Formule1. Grand Prix d’Australie : La barbe !
Non, pas question de jeter l’opprobre sur la tendance pileuse en vogue actuellement sur les visages des pilotes, tous les jours rasé de quatre jours ou plus…
En revanche, difficile de trouver ouverture du championnat du monde plus barbante que celle de cette année !
Les craintes suscitées par les tests hivernaux ont été confirmées à Melbourne, dans les grandes largeurs : les Mercedes viennent d’une autre galaxie.
Résultat, un Grand Prix d’Australie insipide, sans aucun suspense. En tête du départ à l’arrivée, à l’exception d’un tour, celui de son unique arrêt pneus, Lewis Hamilton a asséné un premier coup brutal à son équipier, Nico Rosberg.
Chaque tentative de l’Allemand pour réduire l’écart en course était immédiatement sanctionnée par un coup d’accélérateur d’Hamilton.
Rien à faire !
Bilan, l’intérêt du championnat 2015 passe par un dépassement de soi de Nico Rosberg. A défaut de quoi, Lewis Hamilton imposera une hégémonie façon Michael Schumacher.
Et alors, oui, ce serait vraiment la barbe !
Et terrible pour l’image de la F1, déjà cruellement en perte de vitesse auprès du grand public.
Qui blâmer alors ?
Evidemment pas Mercedes et ses pilotes, qui ont su capitaliser sur leur formidable saison précédente. Pas Ferrari non plus, dont les progrès sont éclatants, quoiqu’insuffisants encore.
Williams parait un ton légèrement en dessous, mais l’écurie de Sir Frank et de sa fille Claire, dispose de moyens tellement minces comparés à ceux des géants précités !
En revanche, Red Bull et Renault ne manquent pas de subsides et pourtant, Daniel Ricciardo a pris un tour, terminant sixième, derrière la… Sauber de Nasr !
Ajoutez un moteur thermique à la poubelle avant même la qualification et l’abandon de Daniil Kvyat lors du tour de formation et vous obtenez le raté intégral !
Le commentaire de Ricciardo donne la mesure du désastre :
« L’an dernier, nous étions à une seconde au tour des Mercedes. Aujourd’hui, nous étions à deux, voire deux secondes et demie… »
Avant le début de la campagne 2015, Renault annonçait avoir réduit de moitié le déficit de puissance de son groupe propulseur et des progrès en fiabilité.
Communication intempestive.
Et donc faute.
A Melbourne, Helmut Marko, puis Christian Horner n’ont pas perdu de temps pour botter les fesses de leur partenaire moteur, publiquement.
Quelle élégance !
Comme leur conseille le boss de Mercedes, Toto Wolff, le directeur de Red Bull Racing et son adjudant-chef feraient mieux de « se taire et de se plonger dans le travail pour résoudre leurs problèmes ».
Quelques rayons de soleil, quand même, pour finir.
Lotus a bien corrigé le tir et affiche de belles promesses. Mais pourquoi diable le seul groupe propulseur Mercedes défaillant se trouvait-il sur la E23 de Romain Grosjean ?
Sauber, sorti in extremis de sa pitoyable affaire de contrat avec Van der Garde, a brillé. Surtout grâce à Felipe Nasr, rapide, incisif et imperméable à la pression pendant toute la course. Une première sensationnelle pour le novice brésilien, qui a redonné du crédit aux pilotes « payants ».
Enfin la jeunesse triomphante de Toro Rosso a justifié sa place. En particulier Carlos Sainz, étincelant en qualification comme en course, malgré (ou peut-être grâce à) l’ombre médiatique envahissante de Max Verstappen ?
Cela dit, même un peu en retrait, à 17 ans, le junior néerlandais réalisait une performance sans tache dans le Top ten, jusqu’au moment où son moteur (Renault) est parti en fumée…
Ah, n’oublions pas :
Jenson Button a franchi le drapeau à damier !
Onzième et dernier, à deux tours du vainqueur…
Résultat vécu comme une première victoire par l’ambitieux attelage McLaren-Honda.
On se contente de ce qu’on a…
En guise de conclusion, une pensée pour la courageuse et tenace équipe Manor, qui nous ramène vers celui qui manque à tous dans le paddock de la Formule 1, Jules Bianchi.
#JB17
François DAURE
Photos : Max MALKA-Antoine CAMBLOR –PIRELLI-TEAMS