L’histoire?
Nous sommes un groupe de journalistes conviés à Nîmes pour tester un Maxi Scooter.
En fait, alors que j’attendais que les photographes finissent leurs détails, je me suis aperçu que mon TMAX 530 était béquillé à côté de la statue de NimeñoII, un matador star de la tauromachie française, blessé en 1989 par un Miura.
Sa statue en bronze devant les arènes de Nîmes montre clairement que ses admiratrices ne l’ont pas oublié, et que comme le TMAX, il dispose d’arguments particulièrement virils…
Je n’allais surtout pas rater cette rencontre, quitte à devoir faire preuve d’une diplomatie qui m’épate moi-même avec les forces de police m’expliquant que cette place ne se prend pas à moto…
Bon, c’est donc à Nîmes et dans la région que nous avons testé la version 2015 du Yamaha TMAX 530 dans sa version 2015…
Attention, c’est du lourd et de l’initié, de l’authentique et du pur et dur…
Et pourtant j’ai eu du mal à pénétrer cet univers totalement à part.
J’ai perso un petit million de km au guidon, dont sûrement un gros tiers dans Paris, et je me suis toujours demandé qui s’intéressait à l’engin.
A part bien sûr la police anti terroriste quand le Tracker de son TMAX avait permis de coincer le tueur de Toulouse et Montauban.
Le tracker (traqueur) existe toujours mais en option sur le modèle 2015 d’ailleurs, qui vient d’être présenté. Présentation ?
Bonne raison d’aller voir le phénomène de près, comprendre le Maxi Scooter en général, et en particulier son best seller, ce TMAX Yamaha 530 en version 2015.
14 ANS AU POUVOIR !
Ce vrai phénomène, car un scooter de 530 cm3 c’en est un, est arrivé en France en 2001, s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires, dont 50 000 en France, bref c’est un succès colossal …mais auprès de qui ?
Parce que 500 cm3, et le poids qui va avec, 220 kg, en ville, quand il faut faire le tour de l’arrière d’un bus au carré, pour gagner cent places au feu d’un seul coup, bref pour être le roi de la jungle urbaine, peut-être un peu surdimensionné le bestiau.
En plus, pour la ville, quitte à peser le poids et à faire la taille d’une baleine, autant prendre un trois roues, un gros, qui a en plus le mérite de pouvoir être conduit sans permis, alors que le Maxi Scooter lui, nécessite le permis.
Mais on vous l’a dit, ici, on est dans le royaume du pur et dur.
A propos de trois roues, on rappelle que Yamaha et MBK en proposent d’ailleurs un petit sympa et très peu cher, qui aura les avantages du scooter avec la sécurité absolue en cas de freinage intense sur pavés mouillés, la hantise du motard.
Bon mais le Maxi alors, le TMAX ?
C’est sûr, en jugeant comme ça sur le papier, 530 cm3 c’est vachement bien sur la route et sur les circuits périurbains, mais au niveau plaisir, sur ces points et avec cette cylindrée, en principe c’est la moto qui est l’objet du plaisir…
Pourquoi un scooter, fut-il maxi ?
Les Japonais de Yamaha ont pensé qu’il pouvait y avoir un beau créneau sur des clients voulant rouler en deux roues à la fois au quotidien en semaine et pour le plaisir en week end.
Ayant en somme un beau scooter la semaine et une moto sympa le dimanche..
Il fallait donc leur proposer un engin ayant de vraies qualités routières, mais aussi une esthétique à se mettre à genoux et étant encore un utilitaire pouvant sans se transformer en âne bâté et ce sans être défiguré.
Cet utilitaire devait porter fièrement un coffre sous la selle, un tablier, un pare brise , d’ailleurs réglable en deux positions, un top case et donner le frisson même en se faufilant entre les connards de la circulation urbaine, avec un vrai plaisir de conduite hors ville, même avec les lardus avec les gros yeux qui rapportent plein de sous à l’Etat, à ranger dans la catégorie « à éviter ».
Dès qu’apparaissent les premiers arbres, les premiers prés, même pour certains les premiers veaux, vaches, cochons, le grand frisson se met en place.
Car c’en est un de frisson…
Et un maousse.
