AFRICA RACE : JOUR NEUF, LA SAGA DU VIKINGATOR, LE DOUBLÉ DE SABATIER

 

AFRICA RACE 2015  PLAQUE RALLYE avec POWERADE le nouveau partenaire

 

ULLEVALLESTER  VIKINGATOR!

ULLEVALLESTER VIKINGATOR!

 

La journée d’hier a vu un affrontement démentiel entre deux motos, Ullevålsetter et Theuretzbacher, et deux buggies, en catégorie auto, ceux de Serradori et Sabatier.

 

UN VRAI BOXON, PAS D'AUTRE MOT...

UN VRAI BOXON, PAS D’AUTRE MOT…

 

Derrière, à quelques très rares exceptions près, comme la pilote russe Nifontova (qui est quand même arrivée en état d’épuisement total) ou le Namibien Waldschmidt, ou encore le Belge Vanderweyen, ou en auto Grigorov, c’est une journée désastre, même les Kamaz russes ont souffert, Jacinto est resté scotchée deux heures !

 

ANSATASIA NIFONTOVA LESSIVÉE

ANSATASIA NIFONTOVA LESSIVÉE

 

Par ailleurs 10 autos/camions  n’avaient pas pris le départ pour réparer les dégâts de la veille, le camion d’Essers est RET2 couché dans le sable toute la journée.

C’est aussi une journée de grogne, Ullevålsetter ne supporte pas que son suiveur autrichien lui suce la roue, il lui a dit hier soir, après l’arrivée, de faire gaffe à son filtre à air, joli trait d’humour norvégien…

En 1984, Gaston Rahier avait fait le coup à Auriol et les mots à l’hôtel de Tamanrasset étaient infiniment plus violents.

Mais alors que Rahier avait finalement gagné, cette année sur l’Africa Race la situation est différente.

Le Norvégien ayant deux heures d’avance sur Theuretzbacher, celui-ci ne peut donc lui reprendre que deux minutes les jours où il gagne, c’est-à-dire quand il part deux minutes derrière, le rattrape à la trace et ensuite le suit pendant des centaines de bornes.

Theuretzbacher dit qu’ainsi il est sûr de ne pas se perdre, car il est vraie bille en navigation, et assure ainsi sa deuxième place.

 

ULLEVALSETTER SE PLANTE AUSSI!

ULLEVALSETTER SE PLANTE AUSSI!

 

Il peut aussi, je suis dans le milieu depuis longtemps et l’imagine facilement, espérer qu’exaspéré Ullevålester fasse une erreur de pilotage, mais là, je le pense en tous cas, l’expérience du viking fait qu’il a compris ça et se contente de traiter l’autre de filtre à air crasseux…

Cela dit, si le classement général des motos reste très stable en trio de tête, en auto/camions, on change de leader chaque jour !

Serradori est ce neuvième jour  l’homme à abattre, il va partir le premier,  règle à la con qui fait partir en tête le mec qui gagne la veille, mais bon, faire évoluer les règlements c’est comme vouloir vider l’océan à coups de gobelets en plastique !

 

SERRADORI HOMME A ABATTRE

SERRADORI HOMME A ABATTRE

 

Qui plus est son avance sur ses deux autres duellistes est faible, 15 minutes sur Sabatier, c’est à peu près le temps d’une crevaison, 24 minutes sur le Kamaz de Shibalov, toujours secondé par son ange gardien Kuprianov, qui aujourd’hui part une minute derrière lui..

Bilan, en cas de plantage, là où Jacinto ou Tomecek restent scotchés une heure, eux s’en sortent en dix-quinze minutes.

Bon, c’est aussi de bonne guerre, on est là pour gagner, pas seulement pour faire des photos !

La spéciale du jour 9 est ainsi décrite par Metge…

 

 

« Après un nouveau départ depuis le bivouac, les concurrents descendront le col de la passe d’Azougui qu’ils avaient monté la veille. Avec la lumière du matin, ils devraient se souvenir longtemps de ce qu’ils vont voir. En veillant bien à suivre les caps, le road book les amènera à la route de Nouakchott qu’ils traverseront pour trouver le CP1. Après avoir passé un petit cordon de dunes, ils arriveront à la vallée blanche qu’ils contourneront pour trouver une piste menant à la passe de Tifoujar. Un passage là encore très beau mais aussi et sûrement assez difficile. La descente vers El Gleitat ne sera pas très bonne non plus avec de nombreux rochers. Ensuite, la piste les conduira dans un oued jusqu’à présent inconnu des participants de l’Africa Eco Race. Du coup, ils auront évolué dans fait tous les oueds de la vallée. Ce dernier s’étend jusqu’à la passe d’Izigui qui sera la dernière difficulté du jour puisque le parcours sera roulant jusqu’à l’arrivée installée dans les faubourgs d’Akjoujt. Une spéciale 100% sable. »

En fait, ce sera du sable rapide partout sauf un cordon de dunes vers la fin.

