AU ‘SALON DE GENÈVE’ : LA NOUVELLE 508, LES EXUBÉRANCES DES SUPERCARS ET LA VOITURE AUTONOME…

 

 

Salon-de-Genève-2018-L’Hennessy-une-GT-particulièrement-bien-finie-Photo-Daniel-NAULY

 

Le rendez-vous le plus agréable de la saison des Salons automobiles, se déroule en ce moment à Genève.

Comme d’habitude son espace contenu, la brillance de ses stands, les produits démesurés en rapport avec le portefeuille réputé garni des Suisses, contribuent à en faire un Salon assurément attachant.

Mais cela devient désormais une tradition, comme à Paris et à Francfort, un certain nombre de constructeurs, ont là aussi, fait l’Impasse …

Signe des temps pour les Salons automobile qui imposent aux constructeurs d’engloutir de fortes sommes d’argent dans la construction des stands et de mobiliser un personnel (saisonnier?) important. Pour un bénéfice somme toute pas évident!

Car si l’image de marque bénéficie de ces Salons, ce n’est plus là que se décident le gros des commandes, comme cela se faisait dans les années 60 ou 70.

 

 

Ainsi a-t- on constaté l’absence de constructeurs que l’on imaginait pourtant attaché à une représentation Genevoise, en rapport avec l’image de ces marques.

Effectivement pas moins de trois marques « premium » brillaient par leur absence: Infiniti, Mini et DS.

De même quelques généralistes comme Opel avaient fait faux bond.

Du coup il a fallu réorganiser l’espace (Aston Martin à la place de Opel, Jaguar Land Rover à la place de DS et Citroën, cette dernière seulement récupérant la place de Mini au côté de Peugeot) en implantant … deux restaurants et buvettes sur des stands laissés vacants!!!

Ainsi va la vie… comme aime à le répéter l’ami Gilles Gaignault : Tout change, tout bouge tout évolue! Plus rien n’est acquis…

Il faut bien reconnaitre que la voiture, a de plus en plus de mal à faire rêver au quotidien, y compris en Confédération Helvétique.

Certes les constructeurs de véhicules ou préparateurs sur base de grosses GT, concourant dans la catégorie des modèles sportifs d’exception, tant sur le plan de la carrosserie, que sur celui de la puissance, exhibent leurs modèles et continuent à vendre… auprès entre autres, des Émirs arabes, des riches Cow-Boys fortunés et des Oligarques Russes et naturellement des riches Chinois, de plus en plus nombreux.

De nos jours, l’Automobile est devenue un objet plus utilitaire que réellement passionnel !!!

Elle est, en outre, matraquée par les scandales, les contraintes politiques, les attaques aux portefeuilles des conducteurs, les réglementations en tous genres, la pollution (nos dirigeants oublient un peu vite,, un peu trop, que la pollution automobile, ne représente que moins d’un tiers de la pollution totale en France), et les constructeurs doivent déployer des efforts toujours plus soutenus afin de proposer des produits attractifs.

La 508, un coupé 4 portes ambitieux

Salon-de-Genève-2018-Les-feux-de-jour-canines-de-la-508-sont-particulièrement-bien-intégrés-Photo-Daniel- NAULY

 

Attractif, Peugeot l’est en ce début d’année 2018 en présentant une toute nouvelle 508. Bien conscient que la berline classique est en perte de vitesse – par rapports aux SUV hauts perchés – et que seuls les véhicules premium ont un espoir de briller sur ce segment, c’est volontairement que le Lion de Sochaux (un énorme Lion sur le stand faisait d’ailleurs le buzz du Salon) a décidé de revoir profondément sa copie, avec ce modèle qui ne sera proposé à la vente qu’en septembre prochain, dans un version ‘First Edition’ avec un 180 ch. diesel.

 

Salon-de-Genève-2018-Le-gigantesque-Lion-de-Peugeot-a-fait-le-buzz-du-salon-Photo-Daniel- NAULY

 

Car nouvelle elle l’est sur bien des points. Tout d’abord son look de coupé 4 portes. Les succès des Audi Passat CC et des Mercedes GLA, ont visiblement inspiré l’équipe en charge du développement de cette 508 ‘new-look’.

 

Salon-de-Genève-2018-La-nouvelle-508-un-coupé-4-portes-premium-Photo-Daniel NAULY

 

Ainsi les vitres sont sans encadrement, permettant de diminuer la hauteur du véhicule de 4 cm. Grâce à cet abaissement du pavillon, et bien que plus courte de 8 cm que la première génération, la 508 semble plus fluide, voire même plus longue qu’elle ne l’est.

