EMERSON FITTIPALDI FÊTE SES 70 ANS, L’ÂGE D’UN BON CRU

 

 

 Emerson-FITTIPALDI-Regard-sur-une-brillante-carrière-©-Manfred-GIET


Emerson-FITTIPALDI-Regard-sur-une-brillante-carrière-©-Manfred-GIET

 

Il y a quelques jours, le 12 décembre, Emerson FITTIPALDI soufflait 70 bougies d’une vie trépignante et dont il sort comme un des plus grands pilotes de l’histoire du sport automobile.

Né dans la mégapole de Sao Paulo, il est le plus jeune de la fraterie FITTIPALDI, derrière son ainé Wilson, le paternel Wilson Senior était un Radio et Téléreporter connu et estimé au Brésil.

Quant à sa mère Jozefa WOJCIECHOWSKA, elle était d’origine Russe, native de St-Petersbourg et dont le grand-père avait servi dans l’armée du Tsar.

 

 Wilson-FITTIPALDI-Senior-le-père-dEmerson-et-de-Wilson-Jr-©-Manfred-GIET


Wilson-FITTIPALDI-Senior-le-père-dEmerson-et-de-Wilson-Jr-©-Manfred-GIET

 

 

Ses parents possédaient une concession automobile automobile à Sao Paulo, ce qui explique son enthousiasme précoce pour tout ce qui faisait du bruit et qui allait vite, une tare dont il ne se défera jamais.

Ses débuts sur circuit fermé, il les réalisera toutefois sur un deux roues de 50cc et qui lui feront connaître les astuces de la mécanique de plus près et qui lui serviront pour assister son frère aîné Wilson Junior, qui participait assidument au Championnat Brésilien de Karting dont il devint un des Champions nationaux.

Dès l’âge de 17 ans, celui qui piaffait d’impatience de pouvoir suivre la voie de son frère, remportait d’entrée sa première course et devenait également  à son tour Champion du Brésil de Karting.

 

 EMERSON-FITTIPALDI-en-F3-en-1969-à-Brands-Hatch


EMERSON-FITTIPALDI-en-F3-en-1969-à-Brands-Hatch

 

Du Kart, Emerson passa aux voitures de Tourisme et sa première épreuve se termina par un « béret » sur une Renault Gordini, son seul tonneau racontera-t-il un jour, en dehors de sa cave à vin!

La suite de sa carrière s’orienta vers les monoplaces avec des participations dans les différentes Formules de promotion de la fin des années ’60: Formule VEE, Formule 3 et Formule 2 en Angleterre, où il avait émigré, et où on le surnomma « Emmo ».

 

EMERSON-FITTIPALDI-à-ses-début-en-F1-en-1970.j

EMERSON-FITTIPALDI-à-ses-début-en-F1-en-1970.j

 

En 1970, lors du GP d’Angleterre de F1 à Brands-Hatch, FITTIPALDI disputa son premier GP sur une LOTUS 49 aux côtés de Jochen RINDT, au volant lui d’une LOTUS 72 plus récente et Graham HILL sur une LOTUS 49 identique.

Qualifié en 21ème position, mais devant … le double Champion du Monde Graham HILL, il considérait cette place sur la grille comme une victoire pour sa première dans la catégorie reine, terminant finalement son 1er GP au 8ème rang, deux places derrière le beaucoup plus expérimenté  Graham HILL et le vainqueur Jochen RINDT, les pilotes Lotus.

 Emerson-FITTIPALDI-futur pilote de légende-©-Manfred-GIET.


Emerson-FITTIPALDI-futur pilote de légende-©-Manfred-GIET.

 

Quelques semaines plus tard, Jochen RINDT se tuait à l’entrée du virage de la Parabolique à Monza lors des essais du GP d’Italie, ce qui pesa comme une chape de béton sur le Team LOTUS pour la suite alors que Colin CHAPMAN se voyait accusé de construire des voitures rapides mais extrêmement dangereuses.

L’infortuné pilote Autrichien menait avec une avance substantielle devant Jacky ICKX au Championnat du Monde, alors qu’il restait encore trois GP à disputer et que le pilote Belge semblait être sur une voie royale pour remporter le titre.

C’était sans compter sur FITTIPALDI, qui en remportant le GP des USA à Watkins Glenn  fêtait sa première victoire en F1 ,mais assurait du coup le titre mondial  à son équipier Jochen RINDT, vu qu’ICKX, qui termina 4ème, même en remportant le dernier GP au Mexique, ce qu’il fit, ne pouvait plus rejoindre ou dépasser le pilote défunt Autrichien, lequel fut finalement couronné Champion du monde à titre posthume!

