C’est pour des moments comme ceux que j’ai pu vivre à l’occasion de cet essai que la moto reste une des passions de ma vie.

Et c’est comme ça depuis trente piges !

Même quand la moto essayée n’est pas faite pour moi, il me manque trois centimètres sous les talons à l’arrêt, elle est marrante comme tout, jolie à croquer, en un mot agréable.

Comme c’est la moto star de la marque Yamaha, j’ai voulu comprendre pourquoi, alors qu’elle ne peut-être que ludique, les sacoches et top case ne l’embellissent pas vraiment, il n’y a aucune place sous la selle, et pourtant les jeunes motards et aussi les jeunes motardes se jettent dessus…

 

 

Certes elle n’est pas chère.

Mais toutes les études révèlent que ce que veulent d’abord les acheteurs(ses) de motos, c’est un look.

Ensuite ils regardent le prix…

Et le look, cette MT 078 version Euro4 en a plein, jolie gueule d’amour…

 

 

Souvenir…

En 2015, quand le Bol est revenu au Ricard, j’ai voulu y aller en pèlerinage, j’ai fait partie de l’aventure avant le détour vers Magny Cours.

J’ai repris mes habitudes, ne circuler qu’à moto entre autres, et le concessionnaire Yamaha de Toulon, Audemar, m’avait prêté une MT 07.

Je la garais au parc coureur, et je me suis aperçu qu’il y avait en permanence du monde autour, une vraie attraction, pour elle, si menue au milieu de ce barnum gigantesque qu’est le paddock du Bol…

Je m’étais promis de tenter de savoir pourquoi, c’est fait.

C’est une fabuleuse séductrice…

 

ANDALUCIA 

 

Yamaha a invité la presse de toute l’Europe à tester le dernier modèle en Andalousie, en version Euro4, bonne idée, parce que de Marseille à Tromsø et de Brest à Brest-Litovsk on se les gèlait partout avec grand bleu, au sud de l’Espagne, même chose pour le ciel mais 18 degrés, un vrai cadeau…

J’y reviendrai parce que l’Andalousie est un une merveille du monde, en plus d’offrir des routes de folie dès que l’on attaque la montagne.

 

MT 07 MIGNONNE A CROQUER

 

Je ne suis pas un adepte des nouvelles formes, plutôt accro à des Classic italiennes comme le Monster ou des anglaises comme la vraie Bonneville, la T 120 des années soixante.

Les look façon Batman me laissent de marbre mais cette MT07 a quelque chose de vraiment attirant.

Elle a repris certains dessins de sa grande soeur MT 09, ce qui est bien vu.

Elle fait partie d’un concept marketoche dit « Dark side of Japan », on va dire que ça fait bad boy, et la vidéo d’intro de la soirée de présentation ressemble à s’y méprendre à une des scènes cultes de Kill Bill, manque que le sabre…

 

 

Bon, faut aimer Tarantino et Uma Thurman moi j’adore…

Jugez vous-mêmes sur photos et surtout allez la voir en concessions, c’est là que les coups de coeur se déclenchent, pas dans les papiers sensiblement tous identiques de la presse internet…

Elle est tout simplement à croquer cette moto.

A propos, contrairement à pas mal de mes confrères, je teste les motos autant que possible en me mettant à la place de l’acheteur, qui paie la moto, l’assurance, les radars…

Et j’ai donc vite laissé le groupe (j’aime pas les voyages en colo) se prendre pour Zarco pour voir le truc dans les conditions réelles de la vie.

J’ai ainsi entendu que les pneus glisseraient…

Mais ils lisent quoi mes chers confrères?

Nous sommes montés à plus de mille mètres d’altitude, avec un vent à décorner les bœufs, la température de l’asphalte devait être entre cinq et dix degrés au soleil!

Aucun pneu de GP ne peut réussir cet examen là, alors sur de la grande série…

Ne croyez donc pas ceux qui vous diront que les pneus glissent, c’est seulement vrai à six degrés en attaquant comme un bourrin…

En revanche, croyez l’esthète que je veux être, les Bridgestone qui équipent la moto ont un dessin superbement graphique, il n’y a qu’un motard pour trouver un pneu beau, c’est mon cas et sans doute celui des acheteurs…

 

 

Bon, ils ne sont pas tous comme ça mes chers confrères, certaines et certaines sont carrément sérieux et fiables, vous les connaissez, à vous de voir.