E n langage rapide cela donne ceci :

JEUDI 8 JANVIER 2015/ÉTAPE N°9 : AZOUGUI / AKJOUJT : 391 km

DÉPART DEPUIS LE BIVOUAC/SPÉCIALE : AZOUGUI / AKJOUJT : 367 km

LIAISON : AKJOUJT / BIVOUAC : 24 km

C’est sûr que par rapport à d’autres soi disant rallyes raids qui se cognent 600 bornes de liaison par jour, 25 km pour 367 km de spéciale, c’est assez génial.

Mais encore une fois, les troupes sont un peu à la ramasse, ce jour « tout en sable » tracé par Metge risque de faire très mal.

Mais superbe pour les photos…

En voici la coupe

 

 

En voici la carte

 

 

Et voilà où nous sommes sur la carte générale…

 

MOTOS : LE VIKING FRAPPE QUAND IL FAUT

 

ULLEVALSETTER MAGNIFIQUE EN TALENT ET EN TACTIQUE

 

Huit heures du matin, Theuretzbacher, vainqueur de l’étape de la vielle, part le premier.

Il est tôt, le sable est porteur, pas de dunes, il roule à près de 100 km/h.

En plus on est sur les traces de la fin de spéciale de l’avant-veille, pas de risque de se gourer.

Mais 5 km plus loin, on va virer plein sud et là plus de traces, les ouvreurs sont bien passés, mais il ya plusieurs jours…

L’Autrichien a quand même bien bossé la nav cette nuit, il est parti au sud là où il le fallait, et il envoie du lourd, peut être a-t-il dans l’idée de gagner tout seul ?

Et puis on n’est pas vraiment en hors piste, il suffit de prendre la bonne…

Ou bien Ullevålsetter le laisse t’il partir, ça lui fait des vacances comme dit la chanson…

Quitte à le reprendre en fin de spéciale…

Comme c’est de la vraie piste sur du sable porteur, Theuretzbacher envoie comme un malade, 160 km/h par endroits…

 

THEURETZBACHER A BIEN LOUPÉ SON COUP

THEURETZBACHER A BIEN LOUPÉ SON COUP

 

On est parti depuis trente minutes et Ullevålsetter  suit au nuage et à la trace…

Jeu étonnant, mais drôle quelque part.

Au CP1, quand on traverse la route N1 qui va vers la capitale Nouakchott, puis on traverse  aussi la ligne de chemin de fer de Zouérate, Ullevålsetter passe derrière l’Autrichien mais il est devant au chrono, de quelques secondes .

Magnifiquement joué.

Au fait, Frétigné, qui a fini il ya deux jours dans le camion balai, puis n’a pas fait la spéciale la veille pour réparer, est au départ, dernière moto bien sûr, avec des milliards d’heures de pénalité, mais il en veut le garçon, sur son impossible car énorme 1200 cc, il veut voir Dakar !

Devant, on continue d’envoyer fort, Theuretzbacher s’est arrêté à un changement de cap important et du coup, les deux compères ennemis se retrouvent vraiment tout près l’un de l’autre.

 

WALSCHMIDT DEUXIEME

WALSCHMIDT DEUXIEME

 

Et on continue d’envoyer du lourd, on roule à pas loin de 150 km/h…

Au CP2, Ullevålsetter est trente secondes  derrière Theuretzbacher et donc devant lui au chrono.

Ravito à la sortie d’un village, comme on se retrouve !

Et c’est reparti, un peu de rocaille au départ d’un oued que l’on va suivre puis gaz quand le fond de la vallée devient sablonneux.

 

VANDERWEYEN TOUJOURS TROISIEME AU GENERAL

VANDERWEYEN TOUJOURS TROISIEME AU GENERAL

 

En pilotage, journée marrante, sympa, enfin jusqu’ici.

Une petite vacherie de navigation deux km devant, une passe à trouver, rien de bien méchant, ce n’est probablement pas ici que le couple infernal va se séparer !

D’ailleurs, Ullevålsetter passe devant, en sachant parfaitement que son compagnon de piste ne va plus le lâcher d’une tétine !

Derrière, un clin d’œil sympa à la Russe Nifontova, neuvième temps.

 

ANASTASIA NIFONTOVA

ANASTASIA NIFONTOVA

 

Il y a un petit morceau de dunes à 60 km de l’arrivée, Theuretzbacher s’arrête, en fait il faut raser le bas des dunes et l’Autrichien s’est aventuré dedans, Ullevålsetter reste en bas et envoie du 110 km/h, l’expérience, le sens du terrain, dans ce genre de situation, c’est déterminant.

