DÉCÈS DE MICHEL PONT DU MAGNIFIQUE ‘MUSÉE DE SAVIGNY LES BEAUNE’.

 

 

 

 

 

Notre ami Michel Mallier nous annonce ce jeudi soir 9 septembre 2021, le décès de Michel Pont, le fondateur notamment du très réputé musée de l’automobile de Savigny les Beaune, lequel renferme entre autres une sublime collection des voitures Italiennes de la marque Abarth.

Au cours des dernières années nous avons eu maintes fois l’occasion de le croiser.

Un homme passionné, attachant et au fort charisme.

C’est donc avec tristesse que nous apprenons la pénible nouvelle de son décès.

 

Gilles GAIGNAULT

 

PS: NOTRE ARTICLE DE JUIN 2017

 

Michel-PONT-Le-propriétaire-du-Musée-de-Savigny-les-Beaune-Rec-HELEINA-Photographe.

 

Lors de l’excellent ‘Salon Auto-Moto Rétro de Dijon‘ en mars, j’avais fait le connaissance de Michel Pont, Fondateur et Propriétaire du « Musée de Savigny lès Beaune« .

Un personnage hors du commun -dans le bon sens du terme- et qui ne saurait laisser indifférent?!

Je m’étais promis de retourner le voir dès que possible et visiter attentivement son Musée que l’on disait tout à fait… exceptionnel !

Un mois et demi après, c’est chose faite.

 

MUSÉE-DE-SAVIGNY-LES-BEAUNE

 

Savigny lès Beaune est un petit village à la sortie nord de Beaune. Toute l’économie de la région tourne, je ne vous surprendrai pas, tourne naturellement autour du vin de Bourgogne.

Le Bourgogne ?

Michel Pont, n’est pas né dans un fût mais presque, fils de vigneron il n’était guère passionné par les études, du coup son père lui dit : «maintenant, tu vas travailler à la vigne»

À 15 ans, il remarqua que les vendanges étaient très imparfaites et laissaient de nombreuses grappes sur les pieds de vigne.

Pas farouche pour deux sous, le gamin Michel, demanda alors à son père, oncle et amis, l’autorisation de passer derrière eux, pour récupérer ce qui allait être gâché.

Il en fit une récolte de 600 bouteilles avec lesquelles, il acheta son premier lopin de vigne. Début d’une success-story comme cela était possible dans l’immédiat après-guerre.

Parallèlement à ses activités de vigneron, Michel Pont avait la passion des motos… et des automobiles de sport, lesAbarth !

Les premières pour se déplacer, les secondes pour courir et s‘aligner dans des Courses de Côte.

Il se décrit lui-même comme un ‘bon’ pilote, sans être exceptionnel, mais il termina tout de même second du Championnat de France de la Montagne de sa catégorie, grâce à sa régularité et à son assiduité.

Qu’en aurait-t-il été, s’il avait consacré 100 % de son temps à la Compétition ?

On ne saura jamais, on ne refait pas l’histoire

 

La-collection-ABARTH-du-Musée-de-SAVIGNY-les-BEAUNE-de-Michel-PONT

 

Au fur et à mesure qu’il développait son domaine viticole, Michel commença à recueillir et j’insiste sur le terme, vous verrez un peu plus tard, il a toute son importance, des motos et des Abarth.

Aujourd’hui, il y a près de 200 motos dont environ 100 sont à restaurer mais bien préservées, au fur et à mesure de ses possibilités -il fait tout avec ses propres moyens sans solliciter aucune aide ou subvention- et donne à restaurer les plus belles pièces, notamment une rarissime moto Blériot ou encore des Vincent…

Il possède même les trois «Tigre» deux en version civile et une en version racing endurance

La Tigre était un prototype très abouti de la fin des années 60, début des années 70, autour d’un Flat Twin de Panhard PL 17… Plus de 200 km/h réels, une consommation de moineau, légèreté et fiabilité mais hélas jamais industrialisée !

Deux raisons à cela: La clientèle moto ne jurait à l’époque que par la révolution Japonaise, la moto Française était un pan de l’industrie, ayant perdu son pouvoir de séduction auprès des banquiers et industriels Français. Ils oubliaient volontiers que dans les années 50, la France était quasiment leader mondial dans les petites et moyennes cylindrées !

