BOL D’OR 2017: L’EQUIPE SUZUKI DU SERT EN RECONQUÊTE SUR LE PAUL RICARD

 

BOL d’Or-2015- Paul RICARD – Stand-SERT-SUZUKI-Le Chef MELIAND ne sera pas aux-commandes  cette année!!!   Photo-Jean-François-THIRY-

 

On ne peut pas dire que le SERT (Suzuki Endurance Racing Team) aura été épargné par le sort au cours de la saison écoulée. La cruelle disparition d’Anthony Delhalle et la très sérieuse opération cardiaque, du « chef » Dominique Méliand a fortement secoué toute une équipe, solidaire et vaillante. Professionnels et bénévoles ont relevé le défi de défendre leur titre au championnat du monde, terminant à une seconde place, très méritoire.

Pour la saison 2018 débutant au Bol d’or samedi et dimanche, la nouvelle Suzuki doit permettre au SERT de se remettre en selle pour repartir à la conquête de la couronne abandonnée au GMT 94 Yamaha.

 

Une grande premiere: Le « chef » absent au Bol!!!

 

MOTO-ENDURANCE-BOL-D’OR-2017-Au guidon de la nouvelle moto du SERT, Vincent-PHILIPPE.

 

Dominique Méliand, qui  envisageait son retour aux affaires au Bol répond à nos questions

Tu n’es pas autorisé par les médecins à aller manager le SERT, au Bol ?

« La médecine veut bien que j’aille au Bol mais c’est un peu à mes risques et périls. Je ne cours pas de gros dangers sauf que si ce qui a lâché voici trois semaines venait à lâcher de l’autre côté (liaison rénale) là, il y aurait urgence. Donc, la sagesse c’est de suivre l’équipe… à distance. »

Alors, l’ancienne bécane est bien enterrée ?

« Oh oui, pas question de la remettre sur le plancher, ça n’est pas possible, ça n’est plus possible. »

 

BOL d’OR 2017 – La nouvelle Suzuki 2018 L17

 

Comment sens-tu la nouvelle Suzuki 2018 ?

« Si tu veux, c’est une moto qui est bien née, comme toute moto bien née il faut maintenant la faire vivre et découvrir tout ce qu’elle a dans le ventre, en espérant que… On n’est pas plus malin que tout le monde. Dans un temps aussi court –on est dessus depuis même pas un mois à cause de ce foutu calendrier-, il se peut que l’on passe à côté de certaines choses. Il aurait fallu pouvoir lui faire avaler des kilomètres. »

 

BOL-d-OR-2047-Gregg-Black-sur-la-Suzuki-L7

 

Au point de vue de  l’équipe pilotes, tu as cherché, en recrutant Gregg Black, à trouver une plus grande homogénéité ?

« Tout à fait, là je pense que l’on n’est pas trop mauvais. Pour Gregg les consignes furent claires. Je lui ai dit : tu apprends la moto et tu apprends l’équipe, sans vouloir tout croquer. Si tu me mets la cabane sur le chien ça n’est pas la peine, si tu veux faire un concours entre les gars c’est encore moins la peine. Gregg a bien apprécié que ça soit clair, il a bien compris ce que l’on attendait de lui. »

Ton petit couplet sur le calendrier du championnat prouve que c’est une chose que tu n’as toujours pas digérée ? (début de saison en septembre au Bol et fin de saison en juillet à Suzuka)

« Que je ne digérerai jamais ! »

Les teams n’ont rien eu à dire ?

« Pour ce qui concerne le SERT, quand cette affaire est sortie du chapeau, j’ai fait un mail à la FIM indiquant que l’on était à côté de la plaque. Les autres tops teams ont dit : ça peut être bien. Sur la question, on n’a que nos yeux pour pleurer, on n’a qu’à aller pisser au pied de notre arbre. Mais on n’a que ce qu’on mérite. »

La concurrence s’est restructurée, comment vois-tu cela ?

« Restructurée, non. Pour moi c’est la même chose à un poil près. Honda est en train d’attaquer son développement de moto. Ils sont un peu comme nous, je pense. Kawasaki, on ne sait plus trop. Kawa a annoncé qu’il allait participer à tout le championnat et maintenant, cette option est jugée trop coûteuse. Yamaha ne s’est pas restructurée vraiment, mais là, il y a reconnaissance officielle du YART, même si ce ne sont pas eux qui sont champions du monde. Par contre, la Yam est au point, ils ont bossé 2 ans dessus mais maintenant, elle est vraiment au point. BMW sont encore un peu dans l’ombre mais peuvent faire un coup d’éclat. »

Bonnes premières impressions


BOL-dOR-2017-La-nouvelle-équipe-du-SERT

 

Après cet entretien nous avons téléphoné à Vincent Philippe, pilote d’expérience s’il en est, avec ses 10 titres de Champion du monde.

Vincent, tu es monté pour la première fois sur la nouvelle Suzuki, le 16 août je crois, quelles furent tes impressions et ton premier jugement ?

« La première impression, forte, c’est évidemment le moteur et sa puissance. Nous étions seuls en piste au Paul Ricard, nous n’avions pas de comparaison mais le moteur se montrait très puissant. La machine était trop stable grâce à l’électronique, on était même gêné de ne pas pouvoir faire glisser la moto.»