Quelques détails de carrosserie sont particulièrement étudiés, comme les phares avant en retrait pour éviter que le moindre choc sur le parechoc n’en nécessite le changement, la plaque numéro avancée et renforcée pour encaisser en premier ces mêmes petits chocs ; les canines du lion, symbolisées des feux de jour (sur les versions haut de gamme uniquement) ; les feux arrières 3D de la version GT Line sont du plus bel effet ; le petit biseau de chaque côté de la porte du coffre…

D’ailleurs ce coffre marque une petite révolution…

Traditionnellement, Peugeot proposait des véhicules avec coffre traditionnel (504, 505, gamme des 40x, 605 et 508 de première génération) tandis que Renault, l’ennemi de toujours, a fait le chemin inverse car après les R16, R20/R30, la R25, Safrane, Laguna et autres Vel Satis, Renault est venu au coffre traditionnel.

 

Salon de Genève 2018 – Un nez particulièrement travaillé en pensant aux petits bobos de la circulation quotidienne – Photo Daniel NAULY

 

Aujourd’hui, d’après le chef de projet de la nouvelle 508, la clientèle réclame ce type de configuration (comme pour l’Audi A5 ou la VW Arteon).

Étrange  …

À l’intérieur, actuelle marque de fabrique des Sochaliennes, le i-cockpit est bien présent. Un peu plus bas que les autres voitures de type SUV, il présente plutôt bien avec ses larges écrans (un devant le conducteur et un au centre de la planche de bord).

 

Salon-de-Genève-2018-i-cockpit-efficace-et-ambiance-chaleureuse-à-bord-Photo-Daniel NAULY

 

Les rangements sont nombreux sur la console Sur la GT Line, la présence du night vision (déjà apparu sur DS7) est sans aucun doute un élément de sécurité fort permettant de détecter piétons, enfants ou animaux non éclairés, de nuit à près de 300 m. Les sièges sont confortable et l’espace intérieur notamment à l’arrière est préservé malgré la réduction de la longueur hors tout.

Il ne reste plus qu’à tester ce véhicule sur la route, la promesse de PSA étant de conserver toutes les caractéristiques dynamiques qui ont fait sa réputation.

Les exubérances des Super Cars

Salon-de-Genève-2018-La-Fenyr-Supertsport-anguleuse-et-évocatrice-Photo-Daniel NAULY

 

Comme d’habitude, Genève est le superlatif des… ‘purs sangs’ de la route. Et cette année on est une fois de plus gâté…

Nous passerons rapidement sur les quelques inévitables préparateurs de mauvais goût, dont les créations basées sur d’authentiques belles autos , ressemble à d’ignobles tâches de couleurs vives ou de peaux de simili carbone mat, ou encore ces monstrueux élargisseurs de voies sur des châssis, tellement surbaissé, que le simple passage sur un gendarme couché sans frotter, va bien au-delà d’un exploit digne du Guinness book!

C’est tout à fait inatteignable…

Chez les artisans, deux écoles se font face :

 

Salon de Genève 2018 -Pagani Zonda Barchetta 2018 Exuberante – Photo Daniel NAULY

 

D’une part, les institutionnels dont les voitures rivalisaient de chromes avec des moteurs développant des puissances inavouables et d’ouvrants aux cinématiques compliquées, comme Koenigsegg ou Pagani, et même Bugatti !

Face à eux, d’autre part, de nouveaux entrants, qui font appel eux-aussi à la technologie, pour obtenir de fortes puissance, et notamment l’hybridation électrique, mais dans une atmosphère moins clinquante, comme pour montrer un certain sérieux et des ambitions sportives réalistes, comme Fenyr, Hennessey, Corbellati ou encore Zenvo, en partenariat avec l’écurie de course en mondial d’endurance, l’Équipe Rebellion.

Mais nos coups de cœurs proviennent de deux constructeurs à la réputation bien établie, reposant sur un trépied composé de la Formule 1, de la compétition d’Endurance et de la construction de voitures de route.

 

Salon de Genève 2018 – L’extraordinaire Mc Laren Senna en version compétition que tous espèrent voir au Mans en 2019 – Photo Daniel NAULY

 

McLaren pour commencer exposait une sublime «Senna» – en hommage à l’immense Champion Brésilien disparu le 1er mai 1994 – en version route (toutes déjà réservées) et en version compétition avec un œil lancé vers les 24 Heures du Mans.

Ce ne sera pas pour cette année, la liste des engagés étant bouclée, mais qui sait pour 2019?

 

Salon-de-Genève-2018-Aston-Martin-Valkyrie-plutôt-radicale-dans-son-interprétation-de-la-course-Photo-Daniel DAULY

 

À l’opposé du Salon, Aston Martin, qui, outre un concept car Lagonda, exposait les versions compétitions de la Valkyrie, une interprétation proprement démoniaque et en dehors de tout règlement, et de la Vantage GTE, que l’on attend avec impatience d’admirer sur les pistes de Spa et du Mans…

 

 

Elle apparait réellement monstrueuse, et si son moteur reste à l’avant, on la voit rivaliser sans problème avec les Ford GT, les Porsche 911 RSR et les Ferrari….

Les voitures autonomes, faut-il autant les espérer ?

