À CŒUR OUVERT AVEC ‘MICHELIN’ POUR L’OUVERTURE DES CHAMPIONNATS D’ENDURANCE 2016.

WEC-2016-JEROME-MONDAIN-MICHELIN-Photo-Max-MALKA.

WEC-2016-JÉRÔME-MONDAIN-MICHELIN-Photo-Max-MALKA.

 

 

À la veille du départ des 6 Heures de Silverstone, manche d’ouverture du Championnat du Monde d’Endurance WEC 2016, nous avons rencontré Jérôme Mondain,
le Responsable de cette discipline chez le Manufacturier clermontois Michelin, pour faire le point sur la situation côté pneumatiques, à l’orée de cette nouvelle campagne.

WEC-2016-JEROME-MONDAIN-MICHELIN-Photo-Max-MALKA.

WEC-2016- La PORSCHE 919 Hybrid  chaussée MICHELIN-Photo-Max-MALKA.

 

Les LM P1 ont profondément évolué cette année et, en dépit d’un règlement plus contraignant, les voitures dans leurs configurations 2016 semblent encore plus rapides qu’en 2015. Quel impact, quelles contraintes, vis-à-vis des pneumatiques ?

JM : « On accompagne toujours nos partenaires constructeurs  dans leurs activités de développement, pour faire ainsi que les pneus puissent contribuer aux évolutions de la voiture et de ses performances. Nous avons démarré les essais hivernaux en octobre dernier, en utilisant les voitures 2015 modifiées avec des éléments techniques de la version 2016. Au fil des séances (selon le partenaire, nous avons testé plusieurs fois sur les circuits Motorland Aragón, Spa Francorchamps, Bahreïn, Abou Dhabi, Monza et Paul Ricard. Nous nous sommes rendu compte que la performance des modèles 2016 semblait à la hausse. Par conséquent, nous avons fait évoluer nos pneus en les adaptant aux nouvelles exigences. À la fin du développement, je peux vous dire que les travaux de nos partenaires ont convergé vers des lignes communes, ce qui a limité les différences entre les pneus. En synthèse, sur les trois modèles de pneus Michelin disponibles en LM P1, Audi Sport, Porsche et Toyota Gazoo ont deux pneus en commun et un modèle qui a été adapté à leurs besoins spécifiques. »

 

Avez-vous également réalisé des simulations de type «24 Heures» ?

JM : «  Chaque team a procédé à ce type de simulations fin janvier, début février et fin mars, sur les circuits de Motorland Aragón, en Espagne, et du Paul Ricard, en France.
Les constructeurs ont également mené des tests de plus longue durée, sur trente heures non-stop. Cela nous a permis de valider nos solutions techniques sur la base de relais
de 45 à 50 minutes (sur le circuit des 24 Heures du Mans un relais dure 40 minutes). Pour Michelin, l’un des objectifs principaux de ces simulations était de mesurer
la longévité et la constance de pneus, car le règlement limite à 6 trains la quantité disponible en course pour le FIA WEC, à l’exception des 24 Heures du Mans, où les pilotes auront 12 trains.

 

Quels sont vos objectifs de performances et de longévité pour l’édition 2016
des 24 Heures du Mans, l’épreuve-phare du calendrier ?

JM : «En LM P1, nous souhaitons donner la possibilité à nos partenaires de compléter 4 relais, soit plus de 700 kilomètres, avec un seul et même train de pneu, à performance au moins égale à 2015. Dans les autres catégories, nous ciblons les 3 relais.»

 

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ELMS-2016-SILVERSTONE-LIGIER-JSP2-Équipe-PANIS-BARTHEZ-Photo-Max-MALKA.

 

Le LM P2 est une catégorie qui monte en puissance, mais curieusement Michelin n’a pas de partenaires en Championnat du Monde d’Endurance WEC. En revanche, les équipes que vous équipez en Championnat d’Europe d’Endurance ELMS  ont démontré de forts progrès lors des récents essais au Paul Ricard. Alors pourquoi cette absence en WEC ?

