BABY BOOMER ADVENTURE 2018 : LES VOITURES PLATES OU LES CONQUÉRANTS DE L’INUTILE…

 

 

 

L’explication de titre c’est plus loin, pour l’instant on est dans la magie…

Il est 11 heures du matin ce samedi 12 mai de l’an 2018, dans un endroit lunaire au sud d’Erfoud, il doit faire cinquante degrés à l’ombre (mais ici il n’y a pas d’ombre !) le vent qui était agréable vers dix heures du matin, devient de plus en plus brûlant!

Plus tard, le sable se mettra à souffler fort, on le verra dans le ciel devenu rouge, parfois, par vent du sud, cette poussière monte jusqu’à Paris…

Fournaise donc.

Arrive une 504 étonnante, avec ses autocollants et designs du Paris-Dakar de 1984!!!

 

YANN RETROUVE SA 504 REPLICA DU  PARIS DAKAR 1984

 

Cette année là, Yann Duffillot, créateur du BBA, le Babyboomer’s Adventure,a roulé au Paris Dakar avec ce genre d’auto mais la voiture était morte.

L’équipage l’invite à monter à bord, atmosphère de fête malgré la fournaise, il part avec eux…

C’est une surprise…

Quand je le retrouve, plus loin, je lui demande ce qui se passe.

 

 

Il m’explique:

« La voiture était morte, mes copains l’ont rachetée, ôté les portières et les capots encore à l’effigie de Sabine, de Metge, de Icks, avec ses autocollants de la course, ils ont racheté une autre 504 et y ont remonté les précieuses décorations. Je savais qu’ils l’avaient fait, ils étaient concurrents. Là aujourd’hui, ils me proposent de remonter à bord, incroyable ce rallye…»

Yann est un pistard indestructible, je ne dis pas qu’il avait les larmes aux yeux, mais grosse émotion tout de même….

 

AMBIANCE PARIS – DAKAR DES ANNÉES FOLLES, LES ANNÉES SABINE! 

En plus quand je le retrouve, il est dans un village Marocain, mais dont la couleur rappelle nos meilleurs moments au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire, et oui on le croit difficilement mais à l’époque, avec le Paris-Dakar,  on traversait l’Afrique et c’était une fête partout.

Une 504? Deux roues motrices? Oui, une voiture plate et cette histoire est tombée à pic, le jour où justement, je décidais avec mon ami pilote et photographe, Arnaud Delmas Marsalet, de consacrer la journée à ces drôles d’autos et ces drôles de gens dedans…

Une voiture plate?

C’est une expression inventée par Arnaud, je rends à César ce qui est à César…

 

LES VOITURES PLATES…

 

En jargon de pistard, en général au volant d’un 4X4, une voiture plate est celle que vous preniez tous les jours pour aller bosser, il y a une vingtaine d’années, qui peut d’ailleurs être une belle auto, bref, on va de la R5/ 4L/Deux CV, à la Morgan, en passant par des Peugeot restées célèbres à une époque, où le patron de Peugeot Sport, comparait ses voitures  de course aux 4X4, qu’il appelait avec mépris des « camionnettes »…

Pas très élégant et courtois!

 

SAUVETAGE, TOUT LE MONDE S’Y MET

 

Le concept du Baby Boomer’s Adventure, est justement de mélanger d’anciens 4X4, à d’anciennes voitures plates, dont les équipages s’éclatent comme des bêtes, même quand un bac à sable en montée, les transforme en groupe de naufragés, les 4X4 vont alors les chercher et ce sont de très grands moments parce que les 4X4 finissent aussi par creuser et se planter en pleine opération de sauvetage à la sangle.

 

METHODE MARREAU, TRAVERSER LES ORNIERES

 

certains pilotes de voitures plates, voyant leurs petits camarades scotchés en meute, vont mettre un point d’honneur à passer, souvent en trouvant une voie moins creusée mais plus pentue, ou en reculant de cent mètres pour attaquer la pente avec  de la vitesse!

