VALENTINO ROSSI : LE LIVRE DE MICHEL TURCO… GÉANT !

 

Michel Turco suit les GP pour Moto Revue avec son complice photographe Jean Aignan Museau, tous ceux qui m’ont parlé de lui dans les paddocks du MotoGP n’ont que des mots positifs à son égard.

Il fait partie de cette race de journalistes de plus en plus rares qui sont complètement intégrés au milieu qu’ils suivent, mais pas du tout « embedded » pour autant, pas béni-oui-oui du tout;

Simplement il connaît tout le monde, il est dans un paddock comme un poisson dans l’eau, pour reprendre une phrase que je vole volontiers à Mao.

Il écrit un livre sur un pilote qui a dépassé le stade de la star des circuits, qui est devenu une sorte d’icône mondiale et même plus que ça.

Et écrire sur un géant, pas facile, mais il l’a fait, avec talent, son bouquin se lit comme un roman d’aventure car la vie de Rossi en est une, dont la trame est l’univers, rien que ça…

Ce livre est une  énorme et belle surprise, écrit avec passion et talent par un mec qui suit les GP depuis un paquet de temps, il sait tellement de choses que l’on a l’impression qu’il était déjà la en 1949 à la création du championnat du monde !

En fait, le garçon est beaucoup plus jeune que cela, ce qui devrait m’inciter à la sévérité, dans la série « les jeunes sont des cons », mais cela m’obligerait à reconnaître que cela a été mon cas ce qui me paraît désobligeant à mon égard.

Donc il n’y a pas que des cons chez les jeunes, ce n’est pas nouveau, mais Michel est un mec carrément passionnant, qui a une jolie rubrique de réponse aux questions de ses lecteurs, bref non seulement il est doué, non seulement il est sympa mais en plus il bosse (je n’écris pas « comme un Turc », celle-là serait vraiment la plus mauvaise de ma carrière…)

La moto a besoin de mecs comme lui, quand Eurosport l’a mis sur la sellette je me suis dit qu’une fois de plus, la TV se tirait dans le pied,  spécialité de cette profession depuis toujours.

Pour le reste, ce mec est un délice, point final…

ROSSI: « BLUE RONDO ALLA TURCO »

TURCO ET LE ROI BLEU

TURCO ET LE ROI BLEU

 

Le jeu de mots de mon sous titre est dû à Dave Brubeck, inventeur de la mesure à cinq temps, autre génie…

Cette bio de Rossi arrive à point, le MotoGP a une seule idole mondiale et c’est lui, Valentino Rossi.

Rossi, c’est un frisson, et le bouquin de Michel Turco traverse en permanence ce genre d’aurore boréale  qui est la caractéristique du « Dottore », qui a eu d’ailleurs un tas d’autres surnoms, Michel explique tout ça.

J’ai même noté que Turco est gentleman, son opinion sur le duel lamentable de Marquez et Rossi à Sepang en 2015 a évolué dans un sens nettement plus réaliste et sportif.

Il ya plusieurs façons de lire une biographie, goulûment… Ou petitement à la recherche d’erreurs. Ou en amateur passionné. Ou en amateur de littérature qui a un certain goût pour les trucs bien écrits.

Ou encore en fan, ce qui sera probablement la majorité des lecteurs et dans ce cas, mon papier sert juste à dire que c’est en vente, courez, ça vaut le coup !

Dans ce cas, rendez vous en bas de page pour les infos techniques…

Pour ceux qui en veulent un peu plus, voilà de quoi méditer.

 

L'ENFANCE DU ROI DU MONDE

L’ENFANCE DU ROI DU MONDE

En ce qui concerne la recherche d’erreurs, ce serait bien au-delà de mes compétences et de ma p… de mémoire défaillante, surtout vu l’expertise de l’auteur et son goût pour une certaine rigueur…

Il y aura en fin de papier une remarque désobligeante, ceci n’est pas un communiqué de presse mais un compte rendu de lecture…

J’ai donc dévoré goulûment cette biographie, avec bonheur.