C’est la version 2015 que Yamaha nous a proposé de tester dans les montagnes autour de Nîmes puis en Camargue, c’est sûr que les chevaux et les « toros » sur les côtés des routes ça fait voir la vie en doré, même si la température de huit degrés nous a obligés à enfiler quelques surplus vestimentaires…
Alors ?
UNE VRAIE ROUTIERE…
Super bien vu…
530 cc, variateur, moteur central, bicylindre refroidissement liquide, couple démentiel et les chevaux qui ne demandent qu’à envoyer, c’est forcément le grand orgasme…
En plus, alors que l’on croit que l’on est sur un scooter, les réactions classiques d’une moto routière sont là…
Par exemple, c’est la première fois, sur un Maxi Scooter, la fourche est inversée, ce qui permet de réduire le poids non suspendu et d’augmenter la rigidité de façon considérable, et puis on connaît bien le principe en TT de haut de gamme et sur les hyper sportives routières, ça fonctionne super bien.
Précis, stable en courbe, même si ma culture d’origine reste « indécrottablement » le tout terrain, avec des trajos qui ne ressemblent guère aux courbes parfaitement élégantes de mes petits camarades goudronneux, j’ai vraiment adoré « piloter » l’engin.
Si l’on y ajoute un freinage (ABS d’origine, j’aime pas ça mais faudra bien s’y faire…) dont les étriers de freins sont à montage radial, c’est-à-dire montés en parallèle du sens de rotation du disque, et non en perpendiculaire, comme le serait le rayon d’un cercle, cela donne des résultats étonnants.
Des étriers quatre pistons, double disque de ø 267, ça ne rigole pas et c’est d’un feeling de folie !
Normalement, dans le temps, les « freineurs », c’était nous, les tétineux, abonnés aux surfaces dégueulasses, là, il y a un feeling étonnant sur l’avant, rassurant et qui incite à s’en servir.
Je n’ai testé que sur le sec, je le précise.
Et j’ai même testé façon désespoir…
Je me suis fait surprendre par le coup classique…
Tu suis un camion que tu vas doubler, et la bagnole juste devant le camion s’arrête pour tourner, le camion est debout sur les freins, toi t’as déjà envoyé le coup d’accélérateur qui va bien, opération à priori souci, gros coup de frein, tout en donnant du guidon pour se remettre en ligne, tu fais ça les doigts dans le nez au lieu de te dire que tu auras de la chance si tu passes a travers… .
Par ailleurs, en montagne, car il y en avait un peu au programme, les petits camarades ont de temps en temps bien envoyé la purée, l’engin est très élégant sur l’angle et surtout très efficace !
Je n’en ai pas vu un même faire semblant de devoir corriger une trajo.
Bon, mes trajos à moi sont plus au point de corde, et puis il est toujours difficile de descendre de vélo pour se regarder rouler, j’ai donc, en bon observateur, regardé les autres pour imaginer ce que je faisais…
Les suspensions ont été améliorées au fil des modèles sortis chaque année, et là efficacité redoutable…
A ce propos, il faut rappeler que dans la moto et le scooter, une création tient cinq ans, avec un relooking au bout de deux années.
Ici, le T MAX existe depuis treize, bientôt 14 ans et son évolution a été constante et dans le bon sens.
Et il est toujours leader !
Comment ?
Sur l’esthétique par exemple, une baleine c’est beau dans la mer mais sur la route…
Or cette baleine là a un physique de requin…
Gagné et le nouveau look 2015 est carrément réussi.
Autre exemple avec la transmission par exemple, la secondaire est une courroie en kevlar, avec le variateur, ça le fait carrément bien !
Ceci ne date pas de la version 2015, c’est proposé depuis 2012, mais quel pied !
Bon ça se comporte tellement comme une moto qu’au début et à plusieurs reprises, j’ai cherché le sélecteur pour monter les vitesses !
Bref, côté plaisir, vraie réussite, j’ai même aussi carrément testé le duo puisque j’ai transporté un cameraman avec tout son barda sur le dos, plus moi qui ne suis pas vraiment de la taille jockey, et on n’a jamais été gênés, il m’a même dit que les poignées arrières sont carrément bien fichues.
Test intéressant parce que sur une vraie moto en général, le passager n’est pas toujours très bien loti…
Bon, comme la selle est un peu large, pas haute mais large, je ne peux pas avoir les deux pieds à plat à l’arrêt, mais ça concerne plutôt la ville et l’usage quotidien, on y vient.