Seul et en tête, ça ne va pas durer, son ami autrichien va vite se déplanter, mais à ce moment, notre viking retrouve sa saga, victoire et bonheur…

Devant lui une passe majestueuse entre deux énormes cordons de dunes, puis plein ouest à la sortie et ça sent enfin l’écurie alors que derrière lui, son suceur de roue s’est encore arrêté.

 

SUPERBE SUCCES!

SUPERBE SUCCES!

 

Le Namibien Waldschmidt est passé second, physiquement en tous cas, mais il semble, de ce que me disent les chronos partiels, qu’il ait loupé un CP.

Au CP3, Ullevålsetter a collé 19 minutes à celui qui est désormais son ex suceur de roue, pas impossible que la nav ait été étudiée au poil près par notre viking pour savoir où il allait attaquer en finale, auquel cas ce serait aussi du grand art en matière de tactique, mais de toute façon, belle maestria !

Il coupe la ligne d’arrivée tout seul et en premier, comme il aime, « aldeles skjønn », très beau !

 

AUTOS ET CAMIONS : SABATIER D’UN CHEVEU MAIS UN SACRÉ CHEVEU !

MÊME LUTTE EN TÊTE QUE LA VEILLE MAIS CETTE FOIS CI SABATIER PREND TOUT

MÊME LUTTE EN TÊTE QUE LA VEILLE MAIS CETTE FOIS CI SABATIER PREND TOUT

 

Sabatier est parti le premier.

Son buggy a gagné le scratch la veille, et il n’a que 14 minutes de retard sur le leader, un autre buggy, le Predator de Serradori.

Ils sont pris en chasse par le Russe Grigorov, qui peut en effet aller les chercher mais avec quatre heures de retard au général, il risque juste de leur envoyer de la poussière s’il les double…

Au CP1, et au chrono, Cherednikov (9 heures de retard au général !) et Grigorov (à quatre heures) sont devant Serradori qui a piqué presque deux minutes à Sabatier.

 

CHEREDNIKOV EN TÊTE AU CP1, EN QUENOUILLE AU DEUX

CHEREDNIKOV EN TÊTE AU CP1, EN QUENOUILLE AU DEUX

 

C’est cette course là qui est importante, on l’a dit, au général, Grigorov et Cherednikov sont sur orbite tellement ils sont loin.

En camions, Tomecek fait le meilleur temps, devant Jacinto et  Shibalov. Là encore, au général, le Tchèque a quatre heures de retard et Jacinto 17, dont dix de pénalité pour une étape qu’elle n’a pas pu terminer.

 

TOMECEK EN TÊTE DES CAMIONS DE BOUT EN BOUT

TOMECEK EN TÊTE DES CAMIONS DE BOUT EN BOUT

 

Bref, Shabilov  est loin d’être menacé pour gagner en camions.

En tête, Serradori s’est arrêté, et sa faible avance sur Sabatier et le camion de Shibalov vont fondre comme mon épargne à la banque.

Sabatier prend carrément le large, s’il n’a pas de pépin, nouveau leader au général ce soir en vue, il passe le CP2 avec le meilleur temps toutes catégories, piqué par Grigorov qui va peut être gagner le scratch, mais ce qui intéresse Sabatier c’est le général…

Sabatier a alors repris huit minutes à Serradori, sur les quatorze de retard qu’il avait au départ, final de folie à prévoir, car Serradori est reparti, c’était probablement une crevaison,  Kuprianov et Shibalov se sont rapprochés de lui…

 

SHIBALOV MENAÇANT

SHIBALOV MENAÇANT

 

Shibalov a repris sept minutes sur les vingt quatre de retard au départ, Serradori va devoir batailler comme un ouf pour garder sa place de leader au général !

Un truc effarant quand même à ce CP2…

Tomecek, toujours largement le plus rapide des camions, est allé plus vite que les motos de tête !

Il a la rage notre ami Tchèque, scotché hier pendant une éternité, aujourd’hui le mastodonte passe pied dedans…

Troisième chrono toutes catégories confondues au CP2…

Serradori aussi a la rage, et il tient le rythme, il ya encore un paquet de pièges à passer, en particulier un petit cordon de dunes avant l’arrivée, mais il en veut le garçon, il en veut !

 

SERRADORI,LA RAGE!

SERRADORI,LA RAGE!

 

Sabatier en veut aussi, à l’approche du cordon dunaire, il est à 172 km/h au GPS , une victoire au scratch sur un terrain aussi favorable à puissance des 4X4 est peut être impossible, mais il aura tout tenté, y compris d’aller chercher la première place au général.