Avec frisson.

 

QUELQUES ANNÉES PLUS TARD…

 

Parce que j’aime l’histoire, la grande et les petites, et que Valentino  est de toutes les  histoires depuis 1996, date de sa première victoire en GP.

Michel Turco révèle par exemple que Valentino est le nom du meilleur ami du père du « Dottore », disparu par noyade dans leurs jeunes années de complicité…

On apprend aussi que le fameux No 46 est celui porté par son père lors de sa première victoire en GP 250, que comme par hasard le petit Valentino a commencé très tôt, d’abord par le kart, puis la famille a choisi la moto pour des motifs financiers (heureusement!), il ya une foule de révélations et de détails qui montrent que l’auteur connaît bien la famille.

Les familles d’ailleurs,  les parents ont divorcé et ont tous deux vécu une deuxième aventure amoureuse.

Autre point que je connaissais de Rossi le noctambule, mais encore une fois c’est un coup de bol, c’est comme ça que je l’ai rencontré, je pensais que c’était exceptionnel mais c’est une vraie habitude.

Rossi traîne très tard sur les paddocks parce qu’il se couche tard et qu’à cette heure là on lui fout la paix, il a pu ainsi quand il était moins connu passer des heures à décorer sa moto et son casque.

Alors bien sûr il du mal à se lever le matin, au point de quasiment rater plusieurs warm up !

Bref il est en décalage en Europe (mais du coup pas dans les GP dits d’outre mer !).

Ce qui rend Rossi humain, surtout quand un lecteur comme ma pomme est insomniaque depuis des dizaines d’années,  souffrant le martyre sur les GP de F1 où il fallait se lever à cinq/six heures du mat pour éviter les foules à l’entrée des circuits.

La vie de «  Vale » ?

 

ROSSI ET UCCIO DANS UNE DES FÊTES MÉMORABLES DE FIN DE SAISON

ROSSI ET UCCIO DANS UNE DES FÊTES MÉMORABLES DE FIN DE SAISON

Dès l’enfance il aime être entouré, de ses amis d’enfance.

Un exemple : l’homme qui le suit partout, Uccio, était à ses côtés sur les bancs de l’école à quatre ans !

Et tout son entourage raconte les blagues qu’il adorait faire à longueur de journées, bien avant celles parfois cruelles qu’il va lâcher dans les confs de presse !

Mais si Rossi est connu pour balancer des vannes, il sait aussi envoyer des marrons, il ya quelques pilotes qu’il a détesté dans sa vie, Biaggi en particulier.

Dans une bousculade dans un escalier dérobé minuscule qui monte au podium, Max le Romain s’est pris un bourre pif et est monté sur ledit podium avec le nez très égratigné !

Il est vrai qu’à la fin d’une course, quand on retire le casque, on met encore un peu de temps à passer du statut de tueur pouvant se tuer à celui de star…

Autre découverte, qui part d’une constante chez les pilotes de vitesse, le gri-gri.

 

SYMBOLIQUE PARFOIS PLUS DIFFICILE A SUIVRE QUE LES INDICES DE LEONARD DE VINCI

SYMBOLIQUE PARFOIS PLUS DIFFICILE A SUIVRE QUE LES INDICES DE LEONARD DE VINCI DANS SES TABLEAUX

 

J’avoue avoir remarqué que Rossi portait des signes constants sur lui, mais je n‘avais pas fait le rapprochement entre une figure symbolique et un gri-gri.

