AFRICA RACE/ JOUR QUATRE : ÉTAPE POUR CECI À MOTO ET VASILYEV POUR LES AUTOS/CAMIONS.

 

 

AMBIANCE PETIT MATIN

 

Vendredi 5 janvier 2018

Étape 4 Assa/Fort Chacal 499 km

Départ du bivouac, spéciale 497 km, liaison 2 km.

 

Une spéciale de quasi 500 bornes avec départ du bivouac et 2 km de liaison au bout, c’est probablement sur le podium des spéciales les plus exceptionnelles de toute l’histoire du rallye-raid.

Ce qu’en dit René Metge ?

« Cette spéciale sera la plus longue de l’Africa Race depuis sa création il ya dix ans. On commencera par longer l’Oued Draa, avec pas mal de sable mais aussi des secteurs empierrés. Après M’seied,  on changera de paysage, une piste assez large et rapide mais au milieu de nulle part dans une région totalement plate, c’est balisé mais les navigateurs vont avoir du boulot !  Quand à la région de l’oued Hamra, elle a été inondée l’an dernier et toutes les traces ont disparu, on sera totalement en hors piste ! Puis encore un gros franchissement de dunes et une arrivée sur une sorte d’autoroute du désert pour arriver à Fort Chacal. C’est un des premiers juges de paix du rallye… »

Ce que nous ont dit les concurrents c’est que les dunes du deuxième jour étaient effroyables, la preuve avec les écarts incroyables entre les premiers et le reste du groupe.

Mais c’est sûr que pilotes et navigateurs vont être rincés en arrivant.

La carte montre le bout de chemin que l’on va faire ce quatrième jour…

 

 

La carte générale du rallye montre où on est entre Monaco et Dakar…

 

 

Enfin le profil de la spéciale montre ce qui attend les concurrents et en effet c’est costaud…

 

 

Avant d’attaquer, je voudrais revenir sur quelques concurrents dont je parle rarement, parce qu’ils arrivent tard, parce qu’ils ne sont pas dans les premiers, parce qu’ils sont ultra méritants.

D’abord la bagarre infernale des T3, les SSV, où l’équipage No 252, sur un Canam, mène cette lutte de façon anonyme parce que leurs véhicules sont noyés dans la catégorie Autos et camions.

Loïc Bonnevie et Sophie Hamys mènent la meute, bravo à eux.

 

 

Ensuite, car il n’a aucune chance de mener ni les camions ni autre chose, la photo du Tatra de Tomas Tomecek, je ne cite pas ses coéquipiers parce qu’il n’a pas de coéquipiers.

Il rêvait depuis des années de faire un rallye africain seul au volant de son camion, se cognant le pilotage, la navigation, les réparations sur le terrain, je ne sais même pas comment il fait s’il crève, il a du s’entraîner avec des palans…

 

 

Le pire c’est que pour l’instant il est seizième au général, et il ya dix camions derrière lui (dont Jacinto, qui a abandonné hier sur bris de différentiel).

C’est formidable ce que fait ce mec, il a déjà gagné l’Africa Race en camions, là il revient pour réaliser un rêve, plus fou tu ne peux pas, sacré tempérament le garçon…

Voilà, on lâche les fauves…

MOTOS :
«ULLE» ABANDONNE,
CECI GAGNE À L’ARRACHÉ !

CECI GAGNE LA SPÉCIALE DANS LES 50 DERNIERS KM

 

Ce sont les motos qui partent en premiers, pour une raison de sécurité que Patrick Zaniroli, vainqueur du Dakar, résumait alors en partant d’un grand éclat de rire en appelant les motards « Chair à pneus »…

L’ordre du classement de la veille a été modifié, Ceci, vieux renard du désert, ouvre la piste, la veille, Ullevalsetter disait que c’est un exercice où il excelle, la navigation.

Ouvrir est un exercice extrêmement difficile car sans traces devant, à part celles des ouvreurs, des voitures de photographes et parfois des voitures du raid, qui font le circuit sans chrono, formule magnifique proposée par l’Africa Race.

