‘ABARTH’, LA COLLECTION DU SUISSE ENGELBERT MÖLL À RÉTROMOBILE

 

 

 

 

Relancée il y a dizaine d’années par FIAT, la minuscule firme italienne au Scorpion a damné le pion aux plus grandes marques au cours des Trente glorieuses. Cette aventure, haute en couleur, était exposée au Salon Rétromobile, avec vingt-deux modèles provenant de la splendide collection d’Engelbert Möll.

 

CARLO ABARTH, UN PROTAGONISTE !

 

Au royaume des sorciers de la mécanique de compétition, la France comptait déjà sur Amédée Gordini avec Simca puis Renault. Côté transalpin, c’était Carlo Abarth avec FIAT!

Un peu d’histoire…

Le 15 novembre 1908, Dora Taussig, héritière d’une famille de riches industriels du textile, met au monde un garçon au caractère bien trempé: Karl Abarth, plus connu par la suite sous le prénom de Carlo. Dès l’adolescence, le jeune homme manifeste une forte attirance pour la mécanique et surtout les motocyclettes.

Après avoir débuté chez l’artisan Castagna & C. à Vienne, son destin bascule, lorsqu’il rejoint l’atelier Motor Thun dirigé par le comte Thun. La défection d’un pilote de l’écurie lui vaut de se retrouver au Grand Prix de motocyclettes d’Autriche en avril 1928. Meilleur temps des essais libres et des qualifications, Karl ne manque pas son entrée dans le grand monde.

Les dés sont jetés et ce fut le début d’une série de course où ses aptitudes de pilotes ne passèrent pas inaperçues.

 

 

Sa notoriété dépasse les frontières Autrichiennes lorsqu’il remporte son pari d’aller plus vite que l’Orient-Express sur le tronçon Ostende-Vienne! En 1938, il est sollicité pour courir sous les couleurs italiennes, l’Italie, patrie de son père revenu vivre à Merano, dans le Trentin.

En 1946, Ferry Porsche lui accorde la représentation pour l’Italie du prestigieux Porsche Konstruktionbüro de Stuttgart. Avec le concours de l’ingénieur Rudolf Hruska, Abarth se retrouve ainsi propulsé sur le devant de la scène pour conduire l’accord conclu entre Porsche et Piero Dusio, le fondateur de Cisitalia, pour la conception d’une monoplace à moteur central.

 

 

LA NAISSANCE DE LA MARQUE ‘ABARTH’

 

Le 31 mars 1949, un notaire de Bologne enregistre l’association de Carlo Abarth et d’Armando Scagliarini sous l’entité Abarth & C. Le 17 juin, une filiale de la société se constitue au n°10 de la rue Trecate, à Turin.

En guise d’indemnité de la part de son ancien employeur, Carlo reçoit cinq Cisitalia qu’il va modifier et engager en compétition sous la marque Abarth.

Le cadeau de naissance de la marque ?

Un blason frappé d’un scorpion sur fond rouge et jaune!

Outre la conception et l’engagement de voitures de course, Abarth étend ses activités à la fabrication d’accessoires pour améliorer les performances des voitures de grande diffusion. L’artisan italien devient réputé pour ses systèmes de changement de vitesses au volant et ses collecteurs d’admission et ses pots d’échappement spéciaux.

 

 

Ensuite, 1950 sera une année primordiale pour la marque. C’est en effet la première participation à Brescia, aux prestigieuses Mille Miglia des Cisitalia transformées en Abarth.

Verdict ? une cinquième place au général.

 

 

Cette même année, le Salon de Turin, sert de rampe de lancement à la première véritable Abarth: la berlinette Tipo 204 A, tandis que le grand Champion transalpin Tazio Nuvolari, vante les mérites de la jeune société dans les publicités.

Bertone, Ghia, Boano, Michelotti, Pininfarina, Vignale, Zagato, les plus grands carrossiers italiens, habillent les Abarth.

Si Fiat fournit le plus souvent les bases mécaniques, Abarth flirte tantôt avec Alfa Romeo, puis Simca et également Renault.

 

 

Un nouveau pas est franchi en 1956, avec le lancement de la Fiat Abarth 750 GT. Cette année-là, pour montrer que ses modèles n’ont rien à envier à la concurrence en termes de fiabilité et de sécurité, Abarth entreprend une campagne de records de vitesse, qui se solde par une sensationnelle moisson de succès.

 

 

Les années soixante marquent l’ascension de la marque. Présent sur tous les fronts, le Scorpion est même chargé de concevoir la série de Porsche 356 Carrera 1600 GTL dessinée par Franco Scaglione.

 

 

A partir de 1962, l’association avec Simca, cousin Français de Fiat, donne naissance à une série de berlinettes des plus performantes. Quant aux Fiat 500 transformées en Abarth, elles animent haut-la-main les pelotons de tous les Championnats de voitures de Tourisme.

 

 

La véritable consécration arrive en 1967, où la OT 1300 remporte la première place de la 1ère division du Championat International des Voitures de Sport. 1967 est également marquée par la réalisation de la Fiat-Abarth 6000 Prototipo, une machine d’endurance animée par un V12 6 litres de 610 ch.

Mais, malheureusement, un changement de réglementation coupa les ailes de ce projet qui laissa alors place à des protos équipés de V8 de 3l litres.

 

 

Le 15 octobre 1971, le groupe Fiat annonce le rachat de la société Abarth. Le Scorpion devient ainsi le département compétition du groupe mais signe également les modèles sportifs de Fiat.

Alors que les 131 Abarth raflent les victoires en rallyes, Carlo Abarth s’éteint le 24 octobre 1979 à son domicile de Vienne.

En 1981, Abarth est dissoute dans le groupe Fiat. Fin 1986, l’arrêt des programmes sportifs de Lancia, en endurance et en rallyes, signe la mise en sommeil d’une grande partie des activités du scorpion.

Il faudra attendre le Salon de Genève de 2007 pour voir enfin renaître la marque.

 

Jacques SamAlens (StrategiesAutoMotive Communications)

Images © : Jacques SamAlens, Fabien Sarrailh, Alain LePage Romain de la Rochefordière & Thierry Thomassin