En ce 25 janvier 2016, Johnny Cecotto souffle ses 60 bougies…. pour autant que le gâteau ne soit pas trop petit !
Signe particulier de ce Vénézuélien, né à Caracas, il a commencé sa carrière sportive sur deux roues et l’a terminée sur quatre!
Épris de vitesse dès son plus jeune âge, Johnny qui en réalité s’appelle Alberto, avait de qui tenir puisque son paternel était un pilote moto affirmé dans son pays.
À ses 15 ans, Johnny se vit offrir une Honda 750 par son père et dès cet instant pour Cecotto Junior la célèbre chanson culte rock de Chuck Berry JOHNNY B.GOODE et son refrain « Go,Go,Go,Johnny Go! » prenait toute sa signification pour entamer une carrière de pilote circuit dès 1972 au guidon d’une Kawasaki 750 offerte par son père.
Un an plus tard, l’importateur Yamaha du Vénézuela lui prêta gracieusement quelques montures de pointe aux guidons desquelles le jeune Cecotto parvint rapidement à enhrumer la concurrence au point de remporter les 18 épreuves auxquelles il participa pour remporter le titre de Champion du Vénézuela et d’Amérique Latine en 1974 et à une époque ou un autre compatriote, qui devint également célèbre par la suite, Carlos Lavado, débutait une carrière sur deux roues.
En 1975, sous l’impulsion de son paternel et de l’importateur Yamaha au Vénézuela-VENEMOTOS– Johnny découvre l’Europe et le Continental Circus qu’il dispute dans les catégories 250 & 350cm3 sur des motos,certes privées, mais bourrées de pièces d’usine.
Et dès sa première saison,à 19 ans, il devint le Champion du Monde le plus précoce de l’histoire en détrônant pas moins que la légende Giacomo AGOSTINI dans la catégorie 350cm3 disputée à l’époque.
Une nouvelle Star à part entière était née, prête à accaparer l’aura du grand AGO !
Mais malheureusement il dut apprendre à ses dépens que l’adhérence souvent précaire de la discipline occasionne des chutes qui peuvent être douloureuses au point d’entraver une carrière.
Ce qui fut malheureusement son cas.
Et même s’il a pu engranger d’autres victoires et un nouveau titre mondial dans la catégorie 750 cm3 en 1978 ,au détriment de Kenny Roberts, par la suite et après s’être pris quelques gamelles,
il dut se rendre à l’évidence que pour lui le Continental Circus devenait synonyme de « roulette russe ».
PASSAGE DU 2 AUX 4 ROUES EN 1980
En 1980, Johnny plusieurs fois Champion du Monde en moto, se décida à enfiler une combinaison ignifugée au détriment du cuir et de passer du 2 roues au 4 roues.
D’abord en alternance avec quelques GP motos qu’il disputa encore dans le courant de l’année 1980, avant de prendre sa retraite définitive au sein du Continental Circus pour suivre la même voie que John Surtees, Jean Pierre Beltoise et Mike Hailwood avant lui, et se consacrer dorénavant exclusivement aux voitures.
Ses premières armes, il les fit chez Mike Earle en F2, l’anti-chambre de la catégorie reine, la F1 où il rama au début avant de passer sous le giron du Team officiel MARCH-BMW en 1982 et échouer d’un point pour le titre face à son équipier Corrado Fabi.
Celà lui valut d’accéder à la discipline reine, la F1, chez THEODORE RACING aux côtés d’un autre sud Américain, le Colombien Roberto Guerrero à partir de 1983 et de récolter son 1er point au classement pilotes dès son deuxième GP aux USA, en Californie, à Long Beach.
Toutefois, Teddy Yip et Mo Nunn les propriétaires de cette petite écurie, se séparent dans le courant de l’année laissant celle-ci confrontée à d’énormes problèmes financiers obligeant Cecotto à aller voir ailleurs.
Alors que l’on s’attendait à le voir débarquer chez BRABHAM en 1984, c’est finalement chez TOLEMAN qu’il se retrouva aux côtés d’un certain… Ayrton Senna !
Si en début de saison le Brésilien lui faisait de l’ombre, Cecotto, à bord de sa TOLEMAN TG 183B quelque peu dépassée, parvint néanmoins à deux reprises à mieux se positionner sur la grille de départ que son illustre chef de file, qui sans l’arrêt prématuré du GP de Monaco à cause de la pluie par le Directeur de Course Jacky Icks aurait permis à l’écurie TOLEMAN de remporter son seul GP.
