Il y aura bientôt trente ans … le 4 juillet 1988, le Musée de l’Aventure Peugeot ouvrait ses portes à Sochaux. l’époque, une cinquantaine de voitures seulement y était exposée.
Aujourd’hui près de trois décennies plus tard, le Musée a triplé ses salles d’exposition afin d’offrir au très nombreux public – plusieurs millions de visiteurs sont déjà venu – plus de cent cinquante véhicules de légende et qui ont porté le nom de Peugeot depuis le début du XIXe siècle et le réel commencement de Peugeot :
Tricycle – Serpolet- 201 – 202 – 203 – 302 – 401 – 402 – 403 et autres!
On y trouve pèle-mêle, 450 véhicules dont une centaine sont exposés, 300 cycles et motocycles dont une cinquantaine sont exposés et 3.000 objets estampillés à la marque
Car, l’aventure des Peugeot contrairement à ce que l’on croit n’a pas débuté en 1889 avec la célèbre type 1 présentée par Armand Peugeot à la non moins illustre Exposition Universelle de Paris. Elle a débuté bien avant, sur les bords du Doubs.
En effet, l’acte fondateur date lui de … 1810 !
Et, ne l’oublions pas jusqu’à l’explosion de la fabrication automobile, les Peugeot ont produit des milliers d’objets et autres ustensiles. Ainsi Monsieur portait le fameux pince-nez Peugeot. Madame, elle le corset dont les buscs sortaient des usines Peugeot !
A la cuisine, les moulins à café étaient eux aussi des décennies durant Peugeot et ils côtoyaient les moulins à poivre … Peugeot. Bref, on vivait au milieu … des Peugeot.
Cette histoire peu ou pas connue du grand public à donc finalement fini par conduire à la création en 1982, de l’Association de l’Aventure Peugeot.
Six ans plus tard, à l’initiative de Pierre Peugeot, le Musée accueillait ses tous premiers visiteurs. Mais, il ne l’imaginait pas uniquement comme le pont entre ’’ l’aventure du début ‘’ et ‘’ le début de l’aventure ‘’.
Dans son esprit, le Musée Peugeot devait vivre et se tourner résolument vers l’avenir.
Mais remontons l’histoire Peugeot.
Si le nom de Peugeot apparaît dès… 1435 sur les registres de la paroisse de Vaudoncourt à deux heures de marche de Montbéliard, l’ascension de cette famille commence réellement en 1709 dans le Pays de Montbéliard, lorsque Jean Jacques Peugeot épouse la fille d’un riche meunier d’Hérimoncourt.
Plusieurs générations plus tard, Jean Pierre et Jean Frédéric Peugeot s’associent avec Jacques Maillard-Salins, un gendre Japy et ce afin d’exploiter ensemble le brevet d’une machine à laminer les scies. Ils créent à l’époque… Peugeot Aînés.
Nous sommes alors en 1810 et les trois hommes sont loin naturellement de s’imaginer que cet acte fondateur va faire, deux siècles plus tard
Jusqu’au début du XXe siècle, la construction de voitures n’a pas été l’activité principale de la famille. Durant tout le XXe siècle, les industriels de la famille ont en, effet produits des centaines d’objet comme le raconte Thierry Peugeot, le Président du Conseil de Surveillance de PSA et de l’Aventure Peugeot.
C’est en réalité son père Pierre qui fut à l’origine et à l’initiative de la naissance du musée :
« Dans son esprit, il souhaitait que soit rassemblé tout ce qui porte le nom de Peugeot. Raconter toute l’aventure industrielle de la famille et de la marque Peugeot. De 1810 à… demain ! »
Dans la droite ligne tracée par son père, Thierry Peugeot s’efforce donc de faire de l’Aventure Peugeot ‘’ un musée vivant ‘‘. Un pont entre le passé, aujourd’hui et demain.
Mais le Musée Peugeot, ce ne sont pas que les cent cinquante modèles exposés. Dans les réserves situées un temps au cœur même de l’usine dans un bâtiment tenu secret mais désormais déménagé en périphérie de Sochaux, dans le Pays de Montbéliard et qu’exceptionnellement accompagné de Xavier Crespin, l’homme en charge du Patrimoine de la Marque, nous avons été autorisés à visiter au début de l’été, dorment plus de… cinq cent véhicules !