Donc en ce qui me concerne, essai façon acheteur.

 

VOTRE MT 07 : UN CADEAU…

 

En ville, la moto est clairement légère et maniable, je n’ai guère insisté, je l’ai dit, jambes trop courtes mais ça c’est de ma faute, pas celle de la moto.

En revanche, quand j’ai trouvé des terre pleins ou des talus pour virer façon trial ou enduro, elle ne demande que ça la jolie MT07, une vraie diablesse en fait !

Et puis, en lâchant le groupe pour aller voir le ravin de Ronda par le bas, j’y reviendrai, endroit insensé, j’ai pris des tas de petites rues totalement défoncées avec des pentes assez fortes, on était limite trial par endroits,  et j’ai constaté que les suspensions sont exceptionnelles, le freinage avant idem, l’arrière m’énerve, l’ABS se déclenche trop tôt, mais bon, on n’a plus le choix…

Sur la route, je retrouverai toutes ces sensations, j’ai en effet tendance, en bon tout-terraineux, à virer à la roue arrière et donc à freiner un peu fort, on doit s’y faire en fait au tac-tac derrière…

L’essai comportait d’abord un beau morceau d’autoroute, avec un vent de folie d’ailleurs, puis des routes sinueuses superbement entretenues et affriolantes en diable, je comprends que mes confrères qui enroulent du gaz se soient laissés aller…

La MT07 enroule magnifiquement, sur autoroute, même dans les grandes courbes où nous étions largement au-delà de la vitesse autorisée (120 km/h), la moto est assez raide pour ne pas se tortiller, alors c’est vrai que pour faire Paris-Marseille d’une traite, ça finirait par faire mal dans la nuque, mais comme beaucoup d’acheteurs sont d’abord sous le charme et ensuite dans les encombrements, pour des trajets au maximum périurbains, aucun problème… en plus la position en selle est très bien conçue, pas une Rolls mais confort.

Il ya deux ans, toujours l’ADN TT, je m’étais un peu abîmé les parties intimes sur le bout du réservoir car je pilote très en avant sur la moto, le designer japonais de la MT07 m’a expliqué qu’ils ont avancé ce réservoir sur la nouvelle version , donc plus de problème de ce côté.

 

 

Après l’autoroute on a attaqué une route de montagne d’abord en lacets larges, là on est dans le plaisir total, tous seuls en plus, puis une toute petite route, encore plus seuls (sauf la guardia civil qui était au courant de notre passage…).

Grand pied, paysage immense allant de la montagne ultra sauvage aux dizaines d’hectares d’oliviers.

Mais ce type de route intéresse surtout les acheteurs  de Val d’Isère qui vont bosser à Bourg-Saint-Maurice et vice versa, je les salue cordialement et je les rassure, en montagne, la moto est top.

Pour les autres, je l’ai déjà dit, j’ai fait un détour touristique se terminant par une route nationale magnifique,  très encombrée, avec des radars partout.

La configuration classique de quelqu’un allant bosser en fait…

On descend à flanc de montagne vers la mer couleur bleu hiver, les lacets sont exceptionnels et comme je suis un contemplatif, il m’est arrivé de voir arriver la bagnole devant un peu vite, ou de me retrouver un peu au milieu de la route.

D’où freinages et reprises de trajo en urgence, no problemo, la MT07 est un vélo.

 

DES DEFAUTS

 

Bon il faut bien que je lui trouve un ou deux défauts, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a…

Le bouton de clignotant est tout proche du klaxon, et donc, en mettant le clignotant, ce qui est une vraie sécurité et ce qui peut coûter des points de permis si on le ne le fait pas, on se surprend souvent, au début, à klaxonner.

Agaçant mais on doit s’y faire.

Le bouton de démarreur est assez mal foutu aussi, on ne pousse pas dessus on le fait glisser, là encore, on doit s’y faire…

Non, le seul truc que je n’ai définitivement pas aimé, c’est le bruit.