 

METHODE MARREAU, ATTAQUER LA MONTAGNE DE FACE TANT QU’IL YA DES CHEVAUX

 

Les frères Marreau par exemple, on vu tout de suite que la piste était creusée de partout et meuble comme de la farine, ils ont traversé les ornières et attaqué la montagne noire de face, puis en biais, quand les chevaux ont manqué, et ils sont passés triomphalement…

Ils ne sont pas seuls, la petite Panda est passée aussi mais elle est équipée 4 roues motrices, elle!

 

 

En fait tout le rallye s’est arrêté de l’autre côté du col, en bas c’est devenu une animation épuisante, avec des tracatages de folies mais quand une plate passait toute seule, c’est un triomphe et une haie d’honneur!

Etonnant, en plein milieu de nulle part, sous les ruines d’un fort que les guides Marocains présentent comme étant Portugais, dont acte mais j’avais cru comprendre que les vaisseaux Portugais créaient des places fortes maritimes, sur les ports donc, on en voit tout autour de l’Afrique avec leurs petites tours de guet rondes…

 

LES RUINES DU FORT TOTALEMENT IMBRIQUEES DANS LE PAYSAGE

 

Mais à cet endroit, je doute, à moins qu’il y ait eu une route de commerce à protéger… mais on est à des centaines de km de la mer, à deux pas de la frontière Algérienne, au fin fond du sud du Maroc, en haut d’un col, endroit et moment magique en tous cas.

Et puis Portugais ou pas l’endroit est irréel…

Au fait pourquoi les équipages de voitures plates font- ils ça alors que le marché regorge de vieux 4X4 qui seraient plus simples?

 

 

On déplace la question pour expliquer…

Pourquoi de courageux navigateurs font-ils le tour du monde à la voile, parfois en course, se mettant parfois en danger de mort ou pire, alors qu’existent encore d’énormes paquebots et surtout des avions?

La raison est simple, ils aiment ça parce que c’est difficile.

 

 

Autre exemple chez les montagnards, Lionel Terray a écrit un bouquin sublime intitulé « Les conquérants de l’inutile »

Voilà ce que vous êtes, amis des voitures plates, on peut chercher à l’infini le bonheur dans le dépassement de soi, ou d’autres explications plus ou moins dignes de Freud, vous êtes des amateurs de vie.

 

 

Casser un amortisseur au milieu de nulle part, n’est rien en comparaison de l’immense bonheur d’un passage de lac salé, à fond de balle, avec des nuages de fumées à l’horizon, signes symboliques d’un rallye raid d’aventure, à commencer par les premiers Paris Dakar et les vraies Baja California, le long de la mer de Cortes

 

BONNEVILLE SPEED WEEK?

 

Voilà mes amis, dans une aventure, ce qui est génial, une fois tout bien préparé, c’est de ne pas savoir ce qui va arriver.

Ce reportage est aussi une galerie de photos, vous n’en reviendrez pas et pourtant ça existe, ici et nulle part ailleurs. Dans des paysages inouïs, au cœur du désert Marocain!

 

 

La piste qui descend vers Ouzina a été un bonheur à l’aller, avec de grands bancs de sable et des couleurs sublimes, puis le ciel est devenu blanc, la chaleur lourde insupportable et la piste de retour carrément caillasseuse, mis avec des passages de dingue genre lac salé, des pièges de navigation, ce qui fait qu’au retour à Erfoud, on a deux obsessions, rester une heure sous une douche glaciale, après avoir avalé un litre d’eau glacée…

 

UN PEU D’ENCOMBREMENT AU PIED DES COLS SABLONNEUX

 

Puis le vent s’est déchaîné, et quand le désert est en colère, il est effroyable, le sable du ciel s’est éparpillé partout, c’est une sensation propre à ce genre de voyage, on a du sable jusque dans les dents!

 

 

C’est une sorte de brevet d’entrée dans l’aventure, il faut devenir très humble et attendre que le désert vous réinvite chez lui…

Bon, personne ne se plaint, l’initiation à la mer passe par la grosse mer, la pratique du désert passe par la colère monstrueuse d’un géant à l’échelle du monde!

 

Et le bonheur de ce rallye BBA aussi est à l’échelle du monde.

 

 

Jean Louis BERNARDELLI

Photos : Arnaud DELMAS MARSALET

 

 

Rallye-Raid