 

F1-Emerson-FITTIPALDI-LOTUS-72-en-1972-et-1973-©-Manfred-GIET

F1-Emerson-FITTIPALDI-LOTUS-72-en-1972-et-1973-©-Manfred-GIET

 

Cette victoire d’Emerson lui assura aussi une place de titulaire chez Colin CHAPMAN pour 1971, où il récolta 16 points en dix GP disputés en terminant 6ème au classement pilotes.

Un an plus tard, il vécut une saison couronnée de succès en remportant cinq victoires en douze GP et en marquant au total 61 points qui lui assuraient son premier titre de Champion du Monde.

En 1973, il disputa toujours pour le Team LOTUS, quinze GP dont il en remporta trois, terminant vice-champion du Monde en fin de saison dauphin de l’Ecossais Jacky Stewart, avec 55 points récoltés.

 

 Emerson-FITTIPALDI-Mc-Laren-M23-Champion-du-Monde-1974-©-Manfred-GIET


Emerson-FITTIPALDI-Mc-Laren-M23-Champion-du-Monde-1974-©-Manfred-GIET

 

Convoité par Teddy MAYER, qui dirigeait le Team Mc LAREN depuis le décès en 1970 de son fondateur l’ancien Pilote Néo-Zélandais Bruce Mc LAREN, pour piloter la Mc LAREN M23 en 1974, FITTIPALDI ne se fit pas prier.

Pour y fêter sa joyeuse entrée, il remporta trois GP et son second titre de Champion du Monde avec trois petits points d’avance sur son plus dur rival, le regretté pilote Suisse Clay REGAZZONI, alors pilote sur FERRARI.

 

EMERSON-FITTIPALDI-au-volant-de-la-McLAREN-en-1974.

EMERSON-FITTIPALDI-au-volant-de-la-McLAREN-en-1974.

 

Sa deuxième saison chez Mc LAREN se passa un peu moins bien, Emerson devant se contenter d’une place de vice-Champion du Monde devancé par la Ferrari de l’Autrichien Niki Lauda, grâce à ses deux victoires et une récolte de 45 points au bout des treize GP que comptait la saison.

Avec l’aide d’une coopérative sucrière et de distillation d’alcool Brésilienne, COPERSUCAR, son frère aîné Wilson, lui aussi pilote en F1, décida après avoir passé deux années chez BRABHAM de créer son propre Team à partir de 1975 grâce à l’appui financier de ce consortium Brésilien composé d’une coopérative sucrière et d’une distillerie d’alcool de canne à sucre.

 

 EMERSON-FITTIPALDI-au-volant-de-la-1re-COPERSUCAR


EMERSON-FITTIPALDI-au-volant-de-la-1re-COPERSUCAR

 

Cette initiative de faire rouler en F1 une monoplace COPERSUCAR-FITTIPALDI, nationale de A à Z, déclencha une véritable euphorie chez les Aficionados et Paulista Brésiliens.

Certes, le concept était louable mais risqué à plus d’un titre, vu qu’il  était complètement nouveau et sans aucune expérience de la compétition.

Après des débuts difficile, sur la FD 01 -pour Fittipaldi & Divila- une monoplace avant-gardiste d’un point de vue aérodynamique dessinée par le jeune ingénieur Brésilien Richard DIVILA, mais qui par manque d’efficacité dut faire place durant la saison inaugurale à la FD 02 et FD 03, Wilson décida de raccrocher casque et gants fin 1975 pour ne plus  se consacrer qu’à son Team, pour lequel il avait engagé son frère Emerson et son compatriote Ingo HOFFMAN.

Puis le Finlandais Keke Roberg en 1981 qui allait un an plus tard, déçu de ses piètres performances parvenant difficilement à arracher ses qualifications, devenir Champion du monde mais chez… Williams!

 

FITTIPALDI-F7-avec-Rosberg-devant-Emerson-Fittipaldi-©-Manfred-GIET.

FITTIPALDI-F7 avec Keke Rosberg devant Emerson-Fittipaldi-©-Manfred-GIET.

 

L’odyssée COPERSUCAR-FITTIPALDI prit fin en 1982 après 119 GP disputés et comme seuls petits résultats probants trois podiums et non sans laisser quelques traces internes au sein de la Famille FITTIPALDI, où Emerson reprocha à son frère Wilson son tempérament trop exigeant sans parfois prendre le temps de la réflexion dans certaines circonstances…

Passé la déception du projet familial et national avorté, Emerson démarra en 1982 sa seconde carrière en allant disputer le Championnat de monoplaces US de l’INDYCar.