La moto est discrète, on ne s’attend pas comme sur certaines italiennes ou américaines à faire un bruit de bombe nucléaire. En revanche, en rentrant une vitesse un peu tôt en décélération, le bruit monte et il est décevant.

J’ajoute que pour rester belle, il ne faut pas ajouter de trucs à bagages sur la MT 07, le sac à dos sera donc obligatoire, j’ai donc fait cet essai avec, comme tout le monde.

Et je l’ai gardé pour les photos, ce n’est pas moi que je trouve beau c’est la moto…

Ce qui ne vous empêche pas d’acheter un beau sac, pratique, il ya en même qui servent à vous protéger le dos en cas de choc, bref ce n’est pas un souci, cette moto est un choix de vie.

SUCCES COMMERCIAL LOGIQUE

 

 

La moto est simple, avec une vraie clé de contact, qui ouvre aussi le réservoir, l’amortissement est réglable (bras oscillant, suspension à biellettes), le tableau de bord est visuel et agréable au regard.

 

Facile surtout, ce qui est utile quand un endroit est pété de radars et que l’on doit souvent lâcher un œil pour vérifier vite fait que l’on n’est pas en train de mettre son  permis en orbite interstellaire…

 

Bon, facile, deux cent bornes de montagne dans la journée et pas un point de fatigue, ou douloureux, donc vraiment complètement sur son créneau.

J’ajoute que son concept « hyper naked », alias  super nue, qui remonte aux Monster de Ducati, autrement dit pas de carénage, on ne cache rien, est extrêmement bien vu.

 

Le cadre noir, le bloc moteur noir, la ligne d’échappement qui se termine en bas par un superbe embout,  si le concept de départ est rital, il faut reconnaître que nos amis nippons ont réussi un coup de crayon magique.

La quadrature du cercle est une notion géométrique recherchée depuis trois mille ans, même le génial Archimède n’a pas trouvé, puis à la fin du dix neuvième siècle les mathématiciens ont prouvé que c’était indémontrable…

Aujourd’hui, l’expression signifie « le truc impossible » et pourtant, dans le domaine de la moto, avec cette MT07, Yamaha n’est pas loin.

Simplicité, facilité, look, performances, prix bas, il ne manque rien.

Bien joué, et cela explique, nous y reviendrons, que cette moto soit la plus vendue en Europe et la plus vendue en France.

 

MASTER OF TORQUE : OUIIIIII !

 

C’est ce que signifie l’abréviation MT.

Qui est déclinée en plusieurs versions avec des moteurs de pus en plus puissants (MT 09, MT 10), et qui signifie « maitre du couple ». 

Même si l’on est dans le style « bad », cela n’a aucune signification de déviance sexuelle, en revanche cela concerne une sorte d’extase en pilotage.

 

Car en effet, le couple moteur est phénoménal, et sur les petites routes sinueuses avec épingles de temps en temps, on ne passe pas son temps à jouer de façon frénétique avec le sélecteur, ce qui tombe bien d’ailleurs parce que le levier d’embrayage est un peu raide.

En circulation urbaine ou sur route encombrée, idem, on en rentre une éventuellement s’il ya un camion à passer, mais c’est clair, cette MT 07 mérite vraiment son appellation.

Elle est facile et elle est simple, c’est une immense bouffée d’air dans un marché où les modèles bourrés d’électronique, de différents modes de pilotage font un peu ch… parce que peu de motards (5% ?) passent leur temps à peaufiner leurs réglages, un peu comme des pilotes en essais de GP..

Et c’est un plaisir immense, quel que soit le terrain, d’avoir cette sérénité (et cette extase) d’un couple rarement mis en défaut.

Bref, côté moteur, réussite absolue.

LA MT 07 REINE DU MARCHÉ

C’est assez simple, la MT07 est la moto la plus vendue en France et la plus vendue en Europe.

En plus elle est proposée en deux versions, une qui est à 35Kw (47 cv)et donc proposée aux permis A2, l’autre est plus puissante, 55 Kw soit 75 chevaux.

Et en France, 70% des achats concernent justement cette version A2 !

Preuve que les jeunes ou les nouveaux arrivants dans la moto la trouvent ultra séduisante.