Véhicules qui n’envoient pas du lourd, et donc laissent peu de traces…

D’ailleurs, au bout d’une demi heure, les voitures de raid son rattrapées, avancer sur une piste sans traces c’est habituel, mais plus compliqué quand on est devant, le pilote parti deux minutes derrière rattrape facilement.

Oliveira passe en tête au km 50, il a déjà repris 15 secondes à Ceci, il résiste bien le jeune car Ceci est un redoutable navigateur du désert, qui a une habitude monstre de l’Africa Race.

Ullevalsetter est parti quatre minutes derrière Ceci, il est quatre minutes derrière Ceci au km 50.

Les voitures et camions d’assistance, qui partent par la route, doivent faire un énorme crochet par le nord, par Guelmin, ville très célèbre du sud Marocain pour ses marchés aux dromadaires, ils ont du partir tôt, très tôt, leurs nuits sont courtes, qu’ils aient fait la mécanique ou servi la bouffe au bivouac…

La passion à l’état pur.

 

OLIVEIRA A QUASIMENT MENÉ DE BOUT EN BOUT

 

Au CP1, on a fait 103 km, Oliveira est passé en 1h 08, autrement-dit pas loin de 100 km/h de moyenne !

Presque deux minutes d’avance sur Ceci, ce Portugais là fait partie des grands navigateurs, espèce rare qui, à partir des années 1450/1500, le premier est l’immense Bartolomeu Dias, ont réussi à faire le tour de l’Afrique, ouvrant la voie de la route des épices jusqu’en Inde…

Ullevalsetter est toujours à quatre minutes de Ceci, mais Oliveira est plus rapide que les deux vieux renards…

Avant le CP2, superbe piste, Ceci roule à 153 km/h, ce que l’on appelle, en jargond e pistard, être sur un billard… Hallucinant quand même, mais grisant en diable, le bonheur, à cette heure de la matinée on a encore la niaque, alors on envoie.

Ullevalsetter est lâché, on le contrôlera au passage de CP2, mais ce garçon qui voulait arrêter la compète, à cause de l’âge, s’est laissé convaincre par Jean Louis Schlesser de remettre ça, peut être soit prudent sur la mécanique, soit légèrement souffrant.

Au CP2, au KM 178, Oliveira a encore augmenté son avance sur Ceci, trois minutes et demi !

On est à M’seied, on plonge plein sud pour prendre la passe entre deux djebels et repartir plein est vers Laayoune, la fin de la spéciale. On en est encore très loin mais on va rouler sur des pistes larges, rapides, mais où dans les autos le navigateur va suer sous le casque !

Oliveira roule à 163 km/h !     

Derrière, c’est le drame pour Ulevalsetter, bloqué au km 123 avec un problème d’arrivée d’essence.

 

ULLEVALSETTER STOPPÉ PAR LA MÉCANIQUE

 

C’était donc un retard pour cause mécanique, merci au PC qui m’a donné l’info.

Et le retard dure, c’est terrifiant…

Bien sûr, on sait que dans les sables de Mauritanie, les reprises de temps peuvent être considérables, mais vu le niveau des deux devant, qui adorent les dunes en plus, Ullevalsetter est en train de perdre le rallye…

Le troisième motard à passé au CP2 est donc Oliveira Rui, 17 minutes derrière Luis Oliveira…

« UIle » est reparti mais s’arrête à nouveau un peu plus loin… Sale journée !

ULLEVALSETTER EN CARAFE

Au CP3, au km 250 (mi course), Oliveira a encore trois minutes d’avance sur Ceci, ce qui n’est pas grave pour l’Italien,  qui a beaucoup d’avance au général, mais c’est quand même insupportable de se faire tourner autour par un gamin et dont c’est le premier rallye raid, pour un «moustachu», terme d’aviation pour désigner les pilotes bourrés d’expérience.