Mais au neuvième GP de la saison, le Grand Prix d’Angleterre, disputé à l’époque sur la piste située au sud de Londes celle de Brands-Hatch, survint l’accident durant les essais, qui mit fin prématurément à sa carrière en F1, après qu’il se soit brisé les deux jambes en tapant le rail de face et qui l’immobilisa pendant 11 mois.
Grâce à un moral d’acier pour combattre la sinistrose durant sa longue rééducation, Johnny parvint à conjurer ce mauvais coup de sort en switchant sur les voitures de Tourisme et du coup réussissait une véritable résurrection.
Aidé par ses relations italiennes et allemandes du côté de BMW à Münich, il trouva embauche chez CiBiEmme pour disputer le WTCC sur une BMW en 1987 où il remporta une manche et termina 8ème au classement final.
En 1988, l’attrait du DTM allemand ne le laissa pas insensible : enrôlé chez MERCEDES, il les gratifia de 3 victoires avant de répondre à nouveau à l’appel de BMW un an plus tard où il termina 6ème du Championnat avec 4 succès remportés à l’Avus de Berlin et au Hungaroring.
Un an plus tard et toujours chez BMW Schnitzer, il termine 7ème au général avec deux victoires à Hockenheim ainsi qu’en parallèle un titre de Champion d’Italie,dans son pays d’adoption, en catégorie voitures de Tourisme toujours pour la marque de Münich.
En 1990, il manque de peu le titre en DTM pour 12 petits points derrière Stuck avec sa BMW M3 Schnitzer et après avoir été impliqué dans une collision avec Michaël Schumacher au départ lors de la dernière épreuve décisive pour le titre.
SES FLEURONS: VICTOIRES AUX 24 HEURES DE SPA ET DU NÜRBURGRING & CHAMPION STW, GT CUP ET SUPERSTAR V8.
Pour la suite de sa carrière Johnny ajouta encore cinq autres victoires en DTM entre 1991 et 1992, toutes sur BMW, à son palmarès ainsi que la victoire aux 24 HEURES DU NÜRBURGRING en 1992
Deux ans après celle récoltée à SPA-FRANCORCHAMPS, soit la plus prisée en endurance après LE MANS, où il participa également trois fois à la prestigieuse épreuve Sarthoise en 1981 sur une BMW M1, en 1996 sur une Mc LAREN F1-GTR et en 2003 sur une FERRARI 550 Maranello, mais chaque fois sans grand succès.
En 1993, il s’octroya également l’ADAC GT Cup avec six victoires en classe 1 sur une BMW M3 GTR.
En 1994 et 1998, Johnny remporta chaque fois le Championnat allemand de Super Tourismes (STW) pour BMW, son fidèle employeur depuis des années avant de remporter également le Championnat allemand des Séries V8 STAR pour voitures silhouettes sur OPEL.
Et c’est en 2003 qu’il tira définitivement le rideau sur une carrière internationale longue de 28 années et qui sans pépins physiques aurait certainement été plus riche en terme de palmarès mais durant laquelle Cecotto a démontré qu’il était dans la lignée de John Surtees, Jean Pierre Beltoise et Mike Hailwood pour ce qui est de passer avec un égal succès du 2 aux 4 roues!
Depuis sa retraite, Johnny qui vit toujours en Italie, s’occupe de ses deux rejetons Johnny « Amadeus » né en 1989 et Jonathan, né en 1999 qui tous deux ont opté pour le Sport Automobile.
Johnny Junior, qui était un véritable espoir jusqu’en GP2 , où il a déja remporté quatre victoires et effectué quelques tets pour l’écurie TORO ROSSO, a malheureusement dû jeter l’éponge en cours de saison 2015, faute de moyens financiers et du manque d’appui du côté Vénézuélien, où l’on mise apparemment tout sur Pastor Maldonado.
Quant au jeune Jonathan âgé de 15 ans, il vient de débuter une carrière en Championnat Allemand de F4 avec Mick Schumacher, le fils de Michaël, au sein du Team de pointe MOTOPARK, avec lequel il espère gravir les échelons afin de se hisser au plus haut niveau à court terme et ainsi permettre de perpétuer le nom de Cecotto encore longtemps.
Manfred GIET
Photos : Publiracing Agency et Stan PEREC