JOHNNY DUMFRIES : LE DERNIER HÉRITIER D’UNE LIGNÉE DE PILOTES ARISTOCRATIQUES.

 

 

 

 Johnny-DUMFRIES-©-Manfred-GIET


Johnny DUMFRIES-© Manfred GIET

 

Ce dimanche 20 mars,lorsque le coup d’envoi de la 67 ème saison de F1 sera donné en Australie, à Melbourne, il y aura juste 30 ans que la catégorie reine du sport automobile accueillait son dernier pilote de sang bleu parmi ses acteurs!

En effet, Johnny DUMFRIES, de son vrai nom John Colum CRICHTON-STUART, écossais né le 26 avril 1958, fêtait ses grands débuts en F1 chez LOTUS, aux côtés de l’étoile montante à l’époque, le regretté Ayrton SENNA.

Ce que la plupart ignoraient à l’époque, c’est tout simplement que ce jeune blondinet plutôt timide, était un descendant du Roi d’Angleterre Guillaume IV (1830-1837) et un arrière petit-cousin de la Reine anglaise actuelle, Elizabeth II.

De part son appartenance à la Maison des Stuart, il est toujours à ce jour, le « 7 ème Marquis of Bute  » qui lui confère le droit de porter le titre de noblesse d’Earl of Dumfries.

D’apparence simple et ouvert à son entourage, ce jeune Aristocrate, dès son adolescence fut attiré par tout ce qui touchait au sport automobile, bien aidé en cela par son cousin et 5ème Marquis of Bute, Charles CRICHTON-STUART, qui de dix-neuf ans son aîné, tenta lui-même de se faire un nom en F3 dans les années 1960, avant de devenir par la suite probablement le premier directeur commercial en F1, en amenant des financiers du calibre d’un Mansour OJJEH et sa société TAG chez son pote, Frank WILLIAMS et ce dès 1979 !

 

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A Spa en 1985 en F3000- Johnny DUMFRIES-Lola T950-© Manfred GIET-Publiracing

 

Johnny DUMFRIES quant à lui, gravit rapidement les échelons en passant par la Formule Ford, la Formule 3 et la F3000, avant de trouver embauche chez … LOTUS en F1, dès 1986 et grâce surtout à Ayrton SENNA, lequel voyait plutôt d’un mauvais œil, le fait que Colin CHAPMAN souhaitait s’adjoindre les services de Derek WARWICK, qui avait été plus rapide que l’espoir Brésilien durant les tests hivernaux et qui par conséquent n’était pas dans le focus de celui que tout le monde s’arrachait pourtant !

Une situation dont profita finalement Johnny DUMFRIES, qui de la sorte et suite à leurs bons contacts datant de la F3 britannique, fut bien poussé par SENNA pour devenir son équipier.

 

 Johnny DUMFRIES en 1986 au GP d'Autriche-Lotus 96 T-© Manfred GIET


Johnny DUMFRIES en 1986 au GP d’Autriche-Lotus 96 T-© Manfred GIET

 

Et la Formule 1 se trouvait ainsi enrichie d’un vrai personnage de sang bleu, issu de la Dynastie des Stuart, qui plus est dans une discipline sportive réputée dangereuse et en confrontation avec les pratiques sportives usuelles au sein de l’aristocratie qui souvent se limitaient à la chasse, l’équitation, l’escrime, le golf, le tennis ou encore le polo !

Relevons toutefois que Johnny  DUMFRIES n’est pas un cas unique dans les annales de la F1, puisqu’auparavant, il y eut déjà des personnalités !

Tels le Comte Néerlandais Carel GODIN de BEAUFORT (1957-1964) accidenté durant les essais du GP d’Allemagne  en 1964 et qui mourut trois jours plus tard, le Baron Suisse Emmanuel (Toulo) de GRAFFENRIED (1950-1956) décédé en 2007, le Comte et Marquis Espagnol Alfonso de PORTAGO (1956-1957) et qui se tua durant les Mille Miglia en 1957, le Comte Allemand Wolfgang Graf Berghe von TRIPS (1956-1961) qui se tua lui à Monza en 1961, le Prince BIRA B de Thaïlande de son vrai nom BIRABONGSE (1950-1954) décédé en 1985, ou encore le Prince Italien Gaetano STARRABBA di GIARDINELLI (1961) qui disputa la même année son seul GP et actuellement toujours en vie.

