‘AFRICA ECO RACE’ : LA REVANCHE DE VASILYEV ET ULLEVALSETTER.

 

ULLEVALSETTER ET VASILYEV ONT ROULÉ AVEC LA RAGE

 

Le Russe a perdu plus d’une heure hier dans une zone de sable mou, l’autre a perdu deux jours de course à cause d’un moteur récalcitrant, ils se vengent aujourd’hui, sans que le classement général change beaucoup..

Voilà, dans la catégorie autos/camions, la journée de la veille aura donc été une vraie compète traditionnelle de rallye raid, avec sa stratégie (loupée pour Vasilyev), des coups de génie (le navigateur de Serradori, et le pilote au moment de l’ensablement), des coups de force, l’Iveco de De Rooy et ses 1000 cv ont réussi à passer dans un sable où un gros bout du rallye s’est planté.

Donc, gourmandise extrême pour la neuvième étape.

 

Jeudi 11 janvier 2018

Etape 9 : AMODJAR / AMODJAR : 488 km

Liaison : Amodjar / Chinguetti : 74 km

 Spéciale : Chinguetti / Chinguetti : 340 km

 Liaison : Chinguetti / Amodjar : 74 km

 

 

 

René Metge décrit la boucle d’Amodjar avec un joli frisson… Carte à l’appui…

 

« La liaison matinale vers Chinguetti se fera sur une très large piste en tôle ondulée et comportant trop de circulation locale pour la proposer en spéciale. Cette seconde boucle de la semaine sera sans aucun doute la plus belle, mais aussi et surtout la plus difficile des spéciales de cette 10ème édition. Ce sera la première fois que l’Africa Race s’enfoncera aussi loin vers l’Est en Mauritanie. C’est justement à partir de Chinguetti que l’on trouve un panorama absolument magnifique, composé d’étendues de dunes vierges à perte de vue. La première partie ne présentera pas de difficulté majeure.  Après le CP1 situé non loin de Ouadane, les premiers franchissements commenceront tranquillement. Mais c’est sous « l’œil de l’Afrique »,  appelé également « Guelb er Richât », une insolite structure géologique ayant la forme d’un œil lorsqu’on l’observe depuis l’espace, après le CP2, que les concurrents s’élanceront véritablement dans plus de 100 km de franchissement de dunes. Un exercice où il faudra être habile et solide, sous peine de laisser filer beaucoup de temps ! A n’en pas douter un des juges de paix de l’épreuve. Arrivés au CP3, les concurrents seront sortis d’affaire car la fin de la spéciale reprendra les traces du matin, en sens inverse, dans l’Oued Chinguetti ».

JOLI LE SABLE MAIS LES MOTEURS N’AIMENT PAS

 

Voilà de quoi se faire peur et de quoi se faire plaisir, le paradoxe magique du rallye raid et du voyage au désert d’une façon générale.

 

CHINGUETTI

 

La carte générale montre où l’on est entre Monaco et Dakar

 

 

Et le profil de la spéciale montre le terrain sur lequel on va rouler…

 

 

Sachant que cette année le sable est relativement mou, en effet, ce ne sera pas de la tarte…

Vroom..

 

MOTOS : LA SAGA ULLEVALSETTER

VIKING PREDATOR…

 

9 Heures dix huit, Oliveira est parti, on roule sur du sable généreux, le premier CP est à 100 km, avec un point kilométrique à la moitié, il ya aura même un petit secteur pierreux, pas un problème… un pistard est un trialiste dans l’âme, la meilleure preuve est que Despres, et plus avant lui, Neveu et Auriol, multiples vainqueurs en rallye raid, sont tous trialistes au départ…

C’est évidemment Agazzi, parti troisième, qui passe en tête à ce pointage GPS du km 53, il a rattrapé les deux autres et on roule à plusieurs, comme on est parti de deux minutes en deux minutes et que le sable est facile, il n’y a pas vraiment de baston à ce moment.

Enfin, sable facile, ou roule quand même à quarante km/h, donc c’est de la dune  en cordons, encaissée le long de la falaise.