URBAN JUNGLE : LA CLÉ DU BONHEUR
Premier atout que l’on découvre, avant même d’avoir démarré la moto, le système du « Smart key ».
Son nom l’indique, c’est une clé.
Sauf que justement, elle sert à ne pas se faire ch… avec une clé…
Elle sera seulement indispensable comme vraie clé dans deux cas, le remplissage du réservoir (15 litres) et la fermeture de la boîte à gants.
Le remplissage d‘ailleurs, est une merde.
Quand on fait le plein, un embout théoriquement anti refoulement te fait tellement ch… qu’en fait il faut que le pistolet d’essence soit porté au dessus de ce grillage anti-refoulement.
Pour le reste, le fait d’avoir la Smart Key sur soi ou dans la boîte à gants mais là c’est con, on va l’oublier, bref, dans la poche du pilote c’est parfait, permet la mise en route par bouton pression, idem pour stopper le moteur.
La clé électronique permet aussi d’effectuer à distance l’immobilisation du scooter, le verrouillage de la direction.
Elle commande l’ouverture de la selle.
C’est assez génial mais cela a un seul inconvénient, si la pile est morte, t’es à pieds. Il est donc conseillé d’en avoir une de rechange…
URBAN JUNGLE II : IL FAUT ETRE GRAND, FORT ET JEUNE…
Bon, titre idiot, jamais personne n’a vendu une auto ou une moto avec comme argument qu’elle est faite pour les vieux qui ont mal partout, ont des petites jambes et les muscles en quenouille…
Je développerai…
En conduite urbaine, le T Max a une énorme stabilité et c’est génial.
La souplesse, le couple, le variateur, la puissance qui transforme un missile en tracteur, tu arrives très longtemps à la tenir en équilibre, même à très basse vitesse, ce qui évite le pied à terre bien des fois.
Ce qui est sympa pour ceux qui ne sont pas basketteurs programmés…
En dépassement de file par exemple, en passage entre files aussi, un vrai rail.
En revanche quand il faut vraiment commencer à se battre dans la jungle urbaine, c’est mieux d’avoir les guiboles d’Adriana Karembeu et les muscles de Rambo.
Le déplacement latéral avec guidon déplacé à bloc d’un côté ou de l’autre !
Le fameux tour du cul du bus ou de l’avant du taxi qui colle la bagnole devant, ou juste le tour du mec qui est en travers alors que tout le trafic va dans le même sens (rue de Rivoli pour les parisiens), ou qu’alors que le trafic est globalement tournant (Place de l’Etoile à Paris) arrive toujours à se mettre perpendiculaire à tout ça et en plus, il en est fier, bon, le connard est toujours fier de l’être, on ne va pas revenir là-dessus pendant cent sept ans…
Bref, pour slalomer sec sans avoir peur de laisser partir le bestiau qui va se coucher et te laisser comme un con au milieu du trafic, vive les grands, vive les forts, ce qui n’est pas nouveau…
Il faut aussi avoir le bras très long pour régler les rétros, qui sont à dache sur l’avant, ils ont été relevés au fil des années pour éviter de taper d’autres rétros dans les embouteillages ( en plus on se fait engueuler par des automobilistes qui sont coincés depuis vingt minutes sans bouger), les rétros du TMAX ont aussi été épointés, en biseau, avant ils étaient carrés, moi qui rêve de miroirs vénitiens sur les cotés de mes meules, je n’ai pas aimé.
Pas aimé non plus la béquille centrale, pas facile à mettre en place.
On va dire que c’est un peu athlétique…
Enfin dernier truc, pour la rigidité du truc, on a dit que ça se pilotait comme une moto et c’est donc logique, le tube central est énorme.
Même si personne n’est forcément obsédé comme je le suis par les planchers plats, je n’oublie pas qu’à partir de cinquante berges, les hommes ont une foutue tendance à avoir des problèmes de hanche et pour enfourcher la belle, ou pour en descendre avec élégance, il vaut mieux être souple.
Donc, vive les jeunes, c’est comme les grands, ce n’est pas nouveau…
Bref, c’est un engin pour les purs et durs, qui ont les guiboles et la souplesse mais c’est le même problème sur toutes les motos !