À cette liste s’ajoute également un jeune Baron  britannique quelque peu déjanté, Lord Alexander HESKETH, qui entre 1973 et 1978, fut présent en F1, avec son propre Team et ses propres constructions et qui remporta même une victoire au GP de Hollande en 1975 avec le futur Champion du Monde 1976, son compatriote et ami James HUNT.

 

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Johnny DUMFRIES-Lotus 96-T en 1986 devant la McLaren de Keke ROSBERG ©Manfred-GIET

 

L’Écossais Johnny DUMFRIES, après avoir été pilote d’essais chez… FERRARI en 1985, passa ensuite chez LOTUS en 1986 suite au périple déjà évoqué pour piloter en tant que N°2 aux côtés d’Ayrton SENNA, la LOTUS-RENAULT 98T, monoplace avec laquelle il récolta trois points * grâce à une 5ème place au GP de Hongrie et une 6ème place au GP d’Australie après une saison en demi-teinte et durant laquelle il se retrouva non-qualifié à Monaco avant de devoir évacuer son baquet suite à l’arrivée du motoriste HONDA chez LOTUS en lieu et place de RENAULT et que les Japonais imposèrent  Satoru NAKAJIMA comme second pilote.

 

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Johnny DUMFRIES-Lotus 96-T en 1986 au GP de Belgique à Spa© Manfred GIET.

 

Johnny DUMFRIES, en plus de garder le souvenir d’avoir roulé en 1986 pour l’une des trois plus prestigieuses écuries de F1 de l’époque et d’avoir même piloté le camion transportant les voitures sur le trajet allant du Norfolk britannique à Budapest, à l’occasion du premier GP de Hongrie, reste donc à ce jour le dernier héritier parmi les pilotes aristocratiques dont l’empreinte  figurent dans les annales de F1.

Celui qui par sa descendance fait partie de la célèbre HOUSE OF LORDS et qui avait débuté en Formule Ford 1600, au début des années 1980, avant de devenir Champion de Grande Bretagne de F3 en 1984 et qui décida dès lors de mettre sa carrière en F1, entre parenthèse pour se consacrer par la suite durant cinq saisons, aux voitures de sport-protos.

 

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24 Heures du Mans 1988-la Jaguar XJR-9 victorieuse de Dumfries-Lammers-Wallace – Photo : Manfred-GIET.

 

Avec à la clé son plus grand triomphe obtenu en 1988 aux 24 HEURES DU MANS, où associé à son compatriote Britannique Andy WALLACE et au Hollandais Jan LAMMERS, il remporta cette prestigieuse épreuve au volant de l’une des JAGUAR XJR-9.

Auparavant, il s’était déjà illustré aux 500 MILES de ROAD AMERICA avec une PORSCHE 962, en compagnie d’un autre Anglais, Price COBB, terminant en vainqueur tout comme aux 1000 Km de SPA, la même année associé cette fois encore à un compatriote, Martin BRUNDLE et aussi au Brésilien Raul BOESEL à nouveau dans le baquet d’une JAGUAR XJR-8.

 

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1000 KM de SPA 1987-La Jaguar de BRUNDLE-DUMFRIES-BOESEL-Le trio victorieux Photo : Manfred-GIET. Publiracing

 

Et, c’est finalement en 1990, que Johnny tira un trait définitif sur sa carrière de pilote pour se consacrer dorénavant au business et à la gestion de son patrimoine évalué à la coquette somme de… 160 millions d’€ et depuis 1993, précisons encore qu’il se fait appeler Marquess John BUTE.

Et en bon Écossais qu’il est, avec un tel matelas financier, il ne devrait pas buter de si tôt sur ses réserves…

 

Manfred GIET

Photos : Publiracing Agency

 

* En ce temps-là, les points étaient attribués ainsi : 9 au 1er – 6 au second -4 au troisiéme, puis  3, 2 et 1 aux trois suivants, seuls les six premiers scorant des points !

 

 Johnny-DUMFRIES-24-HEURES-du-MANS-1990-avec-Ravaglia-et-Suzuki-TOYOTA-TOMS-©-Manfred-GIET


Johnny- UMFRIES-24 HEURES du MANS 1990 avec Ravaglia et Suzuki- Team TOYOTA-TOMS©-Manfred-GIET Publiracing

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