On trouve une alternance de bouts droits et plats et de ces dunes à passer à saute-moutons, ce qui est clair, c’est que l’on n’est pas au bout des « seulement » 340 km de la spéciale du jour…

Les premiers arrivent au CP1, situé sous la ville de Ouadane, qui surplombe le désert, endroit magnifique où, comme souvent dans le coin une partie de la cité est abandonnée et en ruines, un endroit phénoménal comme toute cette partie du pays.

 

PAYSAGE MAGIQUE

 

Agazzi mène toujours le groupe de trois, avec Ceci et Oliveira, pour mémoire il est 21ème au général avec 44 heures de retard sur les deux autres, dont 30 heures de pénalité, ils peuvent s’amuser à le laisser ouvrir…

Puis, on passe juste au bord du fameux « Guelb er Richât » évoqué par Metge, un trou de 40 km de large en plein milieu de nulle part, on a cru longtemps que c’était un astéroïde géant qui avait provoqué le phénomène, en fait c’est un effondrement gigantesque.

 

VUE SATELLITE, INCROYABLE!

 

C’est incroyablement étonnant quand on le survole et les astronautes, en effet, le voient au passage.

Bonne nouvelle, Ullevalsetter roule, mais il part dans les derniers et n’est donc pas (pas encore ?) avec le groupe de tête.

Au km 50, il est troisième temps des motos et double les autres par paquets , quatrième au CP1, c’est la lutte à distance, plus simple quand on est derrière, il ya plein de traces, en revanche, derrière les sommets de dunes, il faut faire attention à ce qui est invisible en dessous, un motard qui a chuté, une auto ensablée…

On passe au CP2, au km 166, toujours en mode trio…

 

CECI RESTE LEADER AU GENERAL

 

A partir d’ici, Metge a annoncé 100 km d’enfer jusqu’au CP3, de la dune à passer en travers, le truc marrant quand tu es bon, épuisant quand tu es moins bon…

Et 1000 possibilités de se casser la g… par km…

Avant d’attaquer, les motos ravitaillent, arrêt obligatoire pour tout le monde, quelques minutes, le temps de bavarder, de vérifier un truc qui fait du bruit, de se reposer un chouia avant la traversée infernale.

C’est parti… Agazzi est le premier à se planter, dix bornes plus loin, Oliveira, lui, jardine un peu au nord de la trace mais rien de bien méchant, c’est sûr que c’est plus facile de jouer dans les dunes à moto qu’en camion…On roule à 60 km/h quad tout va bien, 35 quand ça se complique, ces 100 km vont paraître très très longs !  Mais la veille, dans le dernier cordon dunaire d’enfer, les motos sont passées plutôt facile quand les autos, à l’exemple de Vasilyev ou Serradori, se sont scotchées grave…

 

OLIVEIRA EST DEVANT MAIS JAMAIS VRAIMENT DEVANT

 

La première partie se passe bien pour le trio de tête, Agazzi deux minutes devant Ceci, quatre minutes devant Oliveira, l’écart n’a pas bougé depuis le km 50…

Bref, pour l’instant, l’enfer se passe le doigt dans le nez et pas le nez dans le sable…

Ullevalsetter est deuxième chrono moto, à un peu plus d’une minute de  ménage la mécanique, il a 31 minutes de retard, ile st vrai qu’il a du abandonner dans deux étapes parce que sa KTM marche mal.

A 15 km du CP3, la vitesse tombe à 22 km/h, là on est dans le très dur, tout à l’heure, les autos et les camions risquent de jardiner…

Par moments, c’est même du 5 km/h, là on est limite plantage de patates, c’est le haut des dunes le problème, si tu arrives vite tu sautes mais derrière il peut y avoir un genre de gouffre. Si tu arrives trop lentement, tu plantes la moto sur la crête…

Mais les trois motos de tête passent sans coup férir et arrivent au CP3, la fin de la spéciale est une formalité, dans l’oued Chinguetti, où le rallye est déjà passé le matin.

