Dakhla, au bout d’une magnifique presqu’île est un ancien port de pêche, qui existe toujours, mais le tourisme est venu se greffer sur ce bout de paradis, avec aéroport, hôtels de luxe, surf et kite d’enfer et surtout météo sublime en hiver, 24 degrés un 3 janvier, pas mal.
C’est là que le Rallye-Raid Africa Race 2016 est venu se poser pour son jour de repos, avant d’attaquer lundi deux épreuves, l’une pénible, le passage de la frontière mauritanienne et l’autre initiatique, avec les premiers sables du pays, sur une spéciale courte, on ne sait jamais combien de temps on va perdre avec les douaniers.
L’ancien nom de l’endroit est Villa Cisneros, c’était une des étapes de l’Aéropostale de St Ex, Mermoz et Guillaumet, bref côte frisson historique, ça va bien aussi.
autonewsinfo en profite pour vous proposer un petit album de souvenirs d’Alain Rossignol, notre photographe, mélange de violence, de bruit et de fureur d’une part et de douceur de vivre en ce jour de repos qui n’en sera d’ailleurs pas un pour les mécanos qui doivent refaire autos, motos et camions à neuf.
On a donc fait une jolie semaine de course au Maroc.
Deux photos du buggy MD Optimus 218 et son équipage, Jean Noël Julien, un garçon très sympa, navigué par son pote Pascal Delacour.
Jean Noël est un pâtissier de génie à Paris, aux Halles, qui n’a jamais hésité à mettre le pied dedans quand il a vu Alain Rossignol, ils se connaissent depuis longtemps et Jean Noël sait que là où se trouve Alain c’est beau et sans piège.
Pourquoi ce concurrent plus qu’un autre ?
Parce qu’il est aussi un symbole de passion, mot devenu grossier aujourd’hui et qui est toujours ma seule religion.
Un pâtissier de très grand renom qui quitte son établissement au moment des fêtes de fin d’année, là où le chiffre d’affaires doit être une furie et où la présence du taulier est obligatoire…
Qui préfère la poussière, le bruit du V8 dans le c…, les paysages démentiels de l’Africa Race, d’éventuelles galères, voire des blessures, et surtout les vrais déserts de ce rallye, pas ceux d’un autre rallye qui se déroule en même temps sur une bande de sable de 100 mètres de large qui sert à faire de belles photos et des suivis hélico en plan très serré, sinon on verrait l’autoroute à côté…
Retour à la douceur de vivre…
Ce qui prouve que chez les plus addicts des pistards, ne rien faire au bord de l’eau est aussi un fantasme.
Qui ne dure pas longtemps, juste une respiration, mais énorme…
Au fait, l’histoire démentielle du dernier jour.
Une photo de deux mecs qui ne se séparent pas, les Portugais José Fernando Moreira de Sousa (130) et José Fernando de Resus Sousa (131), qui roulent avec plus de cinq heures de retard sur le leader Ullevalseter et qui ont fini respectivement deuxième et quatrième de la spéciale de la veille !
Pourquoi ?
Parce que tous les motards, Ullevalester compris, se sont perdus (on dit en jargon de rallye raid qu’ils ont « jardiné ») et se sont perdus sévère.
Du coup les derniers partis, parmi lesquels les deux potes portugais, ont été dépassés très vite par les autos dont ils ont suivi la poussière.
Autos qui se sont perdues aussi, mais beaucoup moins.
Les deux pilotes portugais encadraient Yevgenia Nesterova, dont le communiqué officiel dit qu’elle a fini un paquet d’étapes dans le camion balai, (ne pas confondre avec Nifontova, femme pilote façon bolide qui est deuxième au général…) et qui a pris la troisième place de l’étape.
Belle histoire qui prouve qu’en rallye raid, on peut même s’amuser et avoir des résultats quand on réfléchit un peu même si on est un poireau.
Et que la nav, la veille, était vraiment un truc à faire bafouiller Archimède et Newton, les mathématiciens les plus intelligents de l’histoire de l’Humanité… !
C’est sûr que des trucs comme ça, ça ne peut arriver qu’en Afrique, et qu’à l’Africa Race !
