Mercredi 30 décembre 2015
ÉTAPE N°2 : JORF EL HAMAM / TAGOUNITE : 403 km
LIAISON : JORF EL HAMAM / MERZOUGA : 75 km
SPÉCIALE : MERZOUGA / OULED DRISS : 313 km
LIAISON : OULED DRISS / TAGOUNITE : 15 km
Erfoud, ce mercredi au tout petit matin, il est sept heures quand les premières motos quittent le bivouac.
Cette fois, on y est.
Le Grand Sud, on y est !
À peine 70 km de liaison et l’on est déjà au pied de l’immense erg de Merzouga, qui se dresse comme un « Ayers Rock » à la Marocaine, au milieu du désert Saharien.
Et cette fois-ci, les motards sont de la fête, obligés, vu le retard du bateau la veille, de se taper donc mardi, la liaison en entier sans passer par la spéciale, histoire de rouler de nuit le moins possible.
Alors oui, on a roulé, très longtemps, mais on est au pays de la magie…
René Metge, sur l’étape du jour :
« Pour la première fois sur l’Africa Race, le départ est installé directement au pied des dunes de Merzouga. Un Erg bien connu de tous les participants aux rallyes africains qui pourrait toutefois poser des problèmes si le sable n’était pas porteur. Une fois cette première difficulté passée, les concurrents évolueront sur des pistes à la fois sablonneuses et empierrées. Une portion jamais empruntée par le rallye, au cœur de paysages magnifiques. Ces pistes conduiront les concurrents jusqu’au volcan situé non loin d’Ouled Driss. Les véhicules atteindront l’arrivée après avoir emprunté une dernière petite section de dunes et franchi un gué plus ou moins important suivant la saison. Une belle étape dans la pure tradition marocaine ».
Autrement dit, ça va pas être de la gnognote, mais ce sera joli…
313 km de spéciale, puis encore 15 km et on sera au bivouac, l’étape rêvée dans un décor rêvé.
Le profil du jour et les cartes…
Enfin l’endroit où l’on se trouve par rapport au tracé du rallye…
Bref, on longe la frontière Algérienne sud ouest, et l’on voit sur la carte du jour que tout est en rouge ou presque, bref, étape en spéciale pratiquement d’un bout à l’autre.
MOTOS : « DOBBEL » (DOUBLÉ) ULLEVALSETER !
Ullevalseter, le blond Norvégien vainqueur l’an dernier, est parti le premier, ce qui n’est jamais une sinécure, surtout dans du sable.
Ceux qui partent derrière auront des traces fraîches, Pal Anders n’a devant lui que les traces, datant d’il y a deux jours, de l’auto d’ouverture.
La vitesse varie énormément, dès que c’est roulant on envoie du lourd, dans les dunes, on tombe vite à moins de 70 km/h.
Il a laissé un groupe de furieux, deux Italiens, Chiussi et Fesani, et deux Français, Hamard et Blanpain, plus le Slovaque Martin Benko mais c’est loin derrière lui, le Norvégien trace fort., à la sortie des dunes, il est au dessus de 120 km/h…
Derrière le groupe de furieux, la jeune Russe Nifontova, que l’on sait très rapide, fait parler la poudre, une vraie guerrière.
Mais la guerrière se trompe dans sa nav’, et laisse passer un paquet de pilotes.
Au premier CP, Ullevalsetter passe avec six minutes d’avance sur Martin, il est clair que notre ami norvégien ne fait pas dans le détail.
Il est vrai, j’ai parlé de traces, qu’il avait aussi devant lui celles du raid, des autos et une moto qui suivent le rallye sans chrono, avec la sécurité de l’épreuve, une superbe occasion de voyager.
Vu la longueur du parcours, le groupe du raid est parti avant la meute.
Mais une fois passé ce groupe d’aficionados, Ullevalsetter est vraiment seul devant.
Il arrive au CP2, là où se trouve le ravitaillement, après 170 km de spéciale, très largement en tête des motos, même si on le verra, en début de journée, les autos et surtout les camions sont allés plus vite que lui!
Au CP2 justement, le classement provisoire fait cependant apparaître que Andrew Newland n’est que deux minutes derrière le Norvégien qui, on le rappelle, à ce moment, est seul à tracer devant.
Tous deux roulent KTM.
À signaler qu’à ce même CP, la Russe Nifontova est passée huitième, pas mal!
Anastasiya qui confie avoir manqué d’énergie jusqu’au CP 2, puis, en refuelant la moto, elle s’est mangé une petite douceur qui lui a permis de terminer sans s’user, cela dit, elle a eu beaucoup de mal avec la poussière, et s’est surtout appliquée à rouler en dehors des panaches devant elle.
CP3, ça sent l’avoine, on est à seize km de l’arrivée.
Et Ullevalseter avoine toujours d’ailleurs, on est évidemment au deuxième jour du rallye, ce qui est peanuts, il y a d’ailleurs le lendemain une énorme étape à se farcir, mais quand même, le Viking a mis la barre assez haut !
Il est évidemment en tête à l’arrivée, devant l’Italien Chiussi qui roule Husqvarna et pointe à 23 minutes, et l’Anglais Newland encore une minute plus loin.