 

ROULER A TROIS, UN TRUC INFAILLIBLE POUR NE PAS SE PERDRE DANS LE DESERT

 

APPLICATION CHEZ LES MOTARDS

 

Ullevalsetter qui est largement en tête à ce point de la course, 10 minutes devant le trio d’ouvreurs, voilà un vrai combattant, parti derjo arrivé premier, ça ne servira à rien au général où il a un milliard d’heures de pénalité, mais sportivement, quel pied !

On est dans le plus beau coin de Mauritanie soit dit en passant…

A voir une fois dans une vie de découvreur.

Km 303, Ullevalsetter a quinze minutes d’avance sur le trio de tête, ce viking là, c’est une saga !

Et une saga ça gagne, avec 13’30’’ d’avance sur Agazzi, 16’40’’ sur Oliveira, 18’26’’ sur Ceci, ces trois pilotes qui ne se sont pas lâchés d’un pouce en tête.

Et tøk !

Pour finir, florilège de volutes, images sans paroles mais pas sans signification…

Et une morale, comme les fables de La Fontaine…

Moins tu fais de poussière, moins tu perds de temps.

La preuve la dernière image de cette sélection, c’est Ceci, en passe de gagner l’Africa Race 2018, qui, lui, soulève à bon escient…

 

AUTOS : SERRADORI A SENTI LE VENT DU BOULET !

SERRADORI S’EST FORMIDABLEMENT BATTU MAIS EST PASSÉ PAS LOIN DU DESASTRE

 

Une heure après les motos, on lâche les gros calibres.

A noter que la veille, si des garçons comme David et Julien ont été à la fête, ils ont aidé leur petit camarade Thomasse qui était sur le côté, une dune mal prise et on met vite la cabane sur le chien.

Pas très loin de Serradori,  on verra partir les deux SSV de Guindani et Bonnevie, il est évident que le poids plume dans le sable est un gros avantage en franchissement… et en déplantage!

 

LES SSV ONT UN TALENT FOU DANS LES DUNES

 

Plus loin encore, c’est Fromont qui repartira, bloqué la veille par un truc insensé, il ya sous l’auto un vérin hydraulique destiné à soulever l’auto quand elle est plantée, c’est génial sauf, et ça a été le cas de ce malheureux pilote, quand cette s… de m… de p… de n… de d… de vérin reste bloqué en position haute !

 

FROMONT BLOQUÉ PAR UN VÉRIN SENSÉ LE DÉBLOQUER!

 

Julien est un type formidable, un vrai amateur doué qui roule avec son épouse sur un buggy MD, ça doit lui faire drôle de suivre Serradori, le maestro de cet Africa Race…

Au point kilométrique 53, Serradori passe le premier, suivi par De Rooy et Jean Noel Julien.

Au chono, c’est Vasilyev qui est troisième temps, trois minutes derrière Serradori,  normal, il a des dizaines de traces devant lui et le talent de pilotage, celui du navigateur, plus l’auto fabuleusement performante, le trio est redoutable.

Au CP1, le chrono de Vasilyev est sept minutes au dessus de Serradori, tout va bien pour le buggy rouge et noir, De Rooy est huit secondes plus rapide.

 

DE ROOY LE MAGNIFIQUE

 

Pascal Thomasse, sur son buggy bleu des mers du sud, est quatrième auto, à neuf minutes du leader ; rescapé de la veille, remis sur ses roues par David et Julien, il est toujours trois au général, deux heures derrière Vasilyev, une heure devant De Rooy, il continue de le défendre son podium final !

Serradori a passé le CP2, il ait que maintenant, c’est dans les 100 km qui arrivent qu’il peut garder la main ou la perdre sur le rallye, dans l’auto, on stresse et ou prend son pied en même temps, c’est comme le trac des acteurs finalement, c’est quand tu as la pression que tu es bon…

Et ça se passe bien, à la mi parcours de l’enfer, au km 202 il st en 2h 12, il est à pas loin de 100 km/h de moyenne !

Derrière, au CP2, De Rooy passe avec du retard, 31 minutes derrière Serradori. Vasilyev est toujours deuxième auto, huit minutes trente derrière le leader.

Dernière partie de ces 100 km difficiles, Serradori se plante ! Dommage, mais je l’avais dit, à cet endroit où les motos ont souffert, les autos vont planter sévère !

Nouveau tournant de la course ?