Salon-de-Genève-2018-VW-ID-Vision-full-électrique-Photo-Daniel NAULY

 

On finit par tout mélanger…

Les voitures d’avenir, celle que les constructeurs nous vendent pour dans cinq à dix ans, seront toutes électriques ou tout au moins hybrides.

Et elles seront bardées d’aides à la conduite pour réduire les risques que provoquent les mauvais conducteurs que nous sommes tous.

Mais ce n’est qu’à l’étape suivante, qu’elle deviendra réellement et totalement autonome.

Et à Genève, Volkswagen et Renault nous présentaient leur interprétation de la chose.

 

Salon-de-Genève-2018-VW-ID-Vision-full-électrique-Photo-Daniel NAULY

 

Le constructeur de Wolfsburg proposait une ID Vision, qui tout en étant autonome (elle était présentée sans volant) et dotée d’une intelligence artificielle commandée par la voix, restait dans la lignée des voitures actuelles avec un intérieur très épuré, mais où les passagers sont traditionnellement installés sur deux rangée de sièges orientés vers l’avant ; un extérieur, avec une carrosserie qui se veut à la fois pratique pour la famille (portes opposées et sans montant) et dynamique (une certaine sportivité s’en dégage).

 

Salon de Genève 2018 – VW ID Vision bienvenue à bord – Photo Daniel NAULY

 

Bref une automobile évoluée, mais restant traditionnelle dans ses implantations entre les passagers et ses ensembles mécaniques

Renault de son côté proposait l’Ez-Go, un véhicule présenté comme destiné au rôle de taxi, mais complètement déstructuré, où le toit et la partie avant se soulèvent pour laisser les passagers entrer à bord debout !

Ces passagers s’installant alors sur une banquette qui coure tout autour du l’espace intérieur en U, dans un véritable salon, un peu spartiate, dans lequel tous les passagers peuvent se parler en se regardant.

L’effet est saisissant…

 

 

Salon de Genève 2018 – Renault Ez Go avec son toit ouvrant pour accéder à l’intérieur – Photo Daniel NAULY

 

Et Renault nous projette brutalement vers un certain futur automobile, enviable… ou pas.

Car avec un tel véhicule autonome, plus besoin de taxi ou d’Uber, plus besoin non plus de posséder le véhicule par achat ou LLD.

La possession en sera tout à fait temporaire. Il suffira de donner rendez-vous au véhicule devant sa maison, à telle heure pour un déplacement (aller au bureau, faire des courses, rendre visite aux amis).

Et plus besoin d’investir ou de prendre un crédit, la facturation se fera à la course ou au temps passé.

Et dès lors, l’automobile telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existera plus.

Le fonctionnel, l’utilitaire et la praticité prennent le dessus. La conduite et son plaisir disparaissent complètement.

Le bel objet de convoitise disparaît au profit du confort dans le déplacement en faisant autre chose (travail, loisirs, internet, vidéos…)

 

Salon-de-Genève-2018-Renault-Ez-Go-plus-besoin-de-se-baisser-ou-de-se-contorsionner-pour-monter-à-bord-Photo-Daniel-NAULY

 

Les quelques journalistes essayeurs qui resteront devront plus développer leurs connaissances en confort de ces canapés roulant (à quelle vitesse ?).

Les quelques constructeurs généralistes qui resteront n’auront plus besoin de se casser la tête sur des suspensions élaborées ou des moteurs performants.

Toutes ces voitures se suivront à la queue leu-leu et seront bridées le reste du temps (toujours à quelle vitesse ?).

Les chauffeurs de taxis auront définitivement disparus faute de besoin et les concessionnaires et garagistes verront leur business gravement compromis par l’inusabilité des moteurs électriques (pour les mécaniciens) et le manque d’accidents (pour les carrossiers)…

 

Salon de Genève 2018 -La Renault Ez Go faite pour s’intégrer dans un univers urbain futuriste – Photo Daniel NAULY

 

Et il n’est même pas sûr que les passionnés puissent garder la possibilité d’emmener leur GT – achetée à un prix d’or, à une Officina italienne ou un Artisan Anglais, ou encore leur ancienne conservée pieusement depuis plus de trente ans – par la route sur une piste dédiée pour se faire encore un peu plaisir au volant car ils seront considérés comme de graves dangers publics !!!

Il faudra peut-être qu’elle reste hébergée dans un hangar aux abords des circuits, sans venir outrager par son mode de conduite d’un autre âge, tous ces véhicules autonomes tellement sûrs…

« J’ai bien peur que la fin du monde soit bien triste »

Je cite le regretté Georges Brassens…

 

Patrick MARTINOLI

Photos : Daniel NAULY

 

Salon de Genève 2018 – La Koenigsegg Regera aux cinématiques fort étudiées – Photo Daniel NAULY

 

Salon-de-Genève-2018-La-Corbellati-GT-tout-en-rondeurs-Photo-Daniel NAULY

 

Salon de Genève 2018 – Bugatti Chiron Sport toujours plus de puissance – Photo Daniel NAULY

Salons