Au Salon Automédon, ‘Entrez dehors, sortez dedans’… Ou encore ‘le spectacle est aussi à l’extérieur’…
Automédon a lieu tous les ans au Bourget depuis 15 ans.
Automédon, c’est le salon du rendez-vous d’automne des amoureux de la voiture ancienne.
Automédon, c’est une autre échelle de valeurs dans cette passion des anciennes, bien différente de celle des ventes aux enchères de Rétromobile.
Automédon, est en effet effectivement un complément indispensable aux traversées de Paris, qu’elles soient d’été ou d’hiver.
Automédon, c’était le week-end dernier.
Automédon, c’était 45’ d’embouteillage pour accéder au parking des anciennes, plus ou moins vaillantes, chauffantes ou fumantes, au moment de se parquer, certaines étant même parfois finalement enfin poussées jusqu’à une place salvatrice…
Car Automédon, c’est d’un côté 300 exposants, clubs, commerçants et autres, mais c’est aussi plus de 1000 véhicules et 200 motos présentées aux yeux de tous, par leurs propriétaires, sur le grand parking devant le hall d’exposition.
Et si une réelle mise en scène, se tient à l’intérieur du bâtiment, une non moins réelle communion, a lieu dehors, sous le soleil automnal, autour de ces anciennes, magnifiquement restaurées pour certaines, dans leur jus authentique pour d’autres.
Parmi les trois cent exposants, on trouvait de tout :
Des clubs divers mettant en avant, telle ou telle marque, du marchandising de vêtements, tee-shirts et autres accessoires de mode d’époque pour piloter ou chevaucher les machines d’époque, les ‘grandes surfaces’ de pièces détachées, un peu trop marquées françaises hélas, ainsi que les vendeurs de miniatures et autres revues techniques ou équipements de garage… et des vendeurs d’outillages, car il faut bien les entretenir et les réparer ces anciennes !
Ainsi les clubs Simca présentaient des Arondes et dérivées P60, des 1000 berlines, rallye ou coupés, des voitures – Ariane ou Aronde- ayant battus de nombreux records, des Océane ou des Grand Large.
J’y ai même retrouvé – incroyable mais vrai – l’Aronde vert bouteille que ma Grand-mère possédait dans la première partie des années 6O et que j’ai ‘conduite’, volant en main, durant des milliers de kilomètres… totalement imaginaires du haut de mes dix ans…
Le club V8 de France, regroupait les Vedette, les Chambord et assimilées ainsi qu’une veille et magnifique Matford de 1938.
Sur un stand, en hommage à Guy Ligier, une magnifique JS2 encore aux couleurs jaune et vert de son sponsor pétrolier de l’époque et pilotée en VHC par Pierre Nicolet, le fils de l’homme d’affaires Jacques Nicolet, qui a relancé la marque et l’a fait courir en endurance.
Ce week-end c’est d’ailleurs une Ligier JSP2 qui a remporté les Six Heures du Fuji au Japon dans sa catégorie, celle des P2 !
Les amis de Panhard exposaient des moteurs, énormes V12 ou minuscules bicylindres, avec ou sans soupapes.
Les clubs Citroën étaient nombreux notamment pour fêter les 60 ans de la DS, fête déjà bien lancée en juillet sur les Champs-Elysées, et n’oubliait pas les 2cv et les GS (45 printemps en 2016).
Les clubs d’Américaines étaient nombreux également, avec des voitures plus ou moins tunées, ainsi que des hot roads, ou alors de superbes modèles d’exception, où une Ford Thunderbird ‘faux landau’ toute fraîchement rénovée dans les ateliers JPN, à Chaville et déjà vue à Montlhéry en juin, côtoyait un non moins magnifique cabriolet de la même année.
Autour de cela, un ou deux trucks, quelques objets usuels des années 50, machine à laver, réfrigérateur, mobilier ou moulins à café électrique, regroupés en une simulation de pièce à vivre, avec des danseurs de rock and roll et un ‘Captain América’ pour animer tout cela.
Porsche était bien représentée également avec plusieurs 914, 4 ou 6 cylindres, des PMA (Porsche à Moteur Avant) 924 et 944 et une très belle 356.
On trouvait également une section moto particulièrement importante, avec un espace largement dédié aux anciennes machines de compétition des années 70 et un autre aux bikers américains.
Et quel spectacle à l’extérieur !
On trouvait de tout. Classées par marque, pour les françaises, largement les plus nombreuses, ou par pays pour les étrangères, ces anciennes dans des états de présentation fort inégaux – mais cela, on s’en fout un peu- étaient le sujet de conversations de tous les visiteurs et des moments d’échange particulièrement sympathiques.
Avec toujours un compliment pour le propriétaire si celui-ci était à côté de la voiture, que ce soit pour la rareté du modèle, pour son état, ou pour les souvenirs et l’envie qu’il véhicule…
Et un inamovible sourire aux lèvres pour tous.
On y a trouvé quelques raretés, voir même quelques voitures inconnues, quelques magnifiques restaurations, quelques voitures avec des travaux en devenir.
Des voitures de tous calibres, de l’Isetta aux Belles Américaines des années 60 tous ailerons dehors, de la populaire Simca ou Renault aux statutaires Mercedes ou Rolls Royce…
Longue vie à Automédon, loin des ors et du snobisme dans lequel Rétromobile semble maintenant se complaire.
Ici, l’argent ne faisait pas le moine et si certaines voitures représentaient largement plus d’une centaine de milliers d’euros, elles étaient – très bien – traitées comme toutes les autres.
Ici pas de représentants des ateliers de restauration haut de gamme et de leurs modèles à plus d‘un million d’euros, pas de cabinet de vente aux enchères, mais de vrais passionnés qui mettent bien souvent toutes leurs maigres économies dans cette passion, et tout aussi souvent leurs propres mains dans le cambouis…
Automédon est un moment de fraicheur dans ce monde de plus en plus mercantile de la voiture ancienne.
Puisse-t-il rester ainsi, même si ce n’est que l’espace d’un week-end par an.
Néanmoins comme le rappelle souvent Gilles Gaignault, Automédon est bien l’indispensable complément du non moins toujours très prisé Rétromobile !
Texte et photos : Patrick MARTINOLI