F1 : OÙ SONT PASSÉS LES PILOTES BRÉSILIENS ?

INOUBLIABLE AYRTON SENNA

AYRTON SENNA – Photo Bernard BAKALIAN

 

 

Personne ne l’a remarqué, au Gd. Prix d’Australie. Pourtant, pour la première fois depuis …1970, il n’y avait aucun Brésilien sur la grille, lors de la manche d’ouverture. Où est donc passé cette nation longtemps incontournable en sport auto ?

 

Non seulement il n’y a aucun Brésilien ce dimanche 25 mars sur la grille du Grand Prix d’Australie 2018, mais en prime, cela pourrait durer quelque temps. Il n’y a, actuellement, aucun véritable espoir dans les disciplines inférieures!

En F2, il n’y a qu’un unique représentant, Sergio Sette Camara, dont le palmarès –toutes disciplines confondues– se limite à un seul succès en F2. En GP3, Pedro Piquet tente de décrocher un baquet après trois saisons de F3 sans résultats. Il n’y a aucun Brésilien en F3 car Felipe Drugovich a du s’orienter vers l’EuroFormula Open, malgré une bonne saison de F4 ADAC.

Quant à Matheus Leist et à Pietro Fittipaldi, ils se sont orientés vers l’Indycar, faute de débouchés en Europe.

 

Pedro Piquet. Copyright : GP3

 

LA FIN DES IDOLES…

 

L’an prochain, on fêtera (façon de parler) les 25 ans de la mort d’Ayrton Senna. Mort lors du Grand Prix de San Marino à Imola, le dimanche 1er Mai 1994.

Les pilotes qui débutent aujourd’hui en automobile, ne l’ont donc jamais vu, ne serait-ce qu’à la télévision. Pour eux, Senna est une figure un peu abstraite, comme l’était  l’Ecossais Jim Clark pour David Coulthard (qui s’était pourtant renseigné sur son aîné et compatriote.) Depuis Senna, il n’y a pas eu de Brésilien capable de motiver ses compatriotes à se lancer (on y reviendra.)

 

AYRTON SENNA, lors de son 1er GP, à RIO en 1984. Photo Bernard BAKALIAN

LA RARÉFACTION DES SPONSORS

 

Entre crises économiques à répétition et corruption, il est aujourd’hui difficile pour un espoir Brésilien de trouver des financements.

Ayrton Senna possédait une casquette Nacional quasiment vissée sur sa tête. Or, la banque fut rachetée par Unibanco, en 1995, laquelle disparu en 2008. Petrobras a poussé Antonio Pizzonia en F1 et il a même été le sponsor-titre d’une écurie de F3000…

Désormais, Petrobras est surtout associé à un scandale financier, qui éclabousse la classe politique Brésilienne depuis bientôt … 10 ans! Le pétrolier est revenu cette année en F1, comme partenaire de l’écurie McLaren. Néanmoins, compte tenu de sa réputation sulfureuse, il n’osera sans doute pas soutenir un pilote Brésilien.

Le dernier projet ambitieux de mécénat Brésilien était le Petroball Racing, soutenu par Rubens Barrichello, en 2014. Mais Petroball, un distributeur de produits pétroliers disparu ensuite corps et bien, entraînant bien évidemment l’équipe dans sa chute.

Dans les années 90, le Brésil était le principal marché émergeant au monde. Les multinationales de l’agro-alimentaire se bousculaient pour sponsoriser les pilotes.

Et l’on ne comptait plus les jeunes espoirs… Ricardo Rosset, Pedro Paulo Diniz et Ricardo Zonta étaient d’ailleurs des héritiers de chaines de supermarchés.

Désormais, c’est l’extrême-orient, qui fait rêver les industriels. Ils cherchent donc à sponsoriser des pilotes Asiatiques, comme Sean Gelael, petit-fils du représentant Indonésien de KFC. Quant aux cigarettiers, qui furent longtemps des décennies durant de généreux mécènes, ils rasent désormais les murs… Bloqués par les interdictions de publicité qui leur est faite depuis des années!!!

En France, la loi Evin remonte…  à 1993!

 

Antonio Pizzonia et la Williams/BMW sponsorisée par Petrobras. Copyright : BMW

L’ARNAQUE AU  » NOUVEAU SENNA »

 

Ayrton Senna était le troisième Champion du monde Brésilien (après Emerson Fittipaldi et Nelson Piquet.) Après lui, Rubens Barrichello et Felipe Massa ont triomphé en F1. Mais il y a eu surtout beaucoup de déceptions…

A la mort du champion, on a guetté  le « nouveau Senna ». De nombreux espoirs Brésiliens se sont lancés en Europe, espérant marcher sur les traces de leur idole. Comme dans le football, le passeport Brésilien était un plus, dans les pelotons.

Dès qu’un Brésilien commençait à collectionner les podiums en F3, on l’annonçait comme le « nouveau Senna ».

Et comme dans le football, il y a eu naturellement des abus!

 

Bruno SENNA- Photo Autonewsinfo

 

Ricardo Rosset, Tarso Marques, Ricardo Zonta, Luciano Burti, Antonio Pizzonia, Enrique Bernoldi, Christano da Matta, Nelson Piquet Jr, Lucas di Grassi et Felipe Nasr sont arrivés en F1 avec tambours et trompettes… Et ce furent autant de flops.

Même le neveu de l’immense Champion trop tôt disparu, le fils de sa sœur Viviane, tenta sa chance en GP mais lui aussi sans connaitre la réussite! Qu’il connut finalement en endurance, devenant l’an dernier Champion du monde WEC en LMP2, avec l’équipe Suisse Rebellion!!!

Il faudrait encore ajouter à la longue liste, Bruno Junqueira, Max Wilson, Mario Haberfeld, les frères Sperafico, Jaime Melo Jr, Augusto Farfus, Luiz Razzia ou Lucas Filippi, qui sont n’ont pas dépassé le statut de pilote d’essai.

Autant dire qu’après cela, les écuries y regardaient à deux fois avant de confier une voiture à un Brésilien. Les jeunes payent donc cash les erreurs de leurs aînés…

 

Les Piquet père et fils, à l’heure de la F3. Copyright : HONDA

 

UN ESPOIR ?

 

Pour 2018, voire 2019, ça semble encore et toujours plié pour les Brésiliens!

Néanmoins, il semble y avoir une génération prometteuse à l’horizon.

 


VOLANT-WINFIELD-2018-Le vainqueur Caio COLET-Photo Gilles GAIGNAULT

 

En effet, Enzo Fittipaldi et Gianluca Petecof, ont été recrutés par la très réputée Ferrari Driver Academy. Ils disputeront la F4 Italia. Nicolas Todt jure avoir trouvé une nouvelle pépite: Caio Collet.

Après plusieurs podiums en F4 UAE et le volant Winfield qu’il vient de remporter le mercredi 14 février dernier sur le circuit Paul Ricard, il va s’attaquer à la F4 France.

Tient-on là le prochain pilote de F1 Brésilien?

 

Joest Jonathan OUAKNINE

Photos : Bernard BAKALIAN, HEXAGON CHARITY, BMW, HONDA et THEODORE

 

Gianluca Petecof. Copyright : THEODORE

 

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