Une véritable caverne d’Ali-Baba… à l’abri de tous les regards ! Et sacrément protégé…
Certaines voitures en sortent parfois au gré des expositions temporaires. D’autres n’ont pas bougées de leur emplacement depuis des lustres. Plus de cinquante ans pour certaines…
Car effectivement toutes les voitures de la collection de l’Aventure Peugeot ne sont pas exposées à l’intérieur même du Musée. Malgré ses 6000 m2 de superficie, il est déjà bien trop petit pour toutes les accueillir. C’est la raison pour laquelle, celles présentées de façon quasi permanente ont été sélectionnées sur des critères précis :
« Ce sont pour la plupart des modèles qui symbolisent bien l’époque et l’image de la marque » nous explique Hervé Charpentier, le Conservateur et la mémoire vivante du lieu.
Ainsi, s’il est possible de découvrir et d’admirer dans le dédale de l’Aventure Peugeot, une ou plusieurs 205, il est impossible en revanche de voir, cote à cote, toute la longue série de cette fabuleuse saga de cet inoubliable modèle que fut la 205 Peugeot. C’est la raison pour laquelle dans la pénombre de la sacro-sainte réserve nous avons vu, tout plein de modèles 205.
Des premières Turbo 16 du Championnat du Monde 1984 à celles du Paris-Dakar du Grand Ari Vatanen. Des jaunes «Camel» et des bleus «Pioneer». Mais, bien involontairement caché derrière un pilier, on tombe sur l’une des deux Papamobile, utilisée en 1992 lors de la venue du Pape au Bourget.
L’autre dormait un peu plus loin. Car dans ce véritable ‘’Fort Knox Peugeot‘’, les modèles les plus récents comme les plus anciens, s’y côtoient !
Ainsi aux cotés de la 504 blindée Présidentielle de l’ancien Président, Valéry Giscard d’Estaing, se trouve une Torpédo. Non loin de là, la 607 conduite il y a une dizaine d’années, par Philippe Couesnon, qui à l’époque avait battu la bagatelle de… 45 Records du Monde de Distance et notamment celui des 500.000 kilomètres d’affilés et ce en… 335 jours !
On y croise aussi d »anciennes Formule 1 Mc Laren et Jordan équipées en 1994 et 1995, du moteur V10 Peugeot.
Les modèles les plus incroyables sont rangés côte à côte. Ainsi au détour d’une allée dans la pénombre, la célébre 406 du film Taxi, côtoie la 607 Paladine, avec laquelle le Président Nicolas Sarkozy, avait défilé sur les Champs Élysées lors de son investiture. Ou bien encore la 605 blindée de François Mitterrand.
Sans oublier les prestigieuses 905, victorieuses à deux reprises des célèbres ’24 Heures du Mans’ en 1992 et 1993.
Il y a aussi de nombreux véhicules hors d’usage et dont les pièces serviront à restaurer d’autres véhicules anciens et du même type.
Sans oublier les superbes Concept-cars qui vantent les mérites de la firme lors des Salons aux quatre coins du Monde (Paris-Genève-Francfort-Detroit-Tokyo) et qui naturellement, sont là également.
Mais il n’est pas rare de tomber sur un véhicule beaucoup plus ancien, datant d’avant- guerre et nécessitant une sérieuse restauration. Engin qui attend que son tour vienne
« On ne peut pas tout faire. Il y a des priorités et chaque année on restaure une petite dizaine de voitures » nous glisse le conservateur Hervé Charpentier.
Le travail est colossal mais pour les compagnons de l’atelier (Carrossier-sellier-ébéniste- électricien) garants du savoir-faire Peugeot, le défi est sacrément motivant.
Avec près de deux cents ans d’existence dans l’industrie mécanique, Peugeot figure parmi les pionniers de l’Aventure Automobile dans le monde. Aujourd’hui présente dans plus de 150 pays, la marque Peugeot est une entreprise résolument contemporaine qui dispose de larges socles de développement pour l’avenir.
Avec prés de 60 millions de véhicules produits – la cinquante millionième Peugeot est sortie des chaines au début de l’été 2008– soit l’équivalent annuel du marché automobile mondial actuel, Peugeot est avant tout une entreprise d’origine familiale animée par la passion de l’Automobile.
Depuis 1889, elle a proposé au travers de plus de 160 modèles, de la type 1 à la type 190 S de 1929, puis de ses 34 gammes de la 201 à la dernière née, la 5008, des voitures au style affirmé sans cesse renouvelé.
Car Peugeot tire sa force de son histoire et de son expérience.
Gilles GAIGNAULT
Photos :
Collection Musée Peugeot et AutoNewsInfo