JO GARTNER : UNE CARRIÈRE TRAGIQUEMENT ÉCOURTÉE DANS LES HUNAUDIÈRES, IL Y A 30 ANS.

 

 

 Jo-GARTNER-©-Manfred-GIET.


Jo-GARTNER-©-Manfred-GIET.

 

Ce 1 juin 2016, il y a 30 ans que disparaissait tragiquement l’espoir Autrichien du Sport Automobile, le Viennois Jo Gartner, au volant d’une Porsche 962 C du Team Kremer, au début de la douzième heure de course aux ’24 Heures du Mans’ 1986.

Statistique funeste : il fut le troisième pilote germanophone à trouver la mort en course au volant d’une Porsche et ce en moins d’un an !

Après les décès accidentels successifs, de Manfred Winkelhock, au Canada à Mosport, le 12 août 1985, au volant d’une Porsche 962 ainsi que de Stefan Bellof le 1 septembre 1985 à Spa-Francorchamps, également au volant d’une Porsche 962.

Et si on inclut aussi celui de Rolf Stommelen, à Riverside, le 24 avril 1983, lui aussi également d’une Porsche 935 Turbo, le constructeur de Zuffenhausen payait un lourd tribut en trois années,alors qu’il dominait la scène mondiale de l’Endurance.

Quant au classique des classiques en Endurance, les ’24 Heures du Mans’, avec le décès tragique de l’Autrichien Gartner, le circuit Sarthois déplorait sa 20 ème victime parmi les pilotes depuis la création de l’épreuve en 1923 !

Josef, dit ‘Jo’ Gartner, né le 24 janvier 1954 à Vienne, était venu relativement tardivement au Sport Automobile puisqu’avant son 23 ème anniversaire, il ne connaissait ce sport que par la TV.

Avec un diplôme d’ingénieur en poche, il fit ses premières armes chez son employeur Kurt Bergmann, au volant d’une Formule VW Kaiman 1600, lors d’épreuves de Courses de Côte, en Autriche.

 

 Jo-GARTNER-F2-à-Spa-en-1982-Toleman-280©-Manfred-GIET


Jo-GARTNER-F2-à-Spa-en-1982-Toleman-280©-Manfred-GIET

 

Ses connaissances techniques lui permirent de se dévoiler comme un metteur au point ‘hors pair’ ce qui lui permit de rapidement gravir les échelons, entre 1975 et 1979 où il passa avec un égal bonheur de la Formule Super V à la Formule 2, en passant auparavant par la F3.

Dès son accession à l’anti-chambre de la F1, il n’avait plus qu’une obsession, celle de réussir le grand saut au plus vite.

Son parcours dans cette catégorie fut toutefois tout sauf un long fleuve tranquille entre 1981 et 1983, où il fit chaque fois le mauvais choix en tombant, soit sur une voiture dominatrice l’année précédant son arrivée comme le fut la Toleman TG 280, soit un ‘canasson’ comme le sera la Merzario March 282 !

 

Jo-GARTNER-F2-Hockenheim-en-1984-sur-la-Spirit-201B-©-Manfred-GIET-

Jo-GARTNER-F2-Hockenheim-en-1984-sur-la-Spirit-201B-©-Manfred-GIET-

 

Et ce avant de créer sa propre écurie en utilisant la Spirit BMW 201 de 1982 et avec laquelle il parvint à s’imposer au très réputé Grand Prix de Pau, en 1983.

Alors que la firme Autrichienne Red Bull n’existait pas encore, cette victoire lui donna néanmoins des ailes, car il parvint à enfoncer une porte chez Osella en F1, devenant du coup, le troisième Autrichien en Grand Prix cette année-là, après ses deux illustres compatriotes, Niki Lauda et Gerhard Berger.

 

Jo-GARTNER-Osella-Alfa-Romeo-1984-©-Manfred-GIET

Jo-GARTNER-Osella-Alfa-Romeo-1984-©-Manfred-GIET

 

Et au GP d’Italie en 1984, derrière le vainqueur Lauda, Gartner terminait même à une inattendue 5 èmeplace juste devant son autre compatriote Berger, sixième, provoquant l’hystérie dans la République des Alpes !

Malheureusement, l’euphorie une fois retombée, une véritable campagne diffamatoire et de dénigrement fut déclenchée entre Berger et Gartner dans les médias Autrichiens, à propos d’un volant à dénicher en F1 pour 1985.