JM : « En 2014, quand le règlement a interdit l’utilisation de pneus confidentiels en LM P2, nous avons été contraint de développer de nouveaux pneus, basés sur des technologies «marché». Cela a considérablement réduit nos marges de manoeuvre par rapport, par exemple, aux pneus LM P1 qui étaient alors et sont encore aujourd’hui protégés par la confidentialité. À cause de cette situation, il nous a fallu un peu de temps pour nous remettre au niveau. Cette saison, notre gamme des pneus LM P2 a fait
un bond en avant en termes de performance, constance et longévité, et elle est maintenant capable de se mesurer et même de s’imposer sur notre concurrence. Cette année nous équipons quatre écuries en ELMS : Panis-Barthez Compétition, IDEC Sport, Pegasus et Krohn. Concernant notre stratégie LM P2, elle claire : nous souhaitons accroître
notre présence dans la catégorie à partir de 2017. Alors, le règlement technique aura évolué et la largeur des pneus avant sera passée à 680mm, contre les 650 mm actuels. »

 

À ce propos, quelle est votre positionnement face à votre concurrent Dunlop ?

JM : « Après les résultats prometteurs des essais officiels du Paul Ricard, avec le meilleur temps enregistré par Olivier Pla sur la Ligier JSP2 de Krohn, et le meilleur tour en course inscrit hier aux 4 Heures de Silverstone ELMS par le pilote français Paul-Loup Chatin, au volant de la Ligier JSP2 du Panis-Barthez Compétition (1’50’’426 au 19 ème tour), nos partenaires ont partagé avec nous leur satisfaction. Nous démarrons donc la nouvelle saison sous les meilleurs auspices et jetons les bases pour grandir comme souhaité en 2017. »

 

… et en termes de prix, quelle est votre offre par rapport à Dunlop ?

JM : «  Notre approche est claire, puisque nous développons notre offre sur la base de deux paramètres : les qualités de nos pneus et le niveau d’accompagnement que nous sommes en mesure de proposer à nos partenaires. »

 

Visiblement la concurrence a de l’ambition et s’avère plus intense cette année pour vous. Dunlop a réussi  à vous chiper votre partenaire historique en GTE, Aston Martin. Quel, est votre avis sur la question ?

JM : «  Nous étions seuls en LMP1 et GTE, même si les catégories sont toujours restées ouvertes à plusieurs pneumaticiens. Aujourd’hui, nous saluons l’arrivée de la concurrence. Concernant Aston Martin, nous sommes ravis de ce que nous avons accompli ensemble à notre partenaire anglais depuis le début du WEC, en 2012. Nous connaissons leur valeur, mais nous restons confiants dans les performances des pneus Michelin ainsi que dans la compétitivité des voitures de nos partenaires Corvette, Ferrari, Ford et Porsche. »

 

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WEC-2016-PAUL-RICARD-Vendredi-25-Mars-Test-du-Prologue-FORD-GT-Equipe-CHIP-GANASSI-Photo-Max-MALKA-

 

Arrivée des Ford GT, des nouvelles Ferrari 488 GTE, des Porsche 911 RSR remaniées et améliorées, des Corvette C7 évoluées pour les prochaines 24 Heures du Mans… la catégorie LM GTE Pro est en grande évolution. Comment avez-vous développé vos pneus 2016 ?

JM : «  Nous avons accompagné l’ensemble de nos partenaires de la catégorie  GTE lors d’une campagne d’essais privés intersaison, qui s’est déroulée sur plusieurs circuits en Europe et aux États Unis. »

 

Avez-vous plusieurs développements différents ? Pour Ferrari, Corvette, Porsche et Ford ?

« Nous démarrons chaque campagne à partir d’un modèle de pneu commun que nous adaptons ensuite au fil du développement. A partir de cette base, nous accompagnons nos partenaires dans leurs choix techniques en adaptant les différents éléments du pneu. À l’arrivée, nous avons trois modèles de pneus. Comme en LMP1, Corvette, Ferrari et Ford ont fait deux choix communs et un différent. De part de son architecture, Porsche dispose de pneus adaptés. »

 

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WEC-2016-JÉRÔME-MONDAIN-MICHELIN-Photo-Max-MALKA

 

Vous placez des puces électroniques dans vos pneus, mais cela n’apporta aucune information aux fans. N’est-t-il pas envisageable  d’utiliser cet outil numérique à la place de la couleur utilisée par votre concurrent Pirelli en F1 ?

JM : « Nous travaillons au développement des fonctions des puces RFID en concertation avec l’ACO et la FIA. Nous souhaitons utiliser cet outil novateur pour afficher à l’écran les informations sur les pneus et les arrêts aux stands. Pour cela, il faut que les constructeurs donnent leur accord, car il s’agit de communiquer au public leur stratégie des pneumatiques. Nous restons confiants… »

 

 

Propos recueillis par :
Gilles GAIGNAULT

Photos :
Max MALKA

 

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WEC-2016-JÉRÔME-MONDAIN-MICHELIN-Photo-Max-MALKA-

 

 

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