Un seul géant de l’industrie Française vola à son secours !

Marcel Dassault rachetant sa participation Motobécane à Renault en 80. Trop tard, déjà trop tard…

Et puisque nous parlons de Marcel Dassault,  continuons donc la visite du ‘Musée de Savigny’, avec pas moins d’une centaine d’avions de chasse !

Nous connaissons tous, un oncle François ou une tante Marie qui, par amour des animaux, pour empêcher qu’ils ne soient euthanasiés, recueille un chat, un chien, deux chats, deux chiens et se retrouve au final avec une maison refuge d’animaux…

Michel Pont, a agi de la sorte avec ces avions qui, sans lui, auraient terminé leur vie tronçonnés par des ferrailleurs !

Un «privé» qui rachète des avions avec son propre argent et les entrepose dans le parc de son château !

Vous imaginez ce que l’ homme a pu endurer comme dénigrement, jalousie ?

Oublions ces vilains traits de la nature humaine (Balzac les a dépeints mieux que quiconque dans la Comédie Humaine que je vous invite à lire, ou relire ô toi ami lecteur.)

Certes, les avions sont entreposés en plein air et non pas dans des hangars chauffés. Notre ami Vigneron consacre tous ses moyens à cette passion.

S’il avait consacré tout son temps, toute cette énergie, tous ses moyens à la vigne et à son activité première, nulle doute qu’aujourd’hui, ce ne sont pas dix-sept hectares qu’il aurait, mais trois, quatre, dix fois plus et probablement les moyens d’abriter cette collection dans de beaux hangars

Oui, à un détail près, la plupart des avions auraient  déjà été tronçonnés depuis des décennies.

Ne boudons pas notre plaisir et saluons le travail accompli, la passion, la préservation du patrimoine.

Dans un pays anglo-saxon, les mécènes afflueraient pour l’aider, qu’ils soient privés ou entreprise. Ici ce n’est hélas pas encore dans les mentalités.

Autre exemple de la passion et des qualités humaines de Michel Pont,  il a rassemblé (refrain : toujours avec ses propres deniers)  une partie des collections du Musée des engins de Pompier de Jean Claude Picot…

Ceci amène à une réflexion un peu triste :

Le Musée Maeght près de Cannes dans l’Estérel ? Vendu, dispersé aux enchères avec de nombreuses autos parties à l’étranger.

Le Musée des Voitures de Chefs d’État de Montjalin ? Vendu aux enchères avec de nombreuses autos parties à l’étranger.

Le Musée Jean Claude Picot ? Vendu aux Enchères !

La Collection Chapleur (motos) du Musée d’Amneville? En grand danger !

Etc, etc

 

La-collection-ABARTH-du-Musée-de-SAVIGNY-les-BEAUNE-de-Michel-PONT

 

Saluons donc la formidable passion d’un Michel Pont, d’un Michel Hommell avec son Musée de Lohéac et qui se battent pour continuer à offrir aux regards des spectateurs, les véhicules de leur jeunesse.

Une visite à Savigny lès Beaune ?

À 3 heures de Paris, une heure et demi de Lyon.

Franchement, l’occasion de passer un bon moment en compagnie du ‘Maître’ des lieux, Michel Pont, charmant jeune homme de… 85 ans, heureux de partager avec ses visiteurs histoires et anecdotes.

Par ailleurs, ce peut être l’occasion de remplir votre cave, le Château-Musée, proposant en effet, d’excellents Bourgognes et ce à des tarifs, on ne peut plus attractifs :

De 8 à 40 €, la bouteille.

Enfin, entre les petites routes viroleuses et tous les bons restaurants (raisonnables entre 15 et 30 €) il faudrait vraiment être ennemi du bonheur, pour reporter une visite et ne pas se laisser tenter…

 

Texte et photos: Patrick HORNSTEIN

 

Prix de l’entrée : 10 €

http://www.chateau-savigny.com

Ouvert au public tous les jours de :
09 h 30 à 18 h 30

T : 03 80 21 55 03

Château de Savigny
Place Fournier
21590 SAVIGNY LES BEAUNE