Bon, un peu de poésie ne fait de mal à personne, sauf si on va visiter les cactus de trop près…
Beau shoot d’Alain Rossignol, de Jorge Cunha son compère…
Pour les cinéphiles, cette photo rappellera peut-être la blague de Steve Mc Queen dans « Les sept Mercenaires », celle du mec qui courait tout nu dans le désert et se jetait sur les cactus…
« Pourquoi ? » lui demandèrent les médecins de l’hôpital où se termina forcément l’histoire…
« Juste pour savoir ce que ça faisait »…
La péninsule de Dakhla est bordée de hauts fonds, comme souvent au large des grandes plages, le cap Bojador, au nord de Dakhla était même surnommé « Le cap de la peur » par les navigateurs portugais du quinzième siècle pour cette raison.
Comme le vent de sable souffle souvent en bordure d’océan, la « visi » y est mauvaise et les bateaux continuent de s’y échouer en pagaille, donnant ce genre d’image.
Alain Rossignol est d’une région maritime, je suis moitié celte, les photos d’épaves nous donnent toujours ce petit frisson, mélange de peur et de nostalgie…
Dans l’histoire de l’Aéropostale, il y a un épisode peu connu durant lequel Mermoz est allé sauver l’équipage d’un bateau échoué près de Villa Cisneros et que les Maures voulaient attaquer pour les prendre en otages.
Hommage à Mermoz…
Retour à la fureur…
Le Russe Anton Grigorov, sur son Oscar, a fait la veille un truc phénoménal.
Parti dans les derniers, il a remonté tout le monde, ne s’est guère trompé, a roulé comme un dingue et fini la spéciale avec le deuxième temps, à une minute du vainqueur du jour, le Kazakh Shagirov.
Comme quoi toutes les deuxièmes places du dernier jour de course au Maroc ont été miraculeuses, en auto et à moto, mais pas de la même façon…
Dans le genre photo sourire, j’aime bien celui de Strugo, vieux pistard des vrais Dakar qui retrouve le rallye raid africain cette année, avec des perfs qui s’améliorent chaque jour, il est cinquième auto, septième au général puisque les deux camions russes jouent aux libellules/missiles, juste limités réglementairement à 150 km/h…
Encore un très beau « doc' », on sait que dans l’histoire tout le monde prend des risques, motard tellement vulnérable en cas de chute, hélico tellement bas que le pilote doit être une sorte de Michel-Ange du manche, lumière aussi basse et aussi belle que l’hélico, désert vrai et infini sur l’horizon, si ça ne vous donne pas envie d’y aller, Rossignol et moi devrons changer de métier et de passion…
Un petit clin d’oeil à un équipage (russe encore !) qui à bord de son Ford, mène la catégorie T2, celle dont on ne parle jamais parce que les autos sont moins affûtées, il n’empêche qu’il faut savoir quand même mettre le pied dedans…
Ici, je pense à l’image de fin des albums de Lucky Luke…
La BD est une autre de nos passions avec Alain Rossignol, salut au passage à Morris et Goscinny…
Au fait, voilà ce qui attend les concurrents demain…
Après la douane !
Ce qui permettra à nos amis pilotes de patienter comme des gosses devant l’arbre de Noël…
Au fait, dernière nuit sympa (courte, on prend la route à cinq heures du mat’…) près de l’océan…
Dernière minute: Nous avons reçu une rafale de photos de la journée de repos vers 22 heures, la voici telle quelle, avec les commentaires que ces documents nous inspirent…
On termine bien entendu avec la signature photo d’Alain Rossignol, ici à bord de l’hélico, le « glingue » (l’appareil photo en jargon du métier) à la main, à côté du cameraman qui a visiblement fini sa journée.
Mais justement, à propos de cameraman, pour finir, voici un cadeau, une des vidéos, celle du jour quatre, elles sont réalisées quotidiennement, c’est un exploit technique, par les équipes de Jo de Raco.
Ce jour 4, où en plus de la poussière, on a aussi avalé des bulles…
Les interviews sont d’un pote belge journaliste de grand talent, Philippe Janssens, qui, on l’entend, parle une quarantaine de langues.
Il n’y a pas de commentaire, les images parlent d’elles-mêmes.
La vidéo s’arrête après la première image de camions, les liaisons satellitaires sont compliquées…
Mais ça vaut le coup quand même…
Et entendre Ullevalseter expliquer qu’il a cassé son frein AR dans une chute et que du coup, forcément, il a roulé plus vite, rien que ça vaut le coup de se plonger dans ce document.
Jean Louis BERNARDELLI
Photos Alain ROSSIGNOL et Jorge CUNHA/DESERTRUN