Michel Turco en évoque pas mal, dont la tortue bien sûr mais aussi le soleil et la lune qui sont toujours sur lui, on sait que ces deux astres ont été à la base de véritables cultes (Egypte, les Celtes), bref les gri-gri de Rossi sont assez haut de gamme…

Autre constante chez un grand champion, la mémoire, il se souvient de chaque virage dans chaque tour, de chaque coup de gaz ou de frein, cette mémoire phénoménale est l’arme secrète de Sebastien Loeb, qui a le même nombre de titres mondiaux que Rossi, neuf…

De grâce d’ailleurs, à Michel et aux autres, le mot « nonuple » champion du monde est d’une laideur absolue.

C’est du français, mais autant double, triple, quadruple sont des mots qui frappent, à partir de quintuple, c’est nul à ch…, comme quoi la langue française peut avoir des passages à vide…

Et écrire « Rossi neuf fois champion du monde » me semble tellement plus à portée d’élégance…

Bon c’était juste une remarque, sinon on va croire que je suis zélateur de l’auteur, je ne cire déjà pas mes pompes alors celles des autres…

 

ROSSI LE ROI MAIS PAS DE LA « REINE » 

ELLE EST OU LA REINE,,? JE NE VOIS QUE DES ROIS...

ELLE EST OU LA REINE?  JE NE VOIS QUE DES ROIS…

 

Rossi c’est aussi une carrière phénoménale, Michel a réussi à nous parler des succès innombrables de Rossi en GP sans jamais être répétitif, ce pari là est un vrai challenge dont Michel s’est sorti en véritable bretteur.

J’ajoute que l’on y trouve un cahier photo superbe, qui mêle les grandes heures sportives et quelques instants de jeunesse très attendrissants, la gueule de gamin de Rossi lors de sa première victoire est incroyable.

Bon, un dernier mot Michel, je n’allais pas terminer un éloge, voire un triomphe à la romaine sans t’en mettre une.

Une seule…

L’usage du mot : « Catégorie Reine »… reine, et de quoi ?

En France, les reines on les raccourcit, on les conchie, on les pamphlétise à mort, l’une d’entre elles a même donné la France à l’Angleterre (Traité de Troyes, 1420, Isabeau de Bavière, la s…),  pourquoi pas une aussi ridicule « catégorie présidente »… Robespierre aurait probablement écrit « La catégorie  suprême ! »

Je sais qu’utiliser un langage spécial donne l’impression d’être initié, les journalistes politiques évoquent « Le Quai » pour des opérations de police mais aussi de politique étrangère, « La place Beauvau » pour le premier flic de France, mais cela n’est rien à côté des mecs du golf avec leur « par », leur « eagle », leur « rough »… La-men-ta-ble… et ridicule aussi…

Je sais que chaque métier a son langage,  que l’on soit musicien ou cheminot, mais la moto, c’est à tout le monde, il n’y a pas de catégorie reine, la reine appartient au roi et à ses amants, point final…

La fin du deux temps a pourtant vu  la fin d’autres expressions nases comme le quart de litre…

Le 250 ou deux et demi ça parle autrement,  mais que ce soit le 500 ou le MotoGP,  la « Catégorie Reine » est restée.

Pourquoi pas simplement le MotoGP ou le 1000, si demain c’est 1200 on dira en 1200….

D’ailleurs, certains sites étrangers ne parlent pas de Moto3 mais de 250, pas de Moto2 mais de 600, ce qui me semble infiniment plus parlant.

Michel n’est pas le seul, mais lui j’aime lire sa prose et donc quand je vois ce genre de mot je sursaute, c’est un truc totalement perso, fin des remarques disgracieuses.

 

LA BANDE A ROSSI

TAVULLIA A UNE VITESSE MAXIMALE UNIQUE AU MONDE

TAVULLIA A UNE VITESSE MAXIMALE UNIQUE AU MONDE

 

Retour à Rossi.

Un auteur italien (Ungaretti) a écrit un poème en deux mots. « M’illumino d’immenso », je m’illumine d’immense…

C’est un peu ça la vie de Rossi et de ses potes, dont la célébrité remonte même sur son village, Tavullia, devenu aussi culte que son enfant.