 

PASCAL THOMASSE (MD)

 

Thomasse, lui, a pris une route plus au nord, il risque de louper un way point, mais le jeu vaut peut-être la chandelle, mais il se plante et est tout seul en plus…

Serradori ne s’en sort pas, Vasilyev passe, la victoire en spéciale est foutue pour Serradori, maintenant c’est la course qui se joue…

Et enfin, il repart, interdiction de se replanter…

Il est physiquement derrière Vasilyev, le lièvre a changé d’auto, on est à douze km du CP3 libérateur…

C’est évidemment Vasilyev qui prend le meilleur chrono au nt au CP3, il a sauf pépin mécanique, course gagnée, reste à savoir combien Serradori a laissé de plumes dans son plantage.

 

LA REVANCHE DE VASSILIEV

 

22 minutes ! Il sera encore en tête au général s’il n’a pas de soucis avant l’arrivée mais son avance d’une heure superbement gagnée la veille a fondu d’un tiers, comme neige au soleil, rageant…

Il est septième auto à ce CP 3, Thomasse est deux, De Rooy cinq.

C’est enfin l’arrivée, victoire d’étape de Vasilyev, et Serradori garde le lead au général, avec 48 minutes d’avance sur la mini du pilote Russe.

 

SERRADORI TOUJOURS LEADER

 

Et puis ce résultat formidable du camion de De Rooy, troisième temps dans la spéciale!

 

DE ROOY,ENCORE UN EXPLOIT!

Demain, c’est quitte ou double, parce que ça va encore être une spéciale costaud, plantage et surtout déplantage long interdit !

Encore quelques volutes pour terminer, mais aussi des interviews sur ce qui s’est passé à bord des véhicules.

Vladimir VASILYEV : « On a essayé d’attaquer mais on a crevé deux fois au kilomètre 40 et
100 à cause du sable très piégeux. On a quand même voulu aller le plus vite possible. On va
encore tout donner demain pour rattraper notre retard même si nous n’avons pas beaucoup
de chance de gagner cette année. »

Gerard DE ROOY : « C’était dur aujourd’hui avec beaucoup de sable. On s’est ensablé une fois
ce qui nous a fait perdre une quinzaine de minutes. Pour le reste je m’en suis bien sorti dans
les dunes, on a fait du bon boulot malgré une navigation pas toujours évidente car le vent a
effacé les traces. Ca faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de sable dans les
chaussures ! »

Mathieu SERRADORI : « C’était dur physiquement et mentalement aujourd’hui. On a fait
quelques erreurs qui nous ont valu de sortir les plaques mais on ne s’est pas affolé sachant
que Vasilyev était plus loin derrière. On l’a retrouvé devant nous au CP3 alors on a foncé
pour ne pas le perdre jusqu’à l’arrivée. C’était compliqué mais c’était une bonne journée. »

Pal Anders ULLEVALSETER : « C’était une belle spéciale, surtout quand vous démarrez
derrière, c’est plus facile de suivre les traces et remonter. Les dunes étaient incroyables,
c’était difficile mais je suis content d’être à nouveau sur ma moto pour continuer l’aventure. »

Simone AGAZZI : « Jean-Louis Schlesser a dit que c’était la spéciale la plus difficile du rallye
alors je suis très content de finir 2ème. Surtout que j’ai préparé moi-même ma moto alors
c’est une grosse fierté. »

Luis OLIVEIRA : « C’était une belle étape mais très difficile avec de grosses dunes à franchir.
J’ai ouvert la piste sur 50 kilomètres puis je suis tombé deux ou trois fois alors j’ai préféré
laisser Agazzi passer pour suivre ses traces jusqu’à l’arrivée. »

 

Jean Louis BERNARDELLI

Photos : Tourisme mauritanien et Alain ROSSIGNOL/Jorge CUNHA/ Captain Nowhere

 

 

Résultats évolutifs étape neuf Africa Race 2018

http://vulcain.iritrack.net/tdcom/posi/AER2018/web/index.php/display/index

 

Classements Africa Race 2018 après la neuvième étape

http://www.africarace.com/fr/course/2018/home

 

 

 

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