Sur ce point, ce n’est pas vraiment un scooter.
Mais c’est un vrai scooter sur le côté pratique, il y a un beau coffre sous la selle, un branchement pour recharger le portable ou pour faire fonctionner le GPS, la nouvelle génération est tout de même tout le temps en panne de batteries, merci pour elle.
Donc, le TMAX correspond totalement à un vrai phénomène de génération.
Les statistiques de Yamaha font apparaître que ce marché est très masculin, près de 95% des utilisateurs, et qu’ils sont soit jeunes soit quadra, ce qui est normal vu que le bijou en version standard vaut quand même 11 000 euro.
Les plus de 55 ans sont peu nombreux, je l’ai dit, entre les hanches qui flanchent, le dos qui fait la fortune des ostéos, le manque de souplesse pour enfourcher son maxi, vaut mieux choisir un truc moins branché…
On voit aussi que la grosse majorité des utilisateurs vient du scooter et a déjà beaucoup pratiqué les petites unités avant, pendant plus de dix ans, mais quand même, 15 % des acquéreurs sont d’anciens motards, preuve que le pari de départ à la création de la machine est gagné.
Par ailleurs, Yamaha France annonce avec fierté qu’en 2014, sur ce marché, la France est passée devant l’Italie, pourtant patrie du scooter et de tous ses dérivés parfois extravagants.
Bref, outre de réelles qualités de roulage, cette histoire est aussi un vrai succès commercial.
Pourtant, en face, commercialement parlant, un trois roues de 400cc se conduit sans permis, mais ce n’est ni beau, ni vraiment routier, c’est encombrant en diable…
Le TMAX fait face alors qu’il signifie, c’est vrai, permis moto.
Mais c’est aussi le plaisir quasi permanent, une esthétique très réussie, unpilotage de vraie moto en rase campagne, une vraie facilité en duo, un vrai engin pour les sorties plaisir, bref, ce TMAX est authentique en diable.
Et c’est rassurant de savoir que dans cette époque où tout doit être médiocre et surtout low cost, la passion, l’excellence, le bon goût, le plaisir aient encore leur place.
On le savait avec le retour du Classic, on en a la preuve supplémentaire sur des engins très modernes comme ce TMAX 2015.
Longue vie !
JEAN LOUIS BERNARDELLI
PHOTOS CONSTRUCTEUR/ MUGUET/BENCHANA/MEYER
ANNEXE I: LES CHANGEMENTS SUR LE MODELE 2015
* Face avant remodelée
* Double optique redessiné à phares LED
* Feux de position à LED en forme de boomerang
* Fourche inversée de 41 mm de diamètre
* Étriers de frein avant radial à 4 pistons
* Nouveau garde-boue avant
* Système de clé intelligente pour démarrage/immobilisation à distance
* Prise 12 V
Prix: TMAX : décembre 2014 – 10 999 €TTC
ANNEXE 2: FICHE TECHNIQUE TMAX 530 2015
Moteur
Type de moteur Bicylindre en ligne incliné vers l’avant, refroidissement liquide, quatre temps, double arbre à cames en tête, quatre soupapes
Cylindrée 530,0 cm³
Alésage x course 68,0 mm x 73,0 mm
Taux de compression 10:9 : 1
Puissance maximale 34,2 kW à 6 750 tr/min
Couple maximal 52,3 N.m à 5 250 tr/min
Lubrification Carter sec
Alimentation Injection électronique
Allumage Allumage électronique (TCI)
Mise en route Démarreur électrique
Transmission Automatique à courroie en V
Châssis
Suspension avant Fourche télescopique
Débattement avant 120 mm
Suspension arrière Bras oscillant
Débattement arrière 116 mm
Frein avant Double disque, Ø 267 mm
Frein arrière Simple disque, Ø 282 mm
Pneu avant 120/70-15
Pneu arrière 160/60-15
Dimensions
Longueur hors tout 2 200 mm
Largeur hors tout 775 mm
Hauteur hors tout 1,420-1,475 mm (adjustable windscreen)
Hauteur de selle 800 mm
Empattement 1 580 mm
Garde 125 mm
Poids tous pleins faits 219 kg /ABS 222 kg
Capacité du réservoir 15,0 litres