Tous les deux étaient en effet en lice et en ballotage pour occuper le dernier cockpit vacant chez Arrows, finalement attribué à Gerhard Berger, lequel apportait avec lui une armada de sponsors plus importants, eu égard aux relations de son père, un très gros transporteur routier autrichien, à Wörgl, au Tyrol, près de Kitzbühel, entre Salzbourg et Innsbrück….

 

 GARTNER-Regout-Winkelhock-Jo-Gartner-24-Heures-Spa-Francorchamps-1985-BMW-635-©-Manfred-GIET


GARTNER-Regout-Winkelhock-Jo-Gartner-24-Heures-Spa-Francorchamps-1985-BMW-635-©-Manfred-GIET

 

Jo Gartner quant à lui, dégoûté des tournures qu’avaient pris les événements autour de ce volant chez Arrows, se tourna alors vers le Championnat Tourisme, mais rapidement un certain John Fitzpatrick, l’ancien pilote Anglais, l’attira assez vite, au sein de son Team, pour y conduire une Porsche 962.

 

 Jo-GARTNER-Porsche-962-Kremer-Nürburgring-1986-Super-Cup-©-Manfred-GIET


Jo-GARTNER-Porsche-962-Kremer-Nürburgring-1986-Super-Cup-©-Manfred-GIET

 

Et là, le Viennois trouva rapidement chaussure à son pied, prouvant tout son talent à bord d’une voiture enfin compétitive mais parfois il lui manquait le petit brin de réussite, pour monter sur le podium comme aux ’24 Heures du Mans’ 1985, où il fut aligné avec David Hobbs et Guy Edwards, année où il parvint à rallier l’arrivée en quatrième place et après avoir perdu une roue dans le dernier tour !

 

Jo-GARTNER-24-Heures-du-Mans-1985-4ème-avec-Hobbs-et-Edwards-©-Manfred-GIET

Jo-GARTNER-24-Heures-du-Mans-1985-4 ème-avec-Hobbs-et-Edwards-©-Manfred-GIET

 

L’année 1986 s’annonçait sous les meilleures auspices, surtout après une victoire avec Akin et Stuck toujours au volant d’une Porsche 962, aux ’12 Heures de Sebring.

Survint alors l’épreuve de l’année, au Mans, où il était associé au Sud-Africain, Sarel Van Der Merwe et au Japonais Kunimitsu Takahashi, à nouveau dans le baquet d’une Porsche 962 C.

En rejoignant la Sarthe, Jo espérait un podium compte tenu de la qualité du Team des Frères Kremer, un des fers de lance de l’usine Porsche depuis toujours.

Malheureusement, comme si le destin l’avait accompagné, Jo Gartner, dès les essais trouva le comportement de sa Porsche bizarre dans certaines portions du circuit Manceau…

 

 GARTNER-24-HEURES-DU-MANS-1986-Porsche-Kremer-de-Jo-GARTNER-©-Manfred-GIET


GARTNER-24-HEURES-DU-MANS-1986-Porsche-Kremer-de-Jo-GARTNER-©-Manfred-GIET

 

C’est lors de son deuxième relais, et alors qu’il venait de succéder au volant à Sarel Van Der Merwe à 2 heures 40 au cœur de la nuit profonde Mancelle, à l’amorce de la longue ligne droite des Hunaudières, peu après le Tertre Rouge, Gartner perdit soudainement et d’une façon totalement inexpliquée, le contrôle de sa Porsche, lancée à 260 Km/h et qui alla percuter les glissières à gauche, lesquelles cédèrent sous la violence du choc, avant que la voiture Allemande ne file percuter les arbres bordants la piste, avant de finalement s’embraser comme une torche…

À l’arrivée des secours, il était déjà trop tard pour l’infortuné Jo, qui avait été tué sur le coup.

Concernant les circonstances de l’accident, elles restent encore et toujours inexpliquées à ce jour, si ce n’est une présomption quant au bris de la suspension arrière, les mécaniciens ayant procédé peu auparavant vers minuit au remplacement d’un porte-moyeu !

Quoi qu’il en soit, en raison des lacunes fréquentes à l’époque au niveau de la sécurité active et passive, le Sport Automobile avait eu raison de l’un de ses talents les plus prometteurs.

Trente ans se sont écoulé…

Jo Gartner aurait 62 ans aujourd’hui.

RIP.

 

Manfred GIET

Photos :
Publiracing Agency

 Jo-GARTNER-©-Manfred-GIET-


Jo-GARTNER- Un pilote attachant ©-Manfred-GIET-

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