Martin Benko est troisième, trente minutes derrière les deux motos de tête, vu le retard d’Ullevalsetter, ce n’est plus qu’un duel à deux devant…

Arrive le CP4, au km 347, c’est le dernier avant l’arrivée, 150 km plus loin, on entre dans une zone très plate avec quelques rochers comme points de repère, Oliveira a encore 2’15’’ d’avance sur Ceci, qui lui reprend un peu mais limite peanuts…

Loin derrière c’est le désespoir, Ullevalsetter abandonne, le sympathique Norvégien a demandé le camion balai.

 

« ULLE » NE FINIT PAS L’ÉTAPE

 

Devant, ça commence à sentir l’écurie.

50 km avant l’arrivée, Oliveira a toujours deux minutes d’avance sur Ceci, encore une arrivée serrée à prévoir, comme en auto d’ailleurs…

Sur ces derniers km, il y a du sable à profusion, on roule à 35 km/h, en hors piste, il faut être très vigilant sur la nav, l’erreur coûte cher.

 

RUI OLIVIERA PASSE ULLEVALESTTER ET EST TROIS AU GENERAL

 

On contourne un énorme cordon de dunes et ensuite, c’est piste large jusqu’à l’arrivée de cette plus longue spéciale de toute l’histoire de l’Africa Race.

Ceci coupe la ligne le premier, Oliveira tarde, les dunes bien sûr, Ceci le vieux renard lui a collé … neuf minutes !

Et oui, le métier, ça compte aussi… Cinq heures trente huit pour 500 km, on frise le cent de moyenne sur la totalité de la spéciale, quel dommage qu’ Ullevalsetter ait été trahi par la mécanique…

Paolo Ceci a ce soir 45 minutes d’avance sur Luis Oliveira et plus de deux heures sur Rui Oliveira, lui aussi sur Yamaha.

Bref, pour l’Italien, ça se présente bien !

 

Résultats et Classements Africa Race Jour 4 

http://www.africarace.com/fr/course/2018/home

 

AUTOS :
VASILYEV GAGNE MAIS PREND PEU D’AVANCE

 

9 h 10 local time, 10 h 10 en France, la première auto est lâchée.

C’est le buggy de Serradori, qui a gagné l’étape la veille, qui ouvre la piste, le navigateur va avoir de grosses responsabilités.

Parce que derrière, et c’est très stressant, parti deux minutes après, c’est la Mini de Vassilyev, auto dont la configuration est totalement faite pour les types de piste au Maroc, ce sera plus dur dans les longues étapes de sable de Mauritanie, mais ici, sur un sol souvent assez dur, c’est intouchable !

Parti cinquième, le formidable équipage de Gerard de Rooy espère bien cette fois-ci, ne pas se faire emmerder par les soucis à répétition subis depuis le départ, suspension, freins, crevaisons, tout y est passé ! Et si l’Iveco passe sans souci, le chrono sera très intéressant !

Au CP1, Vassilyev est passé 27 secondes devant Serradori, énervé notre ami Russe sur son Allemande ! De Rooy est neuf, neuf minutes derrière le leader, il doit y avoir de l’ambiance à bord du camion Hollandais !

 

L’ATTAQUE PHÉNOMÉNALE DE SERRADORI

 

Au CP 2, son avance est montée à 1’25’’, diabolique Russe, diabolique auto super préparée à l’usine.

Pascal Thomasse est trois (MD Optimus), il a souffert la veille, physiquement, sur les routes de pierres, et en plus il a crevé, ça va mieux ce quatrième jour du rallye, il est deux minutes derrière Vassilyev.

CP3, km 250, à la moitié de la spéciale, Vassilyev est derrière Serradori physiquement mais il est devant au chrono, de 46 secondes, son avance a baissé de quasiment la moitié, Serradori, comme la veille, dégoupille.

À l’arrivée, la veille, étape qu’il a gagnée, il avait un grand sourire de gosse en disant avec gourmandise qu’il avait plusieurs fois passé les 200 km/h…

Son buggy ressemble, en aéro, à l’ancien de Schlesser, cela se sent…

Loin derrière, l’Iveco de De Rooy prend 150 km/h, il n’y a pas que dans les buggies que l’on s’amuse !

 

DE ROOY N’EST PAS LA POUR FAIRE DE LA FIGURATION !

