L’affiche des 24 heures du Mans 2015 a tenu ses promesses.
On s’attendait à un duel homérique entre Audi et Porsche, et il a bien eu lieu.
La seule déception vient du clan Toyota que l’on avait placé en outsider, pensant que leur rythme de course pouvait soutenir la comparaison avec celui des allemandes. Malheureusement, les deux nippones n’ont jamais pu se mêler à la lutte en tête, se contentant d’une course anonyme,esseulées derrière les six germaniques.
Seul un incident retardant l’Audi n°9 a permis à la Toyota n°2 de prendre une inespérée sixième place, aux Nissan et leur conception, disons, fantaisiste, elles prouvent qu’un délire issu du marketing n’est pas forcément compatible avec le cahier des charges d’une voiture de course, LMP1 de surcroît.
Certains fondamentaux sont respectés par tous, il y a bien une raison !
Cette mascarade est pitoyable pour l’image d’un constructeur de niveau mondial, tel que Nissan. Darren Cox, directeur de Nissan Motorsport, avec qui nous nous entretenions en compagnie de Gilles Gaignault, nous a déclaré avant le départ, avec la satisfaction du devoir accompli :
« Nous avons déjà atteint l’objectif marketing qui était de faire savoir que Nissan était présent au départ des 24 heures du Mans. Maintenant, le succès sportif, on le prendra quand il viendra ! »
S’il vient car il va falloir combler un retard de plus de 1’’5 au kilomètre sur un circuit de ligne droite, et quand on sait que le seul point positif de la Nissan est sa vitesse de pointe, on est en droit de s’interroger sur la pérennité d’un tel projet et de ses promoteurs.
Mais revenons aux vraies LMP1, les Audi, Porsche et Toyota…
Pour Porsche, il s’agit d’un retour fracassant après être venu apprendre en 2014.
Et la leçon a été bien apprise. Dès le feu vert, le ‘Grand Prix du Mans’ a démarré sur les chapeaux de roues et d’emblée les Porsche 919 Hybrid, imprimaient un rythme effréné à cette course.
Pour preuve, le record du tour établi deux fois par une Audi, d’abord par l’un des pilotes tricolores du Team, Loïc Duval avant la nuit, puis au 337ème tour, peu avant midi ce dimanche par le Français Benoit Tréluyer, qui restera triple vainqueur au Mans, ce qui est déjà un palmarès exceptionnel, en 3’17’’476, au plus fort de la chasse aux Porsche.
Et comme les gens heureux n’ont pas d’histoire, le tableau de marche des Porsche a été respecté à la lettre, seule la n°18 du Français Romain Dumas, du Suisse Neel Jani et de l’Allemand Marc Lieb, a perdu du temps au stand, suite à une légère sortie de route de Romain Dumas, à Mulsanne au bout de la ligne droite des Hunaudières, sortie de route abîmant suffisamment le capot avant, au point de nécessiter son remplacement
Chez Audi, on a mené la vie dure aux Porsche mais sans jamais réellement menacer la marche de l’autre marque au cheval cabré, cheval cabré qui figure en effet effectivement au centre du blason de la ville de Stuttgart – où se situe le siège et les usines de Porsche – qui orne le capot de toutes les Porsche.
Mais chez Audi, on n’a jamais rendu les armes, et la pression sur les Porsche a été constante tout au long de ces 24 heures du Mans 2015.
Finalement après un début de course à la bagarre, Porsche au début de nuit prenait définitivement le commandement et n’allait plus le quitter.
Et ce dimanche 14 juin 2015, à 15 Heures, l’une des trois 919 Hybrid, la N°19, celle des ‘ rookies’ Hülkenberg, Tandy et Bamber, franchissait en grande triomphatrice, la ligne d’arrivée de ces 83émes 24 Heures du Mans.
Porsche signant même un magistral doublé avec la N°17 de Webber, Bernhard et Hartley. L’Audi N°9 complétant le podium
LMP2, la lutte opposant les différents constructeurs de châssis a tourné à l’avantage de l’Oreca 05, la N °47 du Team de Hong-Kong du Français Nicolas Lapierre et des Britanniques Matthew Howson et Richard Bradley, suivie de la Gibson du Jota Sport N° 38 pilotée par les Anglais Simon Dolan, Oliver Turvey et par le Néo-Zélandais Mitch Evans et de la Ligier JS P2 N°26 du G-Drive Racing et conduite par le Français Julien Canal, le Russe Roman Rusinov et l’Anglais Sam Bird.
Le GTE Pro a vu la défaite des archi-favorites Aston Martin, et la victoire de la Chevrolet C7R n°64 des Américains Tommy Milner et Jordan Taylor et de l’Anglais Oliver Gavin devant les Ferrari 458 Italia d’AF Corse, les N° 71 et 51, respectivement pilotées par le Monégasque Olivier Beretta, le Britannique James Calado et l’Italien Davide Rigon pour la 71 et par les Italiens Giammaria Bruni, Giancarlo Fisichella et le Finlandais Toni Vilander pour la 51.