Michel raconte Tavullia avec délectation.

Son café où l’on vend de l’objet Rossi aux dizaines de milliers de fans/tifosi/afIcionados/addicts qui viennent visiter les lieux, je ne serais pas athée, je dirais volontiers qu’ils viennent ici en pèlerinage.

Le curé du village qui a une lourde tâche, deux divinités sur une même lieu, mais qui est un fan de Rossi au point d’oublier ses frasques…

Car frasques il ya eu…

Tavullia est en réduction ce qu’est ce public qui, où que ce soit dans le monde, entre en transes quand Rossi sort des stands.

J’avoue d’ailleurs, je le vois à la TV, parfois sur des GP, depuis 20 ans, je ne peux plus imaginer un GP sans lui, j’ai une peur bleue de l’après Rossi.

Bon, son ingé piste Galbusera, Rossi lui-même affirment que le plaisir est là, c’est sa seule dope, tout le reste il l’a.

La moto a besoin de stars planétaires comme lui, et ce ne sont ni Lorenzo ni qui que ce soit d’autre d’ailleurs, à part Marquez est ses grands fous rires, qui peuvent  nous refaire un monde de rêve, pas pour l’instant en tous cas.

MERCI LES NANAS…

WLF SUR LA COMBINAISON DE ROSSI: ON VA TRADUIRE PUDIQUEMENT "VIVE LA FEMME... "

WLF SUR LA COMBINAISON DE ROSSI: ON VA TRADUIRE PUDIQUEMENT « VIVE LA FEMME…  » VV EN ITALIEN EST L’ABBRÉVIATION DE « VIVA »

Retour au début.

Pourquoi a t’il fait de la mob en course avec ses potes ?

Le vrai début dira t’on.

Parce qu’à leur âge (14 ans) raconte Valentino à Michel Turco, les nanas s’intéressaient aux plus vieux, alors il ne leur restait que la moto pour se marrer.

C’est donc au mépris féminin pour la jeunesse que l’on doit la plus grande carrière de toute l’histoire de la moto ? (Euh, après Ago, au mins dans les chiffres)

D’abord, Valentino s’est bien rattrapé après, mais tout de même, « grazie ragazze », merci les filles…

C’est d’ailleurs le seul manque que j’ai ressenti à la lecture du bouquin, mon côté fleur bleue peut-être, on parle très peu de l’intimité de Rossi.

Je sais qu’officiellement on n’en a rien à foutre mais Rossi est aussi devenu un « people ».

 

AVEC LINDA MORSELLI

AVEC LINDA MORSELLI

 

Ce qui est curieux d’ailleurs, c’est qu’ à la différence de l’époque du Continental Circus, où les femmes et les fiancées des pilotes avaient une présence importante, Nanou Findlay a même acquis le statut de figure emblématique des circuits, aujourd’hui, un bref coup de caméra à l’intérieur d’un stand permet de voir la gent féminine inquiète ou pétillante, mais personne n’en parle.

Sauf parfois quand la compagne du moment de tel ou tel pilote est star de la TV ou star du motocross féminin, mais les femmes ont disparu des grandes histoires de la moto.

Il faut peut-être s’en féliciter ou même effectivement s’en foutre avec cette conclusion : quand c’est le « Dottore » qui est le héros, le secret médical est probablement de mise… (Ouaf!)

En tous cas, pour ceux qui vont tout se suite à la conclusion, ce livre est un pur bonheur, on y trouve une préface de Wayne Rainey et une postface de Rossi lui-même.

Et c’est rare le bonheur…

« ROSSI LA LÉGENDE »

Dimensions 14 X 22,5.

220 pages

Prix 16,90 euro.

Edité chez Solar.

Parution le 10 novembre.

Jean Louis BERNARDELLI

Photos MOTOGP, LIVRE MICHEL TURCO, Perrine CAILLOU   

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