Il s’agit d’un triplé KTM, puisque la marque Husqvarna appartient à KTM, c’est même un quadruplé avec le Russe Agoshkov.
Le premier Français, Julien Sanchez avec sa Yamaha, est cinq à 42 minutes du leader.
AUTOS/CAMIONS : SERRADORI AU DERNIER CP !
9h40, Sazonov et son surpuissant Hummer 4X4, vainqueur de la spéciale de la veille, est lâché.
Les 4X4 ont d’ailleurs été à la fête lors de la première spéciale, l’autre Kazakh, un Toyota, est deuxième et le Portugais Leal Dos Santos, sur son Nissan Navarra, terminant trois.
Les buggies ont eu plu de mal, en particulier Pascal Housiaux, un des calibres du team MD, ils sont huit Optimus au départ, qui a perdu prés de trente minutes sur ennuis moteur.
Le meilleur buggy de la veille est l’Optimus MD de Pascal Thomasse, septième.
Sazonov prend 163 km/h quand déjà loin derrière, ses concurrents s’éparpillent et roulent dans les sables aux alentours de 40 km/h !
À l’instar d’Ullevalsetter à moto, Sazonov ne fait pas dans le détail.
Le Kamaz de Kuprianov ne fait pas non plus dans le détail.
Parti cinquième, il a déjà passé le Nissan de Leal Dos Santos,..comme la foudre, dans les sables de début de spéciale.
Au CP1, le Toyota de Shagirov a repris le Hummer de Sazonov, il s’en faut d’une minute, c’est dire si les deux Kazakhs en veulent…
Mais, et ce n’est pas étonnant vu le rythme infernal auquel il roule, le surpuissant camion Kamaz développant 1000 chevaux de Shibalov passe en tête au général au CP1 !
On a donc dans l’ordre le Kamaz, puis le Toyota de Shagirov, le Hummer de Sazonov, l’Oscar de Grigorov…
Shagirov s’arrête ! … Longtemps.
La deuxième place au scratch, ce ne sera pas ce jour.
L’Oscar de Grigorov prend donc la place, sept minutes derrière Sazonov, sauf si les camions…
Avant ce CP2, combat titanesque entre les deux camions Kamaz, c’est beau comme un film d’Eisenstein…
Mais ils sont battus par le Hummer de Sazonov, bien parti pour le « hat trick », le doublé, il a déjà gagné la veille et s’est élancé en tête du général provosoire ce mercredi matin!.
En tous cas, l’honneur est sauf, il y a une auto devant le Kamaz de Shibalov !
Ce CP2 est assez incroyable cela dit.
On l’a écrit, le Hummer de Sazonov est devant le camion de Shibalov.
Ensuite, viennent une tripotée de 4X4 et de camions, bien avant le premier buggy.
L’Oscar de Grigorov (3), le Nissan de Leal Dos santos (4), le camion Kamaz de Kuprianov (5), et c’st la (bonne) surprise du jour, on trouve le buggy MD Optimus de Pascal Housieaux, un gros favori du rallye mais qui a pris trente minutes de retard la veille.
Cela dit, un peu plus loin, Pascal va retomber dans les ennuis.
Viennent ensuite le camion Tatra de Tomecek (6), l’Opel du Hongrois Szalay (7) et le deuxième buggy, l’Optimus MD de Jérémie Choiseau et Jean Brucy (célèbre motard des rallyes raids).
C’est au CP3 que tombe le coup de théâtre!
Mathieu Serradori, bien connu du milieu du rallye raid, mais totalement inconnu des chronos automatiques (c’est à ça que servent les personnes qui passent la journée au CP, à noter les heures…) durant la journée pour cause de mouchard GPS en panne, est second, puis termine premier de la spéciale.
Il dit à l’arrivée : « Vu que je suis loin d’être parti devant le matin, j’ai bouffé de la poussière toute la journée et que c’est en se battant avec les camions que j’ai réussi à faire un chrono de choc sur la journée. »
Le second au scratch est d’ailleurs le… camion Kamaz de Shibalov !
Sazonov termine trois, il est donc toujours leader au général devant Serradori et le camion de Shibalov.
Précisons que Serradori, a failli gagner l’Africa Race 2015, mais il était tombé en panne à quelques centaines de mètres d’une arrivée !
Belle revanche en perspective, il n’est en ce début d’édition 2016 qu’à quatre minutes du Kazakh, avec une minute d’avance sur le camion Kamaz.
La troisième journée ce jeudi risque d’être exaspérante !
Les concurrents de l’AFRICA ECO RACE devraient se souvenir du dernier jour de l’année 2015 qu’ils vont passer sur la piste. En effet, René METGE annonce cette spéciale de 451 km entre Ouled Driss et Icht comme la plus difficile des cinq étapes marocaines.
Certains ne seront donc peut-être pas à l’heure pour fêter le passage vers la nouvelle année.
Jean Louis BERNARDELLI
Photos : Alain ROSSIGNOL-Jorge CUNHA – DESERTRUNNER
Résultats sur : http://www.africarace-live.com/fr/cla-etp2.html