24 heures du Mans : le point à 8 heures du matin : à qui perd gagne…
Il reste 8 heurs de course, 16 ont été déjà couvertes. Comme d’habitude, les 24 heures du Mans semblent trop courtes..
Enfin pas pour tout le monde
Car comme nous l’avions annoncé dans notre dernier résumé de la course au cœur de la nuit cette derniére a joué avec les nerfs des concurrents. Et non des moindres !
Voitures et pilotes ont énormément souffert.
Sans oublier les mécaniciens dont les interventions souvent indispensables se font toujours dans l’urgence.
A trois heures et quart du matin, alors que l’on vient de franchir le cap de la mi-course, le speaker Bruno Vandestick annonce l’Audi N° 1, alors troisième, au ralenti sur le circuit, en manque de puissance aux mains de ‘ Monsieur Le Mans ‘ Tom Kristensen.
Beaucoup de temps perdu, déjà pour revenir, et pour intervenir puisque la voiture est immédiatement rentrée dans son stand.
Diagnostique des techniciens d’Ingolstadt, un injecteur détérioré à changer!
Rappelons que les injecteurs sur les moteurs diesel hautes performances peuvent injecter le gasoil dans les cylindres à plus de 2500 bars, soit 2500 fois la pression atmosphérique !
Et la Porsche N°20 bien placé en profite pour reprendre la troisième place.
Dans le même temps, la direction de course officialise l’abandon de la Morgan N°26 du Gdrive. Olivier Pla n’a pas réussi à dépanner la voiture sur le circuit alors que des mécaniciens du team s’étaient rapproché pour lui porter conseil… mais pas assistance bien entendu. Cela porte à 11 le nombre des abandons.
La ronde se poursuit durant les deux heures suivantes, avec une température qui atteint son point bas à 12°C.
Mais nouveau coup de théâtre au petit matin, alors que le jour se lève gentiment à l’horizon et que l’horloge officiel Rolex, indique qu’il va être 5 heures du matin !
La Toyota N° 7, ayant fait quasiment toute la course en tête depuis le départ hier samedi à 15 heures, pilotée à ce moment là par le Japonais Kazuki Nakajima, s’immobilise avec un début d’incendie, juste après le virage d’Arnage. Elle ne quittera hélas malheureusement cette position que sur un plateau de dépannage pour rejoindre le box ou son abandon sera officiellement constaté et officialisé par le Team Nippon…
La cause en est un câblage électrique déficient ! Le poumon d’une automobile ce câblage électrique…
Les dirigeants du team sont effondré, tout espoir de victoire s’envolant puisque la seconde Toy, la N° 8 pointe à 11 tours. Alex Wurz est en larmes dans son stand et envoie un tweet ou il exprime tout son désarroi.
Du coup, et pour la première fois de cette édition des 24 heures du Mans, une Audi passe en tête, la N°2. C’est celle des trois potes, les doubles vainqueurs des 24 Heures du Mans en 2011 et 2012, le trio que forme Benoit Treluyer, André Lotterer et Marcel Fässler.
La Porsche N° 20 récupérant, elle, la deuxième place devant l’Audi N° 1.
A 5 h 50, la Ferrari N° 61 sort au virage Porsche, entraînant une ‘slow zone’ qui durera 7 petites minutes. A noter que pour cette raison, les meilleures voitures perdent environ 40’’ au tour.
La Ferrari parvient cependant et fort heureusement pour ses pilotes, à regagner son stand.
L’Aston Martin N°95, en tête du GTE Pro, en profite pour changer ses plaquettes de freins. La Corvette N°74 d’Oliver Gavin, qui bataillait avec l’Aston dégage de la fumée et rentre à son tour aux stands pour un long moment.
C’est le moment que choisit Marc Lieb pour emmener sa Porsche N°14 faire un passage dans le bac à gravier à Indianapolis.
A 6 h 15, l’Audi N° 1, qui était remontée sur la Porsche 20 alors en deuxième position, passe définitivement devant alors qu’elles ont ravitaillées dans le même tour.
La N° 2 mène toutefois largement ces 24 Heures avec trois tours d’avance sur la N°1 qui devance elle, la Porsche de 26 secondes.
A 6h45 on constate qu’en GTE Pro, les Corvettes sont à la peine. Elles sont maintenant pointées à 1 et 3 tours de la Ferrari N°51 qui semble avoir pris un léger avantage sur l’Aston N°95 toujours en tête. Et les Porsche relèvent la tête , la N°92 de Fred Makoviecki pointant troisième, mais à 1 tour, tout de même.
Juste avant le carillon de la 16ème heure, nouvel emballement des événements. L’Audi N°2, alors solidement installée en tête perd de la puissance et rentre au ralenti aux stands. Elle est rentrée dans son box, en ressort, ne démarre pas et y re-rentre. Le turbo, ou plus exactement une commande de réglage puisque ce turbo est à géométrie variable, doit être changé.
Ce sera fait en 23’’ ! Qui dit mieux… ou plutôt qui peut le faire si ce n’est les très expérimentés et chevronnés techniciens d’Ingolstadt ?
Assurément bien peu de monde!
Mais à 7 h 07 très précises, l’Audi N°1, suivie à 1’’ de la Porsche N°20, en profite pour la dépasser et s’emparer du commandement. Qui l’eut cru et imaginé il y a trois jours lorsque cette Audi N°1 avait connu le pire lors de la dramatique envolée de son pilote Loic Duval ?
Visiblement, chez Audi, on a remonté une nouvelle Audi sacrément performante !
Curieux destin que celui de cette Audi N°1, avec la sortie de Loïc Duval aux essais libres, le remplacement de la coque, le remplacement également de Loïc Duval par l’expérimenté Marc Géné – il avait gagné pour Peugeot avec l’inoubliable 908 en 2009 et avec… Wurz qui court lui pour Toyota – une nouvelle sortie de route en qualification de DiGrassi, un début de course un peu en retrait dans les difficultés des deux premières heures – 5ème au classement de la première heure- victime d’un changement d’injecteur, et qui pointe maintenant en tant que solide leader !
Jacky Ickx – six fois vainqueur – l’avait encore répété hier matin à Gilles Gaignault
» Le Mans reste toujours Le Mans avec ces inévitables retournements de situations et ses permanentes incertitudes «
A 7h20, la N°2 repart… alors que la Ferrari N°72 du SNP sort pour le compte de nouveau au virage Porsche, déclenchant un Safety Car suivi d’une slow zone.
Qui arrivent juste un peu trop tard pour réduire le handicap de l’arrêt de la N° 2…
Mais encore une fois, c’est toujours cela Le Mans !
Nous n’avons pas parlé des LMP2, c’est qu’il n’y a rien à dire, si ce n’est que la bagarre à trois continue depuis le départ entre la Ligier du Gdrive, celle du TDS by Thiriet, et l’Alpine Signateh qui se tiennent en un peu plus d’un tour…
Que des noms célèbres en France depuis les années 60 et 70 et finalement de retour dans ce 21ème siècle
Bilan de tout cela, entre les safety cars, les slow zones et les réparations aux stand, à huit heure du matin, on se trouve avec… 10 tours de retard sur l’édition record des 24 heures du Mans, l’édition de 2010 !
La matinée et la fin de course risquent bien de nous apporter et offrir bien d’autres surprises, vu la cascade d’événements survenue depuis le départ
Suite du feuilleton…
Patrick MARTINOLI
Photos : Max MALKA – Patrick MARTINOLI – Thierry COULIBALY – Antoine CAMBLOR