Le GTE Am remporté par la Ferrari 458 Italia des Russes du SMP Racing, la N°72 des Russes Victor Shaytar, Aleskey Basov et de l’Italien Andrea Bertolini devant la Porsche 911 RSR du Dempsey-Proton Racing Team pilotée par l’acteur américain Patrick Dempsey, son compatriote Patrick Long et l’Allemand Marco Seefried, et en troisième position on retrouve la Ferrari 458 Italia n° 62 de la Scuderia Corsa du trio américain William Sweedler, Townsend Bell et Jeffrey Segal.
Encore une fois, les 24 heures du Mans auront tenu leur promesse, celle d’une course menée tambours battants par des équipes hyper professionnelles, d’un niveau de performance hallucinant et progressant sans cesse. Toyota a promis de revenir avec une nouvelle voiture. Gageons que le fossé sera comblé pour nous offrir une véritable bagarre à trois !
Save the date ! A vos agendas !
Les 24 heures du Mans 2016 auront lieu les 18 et 19 juin.
Gilles VIRMOUX
Photos : Thierry COULIBALY- Patrick MARTINOLI- Max MALKA
CLASSEMENT DES 24 HEURES DU MANS 2015
1 – Hulkenberg-Tandy-Bamber (Porsche 919 Hybrid) Porsche AG, 395 tours
2 – Bernhard-Webber-Hartley (Porsche 919 Hybrid) Porsche AG, à 1 tour
3 – Fassler-Lotterer-Treluyer (Audi R18 e-tron) AudiQ, à 2 tours
4 – Di Grassi-Duval-Jarvis (Audi R18 e-tron) Audi, à 3 tours
5 – Dumas-Jani-Lieb (Porsche 919 Hybrid) Porsche AG, à 4 tours
6 – Wurz-Sarrazin-Conway (Toyota TS040 Hybrid) Toyota TMG, à 8 tours
7 – Rast-Albuquerque-Bonanomi (Audi R18 e-tron) Audi , à 8 tours
8 – Davidson-Buemi-Nakajima (Toyota TS040 Hybrid) Toyota TMG, à 9 tours
9 – Howson-Bradley-Lapierre (Oreca 05-Nissan) KCMG, à 37 tours (1éreLMP2)
10 – Dolan-Turvey-Evans (Gibson 015S-Nissan) JOTA Sport, à 37 tours
11 – Rusinov-Canal-Bird (Ligier JSP2-Nissan) G Drive, à 37 tours
12 – Yacaman-Derani-Gonzalez (Ligier JSP2-Nissan) G Drive, à 41 tours
13 – Chandock-Patterson-Berthon (Oreca 03R-Nissan) Murphy Prototypes, à 48 tours
14 – Mediani-Markosov-Minassian (BR 01-Nissan) SMP, à 55 tours
15 – Brown-Van Overbeek-Fogarty (Ligier JSP2-HPD) Extreme Speed, à 56 tours
16 – Bellarosa-Ibanez-Perret (Oreca 05-Nissan) Ibanez, à 58 tours
17 – Gavin-Milner-Taylor (Chevrolet Corvette C7R) Corvette, à 58 tours (1er LMGTE/PRO)
18 – Kraihamer-Abt-Imperatori (Rebellion R-One) Rebellion, à 59 tours
19 – Roussel-Ho Pin Tung-Cheng (Morgan-Nissan) Pegasus, à 61 tours
20 – Shaytar-Bertolini-Basov (Ferrari 458) SMP, à 63 tours
21 – Rigon-Calado-Beretta (Ferrari 458) AF Corse, à 63 tours
22 – Dempsey-Long-Seefried (Porsche 911 RSR) Dempsey, à 64 tours
23 – Beche-Heidfeld-Prost (Rebellion R-One) Rebellion, à 65 tours
24 – Sweedler-Bell-Segal (Ferrari 458) Scuderia Corsa, à 65 tours
25 – Bruni-Vilander-Fisichella (Ferrari 458) AF Corse, à 65 tours
26 – Perrodo-Collard-Aguas (Ferrari 458) AF Corse, à 65 tours
27 – Nygaard-Sorensen-Thiim (Aston Martin Vantage) Aston Martin, à 65 tours
28 – Sharp-Dalziel-Henemeier (Ligier JSP2-HPD) Extreme Speed, à 66 tours
29 – Nicolet-Maris-Merlin (Ligier JSP2-Nissan) OAK, à 67 tours
30 – Lietz-Christensen-Bergmeister (Porsche 911 RSR) Manthey, à 68 tours
31 – Mann-Giammaria-Cressoni (Ferrari 458) AF Corse, à 69 tours
32 – Krohn-Jonsson-Barbosa (Ligier JSP2-Nissan) Krohn, à 72 tours
33 – Aleshin-Ladygin-Ladygin (BR 01-Nissan) SMP, à 73 tours
34 – Rees-MacDowall-Stanaway (Aston Martin Vantage) Aston Martin, à 75 tours
35 – Chen-Vannelet-Parisy (Porsche 911 RSR) AII, à 75 tours
36 – Al Faisal-Giermaziak-Avenatti (Ferrari 458) JMW, à 75 tours
37 – Chen-Kapadia-Maasen (Porsche 911 RSR) AII, à 79 tours
Non classés – distance parcourue insuffisante
Dalla Lana-Lamy-Lauda (Aston Martin Vantage) Aston Martin
Trummer-Kaffer-Monteiro (CLM P1-AER) ByKolles
Tinknell-Buncombe-Krumm (Nissan GT-R LM Nismo) Nissan NISMO