CP3, à soixante bornes de l’arrivée, l’avance de Sabatier au chrono sur Serradori est de neuf minutes, c’est à la fois énorme et crispant !

 

GRIGOROV BATTU SUR LE FIL

GRIGOROV BATTU SUR LE FIL

 

Sabatier qui a réussi à passer Grigorov au chrono, le scratch est en vue, le général sera ou bien pour lui, ou il sera deuxième de cinq à six minutes…

Belle journée pour cet équipage…

En tout et pour tout, sur la ligne d’arrivée, il n’aura été précédé que de trois motos, vraiment très joli coup…

 

SABATIER TERMINE SEUL ET DEVANT

SABATIER TERMINE SEUL ET DEVANT

 

Derrière, en camions, les deux Russes sont arrêtés dans les premières dunes,  l’un aidant l’autre bien sûr mais Jacinto et Tomecek leur remontent dessus, au classement général, y’a pas photo mais ça fait tout de même du bien !

Mais pas de bol, Jacinto y a droit aussi, 80 mètres derrière les Russes, heureusement qu’elle a gagné la première étape sinon on pourrait croire que cette année, elle a la scoumoune !   En plus, bien sûr, les Russes, en un rien de temps, ils se déplantés.

 

 

JACINTO BAT LES RUSSES!

JACINTO BAT LES RUSSES!

 

Les jurons doivent voler bas en langue portugaise, si près du but et rater encore une fois le coche !  Les quatre camions roulent maintenant ensemble.

Ce qui doit faire du bruit dans les profondeurs de l’Erg !

Au CP3, Tomecek mène la catégorie, il passe cinq secondes avant Jacinto, une minute avant Shibalov…

Pendant ce temps, Sabatier termine sa chevauchée à des allures très peu recommandables, du genre 160 km/h…

Quinze kilomètres derrière, Serradori et Grigonov roulent à 160 km/h, dans les courses de vélo, on parlerait de sprint final, le résultat va se faire de très peu…

 

 

SABATIER  SCRATCH ET   LEADER AU GENERAL

SABATIER SCRATCH ET LEADER AU GENERAL

 

Trois minutes au général, c’est le retard pris par Serradori dans les derniers kilomètres, dix huit minutes perdues au total dans la spéciale, Sabatier fait donc le scratch et le général !

 

ABANDON DE SERRADORI!

SERRADORI ABANDONNE  MOTEUR BLOQUÉ!

SERRADORI ABANDONNE MOTEUR BLOQUÉ!

Thierry Sharff me donne par mail la fin de l’histoire, triste et terrifiante.

Il m’avait semblé en effet que sur le GPS, Serradori avait terminé à 2 km/h, ce qui me semblait absurde.

En voici la raison.

Thierry Shraff…

« Alors que Jean Antoine SABATIER était arrivé en première position depuis une dizaine de minutes et qu’il était en train de dire à la presse que Mathieu SERRADORI, retardé par une crevaison, ne devrait pas tarder à arriver, le PREDATOR N° 211 était effectivement en vue de tous. Mais, alors à 500 mètres de la cellule de chronométrage, le Buggy bleu s’est immobilisé soudainement. Didier HAQUETTE et Mathieu SERRADORI sont alors sortis de la voiture pour la pousser jusqu’à l’arrivée. Pour rien, puisque le Buggy a refusé de redémarrer, moteur bloqué. Une catastrophe pour l’équipage français qui avait jusqu’alors réalisé un sans faute et qui occupait, ce matin encore, la tête du classement général provisoire. Une immense déception surtout pour cet ex motard qui avait énormément investi pour préparer cette course. D’ailleurs, Mathieu SERRADORI a immédiatement quitté le bivouac pour rejoindre Nouakchott et s’envoler pour Paris afin d’être dès demain au travail à Fréjus pour tenter d’oublier cet abandon. Du coup, l’horizon s’éclaircit pour Jean Antoine SABATIER, nouveau leader du général provisoire avec une cinquantaine de minutes sur le KAMAZ d’Anton SHIBALOV. » 

Cette belle bagarre n’aura donc pas de suite.

Et c’est bien dommage.

En camions, victoire de Tomecek devant Jacinto, Kuprianov et Shibalov, mauvaise journée pour les Kamaz mais encore une fois, ils ont des heures d‘avance sur la concurrence !

 

Résultats mis à jour en permanence

 

 http://www.africarace-live.com/index.php/fr/cla-etp9

 

JEAN LOUIS BERNARDELLI

PHOTOS ALAIN ROSSIGNOL ET JORGE CUNHA/DESERT RUN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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