriété de la consommation et le talent des pilotes de cette Honda N°5 vont sans doute poser problème au GMT 94 pour conserver sa couronne.
Suzuki en ayant terminé avec ses problèmes récurrents de freins devrait, comme Kawasaki l’a fait en Allemagne retrouver sa place vers les sommets comme nous l’avait laissé entrevoir un Gregg Black flamboyant. La course au Japon devrait marquer la rédemption de cette équipe prestigieuse mais accablée.
La lutte ne fut pas moins valeureuse en Superstock avec de belles passes d’armes entre Moto Ain et le Junior Team Suzuki Le Mans Sud, le titre de Coupe du Monde, revenant Au Tati Team Beaujolais Racing.
En tout cas, le Championnat du monde catégorie EWC, se jouera au lointain Japon en juillet et avec la concurrence locale, il faudra jouer des coudes pour marquer les points décisifs déterminants pour coiffer la couronne.
Alain MONNOT
Photos : Michel PICART et TEAMS
LE CLASSEMENT DES 8 HEURES D’OSCHERSLEBEN
1- Honda-FCC #5, 312 Tours
2- Kawasaki SRC #11, à 48″355
3- Yamaha GMT94 #94, à 1’53″067
4- BMW NRT48 #48 à 1Tour
5- Yamaha Maco #14 à 5Tours
6- Yamaha Moto Ain #96 à 6Tours et 1er en SST
7- Suzuki Junior Team #72 à 7Tours et 2ème en SST
8- Kawasaki Tati Team #4 à 7Tours et 3ème en SST
9- Suzuki No Limit #44 à 7Tours et 4ème en SST
10- Suzuki SERT #2 à 8Tours
LE CLASSEMENT PROVISOIRE DU CHAMPIONNAT AVANT SUZUKA
1- Honda FCC #5 : 146 points
2- Yamaha GMT94 : 136 pts
3- Honda HER #111 : 109 pts
4- BMW Penz13 : 81 pts
5- BMW Mercury #21 : 70 pts
6- BMW NRT48 : 68 pts
7- Suzuki SERT #2 : 66 pts
8- Kawasaki SRC #11 : 63 pts
9- Kawasaki Bolinger #8 : 52 pts
10- Kawasaki Tati Team #4 : 49 pts
Classement final Coupe du Monde Supersotck
1- Tati Team Kawasaki : 49 pts
2- Junior Team Suzuki : 43 pts
3- Moto Ain Yamaha : 41 pts