Il poursuit:

« On a découvert avec gourmandise tous les systèmes, toutes les assistances différentes que l’on peut régler en roulant, qui existent aujourd’hui sur une moto Superbike. La machine est très fine, tourne très facilement. La moto est très stable, très posée. La première matinée ne fut pas simple. Il fallait trouver le premier équilibre du châssis pour être à l’aise et pouvoir utiliser les différents atouts : puissance moteur, freinage. Rapidement nous étions dans le ton. »

 


Vincent Philippe 2017 © Photo Michel Picard pour Autonewsinfo

 

Ensuite vous êtes allés aux essais pré-Bol, comment les choses se sont-elles passées ?

« Visuellement nous avons été impressionnés par l’accélération, notre moto n’a pas d’équivalent, il me semble, sur le circuit. On est très content évidemment, on s’en sert énormément. En vitesse de pointe la Kawa est extrêmement rapide, tout comme les deux équipages Bridgestone avec la Yamaha N° 7 et la Honda N°5, qui sont très à l’aise grâce aux pneus. En tout cas nos essais sont très encourageants en vue de la course. Je ne pense pas que durant les essais  de la semaine de course nous puissions révolutionner nos recherches sur cette moto. »

Vous n’avez pas communiqué vos temps ?

«  C’est un petit jeu effectivement, pour inquiéter la concurrence, qui doit bien comprendre qu’on dispose du meilleur moteur en endurance. On va s’appuyer là-dessus. En réglage châssis, on a déjà trouvé des choses intéressantes, on essaie de comprendre des trucs aussi. En fiabilité nous n’avons connu aucun problème. Pour la course, la puissance du moteur ne va pas être réduite mais un nombre de tours max sera fixé. Bien sûr, on peut connaitre de petits soucis. »

 

Une méticulosité circonspecte

MOTO-ENDURANCE-BOL-DOR-2017-Au-SERT-Montage-de-la-moto

 

Afin de présenter l’ensemble des points de vue concernant cette approche du Bol d’or, première course de la saison 2018, il était normal que nous passions à l’atelier.

Avant que les camions puissent être chargés pour prendre la direction du Castellet, nous trouvons l’équipe des mécaniciens totalement immergée dans la finition du montage des motos. On ne peut pas dire que l’on affiche un optimisme béat face à la nouvelle moto, à cause d’un manque de temps pour avoir pu procéder à la fiabilisation de la Suzuki L7 version Yoshimura et Suzuki Motors Corporation.

 

MOTO-ENDURANCE-BOL-DOR-2017-Au-SERT-Des heures de travail – Photo Alain MONNOT

 

Pour bien comprendre les choses, il faut savoir que cette moto a été conçue à partir d’un cahier des charges intégrant les contraintes des courses d’une journée ou de 8 heures. Franchir le pas pour s’assurer d’une fiabilité sur 24 heures, demeure un exercice périlleux.

« Dans le peu de jours d’essais  on a vérifié beaucoup de choses mais, la moindre bricole inconnue par rapport à l’ancienne moto peu lâcher et cela, n’est pas très confortable en termes de sérénité. »

 

BOL-d-OR-2017-  Atelier du SERT au MANS

 

L’idéal aurait été bien évidemment de disputer une course de 8 heures, puis des essais complémentaires avant une autre épreuve de 24 heures, cette fois. Malgré les quelques 2500 kilomètres couverts, on sent bien que les mécaniciens demeurent dans l’expectative. Ils tendent le dos et entendent mettre à profit les essais dès le mardi de la semaine du Bol, pour peaufiner leurs réglages.

 

 

Ils nous le précisent en cœur, le moteur ne fait pas tout et la nouvelle moto, permettant de jouer facilement sur l’amplitude des réglages concernant la maniabilité et la motricité, il reste pas mal de travail à faire.

La moto destinée au Superbike a reçu les aménagements requis par le règlement EWC : feux Av et Ar,  intégration des plaques, changements rapides des roues, réservoirs à 2 vannes (voir photo). Elle demeure équipée d’amortisseurs Ohlins, alors que ce sont les freins Nissin qui ont été retenus par le SERT.

 

MOTO-ENDURANCE- BOL D’OR-2017-Au-SERT-Dominique-MELIAND a laissè le camion partir vers le Circuit PAUL-RICARD sans lui!

 

Comme à son habitude le SERT, fort de son expérience termine ses préparatifs avec une grande méticulosité, croisant les doigts pour ne pas voir une pièce à 2 euros lui péter au nez. Décidément, le calendrier avec ce Bol prématuré est un handicap réel, que tous ici dénoncent, moins directement que « le chef ».

BOL d OR 2017 Etienne Masson sur la nouvelle  Suzuki L7

 

Quoiqu’il en soit, il faudra suivre la Suzuki N°2 chevauchée par trois gaillards aux performances très homogènes et à l’entente parfaite. Vincent Philippe, Etienne Masson et Gregg Black ont pris plaisir à piloter cette nouvelle moto. Ils sont en parfaite osmose avec le staff technique et tout aussi déterminés que les mécaniciens à ne pas subir la course, craignant bien sûr un défaut de jeunesse caché.

 

Alain MONNOT

Photos : David REYGONDEAU, Michel PICARD- Gilles VITRY et Alain MONNOT

 

BOL-DOR-2016-PAUL-RICARD- La SUZUKI-N°1-Photo-Sébastien-VIRIEUX-

Bol d'Or FIM EWC