83% des acheteurs sont des mâles, répartis entre 18 et 25 ans et primo accédants à la moto.

Ce qui veut dire que 17% des acheteurs sont des acheteuses, ce qui est un énorme succès pour une moto !

Les analyses décernent que les trois raisons d’achat d’une moto sont le look, la maniabilité, les performances.

Comme elle coûte 7099 euro en France, elle est donc considérée comme peu chère.

Elle est proposée en noir, en gris (dit night fluo, avec les jantes jaunes fluo, irrésistible…) et en bleu, noir et gris sont évidemment les coloris les plus demandés, on reste dans le style « Dark side of Japan » !

Pour les malades de la fiche technique, voyez ci-dessous, c’est un bicylindre de 699 cc avec refroidissement liquide, qui pèse 164 kg, un peu beaucoup surtout avec moi dessus, pour une 700 routière et citadine, c’est poids plume.

Et je l’ai dit, en situation de trial et de rues défoncées, elle s’en sort magnifiquement…

Argument final ?

 

Je n’entre absolument pas, à titre personnel,  dans le créneau commercial de cette moto et j’ai pourtant passé une journée de rêve dans les situations les plus compliquées.

Alors quand on fait partie du public spécifiquement visé, c’est forcément un cadeau que l’on se fait!

Elle est disponible en mars.

Allez la voir en concessions, faites vous plaisir…

ANDALUCIA… RONDA

C’est assez rare, mais à plusieurs reprises je me suis mis à fredonner voire à chanter sous le casque…

Je connais bien l’Andalousie, où je suis allé à moto de route, en tout terrain enduro ou trail ou encore trial, en 4X4 avec les sélections du Camel Trophy.

On y trouve quelques une des plus belles villes d’Europe, Seville, Cordoue, Grenade, à l’architecture arabe.

Le nom de la région vient de l’ arabe « Al Andalus » (appellation donnée par les Wisigoths quand ils ont conquis l’Espagne reprise par les arabes à partir de 711)

Et puis un jour mon fils est allé voyager dans le coin et a découvert cet endroit sublime, que je ne connaissais pas, et qui s’appelle Ronda, les photos incroyables qu’il m’a envoyées sont celles que vous voyez dans ce paragraphe.

 

Notre route d’essai passait par Ronda et j’ai quitté le groupe pour descendre les rues très escarpées de la ville pour aller voir le truc d’en bas, depuis un pont minuscule.

Pendant ce temps, mes confrères prenaient le viaduc haut sans s’arrêter…

Un essai est toujours la découverte, plus ou moins fertile d’une moto ou d’un scooter.

 

Quand s’y ajoute un voyage personnel, qui permet de tester la moto en conditions extrêmes et qui découvre cet espèce de canyon du Colorado sur lequel s’est bâti un superbe village d’hommes, je suis tombé dans le « raaaah lovely ».

Alors que l’essai en lui-même était déjà un enchantement, le coup d’oeil sur Ronda est devenu magique.

Merci à la personne de Yamaha qui a accepté de m’accompagner dans ce petit périple magique, quand à vous chers lecteurs, que vous alliez en Andalousie à moto, en car ou en auto, je vous promets un univers unique au monde.

Vous ne verrez pas hélas ce qui a été notre paradis de nuit à l’époque où Ibiza n’était encore qu’une bourgade de pêcheurs,  la boîte « Tiffany’s » à Torremolinos, endroit totalement démentiel à l’ambiance inracontable aujourd’hui,  dans notre époque récente, le rêve et la fête sont devenus des gros mots.

 

Partout en Europe, on voyait l’autocollant « Tiffany’s » à l’arrière des autos, un endroit invraisemblable et offrant des moments quasi initiatiques à la jeunesse de tout un continent.

La boîte a été recrée en Catalogne je crois, mais bon, l’original était … hallucinant.

Oubliez Torremolinos mais ne loupez pas Ronda !

 Jean Louis BERNARDELLI

Photos Organisation et A.B.

 

Fiche technique YAMAHA MT 07 2018

https://www.yamaha-motor.eu/fr/produits/moto/hyper-naked/mt-07.aspx?view=featurestechspecs