Dans une discipline aujourd’hui tuée par deux Kawasaki qui ne respectent absolument en rien l’esprit du WSBK, il s’agit en théorie de motos ultra sportives dérivées des machines de série, on s’emmerde ferme…
IL EST TEMPS QU’IL Y AIT DU NOUVEAU!
En WSBK, manifestement les constructeurs traditionnels de la discipline, à part Ducati qui peine à y faire briller sa Panigale depuis trois ans, et Aprilia dont l’ADN est purement créateur de motos très sportives, on se désintéresse un peu du truc, on voit par exemple des Honda ou des Suzuki qui n’évoluent plus guère.
Les teams sont privés, faisant rouler et développer, le matériel que leur donnent les usines.
Autrement dit, l’arrivée, le retour plus exactement, de Yamaha dans cette discipline lui donnerait un sérieux boost qui lui manque cruellement.
Nous avons déjà évoqué le sujet il y a quelques mois, et Eric de Seynes, le boss de Yamaha Europe, m’avait alors mis bout à bout tous les arguments qui faisaient que ce retour était inenvisageable … à ce moment là!
YAMAHA R1, L’ARME FATALE
L’hypersportive R1, récemment sortie par Yamaha et directement issue de la technologie des M1 qui vont gagner le Championnat du monde MotoGP cette année, qu’il s’agisse de Rossi ou de Lorenzo, serait pourtant l’arme fatale.
Car partout où elle est engagée, elle brille fort, qu’il s’agisse de Championnats de superbike nationaux, ou d’endurance mondiale, etc…
Sur ce, nos petits camarades de Speed Week sortent un scoop, Yamaha sera en WSBK dès 2016 et précise avec le Team Crescent !
Le Team Crescent est celui qui fait rouler les Suzuki en WSBK et qui constate en effet que depuis l’arrivée de la marque en MotoGP, le WSBK devient le parent pauvre de l’opération.
Bref, ça colle, j’envoie un message à Eric de Seynes, pour savoir si je reprends l’info au conditionnel ou s’il tire à vue sur un faux scoop.
Il me rappelle à quasiment minuit, ce qui tombe bien, ce sont les heures où je bosse le plus efficacement, encore plus en période de chaleur cruelle comme en ce moment.
ERIC DE SEYNES PARLE
Et je constate vite que le ton a changé.
Eric me dit que c’est une hypothèse qui est envisagée, autrement dit, on passe du « No Go » au peut-être.
Lors du GP de France, il avait en effet dit à un journaliste que l’on était à 40% du chemin à parcourir…
Dans les contre arguments, il y avait le budget, et donc la nécessité absolue d’un sponsor, et sur ce point Eric me confirme qu’il déjeune en ville comme on disait à la Belle Époque, autrement dit la recherche de sponsor est passée de l’obligation à la négociation.
MONEY!
Dans les rumeurs, et bien entendu Eric de Seynes a été totalement muet sur ce point, il est question de Pata, aujourd’hui sur les Honda de Guintoli et Van Der Mark, une marque de chips italienne qui est aussi le sponsor personnel de Rossi.
On sait d’ailleurs que si Yamaha a réussi à trouver de gros sponsors en MotoGP, c’est en grosse partie dû au retour de Rossi qui est arrivé avec ses « amis ».
Mais aujourd’hui, Yamaha intervient dans beaucoup de disciplines.
Alors il faut des sous!
La vitesse, le SBK dans plusieurs pays importants (France, Angleterre, Allemagne), l’endurance mondiale, les rallyes raids, le motocross, ce qui me donne la possibilité de rappeler que le Français Romain Febvre est en train de réaliser un truc énorme en MXGP, il devance Cairoli, qui est un peu le Sebastien Loeb du motocross mondial…
Bref, on comprend l’obligation absolue de trouver un sponsor pour ce retour en WSBK.
AVEC LES SOUS IL FAUT LA RENOMMÉE!
Plusieurs points ne sont pas résolus!
En bon chef d’entreprise moderne, Eric sonde les réseaux sociaux.
Les soirs où Yamaha gagne en MotoGP, des dizaines de milliers de fans réagissent sur le site de la marque.
Chez les verts, quand la marque fait son habituel doublé en WSBK, c’est plat comme la morne plaine de Waterloo.
(L’expression, écrite par Hugo, est reprise par moi, pas par Eric, qui sait bien que Waterloo est tout sauf une plaine, et que justement le problème était que Napoléon était en bas à découvert, les angliches en haut et planqués…)
On en revient au WSBK…
Les circuits reçoivent du monde, beaucoup de monde, mais les retombées sont très loin de celles du MotoGP, surtout quand la marque est loin devant les épouvantails du HCR !
Par ailleurs, la R1 est totalement de la famille des motos M1 d’usine qui courent en MotoGP, et il faudra l’aide de l’usine sur un pont essentiel, l’électronique.
ELECTRONIQUE, LE VRAI SECRET
Contrairement au MotoGP, et c’est logique car les motos de Superbike sont normalement proches des motos vendues en public, le software électronique y reste libre, même s’il est limité en budget.
Or Eric de Seynes est très clair, Yamaha ne viendra pas en WSBK pour faire de la figuration et l’électronique y est donc essentielle.
Cette décision là dépend directement des Japonais.
Alors ?
ET LES PILOTES ?
Alors on a aussi parlé des pilotes, il avait été question, il y a pas mal de temps, que Rossi vienne rouler en WSBK dans sa fin de carrière mais à l’époque, il sortait du cauchemar Ducati, il revenait la queue basse chez Yamaha où il se faisait étriller par Lorenzo.
On le sait, ça a changé cette année, plus du tout question de WSBK.
Alors ?
Alors réfléchissez bien, on sait évidemment que Melandri, viré de chez Aprilia, cherche un guidon de revanche en WSBK…
Et qui’il a déjà couru pour Yamaha en WSBK!
Mais surtout, en ce moment, il y a en WSBK un mec plein d’expérience, champion du monde de WSBK, français, qui se morfond sur une moto dont il sait que dans le meilleur des cas, il terminera cinquième à chaque course, ce qui est d’ailleurs loin d’être le cas, les Ducati commencent vraiment à rouler…
Ce pilote c’est lui, ci-dessous, Sylvain Guintoli bien sûr!
Et puis, en ajoutant des mecs bourrés de talent en WSBK, ou qui sont en train de devenir des vedettes en Supersport, il n’y aura vraiment que l’embarras du choix.
C’est Andrea Dosoli, responsable du programme sportif R1, qui décidera…
On n’est pas dans un système fermé comme le MotoGP où les quatre dieux du guidon sont intouchables, séparés au général par pas mal de points, les Honda boys ont fait une première moitié de saison épouvantable.
Mais c’est fini, les quatre magnifiques prennent tout, et c’est simplement ce qui explique la soi-disant méforme des Ducati ou Suzuki, qui ont pourtant fait des progrès considérables, c’est juste que les dieux, on ne touche pas…
En WSBK, côté pilotes, c’est plus ouvert.
C’est côté moto que ça coince, côté développement de la moto.
Si les Japonais décident de développer l’électronique de la R1 pour le WSBK, ça coincera beaucoup moins.
Bref, on est vraiment passés du « Pas question ! » au « C’est à l’étude ».
Et cette étude est à un stade finalement très avancé.
Alors ?
Alors, on y croit ?