 

Bon, on résume, en catégorie moto il ya deux mecs en duel en tête, en catégorie auto il y a deux mecs en duel en tête.

Ce qui est évidement fascinant mais si l’un des deux s’arrête pour un ou plusieurs pépins, ensablement, crevaisons etc… les duels risquent de se faire de plus loin…

Au CP 4, Vassilyev a repris le dessus, 4’ 51’’ d’avance sur Serradori, il sait qu’il lui faut engranger des points avant la Mauritanie, il fait le job mais « Serra » ne lâche pas grand-chose…

Parce que Vassilyev crève à plusieurs reprises, tandis que Serradori passe à travers grâce à ses énormes pneus, spécialement faits par Michelin pour Peugeot.

Cela dit, sur la fin de spéciale, le buggy va souffrir d’un problème de direction assistée et là les fameux pneus doivent être très lourds!

Thomasse est trois à onze minutes, rien à faire, les deux devant roulent comme des furieux.

C’est l’arrivée, dans la zone dunaire, Serradori a repris une minute trente, il termine deux à 3’21’’ de Vasilyev, probablement rassuré sur la suite sableuse à venir…

 

PASCAL THOMASSE SUR LE TERRAIN QU’IL PRÉFÈRE

 

Mais bon, le fait est là, au général, Vasilyev a dix minutes vingt trois d’avance.

Thomasse a neuf minutes de retard à l’arrivée, il est troisième depuis le départ, et pointe à 44 minutes au général.

De Rooy termine cinq à 35 minutes de Vasilyev…

Pas mal le « trucker« … 

Au fait, on est à 40 km de la mer, mais on ne la verra pas avant la journée de repos à Dakhla, où l’on arrivera demain soir samedi.

 

Résultats et Classement Africa Race jour 4 

http://www.africarace.com/fr/course/2018/etape/138

 

LES INTERVIEWS

Vladimir VASILYEV : « C’était une belle spéciale mais Jean-Louis Schlesser ne nous a pas épargné au niveau des crevaisons… Après trois changements de pneu nous n’avions plus de roue de secours ! C’était difficile surtout à la fin en navigation. On a encore deux minutes
d’avance sur Serradori, c’était une belle bagarre aujourd’hui, on n’a pas arrêté de se croiser, c’était super. »

Mathieu SERRADORI : « On a ouvert la piste en faisant une bonne navigation avant de se livrer à une belle bataille avec les Russes, c’était très intense ! Après 414 kilomètres de course je n’avais plus de direction assistée, juste avant les dunes. C’était très compliqué de tourner les roues mais on voulait absolument finir, quitte à ralentir. Finalement, on s’en sort très bien grâce aux mésaventures des autres. Maintenant il va  falloir réparer pour repartir à fond demain. »

Pascal THOMASSE : « Je n’ai pas vu le temps passer, c’est bizarre, j’ai trouvé ça court… On s’est amusé, j’ai un très bon navigateur, c’était une belle journée et la voiture va toujours aussi bien. On reste optimiste même si ça va être difficile de gagner. »

Gerard DE ROOY : « C’était une longue journée mais une très belle spéciale avec pas mal de navigation, je me suis perdu une fois. Le camion va bien, j’ai roulé tranquillement sachant que je n’avais personne derrière, j’ai préféré assurer. »

Paolo CECI : « C’était une spéciale difficile en navigation mais je n’ai pas fait d’erreur. J’ai roulé avec Oliveira jusqu’à 30 kilomètres de l’arrivée. Physiquement je me sens bien mais je suis déçu de ne pas avoir pu me battre avec Ullevalseter. »

Luis OLIVEIRA : « Je suis toujours en phase d’apprentissage, c’était encore une bonne journée
pour moi. J’ai dépassé Ceci après 40 kilomètres de course et j’ai donc ouvert la piste un bon moment puis je me suis perdu et j’ai fini par retrouver les traces de Paolo jusqu’à l’arrivée.

Jean Louis BERNARDELLI

Photos :
Alain ROSSIGNOL et Jorge CUNHA/ Captain Nowhere

 

 

 

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