A 37 ans, d’aucuns lui reprochèrent d’aller aux States uniquement dans le but d’aller compenser son manque à gagner qu’il avait subi durant ses années passées au sein du Team de son frère et qu’avec un pédigré de double Champion du Monde en F1, le pays de l’oncle Sam, aurait bien quelques ‘tunes’ à lui offrir pour ce que beaucoup voyaient comme un hobby rétribué dans son cas.

 

 EMERSON-FITTIPALDI-Victorieux-aux-500-Miles-à-INDIANAPOLIS


EMERSON-FITTIPALDI-Victorieux-aux-500-Miles-à-INDIANAPOLIS

 

Mais Emmo prit goût à cette série, qui lui permit, grâce à son style de pilotage affûté et en finesse, de se mettre régulièrement en valeur et de couper court à toutes les discussions à son sujet!

S’il participa en tout à onze saisons de F1, dans les séries INDYCar et CART sur le continent américain, il ajouta treize saisons à son bonheur  de piloter durant lesquelles il remporta tout de même, le Championnat en 1989, ainsi que les célèbres 500 Miles d’Indianapolis cette mêmeb année, récidivant en 1993 tandis que le total de ses victoires se chiffre à 22!

Soit un brillant palmarès sur les circuits US.

 

EMERSON-FITTIPALDI-Victorieux-aux-500-Miles-à-INDIANAPOLIS en 1993

EMERSON-FITTIPALDI- Victorieux aux 500 Miles à INDIANAPOLIS en 1993

 

A Indianapolis donc, il monta à deux reprises sur la plus haute marche du podium après ses victoires pour le Team PENSKE, et allait jusqu’à bouleverser les traditions en s’enfilant une bouteille de jus de fruit en lieu et place du traditionnel flacon de lait, lui qui était propriétaire d’une grande orangeraie dans son pays natal, déclenchant à cette occasion l’hilarité générale!

 

EMERSON-FITTIPALDI-CHAMPION-du-MONDE-de-F1-en-1972.

EMERSON-FITTIPALDI devient CHAMPION du MONDE de F1 une 1re fois en 1972.

 

Retraité depuis 1996, il prit une dernière fois le volant d’une FERRARI 458 AF CORSE dans le cadre des Six Heures de SAO PAULO, et est malgré tout resté proche du sport automobile en suivant régulièrement de près ses deux petits-fils, Pietro et Enzo qui participent respectivement aux Championnats de Formule 3,5 V8 et Ginetta Junior en Europe ou encore occasionnellement comme Commissaire Sportif FIA sur les GP de F1.

Maintenant septuagénaire, il reconnait que les anges gardiens ont toujours été de son côté durant sa carrière et qu’à deux reprises il a échappé à la chaise roulante de justesse:

Une 1ére fois en 1996 lors des MICHIGAN 500 lorsqu’il s’accrocha avec Greg MOORE et percuta le mur à 300 Km/h ce qui lui occasionnera des fractures de vertèbres et l’autre fois un an plus tard lors d’un crash en ULM.

 

 Emerson-FITTIPALDI-Parfois-il-pilote-encore-des-voitures-historiques-©-Manfred-GIET


Emerson-FITTIPALDI-Parfois-il-pilote-encore-des-voitures-historiques-©-Manfred-GIET

 

Emerson FITTIPALDI fait désormais partie de cette frange de pilotes de légende dont la personnalité a marqué pour toujours l’histoire du sport automobile. On le revoit et croise parfois et toujours avec plaisir, lors d’épreuves historiques

Outre ses nombreuses coupes et trophées, en 2001 il reçut également la très prisée décoration Américaine HALL OF FAME.

Malheureusement depuis le printemps 2016, tous ces objets conquis de haute lutte, lui ont été saisis par la justice Brésilienne, suite à l’accumulation de dettes en raison de la conjoncture financière et politique instable de l’état Brésilien et qui ont vu la grande partie de ses nombreux investissements réalisé dans sa ville natale de Sao Paulo, péricliter au point que ses créances  accumulées se chiffraient à plus ou moins 6,5 Millions d’€!

Tout récemment, il confiait au moment des saisies dont il espère qu’elles ne seront que conservatoires et attendant des temps meilleurs:

« Avant j’ai bossé durant toute ma carrière de pilote pour gagner tous ces trophées et maintenant je vais bosser pour les récupérer »

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Happy Birthday-Bom Aniversario Emerson!

 

Manfred GIET

Photos : PUBLIRACING -TEAM et INDYCAR

 

F1-Emerson-FITTIPALDI-voiture-et-casque-toujours-bien-colorés-©-Manfred-GIET

F1-Emerson-FITTIPALDI-voiture-et-casque-toujours-bien-colorés-©